Film Freak a écrit:
Bon sinon c'est un film que je revois sans cesse pour lui redonner sa chance et chaque fois le constat est le même : je trouve ça bien trop long et la fin est underwhelming au possible et l'espèce de message pro-foi me bourre...
Film Freak a écrit:
Chaque réapparition de ce topic et chaque message positif est un remuage de plus du couteau dans la plaie de ma déception face à ce film auquel j'ai donné plusieurs fois sa chance...
Je l'ai souvent dit et redit : j'ai 3 (enfin 4 techniquement) films que j'attendais comme le messie et qui m'ont grandement déçu à leur sortie mais que j'ai revu plusieurs fois au fil des ans afin de leur redonner une chance dans le vain espoir qu'ils me plairont enfin, un jour, peut-être.
Et celui que j'ai le plus envie d'aimer, c'est
Contact.
Citation:
Peut-être le reverrais-je encore une fois, un de ces quatre, avec toujours cet espoir que les défauts et le prosélytisme ne me dérangeront plus...
Et bien j'aurai mis 21 ans.
Depuis quelques temps, je l'avais remarqué, je le ressentais, le temps était venu, l'envie,
nay, le besoin de revoir
Contact se faisait de plus en plus prégnant. Chaque fois, l'interlude entre deux visions est plus grand. La dernière est celle qui avait donné naissance à mon avis détaillé dans ce topic. Il y a 11 ans donc.
Un avis que j'avais envie de relire également, dans un de mes célèbres élans de narcissisme nostalgique, mais je me suis interdit de le faire avant de revoir le film afin de ne pas m'auto-influencer.
Et j'ai eu raison tant certaines des critiques que j'émettais à l'époque m'ont presque surpris quand j'ai lu mon message après avoir vu le film avant-hier. Je les comprends mais ça ne m'a pas gêné cette fois-ci.
Let's dig in. Citation:
Le film met 34 minutes à commencer. 34 minutes durant lesquelles les séquences s'enchaînent de manière malaisée. Entre les séquences dans l'enfance d'Ellie (un peu trop surlignée, même s'il y a les deux plus beaux plans du film - le long travelling arrière sur l'univers avec des bouts de chansons et de discours et hop on sort de l'oeil d'Ellie & le long plan sur Ellie qui monte les escaliers, on passe au ralenti et hop en fait on était dans le miroir [10 ans après, je cherche toujours à comprendre comment ils ont fait, notamment pour que ce soit aussi parfait] - deux plans qui, en plus d'être impressionnants, ont du sens, renvoyant constamment Ellie et sa quête à elle-même, entamant la thématique des réponses que l'on ne peut trouver qu'en soi vu que la quête de la vérité n'apporte pas nécessairement de réponses accompagnées de preuves BREF) et celles où, adulte, elle passe d'un endroit à un autre avec de grosses ellipses monstrueuses dans le temps (à peine débute-t-elle dans un nouveau lieu qu'à la séance d'après, ça fait déjà plusieurs mois qu'elle est là et on va lui couper ses fonds), le rythme est bof bof.
En soi, la construction ne m'a pas dérangé cette fois-ci mais je me demande si ce n'est pas ce qui freine l'émotion chez moi. La relation avec le père est limitée à...UNE scène.
Les ellipses affectent également la romance au coeur du film. Là aussi, j'y ai davantage cru qu'autrefois mais quand on compte vraiment le nombre de fois que se voient Ellie et Palmer Joss dans le film, c'est genre...5 fois. C'est un peu chiche pour réussir à rendre crédible "je ne voulais pas te perdre" comme motivation de la décision de Palmer de saboter les chances d'Ellie d'être choisie pour partir dans le vaisseau.
Leur relation sert de métaphore ultra grossière - c'est pas le film le plus finaud du monde - à l'envie de concilier science et foi mais elle aurait gagné à être plus développée.
En fait, j'ai remarqué pour la première fois que Zemeckis affectionnait les histoires d'amour où le couple est séparé pendant plusieurs années/tout le long du film. Dans
Retour vers le futur, Marty et Jennifer sont séparés LITTÉRALEMENT par de 30 ans et ne se voient pas pendant tout le film. Dans ce film-là, ça tenait du détail (Jennifer n'est même pas un McGuffin genre "faut que je la retrouve"). Dans
La Mort vous va si bien, Ernest ne voit Helen pendant plusieurs années après l'avoir quitté et avant qu'elle ne revienne foutre la merde. Dans
Forrest Gump, l'histoire de Forrest et Jenny traverse tout le film et ils ne se voient qu'une fois tous les chais pas combien d'années. Et dans
Seul au monde, là c'est justement le moteur du protagoniste pour le coup : échoué sur une île déserte, il n'a que l'envie de retrouver sa femme pour survivre pendant 4 ans et tenter de quitter l'île.
