Forum de FilmDeCulte

Elle est trop bien la zik, vous délirez les gars

+ uno

_________________

camille a annulé hier ses concerts prévus à partir de décembre - et donc son album qui devait sortir - afin d'assurer la promo du film...
... et aujourd'hui il est annoncé que le film est envoyé aux oscars.

Pas apprécié. Le Mexique à Epinal.
C'est kitsch, on croirait une BD des années 90 comme Largo Winch, Jessica Blandy voire Juan Solo de Jodoroswki adaptée avec un vernis de discours progressiste.
Le film ne me parait pas avoir de vrai point de vue sur ce qu'il montre. Les chansons fonctionnent comme des playdoyers que les actes des personnages démentent ensuite, de façon gratuite.
Après avoir revendiqué une liberté, le respect et une deuxième chance, le droit de réparer ses fautes et de s'amender dans cette vie-ci, le film finit dans une fin clichée (et qui détachée de son époque devient encore plus misogyne) de film noir, pompée directement sur Out of the Past de Tourneur, Selena Gomez devient en 20 secondes la femme fatale type, ses hésitations renforcent la brutalité de la conversion à le convention pour ainsi dire. On a le droit à un standoff organisée par la Fondation Abbé Pierre locale car c'est le Mexique et il en faut un. Et la seule survivante est l'organisatrice, la femme qui possède la meilleure technique du pouvoir, qui devient aussi le seul témoin moral possible (situation déjà présente dans les Olympiades avec le personnage d'Amber Sweet).

Dans le film noir, la violence nihiliste était causée par un contexte social opaque, qui étouffait les personnages, qui ne le percevaient pas. Ici c'est le contraire, elle est l'épuisement du vérisme par une forme de contrôle des personnages sur eux-mêmes, ils s'y abandonnent car ils se savent justifié. Même la comédie musicale, où le choeur figure ici systématiquement le peuple, me semble un palliatif à un naturalisme social pas assumé, le recul et le doute que le réalisateur et les personnages éprouvent eux-mêmes envers le mélo.

Dans un univers proche J'ai préféré la Vierge des Tueurs de Barbet Schroeder il y a 25 ans.

Et le récit ne tient pas debout. Qu'est-ce qui empêche Manitas-Emilia d'expliquer à sa femme que c'est lui dès le moment où elle veut se remarier (à part une dramaturgie qui reste mécaniquement calquée sur un double et fort classique triangle amoureux et social à la Anna Karénine, avec l'avocate en Vronski, et les enfants en enjeu inerte d'un échange - impossible neutralisation - entre conjoints déchirés et d'un statut au regard du monde) ? Sa jalousie semble alors légère et elle parait pouvoir accepter ses raisons, sauf à supposer qu'ils sont rattrapés par une sorte de psychologie congénitale du mafieux voire du mexicain

Et puis bon quoi, appeler un personnage Manitas pour lui couper les doigts, bonjour le 16 tonnes de subtilité qui a percuté l'écriture du film

_________________
He pays penance to the air above him

N.O. - The Him

Heureusement que les actrices sont bonnes car entre les numéros musicaux réussis, le temps est un peu long face à une histoire languette et plein de poncifs.