Ok, on va sans aucun doute me traiter de vendu donc j'annonce tout de suite la couleur : revoir AMISTAD m'a fait apprécier le film au-delà du souvenir d'oeuvre lisse que j'avais depuis février 98 et mon unique vision du film en salles.
En réalité, je n'avais à proprement parler AUCUN souvenir du film, si ce n'est les plans qu'on voit dans la bande-annonce.
J'ai véritablement redécouvert le film ce soir et bien qu'il ne s'agisse pas d'une grande réussite, AMISTAD présente bien des qualités.
Il y a tout d'abord cette ouverture remarquable, annonciatrice du débarquement de SAVING PRIVATE RYAN, avec la rebellion des esclaves sur le navire et la rage avec laquelle ils massacrent leurs bourreaux. Le filmage et le montage des tout premiers plans est tout simplement étonnant.
S'ensuivent près de 20 minutes sans dialogues compréhensibles (à l'exception de quelques rares répliques en espagnols). Tout est en mende sans sous-titres. Spielberg conduit sa narration par les images seules et en résulte donc une longue introduction de toute beauté.
Il faut dire que plus encore que tout autre film de Spielberg, AMISTAD voit en son coeur le thème du dialogue entre des personnages étrangers l'un à l'autre (on pense évidemment à E.T. qui lui aussi voulait "rentrer chez lui", à l'instar des esclaves d'AMISTAD, ou encore à Victor Navorski dans LE TERMINAL).
A ce titre, la première rencontre entre l'avocat Baldwin (Matthew McConaughey) et Cinque (Djimon Hounsou) témoigne de la magie de la simplicité si caractéristique du travail de Spielberg. Une fois de plus, il parvient à exprimer une pensée sans réel dialogue, par la simple force de l'image.
On retrouvera tout au long du film de magnifiques idées de mise en scène, qu'il s'agisse de la simple beauté d'un plan (la contre-plongée sur Cinque à la barre se guidant avec les étoiles, la rencontre entre le Président et son jeune juge par le prisme d'un appareil photo renversant l'image) ou bien du sens que porte un plan (Cinque nageant vers le soleil, Cinque coulant avant de nager vers la surface, Cinque retirant le clou ensanglanté monté en parallèle avec Cinque qui retire la lame ensanglanté du corps de son bourreau, autant de symbole d'une quête sans relâche pour la liberté).
C'est pourquoi il est dommage de trouver bien des détails lourdingues au travers du film (Morgan Freeman sur le bâteau avec les chaînes par exemple) surtout quand on voit à quel point Spielberg est fort pour passer une idée en un seul plan (les mâts formant des croix réminescentes des trois croix du Mont Golgotha aperçu dans la gravure dans une Bible, rendant peu subtil la séquence la précédent, qui monte en parallèle le récit par un africain à Cinque du Nouveau Testament et le jeune juge dans une église face à la croix).
De plus, le film présente sans cesse des redondances. Outre le fait qu'il semble être un cousin inférieur de LA LISTE DE SCHINDLER, AMISTAD est un film très mal structuré. On voit quand même TROIS FOIS le MÊME procès quoi...et ça dure 2h30. Au bout d'un moment, ça va quoi...
On note une volonté de créer une intrigue dense, notamment en impliquant un bon nombre d'aboutissants politiques (cette toute première scène de tribunal qui voit je ne sais combien de partis revendiquer les esclaves est annonciatrice de l'encombrement inutile du récit à venir) d'autant plus que Spielberg ne s'y intéresse pas réellement. Il ne fait pas JFK quoi...Cependant, on note les prémisses des critiques de l'Amérique à venir par la suite dans son oeuvre (le générique de fin présentant de manière absurde voire ridicule les personnages du Président Martin Van Buren et de la Reine Isabelle est assez parlant). Il y a aussi évidemment les premiers pas vers la Guerre Civile (que Spielberg revisitera dans son film sur Lincoln) mais par exemple, un des défauts du film, c'est que cela ne pèse pas assez sur l'intrigue principale...
