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MessagePosté: 09 Jan 2017, 18:40 
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Baptiste a écrit:
Ah donc c'est dans une des images en surimpression? AUCUN souvenir, tu es très observateur :D


Non non, c'est pas une image en surimpression. On le voit sortir du dépôt et parler au type à distance sans entendre ce qu'ils peuvent se dire, et en effet, son supérieur a un geste commisératif, et quelque peu dramatique et exagéré.


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MessagePosté: 09 Jan 2017, 18:58 
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supergontrand a écrit:
Je ne suis pas en couple, mais ça n'a pas grand chose à voir, entre avoir deux emplois du temps séparés et deux enfants (qu'on n'emmène pas au boulot)...
Cela veut dire aussi que le couple ne résisterait probablement pas au fait de n'avoir qu'un seul enfant (puis ça se lie à la double-origine du couple: un enfant serait plutôt américain, l'autre plutôt iranien, pas de mixte). Quand elle dit qu'elle veut aller à Nashville c'est peut-être une manière d'avoir son attention malgré tout, c'est un intello de la côte Est, mais il faut qu'elle joue à l'Américaine redneck pour le garder (le mec n'en a par exemple rien à secouer de la poésie iranienne qu'elle connaît peut-être).


Tu surinterprètes beaucoup à mon avis, même si c'est intéressant.
Je vois quand même le personnage de Driver comme un intello/artiste velléitaire et autodidacte loin du mandarin d'université ou du rat de bibliothèque tel qu'il semble incarné par le japonais. Sa bibliothèque est composé d'ouvrages plutôt convenus (le Infinite Jest de David Foster Wallace) sans véritable cohérence esthétique (le post-modernisme imbitable y côtoie l'apparente simplicité de Williams et les poèmes "conversationnels" de Frank O'Hara). La modestie du personnage et le fait qu'il s'agisse d'une pratique intime font que ça va en définitive.
Je vois quelque chose d'un peu énervant dans ses vélléités de poète pour ma part, le fétichisme autour des allumettes, comme si la réalité devenait un prétexte à écrire des poèmes, et non l'inverse (des poèmes pour décrire une réalité propre et singulière) mais j'ai un problème personnel avec ces afféteries qui vont de pair avec une posture artistique.
Il y a un aspect séduisant néanmoins dans la manière dont ils sont enregistrés et dans la voix d'Adam Driver collée au micro qui permet de fermer les yeux sur leur niveau. Cela m'a donné envie de réécouter Robert Ashley d'ailleurs.



Dernière édition par bmntmp le 09 Jan 2017, 19:04, édité 1 fois.

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MessagePosté: 09 Jan 2017, 19:01 
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Certes, mais dans toute bibliothèque, il y aura toujours des ouvrages plutôt convenus aux yeux d'un visiteur. Ce n'est donc pas un critère décisif pour comprendre les rapports qu'entretiennent entre-eux les personnages du film (en tout cas moins que le fait que sa femme n'ait pas de bibliothèque du tout par exemple).


Dernière édition par supergontrand le 09 Jan 2017, 19:07, édité 1 fois.

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MessagePosté: 09 Jan 2017, 19:06 
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C'est vrai, j'ai moi-même Infinite Jest que j'ai emprunté à quelqu'un et qui m'est tombé des mains. Mais je ne parlais pas de rapports des personnages entre eux, mais de celui qu'entretient le personnage avec la littérature.


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MessagePosté: 09 Jan 2017, 19:07 
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Ha ha


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MessagePosté: 09 Jan 2017, 19:20 
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Quant à moi, je peux performer au boulot des sentiments que je ne suis plus capable d'éprouver sur un plan amical ou amoureux, bien-sûr.


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MessagePosté: 12 Jan 2017, 18:16 
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Je regarde le dernier Eddie Murphy, qui s'intitule Mr Church.
Alors pourquoi j'en parle là ?
Au milieu du métrage, je tombe sur cette image

Image

Je ne me dis pas encore :"Bingo Paterson!" mais les deux films ont tellement de points communs. Alors le canevas en quelques mots.

Sur son lit de mort, l'ex-amant d'une femme qui n'a plus que six mois à vivre à cause d'un cancer du sein, a chargé Eddie Murphy de devenir son cuisinier contre un salaire à vie. Au début, il se heurte à l'animosité de la petite fille qui ne sait pas de quoi il en retourne. Ces six mois se transforment en six années...
Comme Paterson, Murphy est un artiste qui exerce ses talents avec discrétion. Tous les soirs, il quitte le foyer, ce qui excite la curiosité de la petite fille qui devient grande entre-temps, sans qu'on sache bien ce qu'il fait (comme si le personnage de la femme se demandait ce que son mari pouvait bien fabriquer chaque soir). Comme Paterson également, il est présenté comme un modèle de politesse et de décence dont le défaut (ou la qualité) est de se tenir à distance du monde.
Le film est ravissant, mais je n'ai pas encore fini - et bien entendu, ne sera pas encore couvert de lauriers comme Paterson et pratiquement tous ceux qui ont vu ce dernier ne le verront pas.

