Forum de FilmDeCulte

Improbable. Imprévisible. Hilarant.

Portant très bien son nom, Elle est un fascinant portrait à des kilomètres du whodunit téléfilmesque vendu par la bande-annonce.
Verhoeven prend les attentes à rebrousse-poil tout comme le personnage d'Huppert traite sa situation et son entourage.

Le film se permet tout, abandonnant l'enquête et le suspense pour un jeu de massacre mais épousant toujours le point de vue de son incroyable héroïne, gère la tonalité comme rarement, tour à tour polar et thriller psychologique mais presque toujours DRÔLE. Je n'irai pas jusqu'à parler catégoriquement de comédie comme certaines critiques que j'ai pu voir passer - parce que le film est bien plus que ça, il est tout simplement inclassable - mais sinon oui, ça rit de tout. De la famille, du couple, des enfants, d'une certaine bourgeoisie, de la religion, de la mort, de l'homicide, du viol...

De tout ce que j'ai vu de Verhoeven, ce n'est jamais d'un point de vue purement visuel qu'il s'impose mais davantage dans cette gestion du ton. Ici, on est loin de la vulgarité (assumée) de certains de ses films mais Elle est non moins insolent et amoral (et non immoral), ce qui est rafraîchissant. Et malgré l'impertinence, le film demeure pertinent dans son traitement. La variété de tons n'a d'égal que celle des genres et des thèmes abordés. C'est richissime comme terreau.

On ne comprend tout d'abord pas le comportement de Michèle mais le personnage que Verhoeven (et Djian) dessine trouve sa force dans ce refus d'être une victime, quitte à retourner la domination sexuelle de façon inattendue, et se sert du viol comme d'un point de départ aux questions que le personnage est amené à se poser sur ce statut justement. Femme forte dans un monde d'hommes (le jeu vidéo), fille qui n'accepte pas la sexualité de sa mère, complice de son père, mère sans pitié, ex-femme jalouse...Elle raconte comment une femme peut se défaire de la pression tentaculaire de ses proches et de son travail et des jeux sexuels de pouvoir.

J'ai mis quelques minutes à me faire au jeu théâtral de Huppert (et Consigny) mais c'est très vite un régal (big up à Christian Berkel aussi). Cohérent avec la démarche générale. D'ailleurs, si le récit ne va jamais où on l'attend et ne cesse d'accumuler les détours improbables, il reste toujours cohérent dans le fond, jusqu'à un dénouement lourd de sens.
Vraiment, j'ai trouvé ça remarquable.

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tu donne envie mon beau!

Ouais, ça intrigue là...

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N'écoutez pas Film Freak

Damn. J'étais tenté, maintenant je VEUX!

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Ouais, ça me chauffe bien également.

Je la trouve pas mal cette bande-annonce car elle montre bien l'humour typique de Verhoeven que j'adore.

J'en suis sorti d'abord déçu, devant un thriller certes pervers mais dont le déroulement de l'intrique ne m'a pas fait monter au plafond et dont je ne comprenais pas toutes les digressions pas forcément passionnantes de prime abord (le fils, l'ex mari, l'amant etc...). Mais plus j'en discutais autour de moi, plus je lisais de choses dessus plus le film infusait et me laissait peu à peu apprécier les différentes couches que composent ce mille-feuilles d'une densité finalement assez dingue. Que ce soit des couches de sens (tout ce qui touche génialement à son passé et l'ambigüité qui va avec renforcée par la fin) ou des couches tonales où je n'avais pas immédiatement saisi toute l'ironie constante de Verhoeven qui tourne tout en dérision dans un grand maelstrom sexuel et violent où, Elle (elle, Isabelle Huppert) est comme la garante d'un regard sur le monde aussi misanthrope que nihiliste (à l'image de ce drôle de happy end final presque volontairement ridicule). Et faire tout cela comme une comédie acide hyper sexuelle est vraiment jouissif, il faut voir Laurent Lafitte pour comprendre l'étendu du second degré qui traverse le film. Tout est à ce niveau là dans un double sens permanent, dans une ambigüité parfois indiscernable (cette dernière réplique géniale de Virginie Efira).

Et Huppert qui orchestre tout ça est phénoménale. Toujours dans cette froideur qui la caractérise mais avec une espèce de force vive, de courant sexuel assez dingue. C'est là où le film est le plus beau, dans cette manière de faire de cette victime inaugurale un personnage qui va utiliser cette faiblesse sexuelle comme une arme absolue (dans un schéma très éloigné de l'attendu rape & revenge).

Je regrette un certain manque d'émotions, je trouve que le film a quelque chose de presque trop méchant et il me manque la petite brèche pour que ça me touche. On peut aussi regretter une vision du jeu vidéo qui semble dater de 1999 et qui même si symboliquement c'est très fort (le film est sans cesse dans un questionnement de réalité) aurait pu être un peu plus fine.

Mais au final c'est un film qui m'a surpris moi-même après la projection, que j'ai vraiment réévalué quelques heures à peine après l'avoir vu. C'est vraiment rare dans mon cas et je crois que c'est là tout le talent de Verhoeven, de prendre des atours trompeurs pour mieux nous retourner et nous interroger. Très fort.

4.5-5/6

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CroqAnimement votre

Et sinon j'ai adoré la petite référence (même pas sûre qu'elle soit consciente) à Starship Troopers qui décrit bien le cinéma de Verhoeven :

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CroqAnimement votre

Pour les connaisseurs, vous le rapprocherez de quel ancien film de Verhoeven, si le rapprochement est évidemment pertinent.

C'est dans sa veine thriller érotique pervers Quatrième homme/Basic Instinct.

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CroqAnimement votre

Bon, je vais le tenter.

Je suis tellement déçu du cinéma que j'affectionne de toutes façons, ça pourra pas me faire de mal...

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Netflix les gars, Netflix.

Je pense que c'est pas pour toi DU TOUT.

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Netflix les gars, Netflix.

Le dégoûte pas, pour une fois qu'il a envie de voir un bon film.

Oh lui.

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Netflix les gars, Netflix.