Putaaaaaaaaaaaaaain la peur.
La peur jusqu'au bout quoi...
Faudra faire un récit complet de cette première journée dans un autre topic mais autant dire que pour moi, ça commence par une quasi-totale absence de sommeil la veille du départ, le RV avec Qui-Gon au coin de la rue, la non-prise de risque pour arriver à la gare donc prise de taxi, l'arrivée, l'attente des autres, le passage au check-in, la découverte que certains devront prendre le prochain train pour cause d'oubli de pièce d'identité, le rejoignisme de Noony, déjà sur place, l'embarquement, le départ...
C'est parti...les photos à la con dans le train, les discussions pour passer le temps, l'arrivée à la gare, on sort, repérage de Burger King, commande du Double Angry Whopper offre limitée qui se terminait le jour même, foncedage de bide, cheminement vers l'auberge de pauvresse dans les rues lynchesques de Londres (un coup les chiffres descendent un coup ils montent, dans la même rue, c'est nawak) et arrivée au 119 où l'on nous dit qu'il faut aller au 104 et attente dans un couloir de 1m² qu'une bande de russes se dépatouille dans leur réservations et on nous loge en fait au 102 dans une chambre moisave avec un lit double (où je dormirai avec Qui-Gon, ayant perdu au tirage au sort avec Noony) et un lit simple coincé dans du rien avec une salle de bain de poche (avec douche à pression, température et place merdiques).
Mini glandage avant de bouger dans un pub où les mecs prennent une Guinness et moi une vodka-orange avant d'aller attendre les deux autres dans l'immense cinéma où nous angoisseront face au retard des autres mais...tout ira bien.
On entre dans la salle, on s'installe dans nos sièges soigneusement choisis, parfaitement au centre de la salle face à l'écran gigantesque.
On met nos lunettes et c'est tipar...quand les bandes-annonces de documentaires animaliers passent en IMAX 3D, je me dis que je vais me chier dessus si le film est aussi intense.
L'image est partout devant toi, le son est partout autour de toi.
T'ES DEDANS ET T'EN ECHAPPERAS PAS.
Le film commence...et se termine 1h54 plus tard.
A l'issue de la première vision, je suis à 5-5,5/6.
C'était juste fabuleux.
A l'issue de la deuxième vision (pas en IMAX mais toujours en 3D), imprévue, le lendemain, c'est 6/6.
C'est juste magnifique.
Malheureusement, mon avis plus détaillé se fera également plus policé (mais ne croyez pas que je ne suis pas passionné à propos de ce film) parce que je devais tout d'abord écrire la critique pour le site afin qu'elle soit en ligne à temps demain et donc la voici (très très légers spoilers) :
BELIEVE
Après un premier essai qui poussait déjà plus loin les limites du photoréalisme sans s’avérer totalement convaincant, l’annonce d’un nouveau film tourné une fois de plus par le biais de la « performance-capture » (les acteurs sont couverts de capteurs numériques recréant leurs performances dans l’ordinateur) par son réalisateur Robert Zemeckis laissait pour le moins dubitatif. La question de la pertinence de cette technologie se posait toujours étant donné son utilisation finalement peu intéressante dans Le Pôle Express, dont le récit se contentait d’une série de montagnes russes durant lesquelles la caméra virevoltait dans tous les sens autour de ses protagonistes aux yeux « morts ». Trois ans plus tard, la technique a évolué et le réalisateur a retenu toutes les bonnes leçons. Déjà, il n’adapte non plus un livre pour enfants très court en faisant du remplissage rollercoaster, mais choisit un scénario du réputé écrivain Neil Gaiman et du scénariste-réalisateur Roger Avary tiré du célèbre (hors France) poème épique Beowulf. Sa réinterprétation du texte, le plus vieux manuscrit anglo-saxon connu, se traduit à l’écran par une grandiose histoire d’aventure sur la manière dont les mythes et les légendes se font, tout en répondant aux codes du genre, l’heroic fantasy, avec ses scènes de halls royaux, de vikings bourrés d’hydromel, et de combats dantesques avec des créatures surnaturelles. Le cinéaste y revisite également certains de ses thèmes de prédilection tout en marquant de son empreinte le visuel époustouflant du film.
