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 Sujet du message: Paterson (Jim Jarmusch, 2016)
MessagePosté: 08 Déc 2016, 21:21 
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Paterson vit à Paterson, New Jersey, cette ville des poètes, de William Carlos Williams à Allen Ginsberg, aujourd’hui en décrépitude. Chauffeur de bus d’une trentaine d’années, il mène une vie réglée aux côtés de Laura, qui multiplie projets et expériences avec enthousiasme et de Marvin, bouledogue anglais. Chaque jour, Paterson écrit des poèmes sur un carnet secret qui ne le quitte pas…

Film qui jouit, depuis Cannes, d'un amour fou de toute une frange de la critique et de la cinéphilie, y compris ici (coucou Karloff). Je me sens bien seul et j'ai l'impression d'être le grand lucide d'une hallucination collective... A mes yeux, c'est loin d'être le plus mauvais de l'année, faut pas déconner non plus, mais c'est haut la main le plus surestimé.
Ça ne m'a pas touché une seconde, ça m'a emmerdé toutes les autres. Film sur la poésie sur la banalité du quotidien? OK, mais pourquoi en faire un truc chiant, répétitif, qui raconte strictement rien, qui n'est ni drôle ni touchant ni rien? Et je ne parle même pas des poèmes en question, juste bidons, sur fond de rivière scintillante tout juste bonne à illustrer un karaoke... Jamais on ne s'attache à ces personnages creux, à ce récit monotone, qui n'implique jamais le spectateur, qui est cadenassé par les intentions aux gros sabots et moisi par la prétention de son réalisateur (tiens, quand on parle de cinéaste RIP...), qui ne suscite absolument aucune émotion, juste un ennui de plus en plus mortel. Et la musique de Sqürl est dégueulasse.
Bref, film de hipster qui ne mérite absolument pas la hype dont il profite.

1,5/6 pour Adam Driver.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


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MessagePosté: 08 Déc 2016, 21:31 
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Ta critique pourrait s'appliquer à Only Lovers Left Alive...je me tâte mais je sens que je vais zapper.

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MessagePosté: 08 Déc 2016, 21:47 
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Film Freak a écrit:
Ta critique pourrait s'appliquer à Only Lovers Left Alive...je me tâte mais je sens que je vais zapper.

Je crois que c'est pas DU TOUT un film pour toi..
Pas vu Only lovers mais quand je lis la presse qui dit que ce Paterson, contrairement au précédent qui était nase, est sublime, eh ben quelque me dit que je ne le verrai jamais.

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MessagePosté: 08 Déc 2016, 22:56 
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Film absolument magnifique, j'en suis tombé amoureux dès le premier plan. Après, je peux comprendre que l'on n'aime pas ce type de récit minimaliste.

Par contre les poèmes sont incroyablement beaux. Même en Français.


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MessagePosté: 09 Déc 2016, 07:57 
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Karloff a écrit:
Par contre les poèmes sont incroyablement beaux. Même en Français.

T'es sérieux...?
(Bon, après je suis une brêle en poésie, hein...)

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MessagePosté: 09 Déc 2016, 10:16 
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J'aime beaucoup le rythme indolent du film, sa tranquillité, ses non-évènements (la panne du bus), sa poésie du rien et son personnage principal mutique et fascinant.

Mais il me pose un problème majeur et presque rédhibitoire que j'ai été surpris de ne voir relevé par personne (surtout dans une époque comme aujourd'hui où tout est scruté et critiqué). C'est à quel point le film est profondément misogyne et sexiste. Le rôle de Golshifteh Farahani est honteux de bout en bout. Réduite à être une femme au foyer aux hobbies ridiculisés qui doit demander l'autorisation à son mari pour acheter une guitare et qui reste bien sagement à la maison TOUS les putains de soir pendant que lui va au bar. D'autant qu'en plus d'être une vision dégueulasse de la femme, c'est une vision absolument catastrophique des classes populaires. Comme si de sa hauteur d'artiste new-yorkais, Jarmusch nous disait que les choses se passaient ainsi dans les banlieues ouvrières alors que son film n'en est qu'une pure vision romanticisée. Quand même le film va très loin puisqu'il va aller jusqu'à rendre la femme
responsable de la destruction du carnet de poème par le chien.
Je comprends pas comment le film est passé à travers cette polémique, il faut vraiment s'appeler Jarmusch pour pouvoir écrire quelque chose d'aussi grossier et s'en sortir avec les éloges.

