Gontrand a écrit:
Parce que la discipline ne définit pas une notion objective qui puisse faire l'objet d'un consensus, et n'implique ni la compréhension, ni finalement non plus le respect des lois ni même un ordre. Pour qu'une autorité soit efficace, il faut qu'elle soit reconnue, et qu'elle reconnaisse la société, voire disons le mot, le peuple, la politique ne commence pas avant cette condition, et cette réciporcité. La discipline telle que tu la présente est justement l'inverse de l'autorité, qui implique cette reconnaissance, elle occupe le vide laissée par celle-là. La discipline sans la reconnaissance préalable du pouvoir et des sujets du droit, c'est une autre forme de gros bordel (il n'y a pas que le nazisme qui serve d'exemple-repoussoir, Hobbes a été confronté à ces problèmes à l'époque de Cromwell).
Bien pour ça que je dis que la discipline est soluble dans l'humanisme. Combien de ceux qui pensent que "les gens font ce qu'ils veulent" pensent aussi que la solution disciplinaire est forcément inhumaine ? Les faits divers illustrent la fragilité du contrat social de manière spectaculaire et frontale dans le quotidien routinier, quand les autres violences, fondamentalement plus graves, s'insinuent doucement mais sûrement . Ce ne sont que des épiphénomènes de la déliquescence de l'autorité étatique comparé à son attitude face aux entreprises ou à la technocratie. Évidemment. Mais cela ne mérite pas d'être balayé du revers de la main, cela peut être pris comme un point de départ à une réflexion plus large. Avec en plus le mérite de la considération qui est un besoin, comme la discipline. Si ces gens s'arrêtent aux faits divers, c'est aussi par humilité, se sentant dépassé par la complexité des choses. Ils sont prêt à entendre que c'est compliqué, ils le savent de toute façon, mais ils veulent qu'on les écoute quand même.
Beaucoup de discours politique, surtout celui du FN, leur donnent ce qu'ils veulent, une écoute en surface. Mais les discours qui vont plus loin ont du mal à se départir d'un certain dédain qui empêche la considération attendue. Par exemple, combien de temps aura-t-il fallu pour entendre une condamnation ferme des écoles ou biblios saccagés de la part d'un Mélenchon ? S'il y a un carcan à faire sauter chez les "gens", il y en a un autre chez ceux qui prétendent le faire.
Et des habitudes. Hobbes, Cromwell, très bien ! C'est pas si compliqué finalement de dépasser Hitler (incroyable comment ce mec continue à régenter les têtes de tout le monde). On pourrait parler de Paoli et Robespierre.