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MessagePosté: 20 Mai 2009, 11:08 
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Robot in Disguise
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Inscription: 13 Juil 2005, 09:00
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Bon alors ce fameux UN PROPHETE... bon tout le monde l'a déjà dit c'est vraiment super fort comme film.

La première heure pour moi relève quasiment du sans-faute, avec une plongée super cash dans l'univers carcéral, montré par petites touches, petites scènes, vachement tendu, et avec une vraie liberté et une vraie classe au niveau du filmage.

Audiard colle à ses acteurs, à leurs respirations, aux détails qu'ils dégagent et c'est super bon.

Tahar Rahim déchire, il envoie un truc de fou, et Niels Arestrup parvient à bien faire peur même si je craignais un peu sa présence au début (acteur connu au milieu des anonymes).

Plus tard, le film se fait par moments limite fantastique, et ça c'est très fort parce que c'est inattendu. J'ai plus de problèmes sur la deuxième partie où le rythme devient étrange et où perd de la force purement physique du film pour rentrer dans un truc plus scénarisé, mais bon.

Ca reste globlament une pure merveille, un film qui remplit un vide en France, en plus d'être un bon vieux film de genre et tout... Total respect pour le coup.

_________________
Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 25 Mai 2009, 11:21 
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Matou miteux
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Inscription: 05 Juil 2005, 13:48
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Un peu déçu, pas par le film mais je me suis juste rendu compte au bout d'une heure que l'univers, les thèmes, ne m'intéressaient pas, ce côté univers viril de prison à mafieuseries... c'est brillant d'un bout à l'autre, qu'il s'agisse de la mise en scène, de l'écriture, du cast, big up à tout le monde. Après, ça m'a pas plus parlé que ça mais c'est moi.

*l'avis en carton*

4/6

_________________
Doll, it's a heartbreaking affair


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MessagePosté: 02 Juin 2009, 10:18 
Les Corses sont fachés :
http://cinema.fluctuat.net/blog/38157-u ... diard.html

Les commentaires de lola sont stupides.


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MessagePosté: 23 Juin 2009, 22:59 
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Inscription: 25 Nov 2005, 00:46
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Pfiooooo. Enfin vu.

Après mes inénarrables aventures de ratages des projections cannoises, j'ai enfin découvert le film ce soir, appréhendant la vision avec la double pression de la réputation du film et ma potentielle partialité due à un certain facteur et je peux dire que je suis soulagé.

Je vais rien dire de neuf par rapport aux autres : le film est excellent.

A tous les niveaux, une grande réussite.
Je crois que j'ai pas vu un film français aussi intégralement bien joué depuis des lustres. Ils sont tous bons ici.
Rahim est évidemment une belle révélation. Arestrup est énorme. Bencherif est super.
C'est super juste, super naturel dans le jeu, les dialogues, le phrasé, etc. J'étais étonné de ne voir aucun des oripeaux du jeu "à la française" qui sonnent souvent faux à mes oreilles.

Au niveau de la mise en scène aussi, ça paraît froid mais ça se fait néanmoins super impliquant.
Les iris qui recentrent l'attention sur un détail, les séquences oniriques qui te transportent dans un autre monde, les cartons qui te prennent par la main, les ralentis de l'emphase.
La scène dans la voiture, vers la fin, est absolument géniale (le sourire, le mec est dans son film, il vit le perso qu'il se crée, invulnérable...extraordinaire). Je m'attendais pas à ça de la part d'Audiard, pendant un moment je me suis cru chez Siri. Il y avait quelque chose dans ses deux précédents qui me laissait un peu en dehors, là j'ai été davantage séduit, comme pour Un héros très discret (même genre de parcours de protagoniste qui se construit un personnage, etc.).

