Marlo a écrit:
Quelques années plus tard, une éternité en matière de cinéma, force est de reconnaître que les promesses de départ n'ont pas été tenues. Les meilleurs films sont pour moi les premiers de chaque trilogie (le premier Iron Man, le premier Thor, Guardians of the Galaxy, Ant-Man) à une exception près, Captain America, où je préfère le second au premier. A chaque fois que Marvel a cherché à réunir ses personnages pour raconter quelque chose de plus grand et donc réellement mettre en chantier son projet d'univers étendu, on a assisté à un nivellement par le bas tant sur le fond que sur la forme. Sans vouloir faire de comparaison hasardeuse, Marvel rassure ici tous les dingos obsessionnels de la pureté en prouvant par A + B que le métissage d'univers distincts conduit vers un affadissement formel et intellectuel. Que les films les plus originaux soient les films où le personnage est le plus détaché de son univers est un triste aveu d'échec.
Bon bah déjà je suis pas d'accord puisque je considère que le dernier Iron Man est mieux que les autres, que Avengers 2 est supérieur au premier et que GotG et Thor, c'est assez moyen...
Marlo a écrit:
5 ans plus tard donc, les meilleurs films de super-héros sont toujours ceux réalisés par des "auteurs" : Christopher Nolan, Tim Burton (dont je n'aime pas trop les Batman mais qui avec la déception Marvel n'est pas prêt de quitter le podium), Mattheu Vaughn (son X-Men : First Class reste le meilleur film de super-héros pour moi), Sam Raimi, Bryan Singer.
C'est assez vrai, même si les premiers Batman, Spider-man, X-men ou TDKR sont franchement bancals et pas aussi bons que les meilleurs Marvel. Faut relativiser un peu. De plus, ce genre de cas sont de plus en plus isolés dans le cinéma d'aujourd'hui, ça devient assez exceptionnel.
Marlo a écrit:
Je me souviens avoir aussi il y a quelques années considéré que le film de super-héros pouvait être l'équivalent pour notre époque du western, une sorte de page blanche offerte aux scénaristes pour raconter notre époque, et aux réalisateurs et producteurs pour faire revivre Hollywood après une décennie molle abandonnée aux séries TV. Là aussi, je me suis trompé. Si je reconnais que le western de l'âge d'or ne doit pas être idéalisé, les mauvais films du genre étant alors légion, je ne peux m'empêcher de constater la différence de variété entre ces films là et les films de super-héros actuels. Il y avait des westerns psychologiques, des westerns misant tout sur l'action, des westerns mélo, des westerns huis-clos.
Pour le coup, le cinéma est tellement différent maintenant, c'est pas vraiment comparable. Il devait bien y avoir une cinquantaine de westerns qui sortaient tous les ans durant l'âge d'or, produits par toutes sortes de studios avec toutes sortes de budget et toutes sortes de stars, à une époque où le cinéma américain s'inventait encore (puis il y avait une poignée de génies qui bossaient là-bas). Le genre Super-héros est le dernier genre hollywoodien, et en ce sens il est plus vivant que les autres, mais il est géré par trois ou quatre studios qui ne sortent même pas une demi-douzaine de films par an, il prend le relais de décennies d'histoire qui ont usé les codes jusqu'à la corde et asséché le cinéma esthétiquement ; et, d'une certaine manière, il le fait passer à autre chose.
Marlo a écrit:
Aujourd'hui, les films de super-héros se ressemblent plus ou moins tous. Seul le personnage change, et encore, on a toujours affaire à un héros tourmenté. Ce qui change est son passif, son contexte et ses pouvoirs, mais ses questionnements existentiels finissent fatalement par être les mêmes, d'où la trop grande proximité entre toutes les origin stories et les films suivants. A chaque fois, un habillage différent pour le premier film même s'il suffit de gratter le vernis pour voir que c'est exactement la même chose. La même structure, le même cadre, les mêmes esprits.
C'est la formule classique qui se concrétise, en effet, mais je ne résumerais pas le genre uniquement à ça. C'est pour ça que je trouve les suites plus intéressantes, puisqu'elles doivent trouver de nouvelles pistes. Avec Infinite War, Marvel fait quand même un pari casse-gueule qui peut être très stimulant (ou tout foireux).
Marlo a écrit:
Ce qui est frustrant, c'est que je sais, même si je n'en ai presque jamais lu, que les comics sont capables d'offrir une grande densité narrative et une vraie profondeur. Cette profondeur disparaît à l'écran alors qu'on devrait exiger qu'elle s'en retrouver décuplée grâce au pouvoir du cinéma. Au contraire, parce qu'on a vu ses idoles d'enfance massacrées par le cinéma durant des décennies, c'est le "c'est toujours ça" qui prime aujourd'hui. Captain America et Thor existent au cinéma, Iron Man n'est pas trahi, mes héros de jeunesse ne sont plus honteux : "c'est toujours ça".
Je ne sais pas d'où tu sors un truc pareil. Tu as lu ça ici, franchement ?
