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MessagePosté: 27 Mai 2013, 13:32 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
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Après dix jours de violence et de fracas sur les écrans cannois - à quelques belles exceptions près -, «Only Lovers Left Alive» a rappelé aux cinéphiles encore vivants que Jim Jarmusch est un immense cinéaste. Eloigné des radars – le très expérimental «Limits of Control» avait dérouté les fans hardcore -, le cinéaste new-yorkais effectuait son grand retour sur la Croisette par la porte de service – le film avait été inclus in-extremis en compétition et passe le dernier jour, ce qui n’est jamais bon signe. Et pourtant… Film de songeur à la bande-son parfaite, «Only Lovers Left Alive» suit un couple de vampires lettrés, Adam et Eve, dont la vie nocturne va être troublée par l’arrivée d’une adolescente pleine de vie aux crocs acérés… Punk aristo lassé par la médiocrité des zombies, Adam pense même au suicide, surtout après la destruction de ses instruments de musique.

DE SUBLIMES BALADES NOCTURNES

Dandy du septième art, Jim Jarmusch a toujours aimé les fantômes, les âmes en perdition qui chassent le spleen lors d'errance mélancolique. S’il explore en surface un nouveau genre, jamais son style si particulier ne s’était déployé avec autant d’élégance que lors des sublimes balades nocturnes dans Détroit et Tanger. L’auteur de «Broken Flowers» observe son formidable couple de cinéma, la caméra amusée par le décalage entre l'image traditionnelle du vampire et ce qu'il en fait avec maestria. Et s’il ne crie pas avec les loups dans la nuit noire, le propos est plus politique qu’on ne le croit, avec cette vision désabusée d’un monde où les lieux de culture sont devenus des parkings désaffectés.

5/6

En images: http://festival-de-cannes.parismatch.co ... que-516386


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MessagePosté: 29 Mai 2013, 12:55 
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Tu me mets l'eau à la bouche, j'ai été très déçu par les récents Jarmusch, mais s'il pouvait retrouver sa classe de Stranger thant paradise et Down by Law, sans parler de Dead Man et Ghost Dog, Waaaah.

_________________
-I failed.
-Good. Now go fail again.


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MessagePosté: 30 Oct 2013, 12:24 
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Successful superfucker
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Inscription: 28 Déc 2006, 21:20
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Mardi en ap aux halles en présence de Jarmusch... Le film ne sortira que le 19 février


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MessagePosté: 24 Fév 2014, 00:04 
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Attention Karloff, faute à Jarmusch dans le titre du topic.

Image

Personne n'est allé s'y frotter, du coup ?

Côté pile, c'est un film extrêmement séduisant, happant, qui immerge immédiatement dans son univers romantique et délétère - et, accessoirement, le premier Jarmusch qui ne m'ait absolument pas emmerdé. La métaphore sang / drogue a beau n'être pas neuve, il est assez frappant de voir combien le vampirisme est l'image idéale pour parler du milieu underground, de son dandysme passéiste, dépressif et lettré. Jarmusch cultive toutes les facettes de cette imagerie, notamment via l'imagerie des villes ensorcelées (un Détroit abandonné de fin du monde, un Tanger encore un pied rêveur dans les siècles passés), et sa plus grande victoire est peut-être, avec l'arrivée du personnage de Mia Wasikowska, de nous faire regretter la "pureté" (c'est vraiment le mot) de sa première partie, quand ce duo racé ne se mêlait pas à la trivialité du reste du monde. C'est son exploit : il nous rend, malgré nous, élitiste. Une image, fulgurante, celle du couple au lit, énonce clairement ce fantasme aux résonances eugénistes : celui d'être supérieurs, beaux et froids dans leur perfection glacée.

Côté face, c'est la pilule qui est très dure à avaler : c'est quand même un film d'un mépris incroyable. Prenant la pose jusque dans le snobisme hipster des références (Tesla, Marlowe... impression embarrassée de voir Rose vantant audacieusement les mérites de Picasso dans Titanic), renvoyant toute la plèbe indigne de cet art de vivre au qualificatif si révélateur de "zombie", faisant constamment la morale à ces pauvres humains (nous, son public) incapable de comprendre les grands enjeux de la vie et du monde, Jarmusch peint l'autoportrait le plus détestable qui soit. On croit un temps que c'est une peinture consciente, amusée de son propre ridicule de vieux crétin passéiste, mais non : le film est d'un sérieux imperturbable quand il en vient à faire étalage de sa culture. Paradoxe, l'humour vient se loger au plus mauvais endroit, dans une espèce de pose satisfaite qui s'amuse du monde plutôt que d'en épouser totalement la tragédie. Je pense à la fin, par exemple, pleine de potentielle, qui aurait pu être absolument sidérante :
le lever du soleil proche, le couple pur de jeune amoureux, le plan final
et qui ne peut se départir de cette espèce de pose grossière, de ce dédain et de cet air de ne pas y toucher...

