Jerzy Pericolosospore a écrit:
Visiblement, Charogne a à cœur de montrer que je suis un gros gauchiste obsessionnel, alors que je ne suis pas spécialement gauchiste. Simplement, j'aime la rigueur dans l'analyse.
Mais non, enfin. Je m'abstiens volontiers de spéculer sur ton hygiène politique. Et ton goût pour la rigueur rend ce dialogue particulièrement arthritique, si je puis me permettre, tu accordes beaucoup trop d'importance au sens des mots pour apprécier la conversation et les mouvements qu'elle peut dessiner. Mais c'est ton problème, j'imagine.
Jerzy Pericolosospore a écrit:
La conclusion de ton énoncé ne veut absolument rien dire: pourquoi "convergent" (par "nature"?)" et quel est ce "même point": l'indifférenciation? Mince alors, tout est boue indistincte à l'origine et redevient boue indistincte à l'arrivée. Sauf pour quelques "élus" providentiellement dotés, nous allons le voir plus loin, de facultés cognitives spécifiques.
Ça m'ennuie de devoir reformuler des choses simples, je n'ai pas ton talent pédagogique. La condition socio-économique d'une classe culturelle n'a pas de pertinence quand il s'agit d'identifier ce qui relève, au sein de cette classe, de la culture et de l'inculture, puisque les mécanismes qui font qu'elles s'excluent mutuellement sont les mêmes dans toutes les classes culturelles (quelle que soit leur condition socio-économique, donc). Pour faire encore plus simple, la culture est peut-être l'objet d'un rapport de force économique, mais en l'état, on s'en fout.
Jerzy Pericolosospore a écrit:
Je n'ai pas parlé de fracture irréconciliable entre les élus et les damnés de la culture.
Tu as posé que j'établissais la différence entre "inculte" et "cultivé", comme naturelle et spontané, ce qui n'est pas le cas.
Jerzy Pericolosospore a écrit:
Faudrait préciser: c'est une certaine universalité (donc douteuse) ou une universalité certaine?
Non mais enfin. Un peu de sérieux.
Et pour répondre à ta question, par "universel", j'entendais "observable dans tous les cas de figure envisagés", c'est à dire que ces formes sont les mêmes dans une MJC de province qu'au Flore. J'imagine que tu vas me demander de le prouver, auquel cas je me prépare d'avance à te rire au nez.
Jerzy Pericolosospore a écrit:
Houlà. Des antagonismes cognitifs, rien que ça… De quel ordre, s'il vous plaît? Donc, y a des antagonismes dans le cerveau, quoi. C'est une forme de biologisation ou de neuro-scientisme de la culture, en gros, ton truc.
Le rapport à l'art, à la morale, à la logique, et à certaines (?) entités complexes (on aimerait savoir lesquelles), dépendrait d'antagonismes qui se jouent sur le plan neuro-cognitif… On aimerait savoir quels sont ces antagonismes, donc, et surtout en quoi le "cognitif" serait une forme de bidule indépendant de toute réalité sociale, économique et culturelle.
Ben d'ordre "cognitif". Heu.
En parlant avec quelqu'un, tu arriveras peut-être à un stade de la conversation où elle se heurtera, suite à la mention d'une idée, à un blocage, lequel ne sera pas d'ordre intellectuel (ou sens où il résulterait d'une inculture ponctuelle) ou même affectif, mais proprement cognitif, lié à l'appréhension de l'idée elle-même. Il y a certaines idées qui ne pénètrent pas certains esprits, pas parce qu'ils sont y sont réfractaires (auquel cas ils en intégreraient tout de même la négation), mais parce qu'elles leur échappe, totalement. C'est souvent plus flagrant avec les concepts purement intellectuels (pour prendre un exemple très simple, l'incapacité des premiers chrétiens à accepter le double dans la nature du Christ ; tu me demandais de quelles "entités complexes" je parlais, Dieu en serait un exemple), mais ça s'applique aussi à l'esthétique.
En quoi le cognitif serait une forme de bidule indépendant de toute "réalité" sociale économique et culturelle ? Je pourrais te répondre, par exemple, qu'il pourrait être codé génétiquement, mais j'imagine que ça te ferait trop violemment péter le nazimètre pour éviter la crise d'apoplexie. Alors je vais me contenter de préciser que dans le sujet, on s'en fout.
Jerzy Pericolosospore a écrit:
De mieux en mieux, dis. Alors là, je dois dire, en effet, tu fais fort dans le genre non pas "daté", même pas "réactionnaire", mais authentiquement fasciste, aussi rigoureusement délirant que peut l'être une théorie fasciste, et je pèse bien mes mots. Car le fascisme, c'est d'abord et essentiellement une vision "biologisante", organique, du champ social.
Jerzy Pericolosospore a écrit:
Ce qui veut dire, en des termes moins maniérés et moins amphigouriques, que les hiérarchisations sociales (lesquelles sont arbitraires et l'enjeu d'une lutte sociale et politique pour les contester) renvoient bel et bien à une hiérarchie fondée en nature, qui plus est cognitivement.
Pas exactement "fondée" en nature, mais directement dérivée de catégories dont les archétypes se retrouvent au fil des générations. Qui font, par exemple, que les figures de l'imbécile et du génie dans les arts et les lettres sont à peu près les mêmes depuis 2500 ans. Aucune nécessité biologique là-dedans, je me garde bien d'essayer d'expliquer le processus lui-même.
Jerzy Pericolosospore a écrit:
puisqu'il n'y a pas de "nature" de la "culture", même au sens restreint d'artistique
NO SHIT. Note bien que c'est toi qui a parlé de nature, en premier lieu, en extrapolant sur mes propos, en m'accusant de vouloir donner une dimension naturelle aux distinctions culturelles que je posais. Moi, ce que je dis, c'est simplement que la sensibilité artistique, morale et logique d'un individu est indiscutablement représentative de cet individu, et que je ne considère ses déterminations sociales et économiques que si je m'intéresse à sa classe sociale et économique, et pas à lui en particulier. Or, quand je croise un gentleman ou un crétin, c'est à lui que j'ai affaire, et je ne le traite pas en ambassadeur de son habitus. Je m'en fous. Et, même si je ne nie pas que ça puisse intéresser les fantômes de Vincennes, dans le cadre de cette discussion, je m'en fous aussi.
Bon par contre, j'admets que le fait que tu contestes le caractère "naturel" de ces distinctions ne veut pas nécessairement dire que tu les tiens pour une dénaturation d'autre chose. J'ai pris un raccourci.
Jerzy Pericolosospore a écrit:
Et enfin, terminons par ce feu d'artifice (trop longtemps ajourné):
Tu m'excuseras de ne pas y répondre, étant donné que le lieu ne s'y prête plus tellement. J'ajoute quand même que tu t'efforces de plaquer une grille de lecture très idéologique (et très datée, très années 70, si tu permets) sur mes propos, et te fais lire des choses qui n'y sont pas. Répondre point par point à quelque chose que je n'ai pas dit me décroche d'avance la mâchoire, pardonne-moi.
Jerzy Pericolosospore a écrit:
Maintenant, dites-moi la vérité. "Charogne", c'est un gag, c'est ça? Une sorte de parodie de fascisme pseudo-intellectualiste, brillamment conçue, à partir d'un générateur de phrases aléatoires. Et un pseudo géré pas plusieurs personnes, pour rendre cinglés des gens comme moi. C'est ça? Un gros fake? je m'approche du secret de fabrication? Je veux savoir
C'est le futur, biatch.