HOW GREEN WAS MY UNCANNY VALLEY
On remarque souvent une facilité à laquelle ont recours les détracteurs d’un film en optant de réduire à un terme, une expression, une formule, la principale caractéristique du film en question. Avec La Légende de Beowulf, ce comportement caricatural se manifestera de nouveau et l’on entendra fréquemment le mot « cinématique » pour qualifier l’esthétique du film. Les quelques personnes qui s’avanceront à développer un peu plus leur point de vue parleront de technologie injustifiée par l’usage qui en est fait. Mais ce serait justement se tromper sur le but recherché par Zemeckis. Il ne s’agit pas d’en profiter pour s’adonner à une démonstration technique (comme pouvait l’être par moments son précédent film) mais, outre les libertés du tournage, tout simplement de créer un univers homogène, où les acteurs ne sont pas « mal » intégrés dans un décor en synthèse, où les doublures numériques ne jurent pas avec les acteurs (cf. Matrix Reloaded), au risque d’avoir par moments des mouvements (de bras, de bouche ou d’yeux) qui sonnent encore faux à l’écran. Il demeure que la performance-capture a fait un véritable bond en avant depuis Le Pôle Express et certains plans sont véritablement confondants de perfection (on regrettera par contre le manque de soin sur les « figurants »). Il faut savoir aussi que le metteur en scène a pensé son film en vue d’une projection en 3D et là aussi, regretter l’absence d’une exploitation plus poussée du procédé (peu d’objets viennent « sortir » de l’écran pour « menacer » le spectateur) serait en limiter le potentiel à du gadget en se méprenant sur ses réels atouts. En effet, l’expérience présente au public une « fenêtre plus lucide » comme aiment le dire Zemeckis et James Cameron (dont le prochain film, Avatar, sera tourné et projeté dans les mêmes conditions) et propose une immersion totale (notamment en IMAX) du spectateur dans le film. De plus, le relief conféré aux personnages numériques compense les oripeaux factices de leurs traits et les performances des acteurs, notamment Ray Winstone, Anthony Hopkins et Brendan Gleeson, sont vraiment parlantes.
I AM LEGEND
Si le film perdra probablement un peu de sa superbe projeté en 2D, il n’en reste pas moins un excellent travail d’adaptation qui vient apporter son eau au moulin des études consacrées au texte original. Le poème, initialement sans titre et sans auteur, raconte deux étapes dans la vie de Beowulf, divisées plus ou moins en trois actes majeurs : Beowulf Vs. Grendel, Beowulf Vs. la mère de Grendel et Beowulf Vs. le Dragon, le troisième acte étant complètement déconnecté des deux autres. En prenant des libertés avec l’histoire de base, le réalisateur et ses scénaristes ont crée un parcours cohérent pour le protagoniste, enrichissant notablement sa destinée vers le pouvoir et l’inévitable hybris qui s’ensuit. En fait, devant les disparités trouvables dans le manuscrit originel (tantôt les prouesses de Beowulf sont racontées à la troisième personne et au présent, tantôt c’est Beowulf lui-même qui les raconte et au passé), ils adoptent le concept littéraire de « narrateur non-fiable » et décident de faire du héros un champion orgueilleux et magnifique showman toujours prompt à exagérer ses exploits, . Ainsi se perpètrent les légendes des héros et se chante la chanson de Beowulf à travers les années. Hélas, le temps vient toujours nous rattraper et dans le cinéma de Zemeckis, on ne peut arrêter le temps. Pour peu qu’on ose le défier, on est puni. Alors Beowulf se croyant immortel est-il regagné par ses faiblesses et ce pacte faustien qu’il signa autrefois, perpétuant un cycle entamé par le roi qui le précéda. L’Histoire se répétant inlassablement est également l’un des thèmes sans cesse évoqué par l’auteur et il vient à point nommé s’inscrire ici dans le tissu à partir duquel les mythes sont fabriqués.