Et puis surtout au niveau de l'écriture, je trouve ça super dense et subtil.
Y a comme une influence de l'écriture télévisuelle, tu sens que ça aurait pu être une (mini-)série, avec son chapitrage, son récit épisodique, la progression de l'intrigue, du perso...j'ai pensé au meilleur d'HBO, Oz of course (pour l'univers) et même The Wire (pour les personnages subtilement cerné).
J'ai eu peur au tout début que le film paraisse redondant avec les codes du genre de film de prison (l'arrivée, les douches, les passes, les agressions, etc.) mais ça n'a duré que quelques minutes. Très vite, le film se crée sa propre identité.

Dans les détails déjà. Le petit billet de 50. L'entraînement avec la lame de rasoir. L'apprentissage de la langue. Etc.
J'aime l'importance que le film donne à l'intelligence, au savoir, nécessaires pour accéder au pouvoir. Jusque dans l'opportunisme avec lequel le héros va se servir de sa communauté (j'aurai été curieux de voir la version initiale du scénario, où l'Islam avait apparemment plus d'importance dans l'histoire...bon c'est ptet parce que j'aime casser du religieux, surtout en ce moment).

J'adore sa manière de se poser comme un Le Parrain alternatif.
En lieu et place d'un Michael Corleone voulant se démarquer de la mafia mais écrasé et emporté par le poids des traditions familiales malgré la bienveillance de son père, on a un Malik El-Djebena désireux, opportuniste, et asservi par une figure paternelle qui est de bout en bout un gros enculé.
Nombre d'étapes dans le parcours de Malik font écho à celui de Corleone, jusqu'au magnifique dernier plan.
On a ici comme un penchant réaliste et non-romancé du film de Coppola.
Tout comme Corleone ne "naissait" à nos yeux que lors de son retour, Malik ne "naît" qu'à son entrée en taule. On ne saura rien de son passé. On devine à peine la raison de son incarcération. Il entame son parcours par survie là où Corleone l'entamait par vengeance.
Les motivations changent, la finalité est la même. A ce niveau-là, la relecture est super intéressante (et quand on sait que le film avait initialement été pensé comme le premier d'une trilogie, on imagine ce qui reste à venir).

Derrière sa mise en scène et sa photo "naturalistes", Un Prophète (magnifique titre...qui en dit tant, le mec à la fois important et soumis, la manière dont il "récite" ce qu'il lui est transmis, etc.) reste un pur film de genre. Et réussit à avoir un propos sans tomber dans le sociologique.
C'est bonnard.

Un bon 5/6.

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MessagePosté: 29 Aoû 2009, 12:54 
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J'avais déjà trouvé "De battre mon coeur s'est arrété" un peu redondant, mais là ça me déçoit carrément. Audiard avait une vraie grâce, et pour développer une histoire, et dans ses recherches de mise en scène. Maintenant j'ai l'impression qu'il a bien rôdé son système et que ça tourne pas mal à vide, le côté rentre dedans prends le pas en plus: au niveau forme c'est de la caméra au corps devenu assez systématique, comme l'emploi de figures comme les iris, puis des tentatives d'envolées poétiques et sensualiste qui pour le coup deviennent vraiment surfaites voir cliché
la séance de flinguage dans la voiture avec l'énième assourdissement, ou la mort du pote cancéreux regardant son ultime rayon de lumière...
. Après on a à la fois un gros film de mafieux mille fois vu mais efficace, compilé avec une espèce de démonstration continuellement sur des rails: il est entré petit gars banal dans le système pénitentiaire, il en ressort en gros caîd hyper intelligent. Et puis voilà.
Bon l'acteur principal est génial.


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MessagePosté: 29 Aoû 2009, 19:00 
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Film Freak a écrit:

Un bon 5/6.


Ta critique est assez dithyrambique et tu ne relèves aucun "défauts", tu n'émets pas réellement de réserves. Pourquoi donc "seulement" 5/6 ? Je n'ai pas vu le film, hein, c'est juste par curiosité...


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MessagePosté: 29 Aoû 2009, 23:39 
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Inscription: 25 Nov 2005, 00:46
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Localisation: Fortress of Précarité
Bah y a pas d'explication "mathématique" en gros y a rien à reprocher mais c'est juste pas 6/6.

