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MessagePosté: 15 Juil 2022, 23:13 
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SPOILERS même si pas vraiment

Typiquement le genre de film que j'aurais pu adorer. Inspiré d'un essai d'une nana qui a passé un an aux côtés des flics de la PJ, le film suit une histoire fictive de meurtre mais clairement inspiré du réel.

Le tour de force c'est que dès le premier panneau on t'annonce globalement que le crime ne sera pas élucidé. Et pourtant tu te prends à y croire, à t'investir, à jusqu'au bout de dire que, oui, cette fois c'est la bonne. Hé ben non. En gros tu deviens comme les flics eux-mêmes, obsédés par ces questions sans réponses.

Au gré de cette enquête à dessein frustrante, on aperçoit les conditions de travail des flics, le tout dans une ambiance très neutre et quotidienne. Lumière simple, décors naturalistes, pas de plans drone à la con juste pour le style... On est dans du polar du réel. Bon, par moment on sent un peu trop le détail réaliste tiré du bouquin et placé de façon voyante (le mec qui se galère à la photocopieuse) mais dans l'ensemble c'est quand même sympa.

Cependant, je trouve que cette partie "chronique d'une brigade" ne se marie pas toujours bien avec une approche davantage psychologique et trouble, où la caméra de Moll s'attarde sur les atermoiements du flic campé par Bastien Bouillon. On a l'impression de deux films en un, ni tout à fait la chronique vériste, ni tout à fait le polar psy hanté.

Cette dichotomie se retrouve dans le jeu d'acteur: d'un côté des acteurs secondaires souvent hyper naturels, notamment un petit jeune qui en une scène ENTERRE tout le cast, et de l'autre un Bouillon qui est parfois à ça de réciter son texte, incarnation qui se croit smoldering mais qui est en réalité toute plate et française. Gênant. C'est bête car y a des moments plus incarnés, notamment les échanges avec Anouk Grimberg (très bien elle aussi d'ailleurs). Bref, on a l'impression d'un film vivant et naturel qui essaie d'exister malgré les coups d'anesthésiant que lui injecte Moll. Etrange.

Bon après y a plein de moments forts et une certaine limpidité éloquente dans la simplicité du crime et de l'enquête. Même si bon, film de 2022 oblige, on en passe forcément par les petits à-côtés éducatifs pour le spectateur à base de "Quoi, tu dis que c'est parce qu'elle couchait avec tout le monde qu'elle méritait de mourir ?!" et autre "Y a quelque chose qui cloche entre les hommes et les femmes". Mais bon franchement ça passe, y a quand même un tissu humain suffisamment épais pour amortir la lourdeur.

Bref, film séduisant par bien des aspects, que dans l'ensemble j'ai bien aimé, malgré des réserves notamment sur le ton.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 18 Juil 2022, 13:43 
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Właściwie to się z Toba zgadzam i myślę nad tym głęboko
Ten post w sieci z pewnością rozniesie się szeroko :-)

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MessagePosté: 18 Juil 2022, 13:46 
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MessagePosté: 20 Juil 2022, 21:22 
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Je suis globalement d'accord avec toi QGJ. Ca commence pourtant mal avec cet ouverture maladroite du vélo suivi d'un carton sur les meurtres non élucidés, et le meurtre totalement foiré. Mais comme tu le soulignes ça monte en puissance et je trouve que le film atteint un certain mood mélancolique qui reste en tête. Même si on est loin de la réussite de Le petit lieutenant, le film s'avère un fine séduisant dans sa description du réel.


Qui-Gon Jinn a écrit:
un petit jeune qui en une scène ENTERRE tout le cast, et de l'autre un Bouillon qui est parfois à ça de réciter son texte, incarnation qui se croit smoldering mais qui est en réalité toute plate et française. Gênant.

Alors là je suis en total désaccord avec toi, je trouve que Bouillon est juste la révélation du film (je ne connaissais pas avant perso). J'aime beaucoup son jeu quand il annonce la mort de la fille aux parents et petit à petit son personnage, triste on ne sait pour quelle raison, renfermé mais qui arrive à faire passer son désarroi intérieur et son amertume, tout en subtilité.

