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MessagePosté: 13 Oct 2015, 15:25 
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Bon j'ai mis cette affiche parce que c'est la plus jolie mais ce n'est pas un hasard si elle n'a pas vraiment utilisée tant elle ne représente pas le film.

Bridge of Spies n'est pas un film d'espionnage palpitant comme voudrait le vendre cette image saulbassienne, même si le film ne manque pas de tension, notamment dans sa première moitié, quasi-parfaite, débordant d'idées, avant de se faire un peu plus factuel pour ne pas dire fonctionnel dans une dernière heure moins enthousiasmante. Non, le mot le plus important dans le titre n'est pas "espions" mais "pont".

Après tout, notre héros n'est pas un agent du gouvernement mais un M. Tout-le-monde projeté dans une aventure qui le dépasse, procédé hitchcockien dont Spielberg s'est fait l'héritier tout le long de sa carrière. Avocat spécialisé dans les assurances chargé de défendre un espion russe par une Amérique soucieuse de maintenir les apparences durant la Guerre Froide, James Donovan c'est un peu le Mr. Smith de Capra qui irait non pas au Sénat mais au tribunal, puis à la Cour Suprême, puis carrément à Berlin.

Parfaitement casté, Tom Hanks incarne au travers de son personnage le propos multiple du film, à la fois romantique et vénère sur les valeurs morales de l'Amérique. Un fond tout aussi présent dans les dialogues entre les personnages (comme lorsque Donovan rappelle par une pirouette d'étymologie patronymique à un agent de la CIA qu'ils descendent tous deux d'immigrés) que dans le dialogue entre les séquences (tout le monde se lève dans un tribunal corrompu mais aussi dans une salle de classe où l'on force les enfants à prêter allégeance au drapeau avant que Spielberg n'enchaîne sur un plan d'explosion atomique, rappelant à un peuple qui vit dans la peur que "les Russes larguent la bombe" que ce sont eux les seuls à l'avoir balancé).

Il y a toujours eu chez Spielberg une critique de la force, de la virilité, de la masculinité, du David Mann émasculé qui remporte son Duel contre Goliath jusqu'au héros asexué de Tintin, en passant par la victoire des personnages les moins machos de Jaws sur le symbole phallique castrateur. Parce que Spielberg préfère les nerds aux brutes. Parfois c'est un grand gamin adepte de modélisme ferroviaire (Rencontres du troisième type), parfois c'est un Président qui ne peut s'empêcher de faire des discours et de raconter des anecdotes (Lincoln). Même son grand héros d'action est en réalité un professeur en archéologie! Sa filmographie est peuplée de héros qui surmontent les obstacles par leur intelligence, par le pouvoir du verbe, par leurs mots. Et comme presque tous les films de l'auteur, Bridge of Spies est un éloge de la communication.

Outre la structure et le texte, ce thème se retrouve également dans nombre de motifs tout au long du film renvoyant sans cesse les personnages à leur image (extraordinaire premier plan réunissant l'homme, son reflet et son portrait) et les deux blocs l'un à l'autre, deux faces de la même pièce.
Celle que l'espion russe utilise pour passer une information, celle que l'espion américain utilise pour dissimuler du cyanure.
Deux ennemis, séparés par ce mur qui se construit et éventre la ville et, au milieu, "l'homme debout" qui devra négocier pour trouver un terrain d'entente, un terrain d'échange, dont le sens propre devient le sens figuré. Un homme qui sera le pont entre les autres.

Que ce soit dans la science-fiction (extra-terrestres communiquant avec les humains par le biais de la musique ou en apprenant leur langage), dans la comédie (l'immigré Viktor Navorski peinant à se faire comprendre des Américains de The Terminal) ou dans ses films historiques (le dialogue de la violence dans Munich, le cheval coincé dans le No Man's Land dans War Horse), Spielberg a toujours prôné l'importance de la parole dans l'entente entre deux camps. Et son dernier opus ne déroge pas à la règle. James Donovan est une version puriste des manipulateurs charismatiques tels que les affectionne Spielberg. Comme Oskar Schindler et Abraham Lincoln, Donovan doit parfois jouer le jeu de ses ennemis pour se jouer d'eux et en sortir son épingle.

C'est pourquoi on regrette un peu qu'une fois à Berlin, les fameuses négociations que mène le protagoniste ne soient pas aussi complexes que celles de Schindler ou Lincoln. En quelques rendez-vous à l'absurdité toutefois désarmante (la rencontre avec la famille, l'un des nombreux moments drôles inattendus du film), l'affaire est réglée et l'on reste un peu désappointé par la simplicité un peu longuette des discussions. Le parcours parallèle des deux espions - Rudolf Abel, campé par un Mark Rylance exemplaire tout en effacement, et Francis Gary Powers - qui servait si bien la première heure (encore un autre "dialogue" du récit), tout comme la relation entre l'accusé et son avocat ("dialogue" ter), manquent à cette deuxième moitié qui abandonne délibérément ces personnages secondaires, absents des événements à Berlin, afin de symboliser la façon dont les deux camps les traitent désormais comme des objets et non plus des humains.