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MessagePosté: 30 Aoû 2009, 00:03 
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Inscription: 24 Nov 2007, 21:02
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Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Un peu deçu. Je m'attendais pas à ça en fait, je pensais voir un film ultra réaliste sur la prison et la cité, un espèce de condensé sociologique avec un vrai point de vue de cinéaste et je ma retrouve devant un film de mafia/prison a la construction hyper classique et aux artifices scénaristiques un peu trop evidents. C'est extrêmement réussi de ce côté là notamment grâce aux acteurs tous absolument imperiaux (on leur doit mes momets préférés, comme l'anecdote du chien dans le supermarché, pur moment de grâce avec une lumière de fou) mais il m'a manqué un truc. Je n'ai pas aimé la manière un peu discordantes avec laquelle Audiard semble vouloir s'échapper du récit balisé avec de petites touches un peu détonantes et "autres" (le trip avec les biches, l'aspect fantastique) sans jamais parvenir à le faire interagir avec la colonne vertébrale du film alors que dans se films précèdents il avait atteint cette singularité là et c'est ce qui en faisait la force. On le sent là presque gêné par un scénario trop carré et typé "genre" dont il tente un peu maladroitement de s'extraire. Ça reste un très bon film mais ce desequilibre là m'a un peu gêné. Énorme sequence dans la voiture vers la fin. Une séquence d'action totalement inattendue et maîtrisée furieusement tétanisante.

4/6

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CroqAnimement votre


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MessagePosté: 30 Aoû 2009, 08:46 
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Inscription: 25 Oct 2008, 13:04
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Film Freak a écrit:
Bah y a pas d'explication "mathématique" en gros y a rien à reprocher mais c'est juste pas 6/6.


OK, thx. C'était au cas il y aurait un truc particulier.


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MessagePosté: 30 Aoû 2009, 20:48 
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Vaut mieux l'avoir en journal
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Inscription: 04 Juil 2005, 15:21
Messages: 22989
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Assez impressionnant. Je suis au début un peu déconcerté par cette succession de scénètes, parfois un peu trop rapidement enchaînées (comme c'est souvent le cas chez Audiard), mais ça reste très intelligent, très fort, très brutal et surtout très bien joué. Il y a des moments qui touchent au sublime (toutes les scènes où Malik parle avec le fantôme, ou encore celle où il dort avec), quelques détails que j'aime moins (son pote qui vit son dernier jour avant de succomber du cancer), mais globalement je trouve ça vraiment bon. Ce mec est décidément doué (il est discret, du coup on ne pense pas forcément à lui quand on cite les meilleurs en France, mais il a enchaîné un sans faute depuis ses débuts), et j'adore tous ses films. Il a une façon de s'inscrire dans un genre et de le remuer de l'intérieur, sans fioriture, sans frime, sans figure de style lourdes. Mon préféré reste le précédent, De battre mon coeur s'est arrêté, mais celui ci viendrait tout de suite après.

5/6 et de grandes chances d'être dans le top 5 de fin d'année.

_________________
Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)


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MessagePosté: 30 Aoû 2009, 22:22 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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Inscription: 28 Juil 2005, 10:08
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Localisation: 26, Rue du Labrador, Bruxelles
Bon, vite fait parce qu'il est tard...

Comme un idiot j'espérais et j'attendais le premier 6/6 de l'année, mais ce sera un gros 5, du coup je ne peux nier la légère déception - tout relative d'ailleurs, car c'est un putain de film.
Pour la mise en scène je ne suis pas plus impressionné qu'avant, c'est du beau travail et voilà. Ici elle s'adapte fort bien aux espaces et aux tensions du milieu carcéral. J'approuve. Mais ce que j'ai adoré, surtout, c'est cette évolution chez le personnage principal, magnifique. Toutes les intrigues de magouilles et règlement mafieux sont secondaires et se cachent derrière cette lente évolution, ce lent apprentissage... L'interprétation de Tahar Rahim est en ce sens prodigieuse de subtilité et de retenue. Arestrup a un rôle prévisible mais je reste fascine par sa présence, son charisme, sa voix. Il assure bien.
Et donc c'est vraiment fort, il y a beaucoup de scènes mémorables, pétrifiantes... Des moments vraiment superbes. Les dialogues sont précieux. La zik de Desplat a rien d'extraordinaire mais passe très bien, et la durée du film est très bienvenue.
Le dernier quart d'heure est tenduuuuu de chez tendu.