Ca se disperse trop. La réussite de SCHINDLER, RYAN ou MUNICH est de raconter la grande Histoire à travers la petite histoire, en se focalisant sur quelques hommes uniquement voire un ou deux seulement. Ici, c'est quelque peu décousu. Il y a Cinque qui porte tout le début, puis disapraît un moment, avant de revenir. Il y a Freeman et Skarsgard en défenseur de l'abolitionnisme, et l'un disparaît en cours de film pour ne plus revenir tandis que l'autre reste en retrait dès lors. Hopkins qui arrive à la fin pour sortir son discours...Et puis surtout, le récit aurait gagné à insister sur le parallèle entre Baldwin et Cinque (leurs deux vraies scènes ensemble sont les plus révélatrices de leurs personnages), d'autant plus que Hounsou, charismatique de bout en bout, surpasse McConaughey, bon mais incapable de faire plus que ce qu'on donne à son personnage.
Pour revenir aux qualités, il y a évidemment ce flashback, narrant "l'histoire" de Cinque, de son Afrique originale à l'Amistad en passant par sa capture et le négrier portugais Tecora. Une fois de plus, le récit se fait sans dialogue et une fois de plus, c'est chef-d'oeuvre. C'est le genre de séquence qui te fait dire que si Spielberg avait réalisé LA PASSION DU CHRIST, ça aurait tout de suite été autre chose... Par exemple, la violence et le sang, dans cette scène de torture par coups de fouets, ne sont jamais grossiers jusqu'au risible comme dans le fil mde Gibson.
C'est super couillu comme passage.
C'est donc bizarre que j'ai gardé jusqu'à aujourd'hui le souvenir d'un film lisse. En même temps, il y a des scènes qui font plus "calibrées", comme la fameuse scène du "Give us us free" rendue "too much" par la musique de John Williams qui force le "fat" quoi...
La musique est pourtant très belle, notamment les deux thèmes (le mélancolique, et celu ide la liberté) même si certains passages font vraiment Williams old school genre "téléphoné" presque.
De toute façon, techniquement, c'est plutôt classe mais bon, y a toujours qques écarts... Y a pas de vraies fautes dans la mise en scène à part qques détails lourdingues, la photo est sublime mais semble parfois "trop" dans les floods de lumière, la musique...cf. plus haut...et le scénario sait parfois être bon mais peche par moments en se relâchant ou en s'égarant (à ce titre, la plaidoirie finale commence de manière soporifique mais s'avère éventuellement plutôt pas mal), enfin bref...
C'est donc dommage...ça sent l'oeuvre qui redit des choses que Spielberg a déjà dites tout en abordant de nouvelles idées qui seront plus abouties ailleurs, ça sent le film de transition quoi...à juste titre entre SCHINDLER et RYAN (ou plutôt MUNICH que je préfère à ce dernier).
Et donc allez, filmo Spielberg :
Munich (2005)
Plus j'y pense et plus c'est fort. Le film qui me hante. Spielberg abandonne l'espoir et le pathos et signe une oeuvre riche et importante. 6/6
War of the Worlds (2005)
Si Munich parle du 11 septembre et de ses conséquences par le fond, WOW en parle par la forme (et le fond aussi un peu). Visuellement une claque qui ferait passer le plus basique champ-contre-champ pour un plan inédit. Formellement éprouvant tellement c'est dense. 6/6
The Terminal (2004)
La petite bulle d'air frais que je ne peux m'empêcher de trouver touchante et séduisante. C'est un peu trop long pour ce que c'est mais c'est tellement bien fait. J'ai le sourire tout le long, je ris plusieurs fois, je trouve Hanks énorme, effacé derrière le personnage, c'est beau. 5/6
Catch Me If You Can (2002)
Spielberg fait son James Bond, son film comic book, son film de gamin qui doit grandir en plus beau et plus subtil que Hook. A l'époque toruvé un peu long, aujourdh'ui je le trouve parfait. Mais je reste honnête et je garde ma note de 2003. 5,5/6
Minority Report (2002)