Les poèmes sont un peu du même tonneau d'ailleurs. Comme représentation d'un art profondément naïf, sans cesse à la lisière du ridicule (on peut sans mal penser au Facteur Cheval), ils sont à la fois beaux dans leur nudité et à la lisière du grotesque. Il y avait une critique très juste sur ce point précis mais j'arrive plus à la retrouver.

Donc je ne peux nier m'être laissé bercé par l'indolence confortable du film, par sa simplicité enveloppante. Mais je bloque quand même sur quelques points assez fondamentaux à mes yeux.

3-4/6

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MessagePosté: 09 Déc 2016, 10:34 
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Art Core a écrit:
Le rôle de Golshifteh Farahani est honteux de bout en bout. Réduite à être une femme au foyer aux hobbies ridiculisés qui doit demander l'autorisation à son mari pour acheter une guitare et qui reste bien sagement à la maison TOUS les putains de soir pendant que lui va au bar.

Mais grave! J'ai oublié d'en parler, mais le rôle de Farahani est juste grotesque de bout en bout, et surtout, pas crédible. Honteux, en effet.

Art Core a écrit:
Les poèmes sont un peu du même tonneau d'ailleurs. Comme représentation d'un art profondément naïf, sans cesse à la lisière du ridicule (on peut sans mal penser au Facteur Cheval), ils sont à la fois beaux dans leur nudité et à la lisière du grotesque. Il y avait une critique très juste sur ce point précis mais j'arrive plus à la retrouver.


Greg sur FDC:
"le meilleur gag et le vrai mystère du film : les poèmes de Paterson sont-il sublimes ou pathétiques ? Jarmusch a l’élégance de ne pas trancher."

(moi j'ai tranché sans aucun souci)

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MessagePosté: 09 Déc 2016, 11:06 
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Ah ben c'est peut-être celle-là.

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MessagePosté: 09 Déc 2016, 22:55 
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Art Core a écrit:
, il faut vraiment s'appeler Jarmusch pour pouvoir écrire quelque chose d'aussi grossier et s'en sortir avec les éloges.


Honnêtement, je suis très surpris. Elle est présentée comme une artiste comme lui.

Sinon un critique américain avait écrit à Cannes qu'elle n'existait pas, qu'elle n'était que la muse imaginaire du poète, ce qui est rendu possible du fait qu'elle n'a aucune interaction avec le réel et que personne ne lui en parle. J'ai aussi lu - ça doit être le même critique - qu'elle était un souvenir d'Irak du soldat revenu du front.


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MessagePosté: 10 Déc 2016, 09:42 
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Karloff a écrit:
Sinon un critique américain avait écrit à Cannes qu'elle n'existait pas, qu'elle n'était que la muse imaginaire du poète, ce qui est rendu possible du fait qu'elle n'a aucune interaction avec le réel et que personne ne lui en parle.

Ah c'est pas con... Vu comme ça ça se tient mieux (sauf que ç m'étonnerait que JJ y ait pensé).

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MessagePosté: 10 Déc 2016, 09:56 
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Oui enfin si c'était le cas il aurait peut-être fallu le signifier vraiment. En l'état c'est un très mauvais personnage (et indigne de l'actrice).

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MessagePosté: 10 Déc 2016, 14:29 
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J'adore le film donc bon, je ne suis pas objectif, je trouve que l'on éprouve vite de l'amour pour elle.


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MessagePosté: 21 Déc 2016, 17:46 
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Arnotte a écrit:
Karloff a écrit:
Sinon un critique américain avait écrit à Cannes qu'elle n'existait pas, qu'elle n'était que la muse imaginaire du poète, ce qui est rendu possible du fait qu'elle n'a aucune interaction avec le réel et que personne ne lui en parle.

Ah c'est pas con... Vu comme ça ça se tient mieux (sauf que ç m'étonnerait que JJ y ait pensé).



Ca aurait été très beau, oui, mais alors il fallait le dire. J'avais bien remarqué la photo de soldat (pratique qu'Adam Driver ait vraiment fait les Marines), mais en l'état c'est impossible de faire le rapprochement, ça n'est ni suggéré ni exploité dans le film.
Sinon, il y a des moments attachants, mais globalement ça reste d'un chiant assez abouti. Et non, la poésie ne vaut pas un pet de bouledogue anglais.


