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MessagePosté: 27 Mai 2024, 09:48 
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avant celui-là, j'ai fait une mini retro audiard.

- regarde les hommes tomber. son premier film, en 94, avec une ambition formelle puissante, une volonté d'inventer des choses, pousser les murs.
- de rouille et d'os, avec son histoire improbable et son scénario totalement artificiel, créant un récit vaguement absurde mais traité au total premier degré avec un sérieux de pape comme s'il s'agissait de la vérité révélée.
- deephan, avec son histoire faisant du surplace pendant une bonne moitié du film, et surtout un fond qui pourrait être vu comme un brulôt anti migratoire, mais qui au final laissait surtout penser que jacques ne maitrise simplement pas ces dimensions-là. combiné à ces précédents, ça actait surtout que c'est un cinéaste sans fond, qui n'a pas de vision particulière du monde, qui n'a rien de particulier à dire : il est attiré par les histoires, les effets dramaturgiques forts, les personnages uniques, et la forme cinematographique. le reste, jacques s'en fout.
les 3 combinés démontraient aussi le lien compliqué qu'il entretient avec la localisation de ses récits : tout se passe en france, mais il est pétri d'imaginaire américain, et s'il a su à un moment combiner ça pour créer un cinéma original, on voyait aussi le moment où la cohabitation devenait difficile et ça faisait surtout des films déracinés flottant dans le movie-verse.

ce fut donc une parfaite introduction pour emilia perez.

il bat ici son record d'histoire invraisemblable. il vaut mieux ne rien savoir de particulier, mais c'en est à un stade où c'est assumé, ce qui permet de rentrer dedans. et que ce soit dans le fond de l'histoire ou dans son décors mexicain, je me suis dit que c'était à la limite de la télé novella. ou, au pire, d'une mini-série netflix. impression renforcée par la construction du récit, qui change de dynamique et d'enjeu toutes les 20 minutes - et comme tout va très vite on voit parfaitement comment on aurait pu transformer chaque segment en épisode de 50 minutes et tout le film en 8 épisodes. et pour une fois, ça ne se prend pas au sérieux : il ne se moque pas de sa propre histoire, il n'y a rien de drôle, mais il ne tente pas non plus de faire croire qu'on assiste à un bouleversant mélo drame ou qu'il sonde les âmes de qui que ce soit. c'est aussi l'avantage d'avoir une scène musicale au bout de 1 minute de film : on est dans un univers parallèle, c'est une histoire, asseyez vous et laissez vous embarquer.

parce que oui, en plus d'avoir cette histoire zinzin c'est une comédie musicale, mais il serait injuste de résumer la démarche du film à ça. la réalité c'est qu'il n'était plus très expérimental de quoi que ce soit depuis ses débuts : il avait trouvé son style - au final proche de celui de michael mann par exemple - et était confortable dedans. il pouvait faire des films représentant un changement de style et d'univers - les frères sisters ou les olympiades - mais une fois dedans ça n'était plus renversant. ici, il retrouve une volonté lâchée en 1994 d'essayer des trucs, quasiment tout le temps. alors il se confronte à des trucs qu'il n'avait jamais filmé, à des personnages féminins comme il n'en avait jamais eu, il tente des effets de lumières et des effets visuels, des changements de tons, il tente des trucs avec sa caméra, avec la lumière, il filme de la danse : un mec de 72 ans qui décide de faire des choses qu'il n'a jamais fait auparavant (y compris ce mec faisant un pur cinéma de mecs qui fait un film sur une fille trans - sans aucun insight ou compréhension de quoi que ce soit mais osef, ça m'a fait penser à luc et les drags dans dogman, ces mecs incarnant la sensibilité masculine heterosexuelle pure et dure qui se décident à filmer ça à leur grand âge, je trouve ça touchant et mignon (mais si pas dénué de maladresses) - et qu'en vérité personne n'a jamais fait auparavant.

parce qu'une de mes plaintes constantes c'est qu'aujourd'hui les choses se ressemblent toutes, la forme évolue si peu, il y a une poignée de formatages disponibles et tout le monde s'y conforme, des variations sans fin de la même chose. jacques il a dit fuck it. c'est un miracle complet, du coup. qu'un mec ait à ce point confiance en lui pour se lancer là-dedans, c'est juste incroyable. qu'il ait une telle aura dans le milieu pour qu'on lui file l'argent pour le faire, et 25 millions qui plus est. qu'il ait eut l'audace de dépenser tout ce crédit sur ce projet, quelle force et quelle audace. que dans cette période où toute l'industrie est tellement allergique au risque, l'industrie française, malgré tout, garde une foi suffisante dans l'importance des grands metteurs en scène pour lui permettre de faire ça. c'est un film unique, miraculeux, fou.

