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MessagePosté: 18 Avr 2018, 14:09 
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C'est purement subjectif, mais je ne trouve pas que ça soit rendu très sensible... Mais je vois l'idée.


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MessagePosté: 18 Avr 2018, 19:17 
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Oui voilà, c'est très évident dans le film. Mais jamais Spielberg ne réussit à faire quelque chose d'émouvant de ses personnages et de son propos. Et c'est une des rares fois ou il ne réussit pas a créer un pont entre le public et les personnages. Ces derniers semblent être des avatars laissés à eux-même, sans une âme inspiré pour leur insuffler la vie. Du coup, on a du mal a croire que "la réalité, c'est mieux". Les personnages sont sans vie, à l'image de cette histoire d'amour bidon sensé motiver le personnage à faire le saut dans la réalité.

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MessagePosté: 20 Avr 2018, 19:39 
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Ça fait 100 ans que j’ai pas posté, mais je viens de voir le film, il m’a donné envie d’écrire et je vois pas d’autre endroit pertinent pour le faire qu’ici. Film Freak va me dire que c’était pas la peine, mais bon, déjà à l’époque je lui disais que la prise du pouvoir des geeks c’était la fin des haricots, et on se comprenait pas là-dessus.

Le premier truc qui me choque dans ce film, c’est cette idée de « pop culture », que le film serait une ode à cette culture populaire et à son public (le peuple donc, j’imagine, les sales geeks en fait, bien sûr). Mais de cette « culture » on ne voit rien, que des signes et des gimmicks. Alors Ready Player One est blindé de clins d’œil, de rappels aux films et aux jeux vidéos mais des œuvres en elles même il n’en sera rien dit. Qu’est-ce qui fait la force de tel jeu, la singularité de tel film, c’est pas du tout la question ici, la question c’est de faire apparaître les signes de cette culture et c’est tout. Alors en quoi c’est une culture ? Et est-ce que Chucky et Shinning c’est pareil ?

Ici la culture Geek, c’est le royaume du signe culturel qui fait groupe. Y’a king Kong, mais pas le film des années 30, ou 70, juste king kong le personnage, c’est-à-dire pas du tout du culturel mais des objets reconnaissables par tous, qui font signes et qui sont complètement dévitalisés. Ça donne une purée de trucs qui se mélangent, le Géant de Fer (mais pas le film), John-117 mais pas le jeu Halo, etc… Donc quand on dit que les personnages du film se réapproprient les films et les jeux vidéos, c’est du niveau du cosplay et c’est tout. La pop culture, c’est donc porter un t-shirt Robocop, voilà tout. Que cette représentation de cette culture, complètement vidée des enjeux esthétiques, de mise en scène ou de gameplay, satisfasse les geeks, je trouve ça terrible (et en même temps ça m’étonne pas des geeks). Et surtout ça dégonfle toute idée d’un rapport aux formes, au cinéma, aux jeux vidéos, puisqu’on n’en voit que les signes extérieurs et que le film ne se coltine jamais à ce qui les constitue profondément (au mieux, un vague imaginaire commun, un peu fade).

C’est très clair dans la séquence Shining. Les personnages numériques entrent dans le film, ça donne quelques plans vraiment troublants, mais très vite on comprend qu’il ne s’agit pas de Shining le film, mais du décor du film utilisé dans un jeu vidéo. On pensait entrer dans le film de Kubrick, c’est-à-dire dans tout un travail sur la symétrie des plans, leur durée, les mouvements de caméra, mais en fait on est entré dans un « ride » ayant pour thème Shining, et très vite la caméra se met à bouger dans tous les sens. On n’aura rien compris de ce qu’est réellement Shining si on n’en a vu que ce qui est montré dans le film de Spielberg. Et c’est exactement le même traitement sur l’ensemble des films et jeux cité, on en voit la version grand huit, des moments spectaculaires avec des éléments reconnaissables des œuvres dedans. C’est donc toute une esthétique du produit dérivé et du parc d’attraction qui est développée ici. Pas du tout un hommage à cette culture (qui serait une histoire de l’invention de ses formes, par exemples), mais plutôt sa représentation par le prisme de tout ce qu’elle comporte de gerbant (l’industrie, le superficiel, le tape à l’œil, et surtout ce qui est immédiatement reconnaissable au détriment de ce qui pourrait désarçonner, surprendre, ce genre de chose…). Le film finalement traite le geek de crétin, et n’accorde aucune importance ou singularité aux œuvres citées. C’est au mieux juste des produits qui passent dans le fond du plan.