Citation:
J'ai du mal aussi avec les ficelles les plus "classiques" du scénario, notamment pour tout ce qui concerne l'antagonisme basique avec Drumlin. Les mics-macs gouvernementaux font un peu "obligés" quoi...
Cette fois, j'ai vu ça sous l'angle féministe que Zemeckis travaille dans ses films ayant une héroïne : elle se fait sans cesse mettre des bâtons dans les roues par les hommes (Drumlin, Kits, Palmer). Drumlin incarne l'opportuniste qui ne croit en rien. Le nihiliste donc. Et le film le punit pour ça.
Le film témoigne d'un positionnement politique qui justifie par conséquent la présence de ces "mics-macs gouvernementaux". J'avais complètement oublié la présence de Rob Lowe dans le rôle d'un député conservateur qui instrumentalise la religion. Sans oublier le fanatique extrémiste qui est directement qualifié dans le flm de "terroriste" (alors qu'il est plus blanc que blanc, c'est l'albino à la gueule inénarrable Jake Busey), chose que les médias aujourd'hui rechignent encore à faire (PS : la tension dans cette séquence est palpable, le mec instaure le stress bien en amont et laisse infuser).
En fait, Zemeckis a clairement la foi (salut
Le Pôle Express!) mais il fait preuve d'une réelle méfiance envers la religion organisée. Il y a une réplique, dans
A Christmas Carol (ouais, là j'utilise pas le titre français parce qu'il est honteux), quand Scrooge accuse le Fantôme du Noël Présent de fermer les établissements où les pauvres peuvent réchauffer leurs plats le dimanche, le Fantôme répond
"There are some who claim to know me and my brothers, and do their deeds of ill will and selfishness in our name. These so-called "men of the cloth" are as strange to me and my kin as if they never lived. Charge their doings to them, not us."En plus de participer à cette approche réaliste, l'inclusion de Bill Clinton dans le récit (ah cette marotte zemeckissienne des présidents qui jouent un rôle dans ses films et qui remonte à son second,
La Grosse magouille!), c'est surtout l'inclusion des médias dans le récit et s'il y a UNE chose que je n'avais JAMAIS remarqué jusqu'à présent, c'est L'OMNIPRÉSENCE des écrans à travers tous les films et plus précisément des écrans montrant quelque chose que l'on voit également en "live", parfois simultanément dans le cadre.
Je m'interroge vraiment sur cet élément de la mise en scène. C'est comme si la télévision, l'image, devenait synonyme de réel, de réalité. Le casting dans leurs propres rôles d'une dizaine de journalistes de CNN n'est pas là pour rien. C'est comme Clinton, c'est l'incursion du réel dans la fiction pour ancrer la SF dans un quotidien tangible, concret. Dans un film sur la foi, ce n'est pas innocent. Après avoir établi un premier contact via un signal sonore, c'est l'image d'Hitler qui vient apporter la preuve irréfutable qu'il ne s'agit pas d'un schéma sonore fortuit. Et ce n'est pas un hasard si la preuve ultime, celle que le gouvernement dissimule à l'issue de l'expérience, est une vidéo (de 18h de
white noise).
Film Freak a écrit:
Putain à chaque fois que je remate ce film, à chaque fois que je lui redonne sa chance, je me mets en mode "I want to believe", et je ne peux en nier les qualités : c'est super ambitieux, dans l'approche, le propos, tout ça...
Même après 11 ans, toutes les scènes du film me sont familières parce que ça doit être la 5ème fois que je le revois mais j'ai été frappé de constater à quel point le film est presque austère, putain.
Passée l'intro avec ces quelques notes de musique un peu sirupeuses (tu sens que Silvestri est encore en mode
Forrest Gump), le film adopte une approche procédurière
as fuck dont j'avais presque oublié le jusqu'au-boutisme.
Citation:
J'aime beaucoup le traitement général très "réaliste" (jusque dans la mise en scène : suffit de voir le filmage "non-magnifié" de la machine) et le film est plus réussi dans ses passages "science" que dans ses passages "fiction".
C'est vraiment l'anti-
Independence Day, sorti l'année d'avant. Emmerich a toujours bien su singer le Spielberg de
Rencontres du 3ème type pour ce qui était de l'exposition et la première heure de ses films est toujours la plus réussie, ce crescendo parfaitement calibré. Ici, Zemeckis fait ça mais à la sauce anti-spectaculaire, avec sa sempiternelle photo """sans fard""" et ses SFX invisibles, mais bourrée de tension. La manière dont il étire toute la séquence de la découverte du son - ce son génialement agressif et atypique d'ailleurs, comme un ancêtre du "BRAAAAAM" parodique de Zimmer et Nolan - jusque dans les séquences qui la suivent, avec la révélation graduelle de tout ce qui est contenu dans le signal (les images d'Hitler, c'est tellement bien vu, tellement parfait dans la simplicité de la force évocatrice), c'est tout simplement parfait. Cinquième fois que je le voyais et j'étais à fond comme la première fois.
