Film Freak a écrit:
Grosse satire géniale en plus d'un blockbuster SF maousse.
5/6
Putain quand je postais des avis alors que je venais pas de revoir le film, je faisais pas d'effort...
Cela dit, cette simple phrase stigmatise, comme d'autres avis aussi brefs ou plus longs postés ici, la richesse du film et je suis surpris de voir que certains essaient de la réduire ou la nie.
Le Cow-boy a écrit:
Et les pubs d'enrôlement volontairement drôles... C'est encore plus "évident" que dans Robocop quoi. Il faut vraiment être un âne bâté pour prendre ça au premier degré... (je pense aux critiques hein).
Je ne connais pas parfaitement les films de propagande de la Seconde Guerre Mondiale, que ce soit ceux de Riefenstahl ou les bandes américaines, mais je ne suis pas sûr que les "pubs" du film, ou tout simplement son récit, soit si différents des vrais films de propagande d'époque qui nous paraîtraient aussi grossiers que ceux de
Starship Troopers aujourd'hui. Il y a évidemment une distance supplémentaire due à la SF mais bon... Un xénophobe pourrait rire de ces segments tout en étant d'accord avec leur propos.
D'ailleurs, comme d'autres l'ont évoqué ici, je ne sais pas exactement comment j'ai perçu le film quand je l'ai vu la première fois en salles à 14 ans. Tous les segments
"Would you like to know more?" me faisaient marrer mais je ne me posais pas de question sur le reste du film et sur le fait que les humains avaient raison de tuer les bestioles, je pense. Des années de conditionnement par le cinéma de divertissement de SF. Donc je ne voyais que ça et pas nécessairement un propos dans un sens ou dans l'autre (de manière générale, à 14 ans, je cherchais pas forcément de propos politique dans ce que je voyais)...
jiko a écrit:
C'est un film que j'adore, mais sans le "second degré" (enfin pour moi c'est très évident, c'est tellement présent que c'est quasi du premier degré de surface), je vois pas bien l'intérêt. Le film développe de gros moyens mais c'est quand même archi plat et indigeste, la scène de l'attaque du fort par exemple est hyper répétitive, grossière, au niveau de l'action c'est crétin et assez mou, et ça prend toute sa saveur si on goûte l'aspect parodique, le trait forcé des cadavres d'araignées qui s'agglutinent connement.
Cet exemple est parlant : l'absurdité est bien là mais elle n'est pas forcément incompatible avec le spectacle.
L'écriture de la scène ("répétitive, grossière, au niveau de l'action c'est crétin") illustre l'inanité de la situation et par extension de la guerre mais le spectacle est au rendez-vous.
Verhoeven n'a jamais été un esthète de l'action comme peuvent l'être, à divers degrés, Spielberg, McTiernan ou Bay. On n'est pas du tout dans la même approche. Que ce soit sur
Robocop ou
Total Recall (qui sont toutefois aussi des films jouant avec l'imagerie fasciste ou du film d'action) ou donc ici, on est dans quelque chose de plus brut. De sale. Les décapitations inopinées par les insectes volants, un mec soudainement coupée en deux, un autre écrasé au point de ne laisser qu'une traînée de sang sur le sol...ça a un impact et pas juste celui du second degré ou de la dénonciation.
jiko a écrit:
Non mais j'ai aucun reproche, c'est juste que je suis surpris qu'on donne au film des qualités spectaculaires alors que pour moi une des réussites du film c'est de faire tourner à vide la logique hollywoodienne, que justement le spectaculaire ne fonctionne pas en lui même et qu'il est intéressant parce qu'il porte en lui sa propre critique. C'est dans son refus pervers de faire un spectacle "satisfaisant" en le poussant dans dans ses retranchements, en allant au plus loin dans cette esthétique jusqu'à faire la démonstration du vulgaire et du fasciste que le film me plait.
Et pourtant c'est spectaculaire et satisfaisant.
En le revoyant hier, je me faisais la remarque qu'il n'y avait presque pas deux morts identiques et en ça on va au-delà des pauvres hères mitraillés à outrance de
Robocop et
Total Recall, on est plus proche du cinéma d'horreur où tu prends ton pied à voir les victimes mourir de façon différente à chaque fois.
Baptiste a écrit:
Le petit plus de Starship Troopers est tout ce qui a trait aux scènes d'action et les effets spéciaux, ce qui finalement dessert légèrement le propos de Verhoeven (on voit bien sur ce topic que beaucoup de gens apprécient certes le côté satirique mais aussi le spectaculaire de Starship Troopers).
Je pense au contraire qu'il aime que cette ambivalence puisse exister.
Dans le documentaire
You Don't Nomi sur
Showgirls, il évoque cette idée, le fait que le film puisse être perçu à la fois de deux manières différentes et qu'il n'y a pas une réalité ou une autre mais plusieurs réalités en même temps. Et il dit la MÊME chose à propos du récit de
Total Recall dans une interview sur le Blu-ray.
Ihsahn a écrit:
Je ne crois pas que le mot réversible convienne à ce que ce texte tente de définir du film.
Un objet réversible (comme une pièce de monnaie) ne peut se voir que d'un côté à la fois.
Ce que vous expliquez c'est "qu’il ne faut prendre Starship Troopers ni au premier degré ni au second degré, mais à tous les degrés en même temps."
On a là quelque chose de plutôt "quantique" où la pièce de monnaie serait à la fois côté pile et côté face...
Quand bien même ce mot soit juste ou non, je ne crois pas que Starship Troopers puisse être compris autrement qu'au second degré (et ce n'est pas parce que quelques gugus ont mal compris le film à une époque que cela prouve quoique ce soit).
Certes, il est impossible d'apprécier l'ironie de ce film sans en comprendre le premier degré mais c'est justement le propre du second degré que de se définir par rapport à cette première lecture.
Je ne pense pas que le film puisse avoir deux propos mais le fait est que les deux perceptions existent. Quelque part, c'est peut-être même ce qui rend le film encore plus réussi. Parce que l'imagerie ou l'idéologie fasciste peut fasciner même des gens de gauche, c'est carrément le propre de tout un pan de la fiction super-héroïque. Le
wish fulfilment, le fantasme, peuvent avoir un côté satisfaisant. Verhoeven fait tout pour pencher la balance, les ennemis sont de gros insectes dégueus pas humanoïdes du tout, on a zéro empathie (à part, éventuellement, un chouïa, pour le "Brain Bug" à la fin quand il est en position de victime).
Cela ne m'étonnerait pas que, ce faisant, il veuille aussi questionner notre rapport à ces images.
À propos de
Hollow Man, Verhoeven dit ceci :
"Hollow Man leads you by the hand and takes you with Sebastian into teasing behavior, naughty behavior and then really bad and ultimately evil behavior. At what point do you abandon him? I'm thinking when he rapes the woman would probably be the moment that people decide, 'This is not exactly my type of hero', though I must say a lot of viewers follow him further than you would expect." De la même manière, même si le mec qui mitraille le cadavre d'arachnide sans s'arrêter, faisant gicler des LITRES de sang vert sur lui, a quelque chose de délibérément ridicule, ne kiffe-t-on pas un peu quand on les voit exploser ces saloperies après qu'ils ont tués les persos auxquels on s'était attaché durant la séquence au camp d'entraînement?
In the DVD commentary, director Paul Verhoeven states his intentions clearly - the film's message is that "War makes fascists of us all." CQFD.
Bref, j'adore. Mon préféré juste derrière
Total Recall.