Ahem.
Bon j'ai plus rien d'original pour introduire mes avis concernant les (gros) films (attendus) sur lesquels on se prépare évidemment à me traiter, au second degré ou non, de "vendu", SURTOUT sur ce film-ci.
D'autant plus que Karloff et TBA ont déjà plus ou moins vendu la mèche concernant mon appréciation donc bon, quoi que je puisse écrire comme "disclaimer" pré-avis sera intuile dans la mesure où chacun campe déjà sur ses idées reçues (concernant le film, concernant moi).
Ce qui est tout à fait normal hein, ici je ne me mets pas tellement sur la défensive. Au fond, ce qui m'importait le plus dans cette histoire c'était MON opinion, MA vérité. Dans l'idéal, j'aurai EVIDEMMENT aimé qu'elle soit celle de tout le monde mais ce n'est malheureusement pas le cas.
Je me réjouis déjà de ne pas avoir vécu la solitude post-projo de Superman Returns il y a deux ans où je me suis retrouvé seul à adorer un film qui avait déçu tous les autres l'ayant vu à la même séance.
Anyway...let's get on with this.
On va la faire simple, puis détailler, élaborer, si vous le permettez...
Enfin si je parle du film dans son ensemble, ça va paraître très banal, surtout pour ce genre de films où beaucoup guettent les avis, et puis quelques éléments de réponse ont déjà été donnés et je les comprends AMPLEMENT, positifs comme négatifs.
Je comprends le buzz négatif, je comprends les premiers avis sur le net, je comprends Karloff...
Moi j'ai beaucoup aimé, sans être à FOND, et les quelques "déceptions" (ou plutôt "regrets" je dirai) sont celles auxquelles je m'attendais (vu que j'en savais franchement déjà pas mal concernant l'intrigue, les persos et leurs aboutissants).
Donc pas de "mauvaises surprises". Et, au contraire, les surprises qui eurent bel et bien lieu furent plutôt très, très agréables et font partie de ce que j'ADORE dans le film.
Je ne vais pas chercher d'excuses au film même si l'anticipation bâtie sur 20 ans d'attente joue INEVITABLEMENT dans l'appréciation du film qui, il faut le saisir TOUT DE SUITE, ne peut PAS vivre à la hauteur de ces espérances.
Le film traite bien heureusement de thèmes liés à ce décalage dans le temps (l'âge d'Indy, sa place dans le monde, etc.) mais ne joue pas outre-mesure sur un aspect mythique déjà largement exploré dans le 3e film et les quelques clins d'oeil de ce niveau sont très réussis (tout ce qui tient de l'iconographie Jones en gros, notamment le chapeau).
C'est à en donner des frissons.
Les références aux précédents films sont plutôt bien gérées et pas surfaites.
Cela dit, là où certains vont probablement tiquer sur plusieurs détails, je vois une évolution pas dégueue.
Depuis hier, la formule qui me revient est la suivante : le film est meilleur lorsqu'il n'essaie pas de trop faire "comme avant".
Je m'explique.
Je sais que Spielberg a beau dire qu'il a essayé de se remettre dans son état d'esprit de l'époque et d'adopter une mise en scène identique à celle des 3 autres chapitres et qu'il a même guidé Kaminski de la sorte à refaire la photo de Slocombe...cela dit, on ne saura jamais vraiment à quel degré ce parti-pris a été respecté et/ou ce qui s'est inconsciemment passé au moment de l'écriture, du tournage et du montage, les 3 étapes durant lesquels le film naît, renaît et rerenaît.
Le fait est que même si le réalisateur et son chef op citent l'esthétique d'antan, l'imagerie demeure cependant différente. Et pour le mieux. L'exercice peut-être intéressant mais il est tout bonnement impossible de refaire "comme avant" et du coup, on obtient un objet hybride super intéressant à ce niveau.
Disons-le tout de suite (même si ça a déjà été dit par d'autres), la mise en scène est absolument FABULEUSE. Je n'ai rien à y redire.
Ce n'est pas le Spielberg de La Guerre des Mondes, avec sa caméra à l'épaule, ses niveaux de lecture multiples, son 11 septembre, etc...ce n'est pas Minority Report non plus...mais la forme du film n'en demeure pas moins surpuissante. Les scènes d'action ne perdent rien de leur force et tandis qu'une partie du public y voit un manque de tension, je vois l'audace d'une caméra qu'on laisse tourner, qu'on pose loin et pourtant jamais je ne trouve ça mou, ni dans la mise en scène, ni dans le montage.
