Forum de FilmDeCulte

Eh ben! On était pas loin du chef-d'oeuvre. À mi-film, j'étais à 5/6, et je me demandais si ce film n'allait pas rejoindre A.I. dans le top de mes meilleurs Spielberg. Et je me disais à quel point le film était à des années lumière de la bande-annonce ultra pompeuse tellement tout y était sobre subtil, tout en finesse, tant dans la mise en scène que dans l'interprétation de Daniel Day Lewis (la première apparition de Lincoln est l'exemple parfait de ce tact, de cette finesse). Spielberg s'y fait tout petit, effacé, il laisse la place aux acteurs, surtout lors des joutes verbales filmés de façon théâtrale, dans l'esprit des films qu'on allait voir au début du siècle dernier tel des pièces de théâtre. Lincoln est un film qui possède ce côté intemporel et ce talent à captiver les masses sans recours à des procédés criards de montage, simplement en nous présentant un sujet à la portée de ce qu'on pouvait trouver sur une scène de théâtre. J'irais même jusqu'à dire que le talent de Spielberg pour mettre en scène le dialogue s'est affiné à un point comparable à Bergman (par sa manière sèche et inventive de l'aborder). J'en jubilais à certains moments du film. Amistad était visiblement un "training" pour se préparer a grimper au niveau de Lincoln.

Hélas, ce qui était un film sans la moindre fausse note pâtit des notes discordantes et envahissante de John Williams dans la deuxième partie (qui tombe dans les travers et la maladresse de l'épilogue/prologue de Saving Private Ryan). Je n'ai rien contre John Williams quand il met sa musique au service de grands mélodrames flirtant avec l'opéra (comme E.T. ou War Horse), mais dans un cas comme Lincoln, sa musique aurait dû se taire et laisser parler les personnages sans appuyer des mots déjà forts et porteurs. La sécheresse qui rendait le film si vrai et intemporel dans la première partie finit par laisser place à une musique qui renvoie Lincoln dans l'histoire comme un vieux papy. Et le film devient presque démodé à ce moment. Dommage de la part de Spielberg (qui voulait faire de Lincoln un être humain plutôt qu'un mythe poussiéreux). Ce film aurait dû être d'une sécheresse totale. Car sans Williams, Lincoln était peut-être l'un des plus grands Spielberg, et je l'aurais gardé en mémoire longtemps après la séance (alors qu'ici, la musique m'empêche d'y revenir à force de me hanter comme un ver d'oreille et me dire comment ressentir et réfléchir l'Histoire).

Bien dommage de gâcher un film aussi fascinant. Zemeckis à eu les mêmes travers dernièrement avec son Flight. Décidément, il ne resterait qu'à se débarrasser des vilains tics musicaux de leur compositeur attitré pour que ces deux réalisateurs rejoignent réellement la modernité.

Tout de même
4/6

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"marre du retour infini de ce topic"

Ok ça va être génial.

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paie ton mépris.
il a aimé, l'ami du Québec.

Faut arrêter de voir du mépris partout.

Je spécule juste mon appréciation en me basant sur la sienne.

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C'est quand même louche, le coup de la musique qui à elle seule gâche tout.

Pourtant c'est le cas. Je ne comprends pas pourquoi Spielberg s'est joué subtil et fin, s'est retenu d'en rajouter des couches dans la première partie, se contentant d'observer. Je ne comprends pas cet effort, si c'est pour finalement tout foutre ça en l'air et retomber dans ses travers. Oui, ça gâche tout. Les dialogues sont géniaux du début à la fin, et chaque fois que Williams se pointe, les dialogues deviennent soudainement pompeux alors qu'ils ne l'étaient pas forcément sur papier. Le spectateur n'entend plus Lincoln, la musique nous oblige à "ressentir" ses paroles au nom de l'Histoire. Je trouve ça assez cheap et maladroit. Et ça n'aide pas à faire de Lincoln autre chose qu'un monument.

La musique est un choix artistique tout de même assez important. Et quand on sait qu'une seule fausse note peut gâcher une scène. Imagine quand cette fausse note est étalé sur toute la finale d'un film.

Mais bon. J'ai aimé le film dans l'ensemble! Et Daniel Day Lewis est un monument à lui seul. Charisme! Il aura un autre oscar le salaud.

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"marre du retour infini de ce topic"

Et puis son système de cotation est chelou, aussi. (5/6 = CHEF-D'OEUVRE).

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Et il a un accent bizarre !

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N'écoutez pas Film Freak

Pfff
Non, 6/6

Tiens, voici mon système de cotation dévoilé

6/6 = Chef-d'oeuvre
5/6 = Remarquable, bien qu'imparfait
4/6 = Très bon, au-dessus de la moyenne mais aurait pu être encore mieux.
3/6 = La moyenne. Bien mais sans plus
2/6 = très moyen
1/6 = pauvre
0/6 = médiocre

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"marre du retour infini de ce topic"

Médiocre, ça veut dire (très) moyen hein.

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Pas sur que Spielberg oserait l'envoyer bouler en même temps si ça ne lui plaisait pas...

Pardon. C'était l'autre "m". Minable



Je n'ai pas dit que Spielberg n'avait rien à voir là-dedans. C'est probablement un choix commun d'utiliser la musique de cette manière. Williams est au diapason bien souvent. Mais à de rares occasions, il souligne de façon quasi insistante ce qui est déjà suffisamment puissant à l'écran. J'ai en mémoire les pires scènes de Amistad (mais là, j'ai l'impression que c'était le choix à faire pour donner du rythme à un film qui en manquait).

Pour Lincoln, ça aurait dû être différent tellement le film et sa mise en scène possède une rythmique interne irréprochable. À tel point que dès qu'une note apparaît, on la reconnaît immédiatement inutile. Elle n'apporte qu'un côté solennel dont le film n'avait pas besoin.

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"marre du retour infini de ce topic"

Ecris le titre du topic comme il faut stp.

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Autant la BA me disait rien, autant les extraits postés ci-dessus réveillent un peu ma curiosité.

Il faudra bien un jour que Spielberg se sépare de Williams.

Williams ou pas, le film a beaucoup surpris (en bien) aux US par son style et sa subtilité et fais réfléchir les critiques comme les spectateurs. La critique du New York Times est dithyrambique ; la presse intello de la côté Est, qui généralement méprise un peu Spielberg, est majoritairement conquise aussi. Gros box-office ce week-end.