Forum de FilmDeCulte

Le savoir est une arme,
Maintenant, tu sais,
Le savoir est une arme bébé,
Ne l'oublie jamais.

Sans doute des S P O I L E R S, ça serait con de se gâcher le film.

Thématiquement, le film a tout pour me plaire. Le langage, la manière dont il modèle nos pensées et nos cultures, au cœur d'un film de SF réaliste, je signe direct. Et quand Villeneuve traite l'arc de la protagoniste en y entremêlant une réflexion sur le langage cinématographique(des flashbacks qui deviennent des flashforwards), il y a quelques chose d'assez brillant et stimulant, presque évident, qui sur le papier me plaît, mais qui a un peu de mal à fonctionner à plein lors de la vision du film.

Je vais dire un gros mot, mais il y a presque un pêché originel à commencer le film tel que c'est fait, et il ne s'en remet jamais vraiment. La révélation fait quand même assez téléphonée, et j'ai franchement décroché sur la fin (émotionnellement parlant). Pourtant tout me parle dans ce film. Je sais pas s'il fallait être plus allusif au début du film, ou faire venir le sujet petit à petit en suivant ce personnage de mère encore plus depuis son point de vue, mais bon voilà quoi. J'espère qu'une deuxième vision gommera ce défaut, parce que le film a plein d'autres qualités (déjà citées).

Le film n'est pas à proprement parler palpitant, autant dans le déroulé que dans la mise en scène, assez contenue et discrète par rapport aux opus précédents de Denis Villeneuve. Premier contact est peut-être le film le plus intimiste et pudique de son auteur, avec une Amy Adams émouvante.

C'est effectivement très malickien, le mysticisme culcul en moins à mon avis, car les dons du personnage ne sont pas le fruit d'une révélation donnée mais le résultat durement acquis par un travail. Le thème du langage est bien traité même si je n'aurais pas refusé encore plus de didactisme sur la façon d'instaurer le dialogue à partir de rien en commun.

En tout cas, en se basant , rendue par un montage puissant, le film touche à une mélancolie originale.

Tu m'avais fait peur, mais finalement le Villeneuve est largement supérieur au Zemeckis.
Je l'ai vu mentionné une ou deux fois, mais l'ombre de 2001 est omniprésente, je suis étonné de ne pas le voir plus que cela dans vos critiques

J'y ai pensé durant la projo, évidemment, l'ambiance sonore et visuelle, le crescendo de la tension... Mais bon dès que t'as un film d'E.T. c'est le cas.

2001 y a pas d'ET

Au delà de ce que tu mentionnes, il y a surtout ce rapport au monolithe/vaisseau des ET, source du savoir, je ne me souviens pas avoir vu cela dans aucun autre film

Pour moi c'est plus 2010 que 2001... d'ailleurs les titres français sont les mêmes.

Pour moi c'est plus 2010 que 2001... d'ailleurs les titres français sont les mêmes.

Tetsuo va-t-il râler comme un vieux con?

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Je suis fasciné par ce genre d'effets invisibles (cf. l'extraordinaire VFX breakdown de SICARIO déjà: https://vimeo.com/141489257). Mais je m'interroge néanmoins sur le pourquoi de celui-ci. Prise de son ? Confort des acteurs ? Gestion des reflets ?

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Un ensemble, j'imagine...surtout qu'il y a un effet d'apesanteur juste après donc ça devait être plus facile.

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Oui.

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N'écoutez pas Film Freak

Mais pourquoi putain.

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J'avais détesté "Incendies", ce n'est pas ce film qui va me réconcilier avec Denis Villeneuve, et pourtant je partais preneur d'un film de science-fiction un peu tenu et étais prêt à passer l'éponge. C'est la même chose, en pire.
Déjà, je rejoins Erik Vonk, les premiers plans avec l'éternel violoncelle lacrymal de Max Richter et un montage de pub pour une assurance-vie pour nous rappeler que tout le monde y va mourir, même ta famille et il faut le savoir, cela devrait être INTERDIT. Il est vrai que ceci représente néanmoins la partie la plus subtile du film, dont le pitch est: on a retrouvé le couple primitif d'Adam et Eve, ils vont mal, ont divers diplômes qui les font pleurer et, moyennement de gauche, bossent pourtant pour la CIA.