YOUR OWN PERSONAL JESUS
Lorsque ce récit où figurent danois et Goths fut retranscrit sur papier, il le fut par des anglo-saxons qui y imprimèrent en filigrane, tout en restant évasif, les tenants de leur propre religion, le christianisme, au détriment des croyances polythéistes des peuples représentés. En conséquence, Beowulf s’adressait alors à un « Seigneur » unique et non à l’une des multiples divinités scandinaves. Zemeckis, Gaiman et Avary transcendent ce fait dans la transposition à l’écran en faisant assumer ce rôle par le personnage d’Unferth, conscient de ce « nouveau Dieu romain, Christ Jésus », vers lequel il se tourne peu à peu tout en essayant de convertir son entourage qui reste sceptique quant à cette nouvelle religion. On aperçoit d’ailleurs une illustration délibérément kitsch du messie sur un mur et l’on brûle même une croix. Mais le discours du film reste (volontairement ?) assez flou sur la question. Le christianisme est-il condamné ou appliqué ? A ce titre, le designer Doug Chiang parle d’un mélange entre Jésus Christ et un super-héros dans la conception du héros, Beowulf, venu sauver la ville d’Heorot de son malheur avant d’être « déifié », par un peuple (et Unferth, pourtant incrédule au départ) ignorant les secrets de leur idole. Ce même héros qui déplore le recours de son peuple au christianisme mais qui devra cependant passer par la rédemption avant de mourir. On appréciera le traitement ambigu, moins lourdingue que Contact ou, pour certains, Le Pôle Express, mais néanmoins riche qui est fait de la religion ici. Il n’y est plus question de justifier sa foi et le vieux roi Hrothgar clame même que les dieux ne viendront pas nous sauver de nous-mêmes. Ici la religion ne semble apporter aucune réponse et le film non plus. De ce fait, les créateurs choisissent de ne jamais trop apporter d’explications lorsque cela n’est pas nécessaire. Certes l’on nous expose les raisons qui poussent Grendel à tourmenter Heorot et on comble les trous dans l’histoire de Beowulf mais tout comme le monstre s’exprime dans un vieil anglais non sous-titré (et donc globalement incompréhensible), l’on n’en saura pas plus sur les origines de ces démons métamorphes qui hantent nos héros. Et il en va de même pour tous ces non-dits qui remplissent la relation entre Beowulf et son fidèle second Wiglaf.
SEXY BEAST
Formellement parlant, Zemeckis vient également apposer sa patte dans l’imagerie du film. Au travers de ces longs plans (parfois des plans-séquences) toujours munis de sens (l’explication du tourment de Grendel) comme pour son usage des reflets (la mère de Grendel n’est aperçue sous sa forme démoniaque que par le biais de reflets, etc.), le sceau du cinéaste se fait omniprésent. Contre toute attente, le film s’avère très adulte. Ne laissez pas l’animation vous leurrer, le seul point commun entre ce film et Le Pôle Express réside dans le premier degré avec lequel Zemeckis et ses comparses ont abordé le sujet, en embrassant les règles du genre tout en poussant l’enveloppe un peu plus loin. Une seconde on baigne dans l’ambiance chaleureuse d’une taverne où rôtit un porc au rythme des chansons (paillardes, quand ce sont les hommes qui les chantent, mélodieuses quand ce sont les femmes), la suivante règne une atmosphère cauchemardesque où l’hystérie maladive de Grendel, plus dégueulasse tu meurs, se traduit par une débauche sanglante dans une lumière stroboscopique. Et n’oublions pas le sexe. A vrai dire, le film renvoie autant au Seigneur des Anneaux qu’à Alexandre. Ici, les personnages, des plus importants aux plus secondaires, sont tous des êtres de chair. A commencer par Beowulf que la luxure viendra perdre. On y parle de « fornication », de « branlettes » et de « gâterie ». Devant le résultat final, on peine à croire que les censeurs lui aient accordé un certificat PG-13 (interdit aux moins de 13 ans non-accompagnés) tout en attendant une version encore plus « hard » d’ores et déjà annoncée pour le DVD. Cela dit, elle n’égalera sans doute pas la vision en salles qui doit se faire, si possible, en 3D et en IMAX, une expérience unique que promet Robert Zemeckis avec La Légende de Beowulf, (et qui deviendra peut-être un jour la norme) et dont il sera probablement difficile de profiter en France étant donné le parc limité de salles correctement équipées. Quelques cinémas à travers la France diffuseront néanmoins le film en 3D (mais vraisemblablement en VF). Un conseil : faites comme Beowulf, cédez à la tentation.
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