Par ailleurs, le film dit aussi que le populaire, c’est le majoritaire. C’est donc un monde du blockbuster, qui a fini d’écraser et de faire disparaître toute marge. Ainsi, le jeu vidéo qui travaillerait sur une durée, sur une étrangeté, voire sur la lenteur semble complètement impossible. Un personnage issu de la culture populaire indou, ou chinoise, ou africaine est là aussi impensable dans le film (Et je parle pas du Cheval de Turin, simplement qu’il s’agit d’une définition de la pop culture très discutable. C’est celle de Disney). Tout ce qui pourrait paraître singulier est inexistant, c’est le règne des simulations de bagnole et des FPS. Dans un monde où tout semble possible, tout est pourtant déjà connu et déjà vu, c’est un monde où l’imagination est complètement morte. C’est un monde inculte et débile, justement la vision contre laquelle se battent les geeks normalement.

Alors ça pose un autre problème pour moi, plus politique. C’est que le monde décrit et profondément con. Il n’y a plus réellement de culture, les gens passent leur temps à jouer, mais pas dans un rapport ludique, plutôt dans un truc de l’entertainment abrutissant, maintenu dans un rapport continuellement excité et speedé, superficiel aux choses qu’ils sont sensés aimer. C’est visiblement un monde où on a fini de penser, de créer, juste on consomme du jeu. C’est une représentation quasi fasciste. Ce qui me surprend, c’est que c’est jamais critiqué dans le film, et quand les gentils prennent le pouvoir, ils perpétuent le système, juste on fait un peu de place pour du temps off le mardi et le jeudi. Ce qui est seulement une autre organisation du fascisme. Clairement l’humain est complètement aliéné par l’Oasis, mais il n’est jamais question de le détruire puisqu’il est montré comme un monde cool est désirable, enthousiasmant, à protéger des méchants capitalistes.
D’ailleurs là le film est complètement débile politiquement, où l’inventeur du jeu est un gentil idéaliste (bien qu’il se soit largement enrichi grâce au système quasi totalitaire qu’il a créé) qui donne la morale du film, un peu comme quand Bill Gates donne plein d’argent à des ONG, pour que le monde aille mieux quoi. Par contre les autres qui veulent mettre de la pub dans l’Oasis, là c’est mal.

J’ai été très surpris par la stupidité de tout ça (par exemple « le réel est réel », c’est vraiment naze comme phrase, et ça se débarrasse d’une question intéressante que le film aurait pu se poser), et aussi du manque d’inspiration dans le mise en scène, qui n’est pas honteuse mais enfin c’est tout petit (au passage un film comme Speed Racer est bien plus juste, fin et précis sur les formes nées de l’anime, du manga et du jeu vidéo, et de leur potentielle poésie à l’intérieur d’un film, bien au-delà d’un simple name-dropping). Le monde comme un comic-con géant, ça devrait terrifier tout le monde et en fait non c’est trop sympa. N’importe quoi.

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MessagePosté: 20 Avr 2018, 19:55 
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Pas vu le film, mais : j'ai tout lu. Très chouette texte.

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MessagePosté: 20 Avr 2018, 20:01 
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Yes le retour de Jiko :) !Texte passionnant ouais et dans le fond je suis d'accord avec beaucoup de choses qui y sont dites mais ça ne m'empêche pas de continuer à adorer le film et à penser que ce qui lui est reproché là n'était tout simplement pas son sujet (même si je suis d'accord pour dire que d'une certaine manière ça aurait dû l'être).

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MessagePosté: 20 Avr 2018, 20:08 
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Ouais. Pendant le film j'ai été surtout happé par le vide de tout ce qui est montré et en cela j'avais d'abord été incapable de mettre le doigt sur ce qui clochait. Je me suis raccroché au seul sentiment d'ennui. Mais avec le recul et comme en témoigne mon second post, ça m'a sauté à la figure. Jiko en parle super bien. Ca manque ce genre de texte ici, et je m'inclus dans les coupables de paresse...


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MessagePosté: 20 Avr 2018, 20:15 
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Art Core a écrit:
Yes le retour de Jiko :) !Texte passionnant ouais et dans le fond je suis d'accord avec beaucoup de choses qui y sont dites mais ça ne m'empêche pas de continuer à adorer le film et à penser que ce qui lui est reproché là n'était tout simplement pas son sujet (même si je suis d'accord pour dire que d'une certaine manière ça aurait dû l'être).


