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aka Le Génie du mal



1924. Estimant que leur statut social et leur intelligence les placent au dessus des lois, deux étudiants se livrent à plusieurs actes criminels et finissent par enlever et assassiner un jeune garçon. Mais ont-ils réellement réussis à commettre le crime parfait?

Fleischer a peut-être une image de journeyman director, il apparaît tout de même que des sujets le fascinaient en particulier quand on voit The Boston Strangler et 10 Rillington Place et celui-ci. Il a sans doute réalisé d'autres thrillers dans sa longue carrière mais ces trois films inspirés d'histoires vraies témoignent d'une volonté de comprendre l'esprit criminel qui m'a rappelé l'obsession de David Fincher pour les tueurs en série.

Chacun de ces films prend (à un moment en tout cas) le meurtrier en guise de protagoniste et s'intéresse à sa psyché et s'il y a toujours quelque chose de factuel dans le récit et une facture plus classique dans la forme, sans les split-screen de l'un ou le malaise de l'autre, j'ai trouvé celui-ci plus convaincant. Peut-être parce que l'histoire, qui ne change que les noms mais colle à la réalité (contrairement à La Corde, inspiré du même tandem homo), me parle davantage, avec ces deux étudiants surdoués qui partent dans un délire nietzschéen alors même que Friedrich aurait beaucoup à dire de leur relation trouble de dominant à dominé (clairement crypto-gay à l'époque où le Code Hays ne pouvait le permettre ouvertement).

Le choix de garder le N&B mais d'exploiter le Scope confère à cette simple histoire une aura particulière, les cadres de Fleischer épousant l'opulence dont proviennent les deux assassins quand ils ne se font pas obliques pour refléter l'angoisse du personnage campé par un jeune Dean Stockwell. Et c'est clairement ce portrait qui intéresse le cinéaste, éludant le meurtre en soi pour se focaliser sur l'après, leurs réactions, leurs discussions ensemble ou avec les autres, comment ces deux prétendus übermenschen vont ruser pour s'en sortir, et enfin le procès (il figurait aussi dans une des listes des meilleurs films du genre que j'avais trouvé alors que ça concerne qu'une demi-heure sur 1h43) pour lequel débarque tardivement Orson Welles afin de livrer notamment une longue plaidoirie anti-peine de mort qui replace l'histoire dans une toute autre perspective (et préfigure 10 Rillington Place).

Le Fleischer que je préfère pour le moment.

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