Z a écrit:
Ton critique maladroit émet des doutes, et il a le droit. Sauf qu'il se trompe. Il voit d'un côté le comédien qu'il connait bien, et de l'autre le résultat à l'écran, et n'arrive pas à faire la connexion. C'est bien qu'il est à côté de la plaque.
Bah, c'est son point de vue très personnel. Pourquoi serait-il à côté de la plaque. Ce qu'il ressent est pile dans la plaque. Il est juste pas sur ta plaque.
Z a écrit:
La seule question qu'il y a à se poser, c'est : "est-ce que le résultat est bon ?" Le reste n'a aucune importance. C'est de la cuisine.
Encore une fois, tout dépend de ce qu'on attend d'un film. Pour moi, la performance capture ne me convainc pas. Même dans Avatar, bien qu'impressionnante, elle ne me donne jamais envie de revoir le film (alors que les Cameron en prises de vue réelles, je les revois sans problème et je ne m'en lasse jamais). Il y a quelque chose dans le numérique qui me rebute et que je ne trouve pas bon justement.
Z a écrit:
A chaque évolution des effets spéciaux, ce sont les mêmes doutes qui reviennent... Les hordes numériques avec une IA de Two Towers sont moins convaincantes que les 1000 figurants de la prise d'Aquaba dans Lawrence d'Arabie ? Non. Les deux moments sont convaincants, les deux ont un coût différent, les deux correspondent à deux façons de faire et deux époques différentes.
Les deux façons donnent le même effet. Mais l'une des deux façons est plus charmante selon moi. Plus impressionnante surtout. Pour moi, un plan constitué de véritables figurants est plus magique pour moi. Ça suscite admiration et émotion chez moi, bien plus qu'un plan ou les figurants sont numériques. Parce que ça se rapproche d'avantage de la réalité. Et les moyens sont plus directs. On ne passera pas 2 semaines devant un ordinateur pour créer l'effet voulu. Et au final, l'énergie est différente.
Z a écrit:
A la base, il y a un choix artistique en fonction d'une approche logistique, puis un traitement artistique en fonction des moyens techniques, et enfin un résultat artistique complètement libéré de toute lourdeur, logistique ou technique. On te communique l'essence du jeu du comédien, celle qui fait passer l'émotion, après l'avoir savamment raffiné dans des machines complexes, où il n'est pas si évident que l'artistique résiste.
Je dis pas le contraire. Et j'ai d'ailleurs souligné la réussite de Tintin à ce niveau. Mais jamais le film ne m'a impressionné. La technologie est sans limite de toute façon. Je trouve ça frustrant. Car j'aurais trop aimé voir et sentir la véritable énergie qui émanait du set au moment de tourner (chose qu'il est possible d'entrevoir pendant un Catch Me If You Can par exemple). C'est cette échappée de la réalité que j'aurais aimé sentir pendant Tintin. Ou pendant Avatar.
Z a écrit:
Y arriver est une prouesse, puisque rien n'est automatique, et le regretter est une aberration.
Bah non. Y arriver n'est pas toujours une prouesse digne de mérite. Ce n'est pas une aberration de regretter la bombe atomique.
Z a écrit:
Les spectateurs sont davantage friands de making-of aujourd'hui, du coup ils s'intéressent au processus, mais cela reste peu évident pour eux (et je t'inclue dedans) de comprendre que les deux maillons opposés de la chaîne que sont le comédien et le personnage à l'image, n'ont avoir l'un avec l'autre UNIQUEMENT grâce à tous les autres maillons qui les séparent. Ça n'a aucun sens de faire le raccourci entre les deux et de réclamer Daniel Craig en Rackham le Rouge !!
Je crois que tout le monde est conscient du processus de création d'un personnage. Quand même!
Il n'empêche qu'une frustration demeure. On aimerait tous, au fond, voir le véritable acteur à l'écran.
Pourquoi? Dans HOOK, par exemple, Dustin Hoffman est quasi méconnaissable en Capitaine Crochet. Pourtant, dans ce qui émane de l'acteur, il est facile de déceler le plaisir qu'il a eu a revêtir son costume et jouer dans un décor véritable. On le sent complice. D'infimes petits détails nous le font sentir. Chose qu'il est impossible de ressentir avec le numérique.
Alors, étant donné que l'on connaît bien Daniel Craig. Il est normal que l'on soit frustré de ne pouvoir se rendre compte de la véritable performance/énergie derrière la couche numérique. On connaît la forte présence de Craig, et on la regrette. Alors que le problème ne se serait pas posé avec un inconnu dans la peau de Sakharine.
Z a écrit:
Mais le public n'y connait rien !
Le public n'est pas dupe.
Z a écrit:
Partant de ton principe stupide, alors entre la performance cinéma de Heath Ledger dans Dark Knight ou sa performance sur scène au théâtre, tout le monde choisirait le théâtre ?
Dans ce cas-ci, il n'y aurait aucune différence. On aurait devant soi une performance d'acteur non altéré.
Bien sûr, au cinéma le montage peut remodeler la performance d'un acteur. Mais une portion de réelle arrive à s'échapper. C'est ce qui fait le charme d'un film en prise de vue réelle.
Z a écrit:
Si les gens savaient réellement à quel point le rendu final est complètement bidouillé de partout, la moindre couleur, le moindre contraste... là c'est gros comme une maison donc ils se rendent compte de la supercherie, mais putain, c'est LE BUT DU CINÉMA DE TRICHER EN PERMANENCE, quitte à recréer une réalité.
Encore une fois, c'est lorsqu'une portion de réel arrive à s'échapper que le cinéma devient véritablement émouvant. Le réel et ses petites imperfections nous rappelle que le cinéma est une illusion pas totalement exacte. En tout cas, moi je préfère ça à une perfection numérique qui essaie de recréer trop parfaitement le réel. Pour moi c'est prétentieux. Logistiquement intéressant probablement, mais bon... Tellement ennuyant. C'est pourquoi je n'arrive jamais à revoir un film complètement numérique. Même les Pixar je ne peux pas les revoir une deuxième fois sans m'ennuyer.
En revanche, il y a quelque chose dans le dessin-animé traditionnel qui me touche énormément. Et ça a à voir avec les traits imprécis venant de la main humaine. C'est peut-être pourquoi il est plus facile de s'identifier à Tintin dans la BD. Cette naiveté des lignes nous ressemble plus. L'imperfection.
Mais bon, ça dépend ce que l'on attend de l'art et du cinéma j'imagine.
Tetsuo a écrit:
Et Serkis en Gollum prouve le contraire.
Là parcontre, je suis prêt à m'incliner. Et c'est probablement la seule exception à la règle. Le seul personnage numérique qui m'a réellement ému. Mais il faut dire que l'acteur était sur place, et déplaçait la terre et l'herbe autour de lui, en même temps que les acteurs (qui interagissaient plus fortement a cette présence à transformer). D'ailleurs, il y a même cette séquence dans Two Towers ou un postillon de Serkis a été conservé dans une scène. C'est ce genre de détail qu'un personnage numérique a besoin.
Film Freak a écrit:
Et ça reste SA performance, un danseur sait danser, mais sait-il faire danser son visage? D'alleurs, depuis quand acteur et danseur c'est pareil au niveau du corps? C'est pas du tout le même exercice.
C'est pas faux. Mais ce que je veux dire, c'est que Sakharine aurait pu avoir été joué par Michael Wincott le temps d'une scène et on aurait pas senti la différence.