Là c'est un peu comme WOW : si Catch me me séduit par ses thèmes, Minority Report me transporte par son visuel. A l'exception d'une ou deux scènes que je trouve un chouille mollassone comparées au reste, c'est époustouflant. Et l'hommage aux polar et au film noir, matiné de SF, est classe. 5,5/6
Artificial Intelligence: AI (2001)
Raaah faudrait que je le revoie pour mieux en parler. Probablement un des films les plus bizarres du bonhomme, partagé entre sa propre sensibilité d'antan, sa sensibilité à venir, et l'ombre de Kubrick. Reste une oeuvre d'une beauté et d'une cruauté surprenante mais du coup légèrement confondante. 5/6
Saving Private Ryan (1998)
Un débarquement qui fout sur le cul, une approche formelle qui va, encore une fois, stigmatiser un genre. Pour le coup, je trouve le film plus proche d'un Minority Report (l'hommage à un genre, le visuel plus fort que le fond, une intrigue somme toute basique) que d'un Schindler. Le prologue et surtout l'épilogue me bourrent un peu. Inutiles. 5/6
Amistad (1997)
Cf. plus haut. 4,5/6
The Lost World : Jurassic Park (1997)
Un peu comme Amistad, c'est le film faible, qui sent la redite (bon c'est une suite) et présage de nouveaux horizons (la noirceur) parcouru de morceaux de bravoure (la scène de la caravane quoi). Dur pur entertainment offert par le maître. 4,5/6
# Steven Spielberg's Director's Chair (1996) (VG)
Lol ouais je l'avais. Un peu foireux...
Schindler's List (1993)
Spielberg qui allie la force de son classicisme hollywoodien à une approche atypique, tant dans la structure narrative que dans les choix formels. Une grande histoire à laquelle Spielberg confère toute son humanité en signant à la fois quelques-unes des plus belles scènes de sa carrière, ainsi que certaines des plus terrifiantes. Horrible et sublime de vérité. 6/6
Jurassic Park (1993)
Le film n'en mérite peut-être pas autant mais je le trouve tellement parfait en son genre que je ne peux mettre moins que la note maximale. Ici, c'est le Spielberg qui maîtrise mieux que personne la représentation cinématographique des grandes icônes de l'imaginaire collectif : après les extra-terrestres, les dinosaures. Merveilleux, aventure, suspense et humour se côtoient dosés à la perfection. 6/6
Hook (1991)
Le film qui vieillit mal (surtout quand le spectateur vieillit). C'est super intéressant au niveau des thèmes, notamment dans ce que ça représente vis-à-vis de leur auteur mais ça reste un des films les moins subtils qu'il ait fait. Didactique à outrance, le film devient doublement lourd lorsqu'il fait dans la surenchère infantile et tend à tenir du spectacle de cirque. C'est certainement un de ses films les moins intemporels (toutes les conneries avec les gamins qui font du skate et du basket, le leader Rufiho en simil-Michael Jackson dans Bad version punk). Passionnant pour un fan, de belles scènes, mais boursouflé. 4/6
Always (1989)
Spielberg fait le remake d'un de ses films préférés. A l'instar du Terminal, c'est un tout petit film, très simple. Après il me parle moins donc du coup, pas grand chose à dire dessus et pas beaucoup de souvenirs. 4/6
Indiana Jones and the Last Crusade (1989)
Mon préféré. Pourquoi? Parce que c'est celui qui se permet d'aborder le personnage du point de vue du mythe, de la légende. C'est seulement le 3e épisode mais voilà, Indiana Jones c'est déjà James Bond. C'est le nom, c'est l'icône, la légende, le mythe, etc... Visuellement, c'est également cleui que je trouve le plus beau et plus riche : au niveau du montage, de la composition des cadres et du timing intra-plan et inter-plans, c'est superbe. Entraînant comme rarement, j'adore. 6/6
Empire of the Sun (1987)
Le plus méconnu et sous-estimé des Spielberg. Et pourtant l'un des plus beaux et des plus forts. Le parcours de ce petit Jim m'est fascinant grâce notamment à l'opposition que Spielberg fait de la dure réalité et de tout ce qui est magnifié par le prisme du protagoniste. Spielