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MessagePosté: 08 Nov 2021, 12:03 
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Pas beaucoup aimé ce featuring super intrigant sur le papier entre Audiard, Sciamma et Léa Mysius. Comment Sciamma et allaient "féminiser" le cinéma profondément masculin d'Audiard ? Le résultat est une comédie romantique en mode triangle amoureux qui a un vrai charme mais qui malgré tout m'a paru limitée et surtout très inconséquente malgré le pédigrée des auteurs. Alors oui c'est un triangle amoureux United Colors of Benetton avec un noir, une asiatique et une caucasienne. Alors oui le film est très beau avec son noir et blanc chaleureux et sa mise en scène élégante. Mais au final il en reste quoi ? Un film surécrit et très fabriqué qui ne m'a pas vraiment touché et surtout qui m'a paru bien loin de ce que j'en avais pu lire comme un "témoignage de la jeunesse contemporaine".

Je m'attendais au contraire à un film brut et urbain mais ce n'est pas vraiment le cas, on est plus dans un film d'intérieurs faussement contemporain (avec des aberrations totales du style "je te pose le loyer sur la table", qui en 2021 paye son loyer en liquide c'est n'imp ?) qui se veut à la fois sexy et libre mais qui s'avère surtout plutôt artificiel. Ce qui ne fonctionne pas dans le film est clairement le segment Noémie Merlant qui paraît limite hors sujet avec cette histoire de cam girl et de ressemblance. Ca prend beaucoup trop de place et la relation via Skype est bien reloue et surtout on sait exactement où ça va et ça y va sans surprise.

Bref, vraiment pas grand chose à en dire. Ca m'a laissé totalement indifférent jusqu'à cette fin feel good mais forcée
le mec est soudain amoureux de la meuf, ah bon.
Reste la découverte Lucie Zhang, qui surnage dans le trio par son naturel, son humour, sa mélancolie. J'espère vraiment qu'on la reverra (pas comme l'autre actrice asiatique révélée par Audiard qui avait disparu rapidement, Linh-Dan Pham). Mais c'est à la fois sans doute le Audiard le plus faible (ça se discute avec [b]Dheepan[b]), ce que Sciamma a écrit de moins intéressant et très en deçà de l'originalité du premier film de Léa Mysius.

2/6

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MessagePosté: 08 Nov 2021, 12:10 
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Assez déçu par les deux derniers Audiards qui m'indifférent, plutôt surpris en bien par Les olympiades. On va être clair, ça ne ressemble à rien à ce qu'il a pu faire auparavant. Il y a un petit côté "Audiard fait sa nouvelle vague" dans l'énergie et la liberté que dégagent le film. Et c'est pas plus mal pour un cinéaste réputé pour son côté cérébral. J'ai beau aimé Audiard, il y a un côté un peu froid et son cinéma manque un peu d'émotion à mon goût. Là il en prend le total contrepied avec ce film charnel qui repose sur l'alchimie de ses comédiens. A ce sujet, Noémie Merlant est bien mais les deux vrais performances sont celles des deux inconnus Lucie Zhang et Makita Samba. Surtout le très beau personnage de Lucie Zhang, tout feu tout flamme, qui fonce sans réfléchir jusqu'à s'en brûler les ailes.

Et même la mise en scène d'Audiard évolue. A l'image de sa bande annonce et de la musique de Rone qui irrigue le film, c'est fluide, ça bouge tout le temps et le montage donne une constante impression de vivacité. Sinon Les olympiades, c'est un peu l'histoire d'une ronde amoureuse d'un quatuor, et ce qui détonne c'est la modernité dans laquelle s'inscrit l'histoire. On bouffe, on baise (beaucoup), c'est un peu les rencontres et le cul sur le web que ce soit Tinder, Camgirl ou le porn. C'est vraiment le portrait de la génération des millenials et des nouvelels conventions de la vie sentimentale. La manière dont la tech a modifié les relations amoureuses. Ca sonne vrai, les dialogues sont percutants et c'est assez réjouissant de suivre toutes ces petites histoires. On va pas se le cacher, le revers de la médaille c'est que c'est un film parfois un peu bordélique mais l'énergie emporte le morceau et, même si on n'est pas au niveau des meilleurs Audiards, c'est un retour en forme.