Seul bémol, qui prend tout de même un peu de place, d'un film parcouru de séquences brillantes, à commencer par une ouverture d'une assurance sans égale, poursuite muette de dialogues et de musique (comme les meilleures séquences du film, ne faisant ainsi pas ressentir le remplacement de John Williams par Thomas Newman) comme une réponse complètement dénuée d'esbroufe à toutes les spectaculaires introductions de la filmographie du cinéaste jusqu'à une dernière scène qui vient entamer, par un dernier rappel, un dernier motif, un dernier dialogue visuel, l'optimisme habituel des fins spielbergiennes.
Sans oublier ce set-piece presque gratuit de l'avion où Spielberg se lâche l'espace d'un instant au milieu d'un film de bureaux et de tribunaux et rappelle qu'il est aussi un boss de l'action.

D'une densité folle et d'une maîtrise presque infaillible, mélangeant les genres avec brio, Bridge of Spies faiblit dans sa seconde moitié mais n'en demeure pas moins un beau plaidoyer pour un monde meilleur, où l'Amérique se doit d'être une terre d'accueil régie par la beauté de sa Constitution et non un bourreau qui oublie l'humain. En somme, un film visant à transformer un mur en pont.

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MessagePosté: 14 Oct 2015, 11:27 
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Oberkampf Führer
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Hâte de voir quoi qu'il en soit, j'adore le sujet.


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MessagePosté: 14 Oct 2015, 11:38 
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Yes, j'ai hâte aussi.

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MessagePosté: 14 Oct 2015, 13:56 
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Point "modélisme ferroviaire" atteint.


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MessagePosté: 14 Oct 2015, 14:09 
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MessagePosté: 14 Oct 2015, 14:13 
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Un très beau film humaniste, ample, superbe, excellemment interprété. C'est franchement un vrai plaisir où tu sens sans cesse le grand Spielberg derrière sa caméra comme par exemple lors de cette ouverture géniale, une poursuite à pied absolument parfaite qui rappelle brièvement Tintin. Cependant j'aurais du mal à être totalement enthousiaste. D'une part parce que je trouve que le film manque un peu d'âme et de tripes (il ne m'a pas beaucoup ému) et d'autre part parce qu'on est toujours en droit d'attendre plus de Spielberg.

En l'état et pour faire court, la première partie est exemplaire. C'est super rythmé, super entraînant, le montage est dingue (il y a quelques points de montage génial) et le film prend naturellement une belle profondeur thématique (que veut dire être américain, la notion de pays etc...). La deuxième partie qui tranche assez brutalement avec la première est, sur le papier, plus prometteuse puisque l'intrigue se déplace à Berlin Est et que l'on entre plus frontalement dans l'espionnage à proprement parler. Et paradoxalement elle marche un peu moins bien cette partie. J'ai eu le sentiment que ça patinait un peu plus, que c'était un peu long et, surtout, ça raconte finalement pas grand chose. Heureusement la fin est très réussie (même si j'ai un petit bémol
avec l'héroïsation finale du personnage. D'abord à la télé, avec le regard plein d'admiration de sa femme sur lui qui dort, j'ai trouvé ça maladroit. Puis ce carton final où tu réalises que le mec est devenu une star des négociations. Je trouve que ça tranche trop avec justement l'idée que c'est un "petit" avocat lambda qui a réussi à faire libérer deux otages en pleine guerre froide.)


Et puis au delà de ces constatations assez factuelles c'est un film absolument passionnant dans la construction. J'ai eu le sentiment que son thème principal était la dualité, le double, le reflet. Beaucoup de scènes qui se répètent et se répondent, le premier plan absolument génial
un homme qui peint son autoportrait
. Comme disait Freak sur Twitter, ce sont les deux faces d'une même pièce (Russie/USA). Le cœur du film est là et construit de fait un discours riche et complexe sur les forces en puissance dans cette guerre froide absurde. Et c'est fait avec une absence totale de patriotisme
magnifique moment sur le pont à la fin lorsque l'espion américain est relâché et que Tom Hanks ne s'en préoccupe même pas mais continue de regarder l'espion russe.
Un beau film digne qui remet les hommes devant leurs fonctions, qui ils sont devant leur patrie.

