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MessagePosté: 01 Fév 2012, 14:46 
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Ben, dans ma famille il y a que ça par ex. Le soir au moment de choisir un film ma grand-mère ne lit que les pitchs dans le programme TV, et regarde donc tout aussi bien un thriller récent qu'un vieux film français des années 50 en noir et blanc. Évidemment elle a connu les films noir et blanc au cinéma, donc bon, ces films ne lui paraissent pas aussi étranges qu'à un jeune spectateur.


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MessagePosté: 01 Fév 2012, 14:53 
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Marlo a écrit:
Pour moi il est important de ne pas mettre tout à plat, et il faut au contraire rester entier face à n'importe quel film. Tout le monde ne peut pas apprécier un film de John Ford (ou de Michael Bay ...), et tant mieux. Ça ne sert à rien de se forcer, il suffit d'attendre, ou de passer à autre chose pour y revenir ensuite. Si aujourd'hui j'apprécie John Ford, c'est parce que je trouve ça franchement cool. C'est beau, c'est bouleversant, c'est grand. Je n'aurais sûrement pas dit ça il y a 10 ans. Pourtant, ai-je délibérément changé ma façon de voir ses films ? Non. Je les vois comme je voyais "Pulp Fiction" il y a 10 ans.

Je suis tout à fait d'accord avec ça. Je trouvais déplorable au Lycée, autour de moi, les gens qui se forçaient à aimer un vieux film sans le kiffer réellement, et qui ont développé une cinéphilie "culturelle" et froide à partir de ce socle difforme. Tout vient à point tant qu'on reste curieux.

Pour la curiosité des non-cinéphiles, j'avais l'impression que certains films des années 70 (certains Coppola, Les dents de la mer, les Kubrick...) restaient populaires, mais peut-être que je côtoie que des gens un minimum intéressés par la question.


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MessagePosté: 01 Fév 2012, 14:55 
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Dernière édition par Jerzy Pericolosospore le 13 Juin 2014, 14:12, édité 1 fois.

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MessagePosté: 01 Fév 2012, 15:04 
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Il y a des tas de gens pour qui Bergman, Tarkovski et Antonioni sont une sainte trinité indépassable, et qui n'ont rien de cinéphile (et par là j'entends qu'ils regardent peu de films, s'intéressent peu au cinéma et le considèrent comme un art très subalterne). Ce sont juste des lettrés à qui on a appris où pisser.
Comme combo du même genre, y a aussi Coppola, Scorsese et Leone. Ça concerne les vrais incultes, pour le coup, convaincus d'être au-dessus de la masse parce qu'ils préfèrent Le Parrain à Transformers, sans être capables de regarder et juger correctement l'un ou l'autre.
Exactement comme ceux qui n'ont aucune affinité pour la littérature ne vont pas forcément lire 99 francs ou rien du tout, mais parfois aussi le Voyage au bout de la nuit et Crime et châtiment, parce que ça se fait, parce qu'on leur a appris à l'école que c'était mieux.


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MessagePosté: 01 Fév 2012, 15:06 
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Jerzy Pericolosospore a écrit:
Un truc que j'ai observé: on s'intéresse souvent à des trucs qui commencent avec notre propre naissance. Déjà chez le "cinéphile" de base. Moi, j'ai toujours bcp de mal aujourd'hui avec des films "anciens" (cad avant ma naissance). Il y a une curiosité autour de sa naissance, son enfance, un ensemble de sensations qu'on cherche à retrouver. Le "non-cinéphile" (toujours en faisant des généralités, bien sûr), s'intéressera très difficilement à des films antérieurs à sa naissance. C'est un fait, discutable, mais que j'ai pu observer chaque fois que j'ai causé cinéma avec quelqu'un pour qui le cinéma, c'est juste un divertissement parmi d'autres.

Ça marche aussi avec les jeux vidéo, d'ailleurs, ça...

Je ne sais pas. J'ai un amour immodéré, et sans doute pas assez objectif, pour le cinéma des années 90 (hollywoodien, animation japonaise) qui a été ma matrice. Ça reste un espèce d'idéal esthétique, qui fonctionne également comme une balise très précise pour ressentir les différences de forme avec les périodes qui l'entourent. Après, je ne sais pas si c'est aussi exclusif que ça... J'ai effectivement de vraies difficultés avec ce qui est vraiment loin de moi en profondeur, quand on en arrive à des conceptions complètement différentes dans la façon de représenter ou de narrer (le cinéma pré-1915, le cinéma centrafricain...), mais pour le reste c'est quand même très variable. Je suis par exemple généralement beaucoup plus à l'aise et "à la maison" devant un film US des années 40-50, que devant un film US des années 2000. Évidemment, je parle pas d'un truc naturel, mais de quelque chose qui a mis un long moment à s'installer, et qui changera probablement encore dans les années qui viennent...