Voilà, personnellement (et actuellement) c'est peut-être un film moins attachant et moins émouvant que Sur mes lèvres ou De battre..., mais voilà, c'est vraiment la grande classe. Audiard enchaîne tranquille les films solides et je crois encore au futur chef-d'oeuvre qui mettra tout le monde d'accord.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


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MessagePosté: 07 Sep 2009, 23:28 
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Un film finalement "trop" écrit et finalement un peu trop verrouillé pour vraiment me plaire : je m'y attendais donc pas de déception particulière.
Je n'ai ressenti aucun ennui, certaines scènes sont vraiment puissantes, c'est dans l'ensemble assez brillant, mais impossible de m'attacher au destin de Malick, pourtant incarné avec conviction par un très bon Tahar Rahim, qui je l'espère aura une bonne carrière. Arestrup est quand à lui souvent sur la ligne jaune, parfois aux frontières du ridicule mais sans jamais sombrer dedans. Dans l'ensemble je trouve qu'il fait preuve d'une présence remarquable.

J'aime bien tout le début, cette plongée ultra-réaliste dans cette prison française, cette description froide de ce microcosme particulier, et ce jusqu'au premier meurtre, glaçant. Il y a dans toute cette première partie une vrai paranoïa qui s'installe et j'étais pour ainsi dire tétanisé. Et puis, comme souvent avec les films de Jacques Audiard, après un début prometteur je finis par lâcher le film. Je n'ai tout simplement plus compris ses choix par la suite. Je n'aime pas la direction que prend le film, je n'aime pas ces passages oniriques qui me sortent de l'histoire, je n'aime pas cette utilisation de la musique. J'ai toujours l'impression qu'Audiard veut trop en raconter. Il charge un peu trop la mule, elle s'épuise, et nous avec.

Je reconnais un grand nombre de qualités au film mais en l'état j'aurais du mal à dire autre chose que "c'est du très bel ouvrage", malheureusement. Je regrette le temps où j'aimais tous les films avec des flingues et des mafieux.