C'est vrai que c'est peut être pas son sujet. On peut voir le film du point de vue biographique, thématique et sentimental comme le fait Film Freak, et c'est peut-être plus proche des intentions du film, mais j'ai trouvé qu'il était très faible de ce côté là, un peu convenu, un peu ennuyeux, beaucoup raté. Par contre l'image qu'il donne de la culture geek et vraiment impressionnante, que ce soit son but ou pas ça m'a frappé. Depuis 10 ans on voit comment ça a pris de plus en plus d'importance, comment le geek (mais on peut plutôt l'appeler "le beauf spécialisé", c'est plus précis) a vu tout ses rêves les plus fades se réaliser. Aujourd'hui on croule sous les star wars et les batmans, et c'est un film naze après l'autre, on regarde l'industrie faire son feu d'artifice plusieurs fois par an, on balance un sabre laser et une toile d'araignée de temps en temps, et c'est tout pourrit. Spielberg montre ça très bien dans son film, et c'est ce qui le rend intéressant. Ce qui est dommage c'est le regard bienveillant qu'il pose sur tout ça, et qu'il reprenne cette pensée de comic-con pour lui même.

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MessagePosté: 20 Avr 2018, 20:24 
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:shock: :lol:


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MessagePosté: 20 Avr 2018, 20:28 
Bon papier de Jiko.

Qui résume très bien ce que j'ai toujours pensé - sorry - de la profondeur "thématique" de n'importe quel Spielberg, une fois admis que c'est un bon faiseur de spectacle.

Pour ergoter, je dirai qu'il faudrait ne pas céder aux demi-mesures, quand on s'essaye à un peu de radicalisme critique (chic & choc, cela va sans dire): par exemple, il faudrait oser abandonner le concept de "culture geek" lui-même, que rien ne distingue finalement et fondamentalement du fétichisme capitaliste de la marchandise dont il est ici question.


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MessagePosté: 20 Avr 2018, 20:38 
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Jerzy Pericolosospore a écrit:
Pour ergoter, je dirai qu'il faudrait ne pas céder aux demi-mesures, quand on s'essaye à un peu de radicalisme critique (chic & choc, cela va sans dire): par exemple, il faudrait oser abandonner le concept de "culture geek" lui-même, que rien ne distingue finalement et fondamentalement du fétichisme capitaliste de la marchandise dont il est ici question.


Certes, mais finalement c'est justement ce que dit mon texte, avec plus de mots. Mais quand même c'est un fétichisme précis, qui s'est appelé lui même comme ça, et qui a sa propre petite histoire, et ses propres petits enjeux dans l'industrie du divertissement (en bande dessinée notamment). C'est mon obsession à moi peut-être, mais pour abandonner le concept, j'ai besoin de lui tordre le cou spécifiquement.

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MessagePosté: 20 Avr 2018, 20:49 
jiko a écrit:
Jerzy Pericolosospore a écrit:
Pour ergoter, je dirai qu'il faudrait ne pas céder aux demi-mesures, quand on s'essaye à un peu de radicalisme critique (chic & choc, cela va sans dire): par exemple, il faudrait oser abandonner le concept de "culture geek" lui-même, que rien ne distingue finalement et fondamentalement du fétichisme capitaliste de la marchandise dont il est ici question.


Certes, mais finalement c'est justement ce que dit mon texte, avec plus de mots. Mais quand même c'est un fétichisme précis, qui s'est appelé lui même comme ça, et qui a sa propre petite histoire, et ses propres petits enjeux dans l'industrie du divertissement (en bande dessinée notamment). C'est mon obsession à moi peut-être, mais pour abandonner le concept, j'ai besoin de lui tordre le cou spécifiquement.



J'entends bien.

Mais comme tu sembles vouloir distinguer entre une culture geek et ce qu'en (a) fait Spielberg... Pour moi, son cinéma (comme schème culturel - pas sa personne) fait partie de ceux qui justement ont contribué à faire émerger cette fameuse "culture geek", qui a fini par se substituer à ce qu'on appelait (improprement, bien sûr) la "contre-culture" ou "underground" (pop, rock, sf, bd etc) dans les 60/70S.
Tout comme Star Wars a contribué à enterrer en ciné le genre SF dans la forme de merchandising qui a accouché de la posture spécifiquement "geek" avec toute son innocuité idéologique, politique et artistique.