4.5/6

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MessagePosté: 14 Oct 2015, 16:56 
Film Freak a écrit:


Il y a toujours eu chez Spielberg une critique de la force, de la virilité, de la masculinité, du David Mann émasculé qui remporte son Duel contre Goliath jusqu'au héros asexué de Tintin, en passant par la victoire des personnages les moins machos de Jaws sur le symbole phallique castrateur.


pour moi c'est justement l'inverse, cet article parle assez finement de Duel (où le héros se bat presque plus contre sa femme que contre le camion): http://blog.mondediplo.net/2011-10-24-L ... -Spielberg
dans la Guerre des Monde, on a quand-même l'image d'un père qui se transforme en Moïse pour garder ses enfants, tandis que la mère n'existe pas, est protégée, hors-champs (comme la femme de Duel) et sans responsabilité. En situation de paix ou de non-agression, les héros de Spielberg seraient des loosers (les militaires dignes de la 7ème Compagnie de "1941"), c'est la guerre qui leur donne un fond "humaniste" légitime, qui est juste la partie d'eux-même que l'évènement n'a pas digéré, et qui n'existe que dans la survie .


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MessagePosté: 16 Déc 2015, 16:42 
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Antichrist
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Comme l'écrit Freak, la première partie est formidable, dans l'écriture, l'humanité des personnages, le fond.

La suite est plus conventionnelle, la métaphore devient un peu grandiloquente et je me suis même un peu ennuyé...

Mais la fin est très belle, un Back Home parfaitement géré.

4/6


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MessagePosté: 16 Déc 2015, 16:54 
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C'est vrai que la première partie est excellente. Dommage pour la suite, statique, plan-plan. Je ne me souviens pas m'être autant ennuyé au cinéma depuis, disons Amistad. Et même là, il y avait une réelle progression.

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MessagePosté: 22 Déc 2015, 08:35 
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Je sais pas pourquoi, j'avais peur de voir un mix entre Tinker Taylor Soldier Spy et Lincoln : deux films classes, intelligents, mais froids et chiants comme la mort. Je préparais mon 4/6 poli en mode "bon, j'ai rien pité mais ça a l'air bien, bravo".

Bah non j'ai trouvé ça top. Vous avez tout dit. Mais je serais beaucoup moins sévère que vous sur la seconde partie. Oui, elle est moins forte que la première, et elle est trop longue. Mais j'étais à fond quand même.

5.5/6


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MessagePosté: 30 Déc 2015, 17:26 
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Vu dans un avion, condition loin d'être optimale, mais je rejoins certains avis postés ici. J'ai bien aimé le début du film, j'étais donc dans de bonnes conditions pour apprécier l’œuvre dans son intégralité... mais finalement non, ça s'étiole, et la partie sur Berlin est à mon goût complétement ridicule (l'impression d'être dans un parc d'attraction "Berlin", avec en point d'orgue la construction du mur), un sentiment de gâchis au final


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MessagePosté: 13 Mai 2016, 17:39 
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Tiens c'est marrant c'est les frères Coen qui ont écrit le scénario.
Sinon, je suis assez partagé sur le film :

Les + :
- Première partie d'une classe folle
- il y a des petites idées disséminées tout au long du film que j'adore (le coup du journal dans le métro)
- Casting au poil - Tom Hanks et l'espion russe
- la scène de l'avion
- les 20 dernières minutes qui m'ont bien ému

Les - :
- Je trouve que le film a 30 minutes de trop
- je m'ennuie à Berlin avant que ça reprenne du poil de la bête avec ce fameux pont
- et puis ça me passionne moins cette partie allemande

Spielberg inégal pour ma part qui contient quand-même son lot de fulgurances.

4-4,5/6


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MessagePosté: 16 Juin 2017, 01:46 
Sans doute le meilleur film de Spielberg que j'ai pu voir avec Duel. Il m'a semblé plus incarné, moins racoleur et plus précis historiquement que Munich. Très bon scénario à la Mankiewicz des frères Coen, il faut dire.

La défense d'un principe de droit qui veuille que les clandestins aient la même défense que les citoyens américains est aussi bienvenue à l'heure de Trump, et Spielberg, très habilement, développe ce discours en mode "downtempo", sans hystérie. Le but du film n'est pas de l'expliciter, mais au contraire de l'impliciter voire le cacher pour mieux l'enraciner comme arrière fond moral, permanent, intangible et non-négociable, derrière un problème diplomatique et de raison d'état qui lui est contextuel : le film est sur ce que le négociateur considère comme non-négociable (et qu'il doit apprendre à taire). Il y un truc qui rappelle un peu la philosophie politique de Spinoza : cet appel à la raison et à la maturité de l'adulte, qui est un état non visible, contre le populisme, qui lui éclate par des signes qui sont au contraire visibles mais vides de substances (le retournement de l'opinion des voisins de Hanks produit par la photo dans le journal qui avant le désignait à la vindicte), un jeu sur l'opposition entre la nécessité (le leitmotiv, assez inédit chez Spielberg qui est quand-même un cinéaste de la peur :"You never fear?" "Would it help ? ") et la fatalité ("les chefs n'ont pas toujours raison, mais sont toujours les chefs") mais bref....