Bref, on avance dans le film à la fois fasciné et irrité par cette prétention sans pareille, tout le sel tenant évidemment au fait que les qualités séduisantes du film ne peuvent exister sans ses défauts. Il faut de toute façon reconnaître à Jarmusch d'avoir su créer un univers ultra-captivant, d'une cohérence folle, que le jeu racé et halluciné de Tilda Swinton cristallise à la perfection (elle domine tout le cast, elle aurait grave mérité un prix).


Dernière édition par Tom le 24 Fév 2014, 00:20, édité 3 fois.

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MessagePosté: 24 Fév 2014, 00:16 
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Moi je l'ai vu et c'est rempli de de bonnes idées mais Jarmusch n'en fait rien au final et c'est assez frustrant de ne pas voir plus longtemps Mia Wasikowska (que j'apprécie particulièrement). Dommage car l'ambiance est bonne et le traitement du mythe intéressant. On aurait pu avoir un trés bon film mais au final c'est un peu trop longuet malgré le côté enivrant.


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MessagePosté: 24 Fév 2014, 00:18 
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Inscription: 13 Mai 2010, 11:50
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Marrant, moi le personnage de Mia m'insupporte comme il insupporte les persos, j'ai envie qu'il dégage vite pour replonger dans la mélancolie ouatée du film. Et une fois partie, c'est comme s'il était difficile de revenir dans l'atmosphère qui précédait, comme si un truc avait été entravé (un peu comme quand on essaie de replonger un rêve après avoir été réveillé).


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MessagePosté: 24 Fév 2014, 00:24 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
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Je suis assez d'accord avec toi. Par contre, je pige mal le mépris. Il est évident qu'il y a de l'ironie derrière tout ça, qu'il se juge lui-même méprisant et vieux con.


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MessagePosté: 24 Fév 2014, 00:29 
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Je n'en suis vraiment pas sûr... Chaque référence arrive comme pour nous "apprendre" quelque chose (le coup du moteur, de la guerre de l'eau...), on est vraiment dans l'exposition d'une culture contente d'elle. Regarde aussi le passage avec la chanteuse, et la réaction qui suit. Le film sait être très sérieux, très lyrique, quand on en arrive à son petit pré carré de culture fétichisée. En fait, pour être plus précis, j'ai l'impression d'un film qui joue cette distance amusée dont tu parles, mais qui ne se rend pas compte à quel point cette suffisance transpire, plus qu'il ne le souhaite, à travers son film (le choix ULTRA hipster de Détroit, en mode "je suis artiste, je dois vivre dans une ville abandonnée", qui n'est pas l'objet d'une quelconque ironie).


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MessagePosté: 24 Fév 2014, 00:32 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
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Je crois qu'il y a deux mouvements dans le film, l'un est clairement nostalgique, l'autre à mon sens ironique. Je n'ai pas perçu ça comme Les Invasions barbares le retour.


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MessagePosté: 24 Fév 2014, 11:30 
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Léo a écrit:
En revanche, je suis plutôt d'accord avec lui sur l'échec que constitue l'arrivée de Mia Wasikowska, qui est un échec de scénario. Je lis par exemple dans le synopsis: "... leur idylle débauchée est bientôt perturbée par l’arrivée de la petite sœur d’Eve, aussi extravagante qu’incontrôlable." Ça, ça n'est pas du tout dans le film ! C'est au mieux un épisode bâclé, un remplissage plutôt mal géré au cœur d'un film d'atmosphère, un film lounge.

Mais ça pour le coup (on va inverser les rôles), je pense que c'est voulu. Que ce personnage est une tache dans le beau nappage du film que tu as envie de dégager le plus rapidement possible.