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MessagePosté: 20 Avr 2018, 21:51 
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jiko a écrit:
Mais dans cette séquence Shining, c'est un problème de mise en scène, pas de thématique. C'est à dire qu'au moment ou Spielberg place ses personnages à l'intérieur de l'objet de leur amour (ici un film de genre), il a une chance de vraiment parler de cinéma, de prendre en charge la mise en scène de Kubrick et de travailler avec (donc justement de dépasser la référence pour parler vraiment des choses). Ce qu'il fait est la négation même d'un travail de mise en scène, il transforme ça en ride horrifique. Exit le cinéma, exit Shining. Ce que cette scène dit, c'est que les œuvres en elle-même n'ont aucune importance, ce sont des décors, des références, des images creuses et interchangeables. Spielberg effectivement en profite pur produire son idée d'enfermement etc, mais c'est justement là où il n'est pas critique avec ce rapport à la culture, il en fait lui même son moteur narratif. Il a besoin du superficiel pour faire avancer l'histoire et l'action. Par là il réduit bien une oeuvre (ou la culture, ou la pop culture) à de simples signes pour faire avancer son storytelling. S'il avait fait l'effort de traiter Shining non comme une référence mais comme une forme en soi, qui produit son propre monde et sa propre pensée, il aurait vraiment sorti son film du name-dropping creux, ça aurait eu du sens, et ça aurait peut être pu sauver les geeks de l'enfer.

Ouais enfin, pour rejoindre Art Core, c'est pas ce que le film cherche à raconter (et ça ne lui incombait pas de raconter ça). Comme je dis, l'utilisation qu'il fait de Shining reste de la référence mais c'est de la référence utilisée par Halliday dans le récit (et donc par Spielberg et les scénaristes) pour servir son propos. Ce n'est pas juste "se déguiser en untel", c'est utiliser le sens d'une oeuvre pour véhiculer un message, une émotion et, in fine, une leçon.
Globalement, c'est ce que Spielberg aimerait que les gens retiennent de ce qu'il a amené au cinéma. Comme l'a dit Jerzy, beaucoup ont reproché à Spielberg et Lucas d'avoir tout niqué dans les années 70 avec l'avènement du blockbuster et le Halliday de la fin qui a peur que les gens se perdent dans l'OASIS plutôt que de s'en servir pour créer des liens, c'est Spielberg qui s'interroge, à travers ce film, sur son héritage.

Citation:
Non l'Oasis est montré comme un endroit excitant et merveilleux

Le temps de l'intro.
Après, c'est une course chaotique sans règles où des mecs sont brutalement réduits à l'état de pièces comme ils l'étaient à l'état de cendre dans La Guerre des mondes, c'est une virée dans l'hôtel Overlook mais avec des zombies géants, c'est exploité comme un camp de travail façon Amon Goeth, et c'est une baston finale où, littéralement, tout le monde crève.

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MessagePosté: 20 Avr 2018, 21:54 
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Bon sinon, finalement, t'as raison sur les geeks :

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MessagePosté: 20 Avr 2018, 22:01 
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Amisant, le texte de Jiko ressemble sur le fond à une des rares critiques négatives lues sur Pulp Fiction à l’époque de sa sortie -mais ne me souviens plus où.

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MessagePosté: 20 Avr 2018, 22:35 
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Film Freak a écrit:
Ouais enfin, pour rejoindre Art Core, c'est pas ce que le film cherche à raconter (et ça ne lui incombait pas de raconter ça). Comme je dis, l'utilisation qu'il fait de Shining reste de la référence mais c'est de la référence utilisée par Halliday dans le récit (et donc par Spielberg et les scénaristes) pour servir son propos. Ce n'est pas juste "se déguiser en untel", c'est utiliser le sens d'une oeuvre pour véhiculer un message, une émotion et, in fine, une leçon.

Oui mais détacher le sens d'une oeuvre de sa forme, ça me paraît compliqué. Tu enlève la mise en scène du film, et c'est quoi Shining ? son scénario ? D'ailleurs ça me fait penser à l'énigme dans le film qui parle d'un créateur qui hait sa création, et qui du coup mélange dans la même personne Kubrick et King, ce que je trouve assez révélateur d'une forme de maladresse ou de cynisme du film à prôner l'importance de l'auteur (jusqu'à faire de son nom le dernier secret à trouver) tout en évacuant régulièrement son existence dans les différentes références du film.

Et pour clarifier un truc, mon problème c'est pas que les geeks aient un rapport superficiel avec les œuvres, c'est que c'est exactement le rapport qu'a l'industrie avec les films qu'elle fabrique. Les productions Disney et consort sont pensées comme ça, comme des signes qui clignotent pour faire plaisir aux fans (et Star Wars là dessus serait à la fois le point d'origine et la forme débilitante actuelle de cette manière de faire). Avec ce film Spielberg en donne une illustration exacte. Et c'est cet enfer là qui n'est jamais critiqué par le film (l'hotel Overlook ou le camp de travail sont des endroits flippants de l'Oasis mais c'est pas l'Oasis en lui même qui est montré négativement, c'est pour ça que je dis que Spielberg n'est jamais critique sur le fond de ce qu'il montre)

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