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MessagePosté: 01 Fév 2012, 15:09 
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Charogne a écrit:
Comme combo du même genre, y a aussi Coppola, Scorsese et Leone. Ça concerne les vrais incultes, pour le coup, convaincus d'être au-dessus de la masse parce qu'ils préfèrent Le Parrain à Transformers, sans être capables de regarder et juger correctement l'un ou l'autre.

C'est terrible ça. Chez les jeunes de notre génération qui s'engagent dans le cinéma, tu peux quasiment faire un parcours par étapes d'entrée dans la cinéphilie.

NIVEAU 1 - Avatar, Burton, Tarantino, Miyazaki
NIVEAU 2 - Nouvel Hollywood, Leone, Argento, HK des années 90 et coréens, Almodovar, WKW, LVT
NIVEAU 3 - Shaw Brothers, genre des années 70, japonais jusqu'à Kurosawa, Nouvelles vagues, avant-gardes et expressionnisme allemand.

Et jusque là, l'impression qu'on peut hurler au génie des films sans avoir rien pigé au cinéma.

*C'était un message caricatural et réducteur*


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MessagePosté: 01 Fév 2012, 15:14 
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Bien ton parcours Tom !
Ca me rappelle un peu le mien, sauf qu'après le NIVEAU 3, j'ai basculé vers le NIVEAU 4 (Blockbusters et films de genre des années 80, 90, 2000). :lol:


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MessagePosté: 01 Fév 2012, 15:15 
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Dernière édition par Jerzy Pericolosospore le 13 Juin 2014, 14:12, édité 1 fois.

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MessagePosté: 01 Fév 2012, 15:33 
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Jerzy Pericolosospore a écrit:
Même pour frimer, ils seraient alors déjà dans un certain rapport à la "cinéphile". Et c'est considérer le problème uniquement depuis un milieu social particulier: celui où on dispose d'un capital symbolique, ou culturel, un ensemble de valeurs culturelles par lesquelles on se "distingue" de ceux qui n'y aurait pas accès. [...] Ce qu'on nomme "culture" ou son contraire "inculture" ne sont pas des propriétés des sujets, mais un ensemble de données, d'informations auxquelles ils ont accès, par leur environnement social, relationnel, scolaire.


Disons que dans un cas où dans l'autre, ils se contentent d'intégrer sans recul un capital culturel propre à leur classe, mais c'est justement par opposition à ça que j'ai tendance à définir la cinéphilie : un cinéphile est quelqu'un qui apprécie et prend un plaisir sincère au cinéma, indépendamment de ce qu'il représente socialement pour lui. Le mec lettré va immédiatement intégrer et considérer ce qui lui apparaît superficiellement comme un cinéma "intellectuel", un autre sans éducation particulière mais conscient d'une certaine hiérarchie des produits culturels va rechercher un compromis entre la simplicité de ses goûts et la reconnaissance académique, et l'inculte total va immédiatement aller vers l'identique, ce qui lui est directement adressé en tant que secteur de marché. Aussi différentes que soient les couches culturelles auxquelles ils appartiennent, ils ont tous exactement le même rapport impersonnel au cinéma, et j'ai du coup du mal à en considérer un comme plus cinéphile que l'autre. J'ai tendance à croire que le cinéphile dépasse ça, au moins partiellement, qu'il nourrit une attirance irrationnelle pour le cinéma en tant qu'objet.


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MessagePosté: 01 Fév 2012, 15:59 
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Schtroumpf sodomite
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David Swinton a écrit:
Oui bon peut-être. Mais on comprend ou je veux en venir. Prend ma phrase et remplace mes mauvais choix de films par d'autres.

je pourrais dire qu'un film comme Nosferatu de Murnau peut apparaître "daté, et que ça prend une dose d'indulgence pour se lancer dans un visionnement de cette première version. Pour moi, je crois qu'il faut cette même dose d'indulgence pour apprécier une première oeuvre.