La poursuite dans la jungle, super longue, est tout bonnement hallucinante...c'est vraiment la poursuite en camion du premier film remise au goût du jour (mon seul reproche à cette scène : quelques incrusts foireuses).
Et encore une fois, Spielberg m'a absolument sidéré par sa force visuelle, comme la scène de la caravane de The Lost World ou la première attaque du tripode dans La Guerre des Mondes. C'est pas filmé pareil mais j'étais tout autant sur le cul.
Et même quand il ne s'agit pas d'action, le film est d'une beauté tout simplement à tomber. Le sempiternel jeu avec les ombres, le velouté de la lumière de Kaminski, les liserés lumineux...je ne m'attendais pas à trouver ça aussi classe en fait.
C'est en ça que, même si elle est en deçà de ses prédecesseurs, cette suite n'est pas The Lost World. Je n'y vois pas une mise en scène fonctionnelle avec quelques gros morceaux.
J'y vois un film graphiquement parfait de bout en bout.
Au niveau du scénario par contre, oui, il y a des choses à redire.
Bon moi, déjà, de base, l'artefact choisi et donc les théories utilisées n'étaient pas celles qui me bottaient le plus mais à ce niveau, j'étais donc averti et rien ne m'a vraiment choqué. Et au final, en tant que McGuffin, le crâne de cristal s'apparente pas mal aux Pierres de Sankara (qui n'avaient déjà pas la force cinématographique de l'Arche ou du Graal).
Cela dit, ce qu'ils en font tient du même schéma jonesien que les artefacts des autres films, avec l'éternelle quête de pouvoir par les méchants et Indy en face qui ne cherche pas à acquérir le pouvoir pour lui mais à le préserver, par respect.
Mais ça c'est "comme les autres". La valeur ajoutée de ce film, c'est d'inscrire cette quête et cette lutte entre russes et américains dans une course à l'armement qui découle de l'invention de la bombe atomique.
D'aucuns diront que ce thème n'est pas assez développé dans le film et, à la limite, je peux comprendre.
Perso, ça m'a sauté en visage sans qu'il y ait besoin de l'appuyer.
Je n'ai pas besoin que l'on me guide par la main et que l'on m'épelle chaque mot.
A ce titre, toute l'intro du film (on va dire entre le premier plan et l'arrivée de LaBeouf) s'avère la plus thématiquement riche du film (plutôt que de déplorer que cela arrive en début de film, je me réjouis que le film ne se repose pas uniquement sur les lauriers de la suite "copie carbone").
On y voit d'emblée une époque différente, puis un héros vieillissant, mais intimement lié à l'Histoire de son pays, puis plus juste vieillissant mais carrément dépassé...la scène dite "du village" (pour ne pas spoiler) est très parlante à ce niveau-là et la résolution de cette première scène (magnifique plan, probablement le plus mémorable du film) apporte plus que de l'eau au moulin de mon argumentation.
J'aime évidemment que, tout comme les premiers renvoyaient aux serials, ce nouvel animal se dessine en hommage aux films de SF des années 50 (mais aussi à des films comme L'Equipée sauvage).
On nage d'ailleurs en plein Spielberg hein...cf. la scène qui renvoie à 1941. D'ailleurs, si le film ne paraîtra pas forcément 100% Indy, il est indéniablement 100% Spielberg. Certains gags ne sont pas nécessairement ceux qu'on retrouverait dans les autres volets de la franchise mais ils ne dépareilleraient pas dans un Minority Report à l'humour si cartoonesque par exemple.
Et je ne parle même pas des autres obsessions de l'auteur qui se retrouvent dans le cheminement de certains protagonistes ou dans le climax qui évoque films passés, films à venir, etc...
Donc, pour revenir à ce que je disais, années 50. Guerre Froide. McCarthyisme aussi. Encore une fois, j'aurai aimé voir cette piste approfondie mais on est bien sûr pas dans un Munich version '50s. Au moins, le film n'est pas BÊTEMENT anti-communiste comme pouvaient l'être ses "modèles" (le personnage de Mac est un bel exemple, je n'en dis pas plus).
Parlons des russes dans le film tiens. Bon, ils sont comme les nazis hein, c'est les mêmes. Même traitement comic book.
Avant de parler de Cate Blanchett, il me faut évoquer Igor Jijikine qui campe le rôle du bras droit contre lequel se tatanne Jones. Il incarne à la fois le rôle qu'aurait joué Pat Roach et les rôles des "sidekicks" nazis de Belloq ou Donovan. Les scènes dans lesquelles il apparaît, notamment la première, le placent d'entrée de jeu comme l'un des persos les plus charismatiques de la saga. Jveux un spin-off sur ce mec. Je veux que Spielberg reprennen l'acteur pour interpréter un cosmonaute dans Interstellar.