4/6

Art Core a écrit:

Reste la découverte Lucie Zhang, qui surnage dans le trio par son naturel, son humour, sa mélancolie.
Elle a un charme fou, je suis amoureux.


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MessagePosté: 08 Nov 2021, 13:34 
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Audiard qui continue à masquer son objectif avec le poing tout en découvrant le split screen, c’est un peu gênant. Quant à faire de Lucie Zhang une révélation, faudrait déjà qu’elle arrête de marmonner. Grosse incompréhension de ma part concernant le personnage de Noémie Merlant
j’ai cru que c’était elle la camgirl. :shock: Du coup où est le problème ? Elle ne pouvait pas le dire ? Elle se fait simplement charrier parce qu’elle lui ressemble ?


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MessagePosté: 08 Nov 2021, 14:03 
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Oui je suis d'accord, ça marche pas trop. Mais je l'ai analysé comme un signe de
sa timidité et de sa fragilité de meuf qui reprend les études à 32 ans et qui se sent larguée (cf. son style ridicule pour aller à la fête).

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MessagePosté: 08 Nov 2021, 14:14 
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Du coup elle chiale dans le métro en découvrant à qui elle ressemble ? Pour finir par tomber amoureuse de son sosie, ce qui explique pourquoi elle n’avait pas d’orgasme avec les hommes ? Franchement gênant comme approche. Le coup de poing donné à l’étudiante qu’elle croise est aussi moins fort comme geste si ce n’est pas elle la camgirl. Méprise ou pas ça coche la case diatribe contre les réseaux sociaux.


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MessagePosté: 08 Nov 2021, 14:50 
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Non mais on est d'accord, toute cette sous-intrigue est quasiment nulle, c'est très mal gérée, on comprend pas trop ce que ça fout là.

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MessagePosté: 08 Nov 2021, 17:30 
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Cela a l'air de n'avoir rien à voir avec les Intrus de Tomine tel que le recueil a été traduit en français chez Cornelius, à moins que cette traduction ne se limite qu'à une partie d'un cycle plus large ?

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MessagePosté: 08 Nov 2021, 17:35 
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Pas lu Les intrus mais apparemment ça croise trois des récits et l'adaptation doit être assez libre je crois.


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MessagePosté: 08 Nov 2021, 17:37 
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Oui parce qu'on ne baise pas beaucoup chez Tomine en général... J'espère qu'on ne va pas avoir une Boris Vian...
L'histoire de la confusion sur la starlette prono est dans le recueil et drôle (mais plutôt anecdotique), mais celles de reprise d'études ou de relation par Skype je ne vois pas.

Ironiquement il utilise le noir et blanc pour une des rares BD de Tomine en couleurs (d'ailleurs superbes, et même s'il recourt par ailleurs beaucoup à la couleur comme illustrateur).

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MessagePosté: 08 Nov 2021, 17:59 
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Audiard nous surprend en choisissant de faire un pur marivaudage contemporain, avec en plus le N&B (très joli) qui convoque immédiatement les références de tout un cinéma parisien Nouvelle Vague. Un truc assez dépouillé et direct qui semble n'avoir pour modeste (et honorable) ambition que de croquer le présent de la jeunesse.

Le hic, c'est qu'Audiard n'a plus les parois du genre sur lesquelles rebondir. Dans ses films d'avant on sentait une tension, une vision qui s'insérait dans un carcan préétabli, et où il tirait son épingle du jeu par son constant pas de côté. Ici, le sujet et le traitement sont tellement simples et à nu que finalement Audiard n'a plus d'endroit décalé où poser son regard: c'est ouvert et donc plat.