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MessagePosté: 28 Déc 2016, 16:28 
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Art Core a écrit:
Mais il me pose un problème majeur et presque rédhibitoire que j'ai été surpris de ne voir relevé par personne (surtout dans une époque comme aujourd'hui où tout est scruté et critiqué). C'est à quel point le film est profondément misogyne et sexiste. Le rôle de Golshifteh Farahani est honteux de bout en bout. Réduite à être une femme au foyer aux hobbies ridiculisés qui doit demander l'autorisation à son mari pour acheter une guitare et qui reste bien sagement à la maison TOUS les putains de soir pendant que lui va au bar. D'autant qu'en plus d'être une vision dégueulasse de la femme, c'est une vision absolument catastrophique des classes populaires. Comme si de sa hauteur d'artiste new-yorkais, Jarmusch nous disait que les choses se passaient ainsi dans les banlieues ouvrières alors que son film n'en est qu'une pure vision romanticisée. Quand même le film va très loin puisqu'il va aller jusqu'à rendre la femme
responsable de la destruction du carnet de poème par le chien.
Je comprends pas comment le film est passé à travers cette polémique, il faut vraiment s'appeler Jarmusch pour pouvoir écrire quelque chose d'aussi grossier et s'en sortir avec les éloges.
Peut-être parce que tu (ou devrais-je dire vous avec Arnotte) es le seul à appréhender leur relation par ce bout là? Je trouve ton interprétation passablement ridicule, assez symptomatique du féminisme à la mode masculine très en vogue actuellement. Le personnage de Farahani n'est absolument pas une femme au foyer, c'est une artiste qui n'a pas percée. Elle prépare les repas parce qu'elle considère probablement cela comme faisant partie intégrante de sa sphère de création, et ne sort pas le soir car casanière ou trop absorbée pas ses activités... quant à ses hobbies ridiculisés, il ne l'était absolument pas à mes yeux (ni hobbie - mais bien création - ni ridiculisé), je trouve au contraire que Jarmusch la filme avec beaucoup de tendresse et de justesse (n'en déplaise à Arnotte c'est tout à fait crédible, je suis marié avec une femme qui a exactement les mêmes aspirations et qui a une nouvelle idée par jour que je me garde bien de trouver ridicule). Je serais très curieux d'avoir un avis féminin sur la question.

On pourrait d'ailleurs inverser radicalement ton interprétation et s'offusquer selon l'angle masculiniste de cette femme qui jouit de ne pas travailler pour assouvir ses désirs d'artistes, qui un jour envisage d'ouvrir un magasin de cupcakes, un autre de devenir chanteuse country et achète une guitare, ne ramène pas un sous à la maison et fais chaque jour la grasse matinée pendant que son mari trime dans son petit boulot de chauffeur de bus. Ça serait tout autant ridicule et totalement à côté de la plaque.
Et sinon oui, lorsque dans un couple l'une des deux personnes est celle qui a voulu avoir un chien, elle se sent toujours un peu responsable lorsqu'il fait une connerie.

Pour en revenir au fond du film, je partais plutôt avec un avis négatif (je me demande encore pourquoi), j'en suis sorti ravi. A mon avis plus qu'un film sur la poésie (domaine auquel je ne connais d'ailleurs absolument rien, je me garderai donc d'émettre un quelconque jugement sur celle qu'écrit Adam Driver) Jarmusch traite de cet équilibre précaire qu'est le bonheur, s'attachant à décrire ces petits riens qui rendent heureux: Paterson au volant de son bus qui écoute les conversations de ses passagers (potentielles sources d'inspiration pour de futurs poèmes), Laura et ses créations, les rituels journaliers (que le moindre petit caillou peut venir brisé, comme la panne du bus), la magie du couple Laura/Paterson (opposé à ceux du patron du bar et du couple noir). Et tout, de la réalisation à la musique, contribue à renforcer le sentiment du bonheur que dégage ce film, tout en ressentant qu'il ne tient qu'à un fil et qu'il pourrait disparaitre définitivement. Ma seule déception c'est que Paterson ne se départie pas d'un côté "petit", qu'il n'arrive pas à transcender véritablement son sujet pour tendre à quelque chose de plus "grand".

4.5/6


Dernière édition par Lohmann le 28 Déc 2016, 16:55, édité 1 fois.

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MessagePosté: 28 Déc 2016, 16:55 
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Lohmann a écrit:
Ma seule déception c'est que Paterson ne se départie pas d'un côté "petit", qu'il n'arrive pas à transcender véritablement son sujet pour tendre à quelque chose de plus "grand".
Ce que je ressens devant Broken Flowers.


Dernière édition par Abyssin le 28 Déc 2016, 17:09, édité 1 fois.

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