4/6


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MessagePosté: 09 Sep 2009, 13:06 
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Inscription: 11 Juil 2005, 11:52
Messages: 5388
Localisation: in Baltimore with Mcnulty
Film Freak a écrit:
.....
Je vais rien dire de neuf par rapport aux autres : le film est excellent.
A tous les niveaux, une grande réussite.
Je crois que j'ai pas vu un film français aussi intégralement bien joué depuis des lustres. Ils sont tous bons ici.
Rahim est évidemment une belle révélation. Arestrup est énorme. Bencherif est super.
C'est super juste, super naturel dans le jeu, les dialogues, le phrasé, etc. J'étais étonné de ne voir aucun des oripeaux du jeu "à la française" qui sonnent souvent faux à mes oreilles.
Au niveau de la mise en scène aussi, ça paraît froid mais ça se fait néanmoins super impliquant.
Les iris qui recentrent l'attention sur un détail, les séquences oniriques qui te transportent dans un autre monde, les cartons qui te prennent par la main, les ralentis de l'emphase.
La scène dans la voiture, vers la fin, est absolument géniale (le sourire, le mec est dans son film, il vit le perso qu'il se crée, invulnérable...extraordinaire). Je m'attendais pas à ça de la part d'Audiard, pendant un moment je me suis cru chez Siri. Il y avait quelque chose dans ses deux précédents qui me laissait un peu en dehors, là j'ai été davantage séduit, comme pour Un héros très discret (même genre de parcours de protagoniste qui se construit un personnage, etc.).
Et puis surtout au niveau de l'écriture, je trouve ça super dense et subtil.
Y a comme une influence de l'écriture télévisuelle, tu sens que ça aurait pu être une (mini-)série, avec son chapitrage, son récit épisodique, la progression de l'intrigue, du perso...j'ai pensé au meilleur d'HBO, Oz of course (pour l'univers) et même The Wire (pour les personnages subtilement cerné).
J'ai eu peur au tout début que le film paraisse redondant avec les codes du genre de film de prison (l'arrivée, les douches, les passes, les agressions, etc.) mais ça n'a duré que quelques minutes. Très vite, le film se crée sa propre identité.
Dans les détails déjà. Le petit billet de 50. L'entraînement avec la lame de rasoir. L'apprentissage de la langue. Etc.
J'aime l'importance que le film donne à l'intelligence, au savoir, nécessaires pour accéder au pouvoir. Jusque dans l'opportunisme avec lequel le héros va se servir de sa communauté (j'aurai été curieux de voir la version initiale du scénario, où l'Islam avait apparemment plus d'importance dans l'histoire...bon c'est ptet parce que j'aime casser du religieux, surtout en ce moment).
J'adore sa manière de se poser comme un Le Parrain alternatif.
En lieu et place d'un Michael Corleone voulant se démarquer de la mafia mais écrasé et emporté par le poids des traditions familiales malgré la bienveillance de son père, on a un Malik El-Djebena désireux, opportuniste, et asservi par une figure paternelle qui est de bout en bout un gros enculé.
Nombre d'étapes dans le parcours de Malik font écho à celui de Corleone, jusqu'au magnifique dernier plan.
On a ici comme un penchant réaliste et non-romancé du film de Coppola.
Tout comme Corleone ne "naissait" à nos yeux que lors de son retour, Malik ne "naît" qu'à son entrée en taule. On ne saura rien de son passé. On devine à peine la raison de son incarcération. Il entame son parcours par survie là où Corleone l'entamait par vengeance.
Les motivations changent, la finalité est la même. A ce niveau-là, la relecture est super intéressante (et quand on sait que le film avait initialement été pensé comme le premier d'une trilogie, on imagine ce qui reste à venir).

Derrière sa mise en scène et sa photo "naturalistes", Un Prophète (magnifique titre...qui en dit tant, le mec à la fois important et soumis, la manière dont il "récite" ce qu'il lui est transmis, etc.) reste un pur film de genre. Et réussit à avoir un propos sans tomber dans le sociologique.
C'est bonnard.
Un bon 5/6.


Voilà!
je rejoins totalement cet avis et surtout la partie en gras que me faisait craindre le projet "made in france".
Au final rien de tout cela : des acteurs excellents, pas de surjeu (notamment arelstrup qui tout en etant trés intense reste credible), une réalisation efficace et servant parfaitement le propos.
un 5-5.5/6

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MessagePosté: 10 Sep 2009, 07:51 
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Inscription: 04 Juil 2005, 17:56
Messages: 8572
Localisation: Caché avec Charlie
Jacques Audiard est prophète dans son pays.

Si seulement...

Bordel, mais moi je veux que des films avec cette maitrise là, QUE ÇA, les gars!

Arestrup mérite tous les prix et la révélation d'Audiard, bien que très dirigé (on est dans la veine des Kasso-Cassel-Duris précédents dans les intonations, c'est frappant), est impressionnante.

Limite c'est dur pour lui de démarrer par ça, comment tu enchaînes, comment tu te construis une carrière quand tu tapes dans le caviar d'entrée.

5+/6


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MessagePosté: 10 Sep 2009, 07:53 
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Inscription: 04 Juil 2005, 16:48
Messages: 11648
Localisation: in the forest of the Iroquois
Le Pingouin a écrit:
Jacques Audiard est prophète dans son pays.

Si seulement...


Quand même... Film suradoré par la presse, qui marche "pas mal" et qui va recevoir une tripotée de prix comme rarement.


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