PS: le bus y remplit aussi un rôle conséquent sauf que l'héroïne dit "j'ai toujours détesté prendre le bus" (où elle a quand même rencontré l'un de ses amis). Il y a aussi une scène vue de loin avec les dialogues coupés à la sortie d'un bus, sauf que dans Paterson, cette scène suit la panne du bus, ici elle raconte un deuil.

Le suspense est de savoir s'il s'agit d'une énième mouture de Driving Miss Daisy (pas vu), meilleure qu'Intouchables (ce qui est le cas pour le moment).
Mais Murphy, en tant qu'afro-américain, a toutes les excuses pour avoir un faible pour le jazz (certes plus hip à l'époque où se passe le film) dans les années 70.

PPS : Quand on voit l'espace de deux secondes les colocs éphémères de la fille, ce sont des noires. Alors, politiquement correct ou pas ? Le film a le mérite de présenter un personnage noir décent sur toute la ligne et sans que la race soit évoquée avec de gros sabots, ce qui est rare.

Loving, everyone ?

Edit : les 45-30 dernières minutes sont lourdes et mélodramatiques, mais on n'en saura pas beaucoup plus sur Mr Church.
Excellent film consacré à la décence, malgré quelques défauts. C'est amusant de voir que la version hollywoodienne n'est pas si différente, et même mieux (car elle tire plus sur les cordes sensibles) que la version art-house.


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MessagePosté: 15 Jan 2017, 20:07 
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Karloff a écrit:

Sinon un critique américain avait écrit à Cannes qu'elle n'existait pas, qu'elle n'était que la muse imaginaire du poète, ce qui est rendu possible du fait qu'elle n'a aucune interaction avec le réel et que personne ne lui en parle. J'ai aussi lu - ça doit être le même critique - qu'elle était un souvenir d'Irak du soldat revenu du front.


On va refaire la (non) discussion de The Strangers j'ai l'impression, mais le barman lui en parle (lors de la conversation sur le smartphone).


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MessagePosté: 15 Jan 2017, 21:36 
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Jerónimo a écrit:
Karloff a écrit:

Sinon un critique américain avait écrit à Cannes qu'elle n'existait pas, qu'elle n'était que la muse imaginaire du poète, ce qui est rendu possible du fait qu'elle n'a aucune interaction avec le réel et que personne ne lui en parle. J'ai aussi lu - ça doit être le même critique - qu'elle était un souvenir d'Irak du soldat revenu du front.


On va refaire la (non) discussion de The Strangers j'ai l'impression, mais le barman lui en parle (lors de la conversation sur le smartphone).


+ c'est sans doute elle la vendeuse de cupcake qui regarde droit dans les yeux sur le pas de sa porte qui a allumé un des passagers du bus (encore qu'il pourrait la fantasmer à partir de la vie d'un des ses passagers, ce dernier ayant l'air d'un peu se la raconter lui-aussi).


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MessagePosté: 16 Jan 2017, 08:47 
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Sinon, pour en revenir au film.

Je le trouve assez touchant dans son approche sur le quotidien, ces répétitions banales qui forment une poésie, et à ce titre l’apparition du Japonais dans le final boucle la boucle. Sur la longueur ça s’essouffle un peu par contre.

Sur le couple et le personnage féminin, je te trouve très dur Art Core. C’est, en l’état, pas hyper satisfaisant mais on nous montre deux personnages qui s’aiment, justement un peu freak dans leur mode de vie… Je ne crois pas que les "hobbies" de la femme soient tournés en ridicule, même s’il y a un versant comique certain, mais on peut y voir aussi une fraîcheur et un enthousiasme que son mari n’a pas. Ceci dit, les scènes à la maison n’atteignent pas la relative beauté des scènes de bus et d’aller-retour domicile / travail.

Par contre j’ai plus de mal avec le fait que lui aille tous les soirs au bistrot, tout seul. Je vois bien le côté jarmuschien de la chose, mais les scènes dans le bar sont quand même assez faibles, ce qui ne permet pas vraiment de les justifier au final.