Marlo a écrit:
Tetsuo, si tu n'étais "que" cinéphile et pas amoureux éperdu de Marvel, crois-tu que tu tiendrais ce discours aujourd'hui ?
Pfff... D'une part, je ne suis pas complètement débile et je sais faire la part des choses. Et d'autre part, je ne suis pas du tout un "amoureux éperdu" de Marvel, dont je ne lis plus de comics depuis dix ans. J'adore les films X-men alors que j'ai jamais pu blairer les comics. Merci d'avoir confiance en ma crédibilité.
En revanche je suis un amoureux éperdu de Batman, et je flippe ma race pour le prochain (et j'ai mis du temps à apprécier pleinement Begins). Donc stop cette remarque de merde à chaque fois que je défends un film de super héros, ce que je ne fais pas systématiquement d'ailleurs.
D'ailleurs, je ne suis pas en train de dire que Marvel ce sont des génies, je dis juste que dans le paysage du cinéma hollywoodien, seul Marvel pour l'instant est capable de compenser le déficit d'auteurs et de faire des blockbusters où il se passe quelque chose sur le plan humain (et pas à chaque fois, hein, certains films). Alors oui, c'est formulaïque, formellement pas très excitant, mais au moins ça tente un truc que je ne vois pas ailleurs, et ce n'est pas parasité par l'ego d'un cinéastes moins doué qu'il ne le pense.
Marvel a au moins le souci de bichonner leur univers et leur perso, d'avoir une vraie vision d'où ils veulent emmener tout ça, de ne pas laisser ça déraper n'importe comment. Ca peut limiter leurs films, mais au moins ça assure le service minimum et ça nous évite des trucs aussi à chier que le dernier Bond où tout le monde à l'air de s'en foutre (ÇA, c'est de la merde formatée et robotique).
Marlo a écrit:
Je suis parvenu à ce constat en allant voir tous les films pour à chaque fois ne pas dépasse le "sympa sans plus", sauf pour Guardians of the Galaxy (qui même là perd à la revoyure, il faut croire que je l'avais surnoté par indulgence, justement parce qu'il tentait autre chose), mais aussi, et c'est plus vertigineux, en revoyant des "blockbusters" des années 90 pourtant pas fous ou moyens comme Le fugitif, Robin des bois ou Die Hard 2 pour me dire que finalement, c'était pas si mal, qu'il y avait de la vie et de l'humain,
Ce qu'il y a, je trouve, dans certains Marvel. Et franchement, j'échangerais pas Ant-man contre tous les films que tu cites, là (même si je vois ce que tu veux dire).
Marlo a écrit:
qu'on n'avait pas affaire à un script contrôlé à la virgule par ordinateur par peur du vide, peur du risque, peur de l'incompréhension, peur de froisser une partie du public international.
Exagération.
Marlo a écrit:
Quand ça se plantait, c'était pour le coup consternant de A à Z, du genre accident industriel complet, mais quand ça marchait, on avait quelque chose de plus.
Il y avait dans les années 90 encore quelques producteurs à l'ancienne, un peu fougueux et joueurs. Mais je pense que cette façon de faire a totalement disparu des studios, c'est une autre époque là aussi. Maintenant, il s'agit de film extrêmement coûteux qui servent de placement de produit. J'ai presque envie de dire que c'est encore une chance qu'on y trouve des choses assez insolites et quelques audaces.
Marlo a écrit:
Aujourd'hui, les films Marvel, et l'essentiel des blockbusters, et je pourrais aussi englober les jeux vidéos AAA comme ceux d'Ubisoft, ne tapent presque plus jamais à côté de la cible. L'avènement du machine learning et des algorithmes de prédiction, l'élévation du marketing au rang de science, ont rendu l'échec presque toujours évitable. Et avec ça, hélas, les chances de vraie réussite. On nous file un Mad Max, Gravity ou Interstellar par an comme un os à ronger pour nous faire avaler la fadeur du reste.
Tu caricatures un peu. Après, je sais pas trop à quoi vous vous attendez, le temps où des studios produisaient des Carpenter, confiaient des blockbuster à De Palma ou misaient gros sur un délire de Friedkin est finie, le cinéma hollywoodien ce n'est plus du tout ça, et il y a longtemps que j'ai en fait mon deuil. Alors plutôt que camper nostalgiquement sur une position, j'essaie de prendre ce que ce cinéma a encore à nous offrir. Moins qu'avant, c'est sûr (bien que je trouve que les années 90, même si plus osées, c'est quand même pas si géniales que ça à vrai dire), mais je trouve qu'il y a encore des éclats dans les films de Super-héros, notamment ceux de Marvel, et qu'ils sont beaucoup moins schématiques et formatés que ce qu'on dit.
J'en donne un point de vue plus détaillé là :
http://blogandalou.blogspot.fr/2013/07/ ... heros.html(P.S : J'avais déjà posté ce texte pour répondre à David Swinton qui n'y avait absolument rien compris. C'était accablant. Depuis, j'ai décidé de ne plus perdre mon temps avec des abrutis et de ne parler qu'à des gens pour qui j'avais de l'estime.)