C'est pas tant de l'indulgence que l'adaptation qu'exigent tout genre, toute époque, tout pays etc... Si un film muet est nul, daté ou pas, je le trouverai nul comme je trouverai nul n'importe quel autre film nul. L'indulgence vis-à-vis d'une première oeuvre, c'est très différent, c'est faire l'impasse sur des défauts caractéristiques d'un premier film mais ça veut pas dire qu'il faut être indulgent juste parce que c'est un premier film.

_________________
N'écoutez pas Film Freak


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MessagePosté: 01 Fév 2012, 16:31 
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Dernière édition par Jerzy Pericolosospore le 13 Juin 2014, 14:12, édité 5 fois.

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MessagePosté: 01 Fév 2012, 16:56 
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Garçon-veau
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Inscription: 08 Juil 2005, 15:48
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Localisation: FrontierLand
lol à tout ça !

(j'ai pas lu hein, j'ai juste vu la taille du paragraphe)

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MessagePosté: 01 Fév 2012, 16:59 
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Dernière édition par Jerzy Pericolosospore le 13 Juin 2014, 14:11, édité 1 fois.

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MessagePosté: 01 Fév 2012, 17:11 
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Hé Jerzy, quand est-ce que tu vas copier/coller le lien de ce topic de fachos sur le forum des Spectres du Cinéma ? Tes amis doivent s'impatienter ! Tu me déçois, tu étais plus réactif avant ! :wink:


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MessagePosté: 01 Fév 2012, 17:28 
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Inscription: 09 Fév 2010, 20:38
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Jerzy Pericolosospore a écrit:
Donc, dans tous les cas de figure, les gens ne sont jamais "par nature" ou "spontanément" égaux devant la consommation des objets culturels ou symbolique. Ce "même rapport impersonnel" au cinéma, ou autre, qui serait partagé par toutes les couches "culturelles" (elles sont socio-économiques avant d'être "culturelles", les couches), est au mieux une pure vue abstraite de l'esprit, une idéalisation de la culture, mais plus concrètement l'expression typique de ceux qui, dans le champ social, sont des privilégiés, des nantis (fût-ce d'un capital symbolique uniquement): c'est leur position même de culturellement nantis qui leur font poser l'universalité spontanée, non dépendante des conditions concrètes de l'accès aux objets.


Ce n'est pas une vue de l'esprit, c'est un fait, l'indifférence fondamentale à l'art survient dans toutes les couches de la société (au demeurant le fait que leur condition culturelle soit ou non déterminée par l'aspect socio-économique n'est pas pertinent, puisque ces couches convergent vers le même point). Ça ne signifie pas qu'il y a une fracture irréconciliable entre les élus, disposés à l'absolu par une évidence totale, et les autres, les damnés de la culture. Considérer qu'il y a une certaine universalité des formes de la culture comme de l'inculture ne pose la nature même de cette différenciation, encore moins qu'elle est évidente et spontanée. J'ai toutefois tendance à penser qu'il existe des antagonismes cognitifs, indépendants ou non de la sédimentation socio-culturelle, qui déterminent le rapport à l'art, à la morale, à la logique, et à certaines entités complexes. Qu'il n'y a pas seulement, entre l'homme cultivé et son envers, une simple dissymétrie dans l'appropriation de codes socio-culturels, mais une incapacité foncière, chez le dernier, à toute représentation morale. Je reconnais que ce présupposé appartient à une métaphysique un peu datée (mais quand même moins daté que le terme "réactionnaire" que tu emploies).
Ce qui m'échappe un peu c'est ta propension à voir dans chaque rapport de force, dans chaque violence, dans chaque ligne de fracture entre les êtres, quelque chose d'intrinsèquement nocif, dangereux, voire contrefait. Quand tu reproches aux "culturellement nantis" de poser une échelle de valeur culturelle sans considérer les "conditions concrètes de l'accès aux objets", tu supposes, en quelque sorte, que ces conditions concrètes fausseraient la donne, que la façon même dont les phénomènes culturels se mêlent au monde et se teintent de son conflit permanent, les déforme, les dénature, et qu'il faudrait essayer de voir au travers d'eux-mêmes, ou du moins de la façon dont ils se manifestent à nous, pour réellement les appréhender. Si ça n'est pas une idéalisation de la culture, j'ai dû rater quelque chose (ce que je n'exclus pas, note bien).


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