Les thèmes sous-jacents sont surlignés à la truelle (à vrai dire le film n'a pas d'autre contenu que ces thèmes sous-jacent, les personnages n'ont pas vraiment de psychologie, ils ne font d'ailleurs que bosser et dormir) et sont vraiment réactionnaires: si les martiens ne sont pas des exterminateurs, c'est qu'ils n'ont pas besoin de l'être pour divulguer leur leçon qui est claire: toute communication et tout rapport fait fond soit sur un malentendu, soit sur une franche violence radicale, une menace à la limite d'exploser. Mais cet autre qui te nie, tu vas en avoir besoin comme lui a besoin de toi, donc n'essaye même pas de dépasser cette violence, la réciprocité de l'emmerdement rend toute dialectique superflue. C'est la vie. Comme la femme est encore plus une forme d'altérité que l'homme, il est logique qu'elle s'en prenne le plus dans la gueule à cet égard, et elle n'a qu'à assumer. La connaissance, qu'elle soit d'ordre existentiel, sur soi, ou scientifique, est une forme de chute inévitable, de l'ordre du pêché originel, qu'il faut payer par sa propre souffrance de soi et surtout de ses proches (le film est encore plus réactionnaire que la Bible, où Adam et Êve donnent un nom aux choses autour d'eux dans un état qui est encore celui de l'innocence, et où le fruit est nommé par le serpent).

Comme dans Incendies (inspiré de la situation des réfugiés palestiniens en Syrie dans les années 80, mais anonymisé dans un moyen-orient prototypique), l'autre n'a pas de nom: Martien, Palestinien, même combat, il n'y a pas vraiment de rencontre avec lui, pas de désir, on hante le lieu d'enfermement qui est le sien comme un code, ils nous agresse et dans le même temps nous instruit (par nécessité, sans désir, pour répondre à une sorte de question à la oracle de Delphe) et on ressort en ayant compris ce qu'il faut décider, sinon éprouver. La situation du film, la mère qui donne la vie à un enfant qu'elle sait devoir mourir, et le symétrique exact du viol du viol que Loubna Azabal subissait de la part de son fils (même enjeu: garder le silence contre la demande de l'entourage, à croire que les rapports mère-enfant sont forcément voué à l'élimination d'un des deux impliqués, et seraient sauvés par un non-savoir inexistant, mais désiré, et qui est paradoxalement plus dicible que le savoir, obsession idiosyncrasique de Villeneuve?).

Le récit géopolitique est hyper-caricatural (si ça pète, c'est la faute des Russes et des Chinois, ils ont trop l'esprit de compétition qui est une menace pour le monde, ils sont génétiquement infoutus de comprendre ce qu'est la paix en somme).
J'adore Amy Adams (géniale dans Big Eyes de Burton), mais elle a un rôle sans la moindre épaisseur. Quant à Jeremy Renner, la coiffure de Michael Shannon, le menton de Clooney et le regard de cooker-spaniel à qui on ferait une fellation façon Simon Baker, il a le charisme synthétique d'une Honda NSX qui essayerait de se faire passer pour une Lamborghini Miura.
Concernant la représentation du premier contact, District 9 et même Vol 714 pour Syndey étaient plus subtils et denses.

Mais le pire, c'est que la narration est complètement je-m-en-foutiste. Le protocole scientifique pour parler avec les Martiens est risible: "C'est qui lui? On va l'appeler Abbott hihihi. Ha ouai bonne idée! Hé salut Abbott!!!!! Tu crois qu'il nous a compris?". Et c'est censé être des linguistes. Qu'on nous explique en 30 secondes en voix off que le code a été forcé en un mois, et qu'Amy Adams c'est la fille spirituelle d'Alan Turing, OK, passe encore, c'est cohrent avec le message qui assigne à l'humanité l'horizon inévitable l'écriture avec les pieds. .
Pour expliquer l'attentat à la bombe, on nous montre juste un soldat avec une sale gueule (même dans un Louis Feuillade des années 1910 les regards étaient plus complexes) qui approuve muettement la vidéo d'un youtubeur d'extrême-droite (mais qui a bien sûr agi de sa propre initiative). Nul besoin d'expliquer (ni soyons fou, de tenter de montrer), comment la bombe a été hissée dans le vaisseau, à l'insu des martiens et du dispositif de surveillance américain, trop fatiguant, le film est super-statique. Et puis quand on prépare un attentat, c'est bien connu, on rend visible un détonateur avec un compte à rebours qui fait bip-bip. C'est comme si le réalisateur d'un épisode moyen de McGyver essayait de tourner 2001. Je n'ai pas tenu jusqu'à la fin.Si au moins le film avait la franchise d'assumer le B.

Et dans l'utilisation démagogique de la maladie d'un enfant, il se pose quand-même largement.

Nul formellement, idéologiquement nauséabond, narrativement encore plus elliptique qu'un épisode de Scooby-Doo: -4/6

Le temps est venu de bannir ton deuxième compte, Franck.

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C'est vachement élégant