Forum de FilmDeCulte

Le forum cinéma le plus méchant du net...
Nous sommes le 20 Juin 2024, 15:58

Heures au format UTC + 1 heure




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 4 messages ] 
Auteur Message
MessagePosté: 27 Mai 2024, 09:48 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 17 Juin 2021, 13:07
Messages: 1027
Image

avant celui-là, j'ai fait une mini retro audiard.

- regarde les hommes tomber. son premier film, en 94, avec une ambition formelle puissante, une volonté d'inventer des choses, pousser les murs.
- de rouille et d'os, avec son histoire improbable et son scénario totalement artificiel, créant un récit vaguement absurde mais traité au total premier degré avec un sérieux de pape comme s'il s'agissait de la vérité révélée.
- deephan, avec son histoire faisant du surplace pendant une bonne moitié du film, et surtout un fond qui pourrait être vu comme un brulôt anti migratoire, mais qui au final laissait surtout penser que jacques ne maitrise simplement pas ces dimensions-là. combiné à ces précédents, ça actait surtout que c'est un cinéaste sans fond, qui n'a pas de vision particulière du monde, qui n'a rien de particulier à dire : il est attiré par les histoires, les effets dramaturgiques forts, les personnages uniques, et la forme cinematographique. le reste, jacques s'en fout.
les 3 combinés démontraient aussi le lien compliqué qu'il entretient avec la localisation de ses récits : tout se passe en france, mais il est pétri d'imaginaire américain, et s'il a su à un moment combiner ça pour créer un cinéma original, on voyait aussi le moment où la cohabitation devenait difficile et ça faisait surtout des films déracinés flottant dans le movie-verse.

ce fut donc une parfaite introduction pour emilia perez.

il bat ici son record d'histoire invraisemblable. il vaut mieux ne rien savoir de particulier, mais c'en est à un stade où c'est assumé, ce qui permet de rentrer dedans. et que ce soit dans le fond de l'histoire ou dans son décors mexicain, je me suis dit que c'était à la limite de la télé novella. ou, au pire, d'une mini-série netflix. impression renforcée par la construction du récit, qui change de dynamique et d'enjeu toutes les 20 minutes - et comme tout va très vite on voit parfaitement comment on aurait pu transformer chaque segment en épisode de 50 minutes et tout le film en 8 épisodes. et pour une fois, ça ne se prend pas au sérieux : il ne se moque pas de sa propre histoire, il n'y a rien de drôle, mais il ne tente pas non plus de faire croire qu'on assiste à un bouleversant mélo drame ou qu'il sonde les âmes de qui que ce soit. c'est aussi l'avantage d'avoir une scène musicale au bout de 1 minute de film : on est dans un univers parallèle, c'est une histoire, asseyez vous et laissez vous embarquer.

parce que oui, en plus d'avoir cette histoire zinzin c'est une comédie musicale, mais il serait injuste de résumer la démarche du film à ça. la réalité c'est qu'il n'était plus très expérimental de quoi que ce soit depuis ses débuts : il avait trouvé son style - au final proche de celui de michael mann par exemple - et était confortable dedans. il pouvait faire des films représentant un changement de style et d'univers - les frères sisters ou les olympiades - mais une fois dedans ça n'était plus renversant. ici, il retrouve une volonté lâchée en 1994 d'essayer des trucs, quasiment tout le temps. alors il se confronte à des trucs qu'il n'avait jamais filmé, à des personnages féminins comme il n'en avait jamais eu, il tente des effets de lumières et des effets visuels, des changements de tons, il tente des trucs avec sa caméra, avec la lumière, il filme de la danse : un mec de 72 ans qui décide de faire des choses qu'il n'a jamais fait auparavant (y compris ce mec faisant un pur cinéma de mecs qui fait un film sur une fille trans - sans aucun insight ou compréhension de quoi que ce soit mais osef, ça m'a fait penser à luc et les drags dans dogman, ces mecs incarnant la sensibilité masculine heterosexuelle pure et dure qui se décident à filmer ça à leur grand âge, je trouve ça touchant et mignon (mais si pas dénué de maladresses) - et qu'en vérité personne n'a jamais fait auparavant.

parce qu'une de mes plaintes constantes c'est qu'aujourd'hui les choses se ressemblent toutes, la forme évolue si peu, il y a une poignée de formatages disponibles et tout le monde s'y conforme, des variations sans fin de la même chose. jacques il a dit fuck it. c'est un miracle complet, du coup. qu'un mec ait à ce point confiance en lui pour se lancer là-dedans, c'est juste incroyable. qu'il ait une telle aura dans le milieu pour qu'on lui file l'argent pour le faire, et 25 millions qui plus est. qu'il ait eut l'audace de dépenser tout ce crédit sur ce projet, quelle force et quelle audace. que dans cette période où toute l'industrie est tellement allergique au risque, l'industrie française, malgré tout, garde une foi suffisante dans l'importance des grands metteurs en scène pour lui permettre de faire ça. c'est un film unique, miraculeux, fou.