Par contre, je trouve le résultat sympa mais j'ai beaucoup du mal à comprendre l'emballement de la presse qui me fait halluciner. 4,5 sur 5 sur allocine, c'est quasi irréel C'est du bon Moll, mais quand je lis les comparaisons avec L627. C'était open-bar de coke à la projection presse?


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MessagePosté: 23 Juil 2022, 18:49 
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Team Abyssin, j'ai trouvé Bastien Bouillon vraiment très bon, et si la bande annonce m'avait faire craindre un Bouli Lanners show, j'ai été plutôt rassuré par le résultat final. Alors oui une nouvelle fois Moll ne peut pas se contenter de traiter que d'un seul sujet, on a à la fois le droit à un état des lieux du spleen dans la police, à une pure enquête qui ne mène au final nulle part (comme Liam j'ai bien aimé que l'on sache dès le départ que le crime restera impuni mais on ne peut tout de même s'empêcher d'espérer sa résolution) et à un sujet très tendance sur le statut de la femme/condition féminine (rien d'étonnant à ce que ça hérisse QGJ, mais j'ai trouvé que Moll en usait avec une juste parcimonie et sans que ça devienne jamais pesant), mais le film se disperse tout de même beaucoup moins que le précédent. Il y a aussi quelques afféteries de mise en scène superflues (la parabole autour du cyclisme mouais, les visages des différents suspects en surimpressions sur ceux de Bouillon), mais rien de rédhibitoire.

Par contre j'ai apprécié cette opposition des générations que Moll travaille en profondeur et sans jamais la caricaturer, les flics avec leur vision traditionaliste du couple d'un côté, une jeunesse plus libre de l'autre qui les désorientent, qu'ils ne comprennent pas, et qui est certainement la source du cul-de-sac dans lequel ils se sont retrouvés, à systématiquement vouloir voir dans cette immolation un crime motivé par la jalousie. Et puis sur ce qui touche à la psyché des policiers eux-mêmes, à leur dépression même, le film est vraiment dans le droit fil de The New Centurions. Avec des rôles hiérarchiques inversés Bouillon fait d'ailleurs beaucoup penser à Stacy Keach et Lanners à Georges C. Scott.


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MessagePosté: 24 Juil 2022, 20:38 
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Qui-Gon Jinn a écrit:
Le tour de force c'est que dès le premier panneau on t'annonce globalement que le crime ne sera pas élucidé. Et pourtant tu te prends à y croire, à t'investir, à jusqu'au bout de dire que, oui, cette fois c'est la bonne. Hé ben non. En gros tu deviens comme les flics eux-mêmes, obsédés par ces questions sans réponses.

Au gré de cette enquête à dessein frustrante, on aperçoit les conditions de travail des flics, le tout dans une ambiance très neutre et quotidienne. Lumière simple, décors naturalistes, pas de plans drone à la con juste pour le style... On est dans du polar du réel. Bon, par moment on sent un peu trop le détail réaliste tiré du bouquin et placé de façon voyante (le mec qui se galère à la photocopieuse) mais dans l'ensemble c'est quand même sympa.

Oui c'est un peu l'improbable croisement entre L.627 et Zodiac, basé sur des faits dont la noirceur n'a d'égal que la quotidienneté.

Citation:
Cette dichotomie se retrouve dans le jeu d'acteur: d'un côté des acteurs secondaires souvent hyper naturels, notamment un petit jeune qui en une scène ENTERRE tout le cast, et de l'autre un Bouillon qui est parfois à ça de réciter son texte, incarnation qui se croit smoldering mais qui est en réalité toute plate et française. Gênant.

Tu craques, il est génial. Certes, avec un jeu très affecté mais dont l'aspect robotique est tout à fait adéquat au perso et au propos.

