Baldanders a écrit:
Je vais être un peu violent : tu débarques et à partir d'un fait divers "remarquable" tu nous expliques ce que veulent et pensent "les gens". Je trouve ça ridicule, voilà tout. Comme je trouve ridicules ces petits dosages entre "humanisme" et "autorité", comme si c'était des choses qu'on pouvait mesurer à distance, depuis son chez-soi.
En même temps je souscris à cette formulation, et le danger que tu pointes est réel, dans le mesure où autoritarisme et fascisme apparaissent trompeusement comme des rationnalisations, tandis que l'humanisme est irrationnel (on peut penser à le discours d'Onfray, qui décrit les contradictions des grands philosophes comme Hegel ou Platon- d'autant plus sensible au divers et à l'irréductible qu'ils étaient idéalistes- Platon, quand il demande dans le Parménide -d'ailleurs il me semble relativement peu commenté- quelle pourrait être l'idée en-soi du poil et de la merde a plus d'humour que notre nietzschéen télévisé tendance Jean Yanne - comme des fautes que nous épongerions, sans qu'il interroge le besoin du présent de trouver la responsabilité des idéologies actuelles dans le passé, ce qui est une manière de réduire puis dissimuler le problème du pouvoir derrière des pseudos-déterminismes culturels). Mais la rationnalité du populisme est mensongère: d'une part la présent est perçu uniquement à travers le prisme de l'auto-victimisation (il n'y a rien de plus méchant et de plus con qu'une éternelle victime, sinon une coalition de plusieurs éternelles victimes). Mais surtout, il ne faut pas oublier que le populisme est un bougisme comme les autres, dont le but est de paumer les gens tout en leur faisant plaisir. En Belgique il ya par exemple actuellement un feu d'artifice de propositions de lois (ces 2 (!) derniers jours: responsabilité pénale des syndicats, limites du droit de grêve au nom du "droit au travail" en période de crise, et en même temps limite du rôle co-gestionnaire des syndicats qui deviendrait taxé, "badge" que les réfugiés sont obligés de porter sous peine d'être verbalisé) qu'il est impossible de suivre (impossible de discuter ces idées avec quiconque, on se sent soit appeuré soit noyé, les médias insistent sur les propositions et effet d'annonce mais n'évoquent ni n'annoncent les votes). Plus les mesures rappellent les années 30, moins la comparaison avec le fascisme est établie. Par ailleurs cela s'accompagne à la fois d'une neutralisation de l'opinion et d' une réduction des prérogative régaliennes de l'état, au nom d'une "optimisation" économique, de l'idée que le temps de la justice ou du droit (voire celui du maintient de l'ordre) est trop lent (le ministre responsable de l'asile politique remercie le ONG pour leur travail, ce qui est une manière ambigüe de souligner que ces ONG doivent assumer des fonctions d'acceuil voire d'administration, mais ne pas exprimer d'opinion politique ou effectuer de travail de sensibilisation). Ce qui est frappant, c'est que le gouvernement (essentiellement nationalistes flamands et libéraux francophones, qui s'entendent assez bien, mais se coupent d'ailleurs de leur propre électorat, très porté chacun sur les questions linguistiques) parle beaucoup des relations courtoises entre partis politiques (comem si toute la pluralité sociale était là), mais limite les prérogative des corps politiques qui ne sont pas des partis (comme les syndicats, qui ont il est vrai ont faits des boulettes), comme si au nom de la lutte contre la naïveté de l'humanisme, ils tendaient à fonctionner de plus en plus en autarcie. On sent cela aussi dans le discours du FN en France (qui par ailleurs, trouve la NVA trop à gauche et appuie l'extrême-droite flamande), qui après-tout, n'existe que comme parti politique, et mis au pouvoir dans les villes , s'attaque surtout à des ONG, des associations (voire des statues, des fontaines et des cordes à linge), ayant une signification politique (le linge qui pend au fenêtre est typique du prolétariat urbain du Sud, un truc commun à l'Italie, aux Pieds-Noirs, au Magheb) mais non partisanes, en avançant simultanément une parti pris idéologique (est-ce à un parti politique -qui se présente d'ailleurs lui-même comme un creuset en maquillant les contradictions abyssales entre les électorats qu'il pavient à attirer- de dire ce qui fait partie de la nation à et une rationnalité économique (les subsides coûtent cher) . Cela aussi, cette lassitude pour les valeurs et la pensée qui se convertit en adhésion à des postures politiques et en attente de solutions providentielles, toujours désignées en creux (qu'est-ce qu'une politique non-humaniste ou "moins" humaniste?), rappelle les années 30.