le prix d’interprétation collectif n'a pas été volé, elles sont toutes formidables et là encore, quel miracle extraordinaire d'avoir pu caster quelqu'un d'aussi parfait que karla sofia gascon pour ce rôle. mon mari est un pur fan de camille depuis toujours, donc je l'ai vue 50 fois en concert - sans micro dans un appartement avec 30 chaises pour le public j'y étais, dans le sous sol d'une eglise pieds nus aussi, dans les couloirs du métro avec le public en choeurs également. j'ai découvert damien jallet avec ses chorégraphies pour le madame x tour de madonna qui étaient à couper le souffle - puis je suis allé voir son spectacle à chaillot, puis ses numéros pour le celebration tour étaient de purs chefs d’œuvre. donc forcément, une comédie musicale avec des chansons de camille et chorégraphies de damien c'était émouvant. tout n'est pas génial du tout, mais quand c'était bien c'était vraiment très très bien.

après, mon cerveau n'a quasiment rien de commun avec celui de jacques. ce qui l'intéresse ne m'intéresse pas, ce qui le touche ne me touche pas. à part un héros très discret, il n'y a pas un livre qu'il a adapté où je me serais bien "il faudrait l'adapter !" en le lisant - je n'aurais même jamais lu un truc qu'il a adapté parce que vraiment c'est pas ce qui m'attire du tout. et ça ne change pas ici. tout ça ne me parle pas particulièrement, ne m'intéresse pas particulièrement. c'est une œuvre impressionnante, forte, un geste artistique puissant et admirable que j'ai regardé en restant globalement totalement extérieur. je ne peux donc pas vraiment dire que j'ai aimé - à part quelques scènes, surtout musicales, je n'ai jamais eu cet emballement du coeur si particulier. mais j'étais admiratif et ému même que ça existe de bout en bout.

incr(eible !)


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MessagePosté: 27 Mai 2024, 11:15 
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La forme évolue énormément tant est que l’on se donne la peine de sortir de sa zone de confort. Si tu étais resté au MK2 Bibliothèque après ta séance de Bird tu en aurais eu un exemple concret.


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MessagePosté: 27 Mai 2024, 11:20 
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c'était grand tour ?


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MessagePosté: 27 Mai 2024, 11:38 
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Oui.


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MessagePosté: 26 Aoû 2024, 14:11 
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Franchement, je ne comprends pas l’engouement critique sur ce film, qui s’avère être une véritable purge. Le sujet est original, le casting irréprochable, Audiard a suffisamment de talent pour en faire un thriller sombre et émouvant (à l’image de ce qu’il fait lors de l’avant dernière scène, quelques minutes magnifiquement filmées et d’une rare intensité, qui laissent augurer de ce que le film aurait pu être).

Au lieu de ça, le mec a tellement le melon qu’il se sent obligé de nous gratifier de tous ces passages (mal) chantés, qui cassent le rythme et n’apportent rien en termes de dramaturgie. Il en résulte un film braillard, boursouflé et prétentieux.

1/6


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MessagePosté: 26 Aoû 2024, 14:37 
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Damn.
J'ai tellment hâte de voir ça. Mercredi!

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MessagePosté: 26 Aoû 2024, 14:40 
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Pour rappel, Walter Hill a fait un film récemment avec peu ou prou le même pitch et Michelle Rodriguez (faisant jouer à une femme un rôle de femme trans, ce qui serait sujet à polémique de nos jours).


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MessagePosté: 26 Aoû 2024, 14:49 
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Beaucoup aimé, pour ma part, une fois passée la surprise de la première chanson ("putain, c'est pas vrai que ça chante ?!!!" - j'avais totalement oublié), sans doute en plus la moins réussie. J'adore les suivantes (notamment celle du gamin sur les odeurs), ces voix naturelles, parfois dissonantes, cette caméra qui voltige d'un personnage à un autre dans des chorégraphies précises. J'ai un peu plus de mal avec le côté décousu d'un film qui en contient au minimum trois (mais si on est encore loin du film Chez Gino, de Samuel Benchétrite, "modèle du genre" qui contient au bas mot quarante films en un), d'autant que l'intérêt varie d'une partie à une autre. A la rigueur, le postulat de départ me suffisait, pas besoin de la suite (l'association en aide aux victimes). Mais ça reste fort, et toujours bien joué.
4.5/6

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)


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MessagePosté: 28 Aoû 2024, 21:31 
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Le film a le mérite de son sujet encore assez peu connu et de son croisement avec un sujet, lui, complètement rebattu au cinéma, les gangsters. Mais Audiard n'a pas non plus des trucs révolutionnaires à dire de tout ça et je me suis un petit peu ennuyé par moments. Alors pour compenser Audiard hystérise régulièrement la forme avec ces numéros chantés au demeurant agréables, mais ça fait beaucoup de bruit, de lumière, de figurants... pour à tout prix faire fonctionner le mélo.