Citation:
Ainsi je trouve dommage cette sous-intrigue (dans tous les sens du terme) avec Hadden, le multimilliardaire excentrique, surtout que ses interventions auraient pu être évitées, remplacées par d'autre chose : quelqu'un d'autre, de pas taré, aurait pu financer l'opération, Ellie et son équipe auraient pu décrypter les plans sans son aide, il n'était pas nécessaire d'avoir une première machine que l'on détruit pour découvrir ensuite qu'il en existe une deuxième.
Ca n'a pas lieu d'être (c'est pas comme si c'était la SEULE solution possible pour les scénaristes de faire avancer l'histoire) et en plus ça bouffe du temps inutilement (et quand on dure 2h24, faut penser à couper ce qu'on peut).
C'est clairement un drôle de choix. Tellement "fiction" dans un film plus "réaliste" le reste du temps. En fait, je ne parviens à me l'expliquer que via le "rôle" que lui donne la théorie énoncée par le personnage de James Woods lors de l'audition de fin, sous-entendant qu'il n'y a jamais eu d'extra-terrestres et que tout n'était qu'une mise en scène de Hadden et donc qu'Ellie a tout fantasmé. Zemeckis dit qu'il souhaitait que la fin soit ambigüe, que l'on puisse penser qu'Ellie avait effectivement tout halluciné. Mais s'il dissémine des indices de ci de là (le dessin de la plage, le motif du système à quatre soleils, le motif du croissant d'étoiles là depuis le pop corn sur le sol lors de la mort du père) pour créer un doute, il l'annihile avec le "twist" de la vidéo de 18h de neige.
Après, je sais pas si j'aurais voulu un film complètement ambigu. En temps normal, j'aime bien les double niveaux de lecture mais je pense que j'aurais trouvé ce positionnement encore plus malhonnête vis-à-vis du propos cherchant à faire cohabiter science et foi...qui, à ma grande surprise, est beaucoup mieux passé cette fois-ci alors que ça a toujours été mon principal blocage.
Citation:
C'est ensuite qu'arrive la fin la plus underwhelming de tous les temps, même si elle est intéressante dans l'oeuvre de Zemeckis (+ dans mon futur gros plan, je garde ça sous le coude) avant un petit "topper" façon Twilight Zone/Contes de la Crypte ("ouais en fait y a 18h de neige enregistrées, mmmmm" OUUUUH).
Je suis ambivalent vis-à-vis de cette fin. Je la trouve aussi couillue que le reste, délibérément chelou (dans sa partie "ride/trip") et anti-spectaculaire (dans son dénouement) mais je peine toujours à être ému alors que sur le papier, c'est taillé sur mesure pour moi.
Avant de me refaire
Contact, je me suis refait
Forrest Gump et c'était la première fois que je le revoyais depuis que je suis père. Là où je chialais déjà avant, maintenant c'était du
ugly cry de ouf. Mais ici, alors que c'est ça à fond, mes yeux restent secs.
Je l'avais dit à l'époque mais je trouve que le dénouement d'
Interstellar réussit exactement là où celle de
Contact échoue, dans la dimension intime au coeur du questionnement métaphysique. Chez Nolan, pourtant réputé pour être verbeux et intellectualisant, c'est plus incarné que chez Zemeckis, je trouve, où c'est un peu trop didactique pour m'émouvoir.
Je trouve toutefois touchant le parcours d'Ellie, qui cherche en fait juste la vérité et à savoir si elle est seule dans l'univers, soit effectivement la même quête que celle d'un déiste. Et le fait de représenter ça par la quête du père et de faire de son expérience spirituelle une rencontre avec le spectre de son père qui n'est autre qu'un avatar adopté par l'entité extra-terrestre, c'est 100% Zemeckis. Ça préfigure
Le Pôle Express dans lequel Tom Hanks joue le héros, le contrôleur du train, le père Noël, un vagabond que le héros est le seul à rencontrer sur le train et...une marionnette de Scrooge. Le thème du double est récurrent chez Zemeckis et dans ces deux films, l'auteur s'en sert comme manière d'illustrer que la foi est une projection. Ellie a-t-elle vraiment vécu ce qu'elle a vécu ou l'a-t-elle imaginé? Et l'enfant héros du
Pôle Express a-t-il vraiment voyagé jusqu'au Pôle Nord et rencontré tous ces personnages ou sont-ils nés de son imagination? Il en va de même pour Scrooge et les fantômes des différents Noëls dans
A Christmas Carol qui sont tous joués par Jim Carrey et donc potentiellement fantasmés.