Et puis on parle de révélations mais j'ai pas trouvé que c'était hyper bien joué pour du Audiard. C'est mieux que dans pas mal d'autres films français, mais il nous a pas sorti non plus les performances de fou dont il était capable jadis. Cependant, j'ai apprécié la complexité du personnage d'Emilie, butor et fragile, un personnage plein de paradoxes, finement écrit. Sympa aussi le mec noir mais vidé du moindre attribut "street". On sent un regard qui travaille, qui réfléchit, pas juste qui droppe des persos pré-écrit.

... sauf dans la sous-intrigue sur Noémie Merlant, plus écrite, avec son délire "ultra-moderne solitude" quelque peu éculé.

Du coup on se raccroche à ces quelques idées esthétiques ou formelles, le fameux poing autour de l'objectif dont parlait Déjà-Vu (superbe plan d'elle qui court sous la pluie, on dirait un film muet), ou bien la musique de Rone (le nouveau Para One qui va faire la musique de tous les films français à la prochaine Quinzaine ?).

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MessagePosté: 08 Nov 2021, 20:21 
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Entre ce que je lis de vous, et le souvenir goguenard que j'ai de Bandes de Filles (100 % regard (voire fantasme) de bourgeoise "branchée" sur les gamines de cités qui traînent à Châtelet), je pense que je vais passer mon tour.

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MessagePosté: 09 Nov 2021, 00:02 
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Pas détestable mais assez anecdotique. On est plus proche Nine Antico (même noir et blanc qui est un facteur de distance, aussi prononcée dans le regard des personnages sur eux-mêmes que dans celui des autres sur eux) que de Kéchiche, le film aurait ete plus dense en couleur
3/6

Ce n'est pas d'une folle originalité, on pense un peu à Hers ou Brac, voire Mouret mais l'éclatement du récit rend les personnages un plus lisses, même si paradoxalement l'impasse existentielle est de ce fait plus palpable. Toutefois les acteurs sont bons (j'ai été personnellement plutôt impliqué par le jeu des voix qu'au cadre et au regard sur les corps). C'est évidemment le personnage soderberghien de Louise le plus touchant, mais c'est toutefois le seul auquel le récit accorde une possibilité de s'incarner complètement. Le personnage au départ le plus aliéné voit ainsi la normalité comme une possibilité de se réaliser (et par ailleurs, son tact et son sens psychologique lui servent de passé) quand les autres personnages vivent plutôt une trajectoire inverse (la norme les vide, et le lien amoureux est reformulé une seconde fois lorque ce blocage est patent pour chacun et est aussi une rupture familiale).
J'ai trouvé cela assez typé nineties (premier plan qui fait penser au clip de Protection de Massive Attack) mais cela ne m'a pas semblé illégitime, plutôt envie de défendre cet aspect du film, d'autant que son centre est la generation des parents, hors-champ qui n'expriment que le deuil ou l'inquiétude

Bon sinon Tomine ne fournit que le point de départ et les très grandes lignes du typage des personnages (voire lrur amorce comme le père et la sœur au centre d'une histoire, bien qu'il y ait une clé cohérente avec la BD
Camille est détruit par la mort de la mère qu'il refoule
), ce n'est pas pas un problème en soi

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Toutefois, ce qui n'est guère sympathique pour la BD française c'est qu'en adaptant 10% de trois histoires d'Adrian Tomine à trois, on aboutit finalement à un quasi-album complet de Bastien Vivès

Art Core a écrit:
(avec des aberrations totales du style "je te pose le loyer sur la table", qui en 2021 paye son loyer en liquide c'est n'imp ?)



Déjà les gens payés au black, et/ou les locataires de propriétaires pas forcément scrupuleux quant au traçage de leur patrimoine réel...

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Si on va à fond dans cette direction, étant donné que la propriétaire est en train d'agoniser dans l'EHPAD où elle est placée depuis quelques temps, la question de qui touche le loyer et comment n'est pas si simple, et est sans doute le nœud des frictions entre Emilie et sa famille. Et elle est d'autant plus encline à retourner vers Camille à la fin que sa famille la vire...

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