Forum de FilmDeCulte

Une veuve mono-parentale hérite de la garde de son fils, un adolescent TDAH impulsif et violent. Au coeur de leurs emportements et difficultés, ils tentent de joindre les deux bouts, notamment grâce à l’aide inattendue de l’énigmatique voisine d’en face, Kyla.


L'évolution de Dolan vers un accouchement et un accomplissement de son propre cinéma n'en finit plus d'être sur-le-point-d'advenir, et si ce film-ci commence à atteindre une ampleur remarquable, ce ne sera donc pas encore pour cette fois. Il y a toujours une ambiguïté face à l'ostentatoire outré (façon parc d'attraction) de la mise en scène Dolan : on pouvait croire un temps que sa jeunesse ne se résumait qu'à un maniérisme survolté de surface, encore trop peu conscient de sa stérilité pour déprimer et s'épuiser, et qu'il finirait par s'effondrer sur lui-même. Or non, la fraicheur de son cinéma est véritable, et son talent plus mystérieux. Il y a ici un appétit qui fait défaut à beaucoup de ses contemporains : un besoin sincère et ogresque de romanesque, une façon à chaque plan de repartir à l'attaque de l'espace, de le conquérir dans toute sa profondeur et ses couleurs... De ses débuts choatiques, Dolan a retenu le meilleur : moins barioleur qu'hypersensible, moins pop que vitaliste. Un cinéma qui bande, amoureux de ses persos, qui semble s'émerveiller à chaque plan de pouvoir filmer, ce n'est pas rien.

Cette envie de surpuissance narrative, malheureusement, continue de côtoyer une artificialité parasite saccageant le travail effectué, série de béquilles dont le film pourrait pourtant très bien se passer. Combien de fois, sous l'excuse du film pop, le film se réfugie-t-il dans la facilité ou le kitch, voir le conventionnel ? Il faut voir par exemple la scène "montage" énumérant les progrès du trio à travers les cours du gamin et les ménages de la mère... Ce n'est pas tant le chromo qui guette (l'omniprésence de ralentis avaient de quoi faire peur, pourtant) que l'aléatoire, cette façon dont les pics d'émotion autoritaires semblent parfois nous désigner le moment où chialer, plutôt que d'en avoir solidement structuré l'avènement.

Il faut voir le film, néanmoins. À part une ouverture un peu fade, toute la première partie (jusqu'à la lettre) est une montée en puissance assez impressionnante (dans l'écriture, dans l'imprévisibilité et l'inspiration des situations). La suite est beaucoup plus inégale, alternant entre des sommets soudains d'inspiration (certains plans, par flashs, je me croyais revenu dans Paranoïd Park) et une grande soupe maussade de raccourcis, de niaiserie, de kitsch. Reste alors pour se raccrocher au film l'excellente Suzanne Clément (alors qu'elle m'avait peu marqué dans Laurence Anyways), dans un très beau personnage que Dolan, signe de maturité, a le bon goût de laisser inachevé, inexpliqué. Dans le fouillis de ses défauts qui persistent (notamment cette tendance toujours aussi déplorable aux idées pif gadget - faudrait qu'on lui fasse un pétition), ce beau personnage secondaire est le petit coup de pouce qui donne envie d'attendre et d'aller voir le prochain Dolan, dans l'espoir de voir enfin ce cinéma prometteur sauter son fichu pallier. Une fois de plus...

Qu'entends-tu par idées pif gadget?

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"marre du retour infini de ce topic"

Très d'accord. Effet vraiment cul-cul. Mais c'est peut-être la seule chose que je reproche au film mis à part sa bande-annonce insupportable qui laissait entrevoir un film pop à l'humour frôlant quasiment le Pixar (entre autre, ce sac d'épicerie qui se déchire suivi de cette longue pose du personnage qui attends notre rire). Mais dans le film, ces moments sont montés d'une façon tellement brillante et sensible. Ce n'est jamais racoleur.

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"marre du retour infini de ce topic"

La bande-annonce n'est pas un élément du film.

Je rentre chez moi, je me dis que je vais chroniquer Mommy. Et là je vois la critique de Tom, qui exprime mot pout mot ce que j'ai aimé et pas aimé dans le film. C'est en effet vraiment impressionnant par moments, d'une ampleur rare dans un film contemporain, mais c'est aussi bourré de mauvaises idées (le changement de ratio, par exemple), de longueurs, et c'est très inégal.
Mais Dolan peut aller très loin, c'est incontestable.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

J'avais vraiment envie d'aimer, je lisais partout "ouragan émotionnel" et "film à fleur de peau" mais au final le film ne m'a pas beaucoup ému et finalement assez peu intéressé.