Citation:
Je vais pas reparler du "message" simili-pro-Foi de la conclusion même si j'aime ce qu'essaie de dire le film en tissant le parallèle entre science et religion comme pour faire cohabiter les deux en paix sur un terrain d'entente. Disons que c'est un peu maladroit au final.
C'est exactement ça.
Film Freak a écrit:
deudtens a écrit:
Et je comprends pas ce que vous trouvez de foireux à propos du discours sur la foi : on a quand même le perso principal qui s'avoue 100% non-croyant dans un film ricain.
Oui mais justement, le film la "punit", lui fait la leçon, en la mettant dans une position où elle demande à ce que les autres la croient lorsqu'elle parle d'un phénomène extraordinaire sans présenter la moindre preuve. Ce film est un peu la réponse de la religion à la science sur la question "comment peut-on croire à un truc énorme qu'on peut pas prouver?" en faisant de la science l'arroseur arrosé.
Les gentils y voient un moyen de faire coïncider la science et la religion, moi j'y vois un retournement un peu malhonnête de la part des croyants.
Film Freak a écrit:
À la fin, elle n'a aucune preuve de ce qu'elle avance et elle demande aux gens de croire, se retrouvant donc à faire exactement ce qui l'a toujours gêné dans la foi. Globalement, le film prend une femme de science et joue à l'arroseur arrosé en se cachant derrière des allures de "c'est juste pour dire que ça peut être pareil la science et la religion, aimons-nous mes frères et soeurs". Je trouve ça un peu malhonnête.
Et il suffit de voir les fins de The Polar Express et Flight pour voir que ce propos revient fréquemment chez Zemeckis (bizarrement, ce sont deux autres de ses films que je trouve moyens).
La différence aujourd'hui, c'est que j'ai perçu plus de bienveillance dans le regard de Zemeckis sur son héroïne. L'aspect "arroseur arrosé" est une conséquence un peu malheureuse de son réel objectif : en faire une sorte de prophète. Il suffit de voir la scène juste après l'audition, quand elle sort et que la foule est rassemblée comme autant d'ouailles prêts à la croire, à la suivre.
Castorp et Jerónimo ont bien résumé la chose :
Castorp a écrit:
C'est pas du tout un film sur la foi en Dieu, c'est un film sur la foi en général. La capacité de croire absolument, sans que cela présuppose une quelconque idée de Dieu. Je trouve ça très beau.
Jerónimo a écrit:
Sur le perso de Foster, sa "foi" scientifique est quand même ce qui la pousse depuis le début: elle a la certitude, au vu de l'étendu de l'Univers, que d'autres formes de vie existent. (...) Au-delà de la religion, je trouve que le film touche à quelque chose de juste sur la spiritualité. Toute la quête de sens de Foster trouve des réponses grâce à sa démarche scientifique, son apaisement final est bien issu de ça (nous ne sommes pas seuls dans l'Univers), ca reste assez fort, tout en ne se limitant pas à une approche purement "scientiste". C'est son questionnement spirituel qu'elle a résolu. (...) Le film ne nie pas la spiritualité, au contraire, mais y voir du prosélytisme, je trouve ça dommage, c'est quand même plus subtil que ça (mais fragile aussi, c'est vrai).
Et j'avoue que j'étais un peu passé à côté de ça alors que ça m'a frappé cette fois-ci.
Citation:
Donc voilà, je reste encore et toujours sur mon sempiternel et déçu 3/6.
Désormais, je serais plus à 4,5/6. Si je chiale la prochaine fois, ce sera 5.
Les autres films de ma liste des "sempiternelles secondes chances" sont
Ali et
The Matrix Reloaded/Revolutions.
Il y a deux ans, j'ai revu
The Matrix Reloaded pour la 4ème fois, pour le montrer à Madame, et j'ai compris que c'était définitivement non. Lui, c'était même pire de vision en vision. Il est donc sorti de la liste et alors que je comptais enchaîner avec
The Matrix Revolutions, je ne l'ai jamais fait.
J'avais un poil plus apprécié
Ali en le voyant une 3ème fois (après 2 tentatives à sa sortie en 2001/2002) lors de la rétro Mann en 2009, passant de 3,5/6 à 4/6, et j'avais même redonné une chance au film en Director's Cut en 2013, sans grand succès. Je terminais mon message sur
"Anyway, c'était la dernière tentative, je pense." Je viens de chopper le Blu-ray du nouveau remontage (si si) sorti en 2016.
La foi...