Citation:
Bon après y a plein de moments forts et une certaine limpidité éloquente dans la simplicité du crime et de l'enquête. Même si bon, film de 2022 oblige, on en passe forcément par les petits à-côtés éducatifs pour le spectateur à base de "Quoi, tu dis que c'est parce qu'elle couchait avec tout le monde qu'elle méritait de mourir ?!" et autre "Y a quelque chose qui cloche entre les hommes et les femmes".

Mais ça n'a rien à voir avec 2022 et ce ne sont pas des "petits à-côtés", c'est tout le propos du film, cette misogynie systémique propre à la criminalité. Je suis d'accord toutefois sur le caractère trop didactique de certaines répliques.

Abyssin a écrit:
Je suis globalement d'accord avec toi QGJ. Ca commence pourtant mal avec cet ouverture maladroite du vélo suivi d'un carton sur les meurtres non élucidés, et le meurtre totalement foiré.

J'aime pas la musique sur le ralenti mais je le trouve réussi le meurtre. Parfaitement glaçant.

Citation:
Même si on est loin de la réussite de Le petit lieutenant

Je préfère celui-ci, beaucoup moins écrit et plus animé.

Citation:
Par contre, je trouve le résultat sympa mais j'ai beaucoup du mal à comprendre l'emballement de la presse qui me fait halluciner. 4,5 sur 5 sur allocine, c'est quasi irréel C'est du bon Moll, mais quand je lis les comparaisons avec L627. C'était open-bar de coke à la projection presse?

C'est pas du même niveau mais c'est un film-parent.

Lohmann a écrit:
Il y a aussi quelques afféteries de mise en scène superflues (la parabole autour du cyclisme mouais, les visages des différents suspects en surimpressions sur ceux de Bouillon), mais rien de rédhibitoire.

Moi j'ai bien aimé justement qu'il se permette de sortir de la captation naturaliste avec ces petites choses.
Par contre, je trouve l'épilogue en vélo hors piste justement hors sujet. Pourquoi ce subit élan optimiste?

Citation:
Par contre j'ai apprécié cette opposition des générations que Moll travaille en profondeur et sans jamais la caricaturer, les flics avec leur vision traditionaliste du couple d'un côté, une jeunesse plus libre de l'autre qui les désorientent, qu'ils ne comprennent pas, et qui est certainement la source du cul-de-sac dans lequel ils se sont retrouvés, à systématiquement vouloir voir dans cette immolation un crime motivé par la jalousie.

Très juste.

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MessagePosté: 24 Juil 2022, 22:51 
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Sur Le Petit Lieutenant je suis totalement d’accord avec toi, vu il y a un ou deux ans, j’ai trouvé ça totalement quelconque (Beauvois est de toute façon globalement bidon).


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MessagePosté: 27 Juil 2022, 15:11 
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Globalement j’ai bien aimé, le film est solide, bien interprété, et on s’ennuie pas une seconde.

Mais je trouve qu’il manque un peu de percussion sur le fond (contrairement à The new centurions justement), on ne sait pas trop quel est le point de vue au final : chronique sur le travail de la police au quotidien, avec sa lourdeur bureaucratique et son manque de moyens ? réflexion sur un conflit générationnel entre des flics figés dans leurs certitudes et une jeunesse éprise de liberté, notamment en matière de sexe (encore que seule la victime semble concernée par ça) ? charge contre la masculinité toxique ? portraits de flics hantés par des affaires traumatisantes et non résolues ?

Le film est un peu tout ça à la fois, ce qui, à mon sens, dilue le propos. C’est dommage.