Spalko. Blanchett donc. Elle est sexe. Elle est flippante. Elle est zarbi. Elle n'est pas la méchante la plus réussie de la saga. Mais elle enterre tranquille Mola Ram je dirais
En fait, elle réunit en un les persos des fanatiques de l'artefact (Belloq/Donovan) et les persos des militaires (Dietrich/Vogel).
Blanchett s'efface derrière le rôle et demeure jouissive, dans son attitude, ses combats, son sort final...
Les autres persos...on arrive là à un autre petit bémol du film.
Shia est très bien. Karen Allen est très bien. Ray Winstone est très bien.
John Hurt...moins. Au départ, le trip Professeur Tournesol est marrant mais au final son perso est assez fonctionnel tout en paraissant superflu. C'est dommage.
Quand à la cellule familiale Jones/Mutt/Marion, elle est franchement très sympa et marrante mais aurait mérité d'être développé plus avant histoire d'avoir un relation du niveau de celle entre Jones Senior et Jones Junior dans La Dernière Croisade.
Quant à Winstone, sa bonhommie va là où il faut mais il n'égale évidemment pas Sallah.
Dernier bémol (comme ça on évacue ça direct pour ne parler plus que de tous ces détails que je surkiffe...parce qu'il y en a plein) : le film est parfois trop bavard.
Attention, c'est pas Pirates des Caraïbes 3 non plus. Et si je comprends les reproches de Karloff concernant l'articulation des scènes dans la progression de l'intrigue, je suis LOIN de penser (comme lui) que c'est digne des facilités expeditives de Spider-Man 3.
Après, ce n'est pas ce que Koepp a signé de mieux, lui qui nous avait habitué à des scénarios plutôt carrés.
Pour résumer tout ça, ça donnerait :
mise en scène extraordinaire, thèmes pertinents, persos sympathiques sur une intrigue moins intéressante et un scénario très classique.
PU-TAIN comme ça aurait pu être pire...
Alors attention, je sais ce que vous pensez...vous vous dites "ok c'est Film Freak, il nous refait le coup de X-Men 3 et du mec qui s'attendait tellement à de la merde qu'il se contente d'une truc moins pourri" mais c'est vraiment pas ça.
Sincèrement.
En étant honnête, j'irai probablement jusqu'à dire que, ouais, OBJECTIVEMENT, le film ne vaut probablement pas 5/6.
C'est plutôt 4/6 si l'on juge un peu sévèrement, sans indulgence.
Après, mon avis RESTE subjectif. Est-ce pour autant celui d'un "vendu"?
A vous de voir. Moi je dirai que c'est celui d'un mec qui adore cet univers, ce personnage, ce réalisateur, ses thèmes, ce genre, trop rare...
C'est un film pour ceux qui aiment les temples en ruines avec des squelettes à la bouche inhumainement grande ouverte. Et des casacdes. Et des bestioles. Et des sarcasmes. Et des punchlines. Et des chapeaux que l'on ramasse dans des moments toujours classe. Et un sourire là. Et un autre ici. Et un coup de poing. Et un grognement. Et un lacet qu'on rattache. Et un peigne. Et un regard vers une photo. Etc.
Ca fait 24h qu'on se cite des scènes, des plans, des blagues, des trucs, tout un tas d'éléments du film, avec Qui-Gon en se disant qu'on a déjà envie de le revoir.
On est rentrés de la projo et je pouvais enfin lire les titres des pistes sur la BO et je souriais en disant à Liam "Fuck, I wanna see it again".
Je ne doute pas qu'avec la deuxième vision (puis la troisième, et la quatrième, en DVD, avec les années, etc.), je m'approprierai encore davantage le film tout comme il me possèdera et petit à petit, je l'aurai acquis et accepté comme un Indy au même titre que les précédents.
Je ne crois pas que ma note changera mais mon amour pour le film ne cessera probablement de grimper et ces "défauts" sur lesquels je ferme déjà un peu plus les yeux que d'autres s'estomperont...
Cela ne fait pas du film le chef-d'oeuvre qu'on attendait (mais étions-nous en droit de l'attendre?) mais à vrai dire, je m'en fous.
Ca y est. Le film existe. Il est sorti. Et il est ce qu'il est. Et je le juge pour ce qu'il est et non ce qu'il aurait dû être selon les uns ou les autres.
Et ce que je vois me va. Oh putain, ce que ça me va...
5/6 donc.