Mais celui-ci marche grâce aux trois actrices qui méritent leur prix d'interprétation. J'ai été agréablement surpris par Selena Gomez.

En fait, tout ce déchaînement pop qui se veut ravageur m'a un peu fait penser à un Tarantino du pauvre.


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MessagePosté: 29 Aoû 2024, 09:25 
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Ça fait quelques films qu’Audiard trouve l’inspiration en terres inconnues, et c’est de beau de voir un cinéaste sortir de sa zone de confort pour littéralement explorer d’autres formes, d’autres langues, d’autres genres. Une tragédie musicale en espagnol sur un parrain de cartel mexicain qui devient femme, dit comme ça c’est improbable mais Audiard l’a fait. A l’origine il y a ce livret d’opéra, et ça se sent, la tragédie déploie ses larges ailes de son destin. Figure tragique par excellence, Emilia Pérez est un personnage inoubliable, et le duo qu’elle forme avec Rita ne l’est pas moins, elles sont au cœur du film et elles font vibrer le nôtre. Est-il utile de souligner que Karla Sofía Gascón et Zoe Saldana sont sensationnelles? Oui.
Musicalement, sans minimiser l’audace et le talent des artistes, ça ne fonctionne pas, à mes yeux, à 100%: certains passages semblent inutiles, d’autres n’ont peut-être pas l’impact qu’elles auraient pu avoir. D’autres encore sont en revanche vraiment superbes, offrant ainsi quelques fulgurances dans ce film par ailleurs magistralement réalisé. J’aime vraiment beaucoup la musique de Camille, mais il faut bien avouer que c’est le morceau final, sur la mélodie de Brassens (sacré Georges, quelle joie de te retrouver ici!), qui reste en tête. Il y a plusieurs moments touchants (par exemple la scène de l’odeur de Papa, géniale..) mais c’est bien ce final qui noue la gorge pour de bon, les larmes au balcon.
Bien qu’imparfait, Emilia Pérez reste un sacré morceau de cinéma, original, moderne, audacieux, étonnant, et unique, finalement. Énième preuve, encore, qu’Audiard est un cinéaste passionnant.

5/6 de justesse

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MessagePosté: 29 Aoû 2024, 12:14 
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Une fois qu'on passe sous le vernis, une comédie musicale au Mexique des narcos, pas de doute c'est bien un film du duo Audiard/Bidegain.
Qui greffe des personnages et des histoires à des univers improbables, qui avance par accélérations subites et débarque dans un nouveau genre toutes les 20 minutes sans vouloir se poser.
J'ai bien senti ce dont parle FC, cet effet pseudo citoyen du monde qui voudrait narrer le réel quand on n'est qu'un touriste obsédé par la fiction. Encore que touriste est même un bien grand mot puisque j'apprends que le tournage s'est fait quasi intégralement en France sur fonds verts. Les deux ont-ils seulement été en repérages sur place?
Et pourtant, c'est effectivement touchant de les voir s'y frotter avec une audace balek. Effectivement, on se croirait plus dans la telenovella et les passages musicaux pas toujours très justifiés, difficile de dire parfois ce qui tient de la parodie ou non, la plupart des chansons étant très littérales, ça m'a fortement rappelé Annette de ce point de vue là.

4,5/6


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MessagePosté: 29 Aoû 2024, 14:40 
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Oui j'ai oublié de mentionner Annette mais ce film n'existerait pas sans lui à mon avis. Et la comparaison est plutôt à l'avantage d'Annette.


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MessagePosté: 29 Aoû 2024, 15:20 
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J'avais trouvé Annette imbitable, je trouve que la tragédie ne fonctionnait pas du tout. Globalement les chansons étaient pourtant meilleures que dans Emilia Perez, mais je ne croyais à rien, contrairement au Audiard, où tout semble fluide et cohérent.
Faut dire que dans Annette ça chante non-stop, ce qui, quand t'es pas "dedans", s'avère vite très crispant.

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MessagePosté: 01 Sep 2024, 17:01 
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J'ai trouvé ça tout simplement remarquable.

Depuis toujours, le cinéma d'Audiard s'est trouvé à la lisière entre le cinéma de genre et un cinéma plus "auteurisant" pour prendre un terme un peu con et vague, mais Emilia Perez est certainement le film le plus pop qu'il ait signé tout en restant encore préoccupé par des thématiques sociétales actuelles, sans jamais passer pour du "film à message" (oui cette critique sera pleine de formules toutes faites entre guillemets). En un sens, c'est du 100% Audiard mais avec les potards exacerbés à 11. Après tout, c'est normal, c'est un musical.