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MessagePosté: 27 Juil 2022, 15:31 
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Lohmann a écrit:
Sur Le Petit Lieutenant je suis totalement d’accord avec toi, vu il y a un ou deux ans, j’ai trouvé ça totalement quelconque (Beauvois est de toute façon globalement bidon).
Il y a un Beauvois que tu aimes? C'est pas une critique, j'aime tes avis tranchés, mais vu qu'on peut dessiner plusieurs tendances chez Beauvois (les gardiennes & Des hommes et des dieux vs Le petit Lieutenant et Albatros), ça m'intéresse. Son dernier est d'ailleurs bien quand il s'ancre dans le cinéma du réel avec une description du gendarme en milieu rural, Jérémie Rénier aide beaucoup aussi, mais par contre il s'enfonce totalement dans sa dernière demi-heure où il veut aller dans la reconstruction psychologique et le trip voyage en bateau dont on a rien à foutre. Je ne suis pas un fan de Beauvois, il y a des trucs que j'aime pas chez lui et d'autres que je trouve assez percutantes pour tirer son épingle dans le cinéma français. Son côté métaphysique, limite caricature de la maturité, qu'on voit dans Des hommes et des dieux et Les gardiennes, me parle moins, mais dès que ça colle au réel, que c'est plus expansif ou que ça prenne au tripes, j'aime ce cinéaste. Par exemple, malgré ses défauts, j'aime bien N'oublie pas que tu vas mourir.


Dernière édition par Abyssin le 27 Juil 2022, 15:33, édité 1 fois.

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MessagePosté: 27 Juil 2022, 15:32 
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KillMunster a écrit:
contrairement à The new centurions justement

La comparaison est forcément un peu injuste, parce que Fleischer pousse le bouchon de la dépression beaucoup plus loin, La Nuit du 12 n'en est qu'une version assez light.


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MessagePosté: 27 Juil 2022, 15:36 
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Abyssin a écrit:
Lohmann a écrit:
Sur Le Petit Lieutenant je suis totalement d’accord avec toi, vu il y a un ou deux ans, j’ai trouvé ça totalement quelconque (Beauvois est de toute façon globalement bidon).
Il y a un Beauvois que tu aimes?

Abyssin a écrit:
Par exemple, malgré ses défauts, j'aime bien N'oublie pas que tu vas mourir.

Justement celui-là, pas exempt de lourdeurs (la fin :| ), mais qui est très représentatif de son époque et qui a d'indéniable qualités.


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MessagePosté: 01 Aoû 2022, 09:29 
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Qui-Gon Jinn a écrit:
Cette dichotomie se retrouve dans le jeu d'acteur: d'un côté des acteurs secondaires souvent hyper naturels, notamment un petit jeune qui en une scène ENTERRE tout le cast,


Je vois pas de quelle scène tu parles, celle où il dit qu'il va se marier ?

Sinon un peu comme tout le monde. C'est solide, c'est vraiment le polar sérieux, sombre (photo volontairement terne, presque trop), personnage principal de Bouillon (que j'ai trouvé très bien également) qui flirte avec la dépression dans son rôle, presque cliché, du flic solitaire sans famille, sans vie hors de son boulot (à part le vélo) et où l'enquête n'a d'intérêt que par ce qu'elle recèle sur la nature humaine et, ici en particulier, sur le rapport de l'homme à la femme. On est à la limite de la lourdeur dans le traitement du sujet, presque trop littéral que ce soit dans les dialogues ou même l'intrigue (Lanners qui pète les plombs face au mec qui tape sa copine, bof...). Mais j'aime bien les personnages, je trouve que la distance est bien trouvée, les flics ne sont pas des beaufs clichés et les mecs interrogés ne sont pas non plus des porcs sans âme.

Après il me manque un truc, au niveau du rythme peut-être, un peu trop égal qui fait que le film se finit là mais tu as l'impression qu'il aurait pu finir ailleurs, un manque d'émotion également. Mais c'est bien, j'aime bien les films de Moll, son dernier déjà était pas mal, du film de genre light qui a quelque chose à dire.

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MessagePosté: 01 Aoû 2022, 12:17 
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J'imagine qu'il parle plutôt de celui qui se marre.

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MessagePosté: 01 Aoû 2022, 12:35 
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L'ado au début ? Marrant, je l'ai pas spécialement remarqué.

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MessagePosté: 01 Aoû 2022, 12:52 
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C’est juste un p’tit con.


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