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MessagePosté: 24 Fév 2014, 11:42 
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Ah non non, je ne parlais pas du problème de scénario (effectivement, tous les ressorts autour de la morsure sont assez foireux et artificiels, même si finalement ça me gêne pas des masses). Je disais simplement que ça me semblait volontaire, et assez logique, que cet épisode casse brutalement le spleen atmosphérique, nous ramène à quelque chose de plus trivial, nous donne envie de retourner dans le sommeil de la première partie : à mon sens, c'est son rôle (le personnage est quand même volontairement joué de manière tapageuse).


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MessagePosté: 24 Fév 2014, 11:51 
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Tom a écrit:

Côté face, c'est la pilule qui est très dure à avaler : c'est quand même un film d'un mépris incroyable. Prenant la pose jusque dans le snobisme hipster des références (Tesla, Marlowe... impression embarrassée de voir Rose vantant audacieusement les mérites de Picasso dans Titanic), renvoyant toute la plèbe indigne de cet art de vivre au qualificatif si révélateur de "zombie", faisant constamment la morale à ces pauvres humains (nous, son public) incapable de comprendre les grands enjeux de la vie et du monde, Jarmusch peint l'autoportrait le plus détestable qui soit. On croit un temps que c'est une peinture consciente, amusée de son propre ridicule de vieux crétin passéiste, mais non : le film est d'un sérieux imperturbable quand il en vient à faire étalage de sa culture. Paradoxe, l'humour vient se loger au plus mauvais endroit, dans une espèce de pose satisfaite qui s'amuse du monde plutôt que d'en épouser totalement la tragédie. Je pense à la fin, par exemple, pleine de potentielle, qui aurait pu être absolument sidérante :
le lever du soleil proche, le couple pur de jeune amoureux, le plan final
et qui ne peut se départir de cette espèce de pose grossière, de ce dédain et de cet air de ne pas y toucher...


En même temps, Adam est montré comme le personnage piégé dans le romantisme (la blague sur Byron) et tout ce que tu dis là, qui sont des choses qui te dégoûtent à priori mais faut peut être pas trop s'en formaliser, y'a de l'humour derrière, sont caractéristique de ce courant. Après Jarmush a plus d'affinités avec lui et s'y attache à ce perso. Il n'en fait pas le Johnny Depp de Dark Shadow non plus.


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MessagePosté: 24 Fév 2014, 12:02 
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Je vois ce travail lucide du romantisme, cette volonté de distance, cet humour, mais je pense que Jarmusch est beaucoup moins conscient de sa propre condescendance qu'il ne le pense, et qu'il maîtrise pas du tout cet aspect là de son film, que ça le dépasse et lui file entre les doigts.

L'exemple le plus frappant (pas le plus important mais le plus lisible), c'est vraiment les références qui veulent impressionner le spectateur : au-delà du fait que c'est le B-A-BA d'une culture petit geek, la façon dont elles nous sont envoyées à la gueule, gratuitement et toujours dans une logique d'épate, donnent vraiment envie de claquer. Ça rend les personnage hipster, pas nobles (quand le but est de les rendre plus charismatiques, impressionnants)


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MessagePosté: 24 Fév 2014, 12:14 
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C'est quoi les références balancées gratuitement ? je ne m'en souviens même plus...Le truc sur les guitares, les mots en latin, le fait qu'ils ne veuillent pas aller à Londres ? J'ai trouvé ça pas mal moi...Enfin ça leur donne une histoire.
Disons que, pour apprécier le film, je ne me suis pas vraiment dis tout du long que telle chose pouvait être une métaphore de ça, le mode de vie de gens réelle. Je suis vraiment entrer dans le truc en me disant que c'était des vampires et que s'ils existaient, ils pourraient très probablement vivre de cette manière.

Sinon je crois que ça fait à peine un an que j'ai appris ce mot de Hipster et je n'en ai pas encore vu. J'ai pas d’élément de comparaison :P


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MessagePosté: 24 Fév 2014, 12:22 
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Je pense aux trucs sur la guerre de l'eau, la litanie des inventeurs conspués, sur Tesla plutôt qu'Edison et Marlowe plutôt que Shakespeare...

Y a malentendu, j'ai pris le film au premier degré aussi, je suis rentré dedans. Mes ses personnages, qu'ils soient vampires ou métaphores d'intellectuels élitistes du milieu underground, m'ont irrité, et Jarmusch à travers eux.


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