Bah là c'est un peu pareil, le roman psychologique bourgeois miné par la satire (pas forcément hollandaise, je pense).
Spetters est excellent aussi.
En fait le film est un cas d'école d'adaptation meilleure que le livre. Verhoeven, bien aidé par Huppert, tire tout du côté de la farce là où dans le livre, l'héroïne apparaît beaucoup plus vulnérable, Djian tend à l'euphémisme, qui est une manière pour lui de laisser affleurer la sensibilité de Michèle alors que Verhoeven tend à l'hénaurme et à l'irrévérence. Le fils n'est pas le benêt du film et les portraits sont généralement plus nuancés, comme le disait FF dans sa critique initiale, Verhoeven se livre à ce qu'on appelle un "jeu de massacre", ce qui n'est pas du tout le cas de Djian?
Son roman, c'est d'ailleurs exactement ce à quoi on pourrait s'attendre de la part d'un auteur masculin qui se donnerait la tâche d'écrire un portrait de femme (c'est d'ailleurs "amusant" quand il lui attribue ce qui semble être ses propres goûts littéraires - les mentions de Cheever, Eudora Welty, David Foster Wallace), en comparaison du film, ça se veut plein de tact par exemple, mais c'est aussi infiniment plus sentimental.
ça m'a rappelé la lecture (non achevée) de
White Bird In A Blizzard de Laura Kaschike après voir vu le film d'Araki, même narration à la première personne cotonneuse, personnages de psychopathe et de sympathiques nigaud.
Gontrand a écrit:
Pour la polémique, c'est vrai que je connaus des amies que le film met mal à l'aise, sans qu'elles le rejettent en tant que tel; parce qu'il leur rappelle des agressions qu'elles ont connues, en partie prochees du film. Cela montre que la violence du film n'est pas irréelle. Il est aussi probable que dans la vraie vie, une personne réagise de manière proche de celle d'Huppert (notamment en abaissant son "standard éthique" vis-à-vis de la vie privée, et en se rabattant sur les techniques et équippements sécuritaire et l'autodéfense, mais sans conviction, faute de mieux, car les proches n'ont pas de discours et cet équippements pallie l'absence de discours). Sa réaction est plus crédible que celle d'une wonderwoman vengeresse.
J'ai d'ailleurs été frappé que les Cahiers présentent la scène du restaurant où Huppert raconte l'agression comme une situation de comédie, pour moi elle est assez juste tt sobre. Il y a une ellipse qui d'une certaine manière respecte l'intimité des personnes en ne dévoilant que l'introduction de la situation (l'impuissance de ses proches n'est ainsi pas liée à une faute ou à une complaisance). Les scènes ou elle parle avec son chat ou essaye de sauver l'oiseau sont aussi assez belles, elles ne permettent pas de déduire un déni ou une relativisation de la gravité de l'acte, au contraire, elle recherce elle-même des situations symboliques qui conterbalancent sa froideur apparente.
Par contre c'est un peu inquiétant que le film soit visiblement mieux reçu par la génération 50-70 ans (qui le perçoivent comme une comédie) que celle des trententaires (qui le situent plus en terme de symbolisation forte de la condition féminine). Cette différence est sans doute révélatrice de l'émergence d'un discours sécuritaire consensuel survenue dans l'intervale
Plutôt d'accord avec toi sauf que cette scène du repas m'a fait l'impression d'une scène de comédie (ce qui ne veut pas dire qu'elle ne contient pas de gravité en elle) - entre les attitudes ridicules du parfait fat qu'on découvre (Christian Berkel), l'atmosphère
high-end du restaurant et le désarroi logique des convives face à la révélation et l'apparent flegme de Huppert, ça me paraît assez évident. Ces révélations sont égrenées dans des conversations en tête à tête dans le roman où l'amant n'est même pas mis au courant.
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