SPOILERS INSIDE

Je n'aime pas du tout cette histoire de loi fictive imposée comme ça par des cartons un peu absurdes au début du film et qui n'est finalement qu'un vulgaire outil narratif pour Dolan pour pouvoir nous imposer cette fin volontairement dramatique et "terrible", qui pour moi n'a aucun sens dans la logique du film. Le personnage de Steve est de plus en plus calme, étudie, est sur une pente positive et soudain sa mère décide de le faire interner. La seule explication serait à la limite que ça efface cette histoire de mise en demeure et de demande d'indemnité mais on n'en saura rien. De plus j'ai détesté cette image du jeune dans la camisole de force. Par la manière dont c'est mis en scène (recadrage progressif) et une fois de plus dans l'absurde total de ce que ça représente (il n'est pas dangereux, il est certes agité mais on ne met pas les gens dans des camisoles comme ça). Bref tout ça me paraît très grossier, très puéril et il y a là une forme de chantage à l'émotion qui me dérange beaucoup (comme ce moment où bien sûr les infirmiers le frappent et que la mère bien sûr tente de le défendre). Je vois beaucoup trop les intentions à travers tout ça, j'ai le sentiment de quelque chose de très programmatique. C'est comme cette scène dans le bar karaoké. Tu connais d'avance l'issue de la scène (Steve raillé, dont la colère monte peu à peu) mais Dolan fait durer la scène au delà du raisonnable semblant se complaire dans des effets finalement très faciles. Ça arrive d'ailleurs très souvent que les scènes durent trop, dépassent l'idée pour imposer au marteau piqueur l'idée qu'elles veulent imposer comme cette scène de rire entre Keyla et Die qui dure trois fois trop longtemps (avec ce plan horrible - très américain - de l'extérieur de la maison où on les voit rire à l'intérieur).

Il reste bien évidemment des scènes très fortes, objectivement réussies comme tous les moments musicaux magnifiquement réalisés et surtout d'une efficacité redoutable. Même la scène du montage fantasme dont je n'aime pas l'idée (très conventionnelle) contient une force émotionnelle assez incroyable que ce soit dans l'association montage/musique ou dans l'espèce de rêve basique et harlequin que ça représente pour la mère. Les scènes de skate sont très belles aussi, très aériennes, il se passe vraiment quelque chose à ces moments là.
Le personnage de la voisine qui parvient à garder sa part de mystère est finalement peut-être le personnage le plus émouvant du film. Je trouve d'ailleurs la dernière scène avec la mère (la scène d'au revoir) totalement ratée, avec de mauvais dialogues, et Dorval qui en fait des tonnes dans le côté faux enthousiasme. C'était sans doute une scène clé et c'est dommage de finir sur une note aussi mitigée.

Puis le film manque d'aspérité, je le trouve presque trop sage, trop propre. On ne sent jamais vraiment la dangerosité du jeune (cette histoire d'incendie au début est trop éloigné, en arrière plan pour que ça fasse partie intégrante du personnage), il y a des pistes évoquées laissée totalement en suspens (l'inceste évident, l'impression que Steve est amoureux de sa mère) et une construction trop lisse, conventionnelle.
Tout le monde voit très grand pour Dolan, évoquant la possibilité que ce soit un futur grand. Paradoxalement ce film (et son précédent) me fait plutôt penser le contraire. J'imagine bien Dolan aller de plus en plus vers un cinéma un peu indé mais académique, perdant peu à peu de sa personnalité. Je le vois bien gagner un Oscar d'ici quelques années (je dis pas ça comme un compliment). Bref il a un talent fou c'est certain mais je préfèrais l'aspect pop des Amours Imaginaires ou le mélodrame de Laurence Anyways.

Bref je suis assez déçu, je pensais vraiment aimer mais ça n'a que trop peu fonctionné sur moi, j'ai l'impression sans cesse d'y voir les coutures.

3/6

Comment avez-vous compris la toute fin ? Ma copine

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CroqAnimement votre

Art Core

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CroqAnimement votre

En fait ça mélange les deux je pense :



Sinon y a pas mal de scènes, d'idées ou d'images que tu cites qui m'ont bien plu, personnellement. Le problème vient effectivement plutôt (et là on se rejoint) de la manière dont c'est (ou plutôt dont ce n'est pas) emmené, pas mérité. Comme toi....

Merci pour vos réponses. Effectivement j'avais raté un truc.

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CroqAnimement votre

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

C'est surement pas un hasard mais à mon avis il y'a un bien double sens dans la mesure où "Die" est également le surnom de la mère.

Étant donné que Xavier Dolan monte lui-même ses bandes-annonces, un peu.

J'ai failli ne pas aller voir le film tellement la bande-annonce était racoleuse. Je me suis dit que si Dolan avait cette approche pour la bande-annonce, il risquait de la garder pour le film. Je me suis trompé. Dolan a bel et bien fait un film volontairement pop (avec du Céline Dion à fond la caisse), mais il le fait bien sans jamais racoler (il risquait tout de même de décevoir les fans de ses premiers films en remplaçant Moderat et Fever Ray par Céline. Mais il arrive à légitimer le choix haut la main). La musique des Dolan n'est jamais ornemental, elle approfondi les personnages. Idem pour la majorité des choix artistiques un peu pop qu'il fait.

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"marre du retour infini de ce topic"

Bof. Tu regarderas la bande-annonce avant de voir le film en dvd ?