Et c'est ça qui est fabuleux. Et je dis ça non pas parce que, contrairement à Cosmo, moi je rêverais d'avoir une réaction "oh putain ça chante?!" face à un film car j'adore le genre, mais parc que je trouve le choix, contrairement à ce que j'ai pu lire chez certains ici, particulièrement pertinent. Audiard aurait pu se contenter de raconter l'histoire d'un narcotrafiquant qui fait sa rédemption (classique) ou l'histoire d'un narcotrafiquant qui est aussi un père (mieux) ou l'histoire d'un narcotrafiquant qui fait sa transition (original), il aurait pu ne se concentrer que sur un des autres superbes personnages, comme cette avocate qui elle aussi aspire à faire le bien ou bien cette veuve qui peut enfin vivre sa vie, mais la force du film est justement d'adopter une narration simili-chorale qui a l'intelligence de ne pas faire de la transidentité son principal angle d'attaque mais de composer une œuvre triplement articulée autour de deux notions-phares qui vont à l'unisson : peut-on vivre ses secrets et peut-on changer qui on est?

Deux questions qui peuvent paraître concon énoncées aussi simplement mais qui demeurent fondamentales et profondément liées aux émotions et qu'est-ce que le musical si ce n'est par essence le genre des émotions mises à nu? C'est en ça que je trouve le parti-pris particulièrement à-propos, on chante ce que l'on ne peut verbaliser, ce que l'on n'ose dire, qu'il s'agisse de la rage d'une avocate dégoûtée par la société qui l'entoure ou d'une femme qui n'a plus à vivre son adultère comme tel et bien évidemment d'un homme dans un monde d'hommes qui est en réalité une femme et aimerait s'assumer, aimerait s'aimer. C'est l'histoire de trois femmes qui aimeraient s'aimer mais qui laissent leurs secrets les tuer.

Et je trouve ça stimulant. La rage de Saldaña dans le numéro d'intro ou bien lors du gala (incroyable performance comme elle n'en avait jamais servie, la meuf peut tout faire), l'à-fleur-de-peau-isme de Gascon lors de sa confession ou bien celle de sa fille durant la chanson des odeurs (comme les autres papas du topic, j'ai chialax), j'aime bien les passages plus pop de Gomez mais son personnage est clairement celui qui aurait mérité un poil plus de scènes. Et à chaque fois, la mise en scène trouve le positionnement juste, entre ces mouvements en arcs ultra-rapides tout droit sortis d'un clip pour Saldaña à la retenue des morceaux de Gascon.

Par cette forme et cette audace (on peut dire que le film, lui, a toujours ses couilles mdrrrrr), Audiard insuffle à son mélo un souffle que je n'avais pas trouvé dans son œuvre depuis Un prophète.

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MessagePosté: 02 Sep 2024, 20:14 
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Je trouve que le geste du film en tant que tel fait qu'il mérite d'être vu. J'aime beaucoup cette approche un peu parapluies de cherbouresque des scènes musicales qui sont parfois presque parlées, ou chantées de manière imparfaite. ça offre une certaine fragilité au film qui lui va bien, une tonalité qui lui est à la fois propre et qui parée franche.

ça donne aussi quelques très belles scènes, parfois ça passe un peu moins bien mais il n'y'a pas de verni artificiel, les morceaux musicaux apparaissent sincères, collent aux personnages qui les chantent.

Pris dans la filmo d'un réal qui a vraiment un style signature et efficace, c'est aussi plaisant à voir. Il y'a de la nouveauté, de la prise de risque, il fallait sortir du cocon des petites frappes intenables filmées en gros plan avec une caméra nerveuse pour montrer qu'à déjà 70 ans passés il avait d'autres choses à montrer.

Tout ça est vraiment enthousiasmant je trouve. Malgré tout, dirais-je que le film m'a ébloui ? Pas vraiment. Ce qui me frustre le plus c'est Emilia Perez, le personnage, que je trouve caractérisée de manière un peu grossière (monstre sanguinaire en homme, symbole humaniste en femme... mouais) dont par conséquent j'ai à la fois du mal à vraiment m'attacher mais surtout je n'y crois pas tant que ça. Par contre j'adore l'avocate, jouée magnifiquement bien et dont le perso est vraiment complexe et ambivalent.

Finalement le film a une structure un peu étrange avec plusieurs parties qui se succèdent mais cohabitent parfois également. J'ai pas tellement aimé la fin,
je trouve ça un peu facile de faire sauter tout le monde dans la voiture, j'aurais aimé que la confrontation aille jusqu'au bout et aboutisse sur quelque chose de plus fort, comme si Audiard n'avait pas osé.


4/6 un film que je suis très content d'avoir vu, que je reverrai et que je me vois bien aimer davantage au film des revisions.


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