3-4/6


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MessagePosté: 17 Jan 2017, 20:44 
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Ça fait quelques films que Jarmusch m'a perdu en chemin. Je suis pourtant assez fan de la majeur partie de sa filmo. J'y suis donc allé sans grand espoir et j'avais bien raison.
C'est vrai que le film baigne dans une ambiance assez belle, douce et poétique. Pourtant je n'ai pas pu m'empêcher de m'ennuyer quasi toute la projo. J'ai du chercher du sens là où il n'y en avait pas (pourquoi les jumeaux, pourquoi ce plan sur la photo de Driver en costume de l'armée sur la table de nuit, pourquoi a t il l'air si souvent vide de sentiment ?).
Je fais aussi parti de ceux qui ont pas du tout compris la supposée beauté des poèmes. Celui de la jeune fille m'a semblé bien plus beau, et la réaction de Driver m'a laissé penser qu'il s'en rendait bien compte.

A l'inverse du précédent message de Jeronimo, ce sont les scènes du bar qui m'ont le plus touché, sûrement parce qu'elles m'ont rendu nostalgique du Jarmusch de ses débuts.

2/6


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MessagePosté: 23 Jan 2017, 17:37 
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Alors moi je suis partagée. Il y a quelques éléments que j'ai bien aimé mais globalement je me suis aussi ennuyée (bon, je n'aime pas trop Adam et en plus les poèmes ce n'est pas mon truc).

Je n'y ai pas lu la même chose que ce que j'ai pu voir dans les messages précédents me semble-t-il.
Sur le personnage de sa femme, je la vois plus comme une artiste en manque et zappeuse qui est à la maison car lui fait un boulot planplan pour assurer le quotidien du ménage et qu'elle puisse s'exprimer sans que ce soit gênant que ça ne soit pas rémunérateur. Il lui laisse la chance de s'accomplir, de suivre ses voies sans croire à fond que ça puisse marcher un jour.

Lui, j'ai l'impression qu'il écrit parce qu'il en a envie, qu'il cherche l'artiste en lui et à exprimer ce qu'il ne peut pas dire dans la vie (ou n'arrive pas à dire) mais qu'il est conscient qu'il n'est pas bon pour ça (je trouve ses poèmes nazes me concernant :-)) et qu'il ne percera pas. D'où les photocopies qu'il ne fait jamais, les poèmes qu'il ne lui lit pas forcément, le fait qu'après tout ce temps il n'ait qu'un seul carnet entamé et à même pas la moitié (alors que le japonais parle de SES carnets). Il galère avec ses poésies, écrit peu, et s'y reprend à plusieurs fois pour chaque passage.

Sa perte du carnet, je la vois même comme un acte manqué voire presque volontaire. Même quand elle l'entraîne rapidement de son bureau à la cave, il pense à le prendre (au lieu de le laisser puisque c'est là qu'il le stocke si l'on en croit ce que sa femme lui dit) et là il l'abandonne sur le canapé. C'est la solution simple et sans pression, il ne sera jamais connu, il ne décevra jamais sa femme pas parce qu'il va échouer mais juste parce qu'il n'y a plus de poèmes. Elle devenait de plus en plus insistante avec ses photocopies.

C'est seulement la rencontre avec le japonais à la fin, sa discussion sur les possibilités et le cadeau du nouveau cahier page blanche où tout est possible qui semble lui redonner l'envie et l'espoir.


Dernière édition par Alabama le 23 Jan 2017, 18:21, édité 1 fois.

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MessagePosté: 23 Jan 2017, 17:51 
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Oui ta lecture est cohérente et convaincante. Par contre:

Citation:
(bon, je n'aime pas trop Adam et en plus les poèmes ce n'est pas mon truc).


Je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'apprécier les poèmes présentés ou même l'art poétique en général pour aimer le film, car son sujet est la création et le stoïcisme.


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MessagePosté: 23 Jan 2017, 18:24 
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Baptiste a écrit:
Je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'apprécier les poèmes présentés ou même l'art poétique en général pour aimer le film, car son sujet est la création et le stoïcisme.



Je ne pense pas non plus mais comme je suis souvent adepte des films du réalisateur et des ambiances lentes, je me suis dit que ma consternation devant ses poèmes (Je pense que celui qui me plaît le plus est peut-être celui de la gamine) avait peut-être contribuée à alourdir ma réception du film. Et en plus, le fait que je trouve ses poèmes nazes me fait projeter une grille de lecture sur lui (et sur sa femme, au début je me demandais si elle était sincère dans son enthousiasme ou si elle était aveuglée par l'amour ou même se foutait de lui au xième degré) alors que si ça se trouve, ses poèmes sont géniaux.


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MessagePosté: 23 Jan 2017, 18:36 
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C'est un des trucs intéressants du film qu'il laisse ce choix-là. Pourquoi ce ne serait pas un film sur un poète un peu nullos ?


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