le prix d’interprétation collectif n'a pas été volé, elles sont toutes formidables et là encore, quel miracle extraordinaire d'avoir pu caster quelqu'un d'aussi parfait que karla sofia gascon pour ce rôle. mon mari est un pur fan de camille depuis toujours, donc je l'ai vue 50 fois en concert - sans micro dans un appartement avec 30 chaises pour le public j'y étais, dans le sous sol d'une eglise pieds nus aussi, dans les couloirs du métro avec le public en choeurs également. j'ai découvert damien jallet avec ses chorégraphies pour le madame x tour de madonna qui étaient à couper le souffle - puis je suis allé voir son spectacle à chaillot, puis ses numéros pour le celebration tour étaient de purs chefs d’œuvre. donc forcément, une comédie musicale avec des chansons de camille et chorégraphies de damien c'était émouvant. tout n'est pas génial du tout, mais quand c'était bien c'était vraiment très très bien.

après, mon cerveau n'a quasiment rien de commun avec celui de jacques. ce qui l'intéresse ne m'intéresse pas, ce qui le touche ne me touche pas. à part un héros très discret, il n'y a pas un livre qu'il a adapté où je me serais bien "il faudrait l'adapter !" en le lisant - je n'aurais même jamais lu un truc qu'il a adapté parce que vraiment c'est pas ce qui m'attire du tout. et ça ne change pas ici. tout ça ne me parle pas particulièrement, ne m'intéresse pas particulièrement. c'est une œuvre impressionnante, forte, un geste artistique puissant et admirable que j'ai regardé en restant globalement totalement extérieur. je ne peux donc pas vraiment dire que j'ai aimé - à part quelques scènes, surtout musicales, je n'ai jamais eu cet emballement du coeur si particulier. mais j'étais admiratif et ému même que ça existe de bout en bout.

incr(eible !)


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 27 Mai 2024, 11:15 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 30 Déc 2015, 16:00
Messages: 7939
La forme évolue énormément tant est que l’on se donne la peine de sortir de sa zone de confort. Si tu étais resté au MK2 Bibliothèque après ta séance de Bird tu en aurais eu un exemple concret.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 27 Mai 2024, 11:20 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 17 Juin 2021, 13:07
Messages: 1027
c'était grand tour ?


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 27 Mai 2024, 11:38 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 30 Déc 2015, 16:00
Messages: 7939
Oui.


Haut
 Profil  
 
Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 4 messages ] 

Heures au format UTC + 1 heure


Articles en relation
 Sujets   Auteur   Réponses   Vus   Dernier message 
Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Mean Girls, lolita malgré moi (Samantha Jayne & Arturo Perez Jr., 2024)

Film Freak

4

307

11 Jan 2024, 21:04

Film Freak Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Dheepan (Jacques Audiard - 2015)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2, 3 ]

DPSR

41

4154

25 Mai 2024, 19:35

Abyssin Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Les Olympiades (Jacques Audiard, 2021)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2, 3, 4, 5 ]

Art Core

62

3828

01 Jan 2024, 10:40

Mickey Willis Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Un Prophète (Jacques Audiard - 2009)

[ Aller à la pageAller à la page: 1 ... 12, 13, 14 ]

Noony

209

20975

16 Mai 2016, 09:44

Lohmann Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. De rouille et d'os (Jacques Audiard, 2012)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2 ]

Tom

26

4983

22 Mai 2024, 09:40

oeil-de-lynx Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Sur mes lèvres (Jacques Audiard, 2001)

Mickey Willis

5

198

07 Mar 2024, 15:58

Mickey Willis Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Les Frères Sisters (Jacques Audiard, 2018)

Film Freak

9

1854

12 Oct 2023, 17:44

Paprika Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Regarde les hommes tomber (Jacques Audiard - 1994)

FingersCrossed

1

139

20 Mai 2024, 08:40

Mickey Willis Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Une affaire d'honneur (Vincent Perez, 2023)

Film Freak

1

264

22 Avr 2024, 20:26

Mr Degryse Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Les Instectes mutants (Jack Perez - 2004)

Noony

0

1162

31 Mai 2009, 17:52

Noony Voir le dernier message

 


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Z et 92 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Rechercher:
Aller à:  
Powered by phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO
Hébergement mutualisé : Avenue Du Web