Il est aussi émouvant de voir des tropes du cinéma de Spielberg, liés au départ à la dimension fantastique de son cinéma, transférés dans un registre plus documentaire : la scène de l'échange sur le pont qui rappelle Rencontre du Troisième Type, l'insistance sur les trois objectifs photographiques monstrueux de l'avion U2 qui évoquent les tripodes de la guerre des Mondes. Même enjeu d'ailleurs entre ces scènes d'avion et ce dernier film : faire exploser ou pas le monstre auquel on s'est involontairement attaché. Même le vélo à porte-bagage de E.T. réapparait dans le ministère de l'intérieur est-allemand (au moment où c'est sinon l'enfant, du moins l'adolescent qui va débloquer la situation, recueillir le message qui ne peut pas circuler entre adultes)

J'ai préféré la partie berlinoise au procès : Spielberg a l'art de créer des vastes espaces où l'on circule, se perd et se retrouve. Ceci dit un peu gêné par la représentation manichéenne des "méchants crétins amusants " Allemands, opposés aux Russes qui sont les "gentils subtils et fiables", même si la manière dont Donovan exploite le complexe (un ressentiment nationaliste qui se traduit en surenchère idéologique) de l'Allemagne de l'Est envers l'U.R.S.S. est très intéressante et bien rendue par Spielberg, avec précision et un certain humour.

Par contre, loin de voir en Spielberg un critique de la masculinité comme Film Freaks, je n'ai jamais été frappé autant que dans ce film par l'incapacité (voire le refus) systématique de Spielberg de concevoir des personnages féminins développés. C'est le point aveugle qui structure son cinéma (cela apparaît un peu chez les Coen aussi) : à ce stade, ce n'est même plus de la misogynie, mais de la phobie. Ici il n'y en a pour ainsi dire pas. A un moment on pourrait penser que le personnage de la fille ado va être un peu développé, avoir une vie affective, mais rien), la femme de Hanks/Donovan, tout comme celle de Duel, est une emmerdeuse castratrice et ingrate : on sent qu'il est mieux à Berlin à boire du whiskey avec le ponte sympa du KGB que chez lui, ou même à taper la discute avec des adolescents louches et se faire voler et séduire en même temps. L'étudiant américain se fait emprisonner à cause de sa copine allemande qui est plutôt montrée comme une gourde. Powers échoue à détruire l'avion en perdition à cause d'un regard de trop sur la photo de son amie. L'imbécile bien-pensante du métro qui toise puis sourit à Donovan en fonction des manchettes de journaux qui est le sosie de sa femme.
Le film est clairement l'histoire d'amour radicale entre Donovan et Abel (Fischer en fait). Les femmes sont pour Spielberg des actrices dans ce qui est déjà du simulacre, de la fiction dans la fiction. C'est même théorisé par le film, avec la fausse famille allemande de Fischer qui repart au garde à vous après une scène de larmes. Le cinéma de Spielberg est obsédé par la filiation tout en étant anti-familiariste, il choisit toujours le fils contre la mère (il avait par exemple retouché le déroulement la Guerre des Mondes, dans le roman de Wells il s'agissait de retrouver la femme aimée dans le désastre : et non pas de protéger ses enfants).


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MessagePosté: 16 Juin 2017, 15:27 
Le film a l'air d'avoir énervé une historienne du Smithsonian : https://airandspace.si.edu/stories/edit ... ary-powers

En résumé Gary Powers n'aurait pas été du tout torturé, alors que le film est assez violent à ce sujet, (et crée une opposition morale et politique entre Américains et Russes centrale dans son propos), mais faisait des broderies en prison en se demandant si sa femme ne le trompait pas, l'avion n'était pas furtif du tout et n'aurait pas été non plus conçu pour s'autodétruire, de même que la pièce avec le poison pour le suicide n'aurait été qu'un exemplaire unique, pas présent au moment du vol de Powers.


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MessagePosté: 18 Juin 2017, 18:44 
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Gontrand a écrit:
l'incapacité (voire le refus) systématique de Spielberg de concevoir des personnages féminins développés. C'est le point aveugle qui structure son cinéma (cela apparaît un peu chez les Coen aussi) : à ce stade, ce n'est même plus de la misogynie, mais de la phobie.

C'est peut être vrai poir Spielberg mais je ne suis pas du tout d'accord en ce qui concerne les frères Coen, il n'y a qu'à voir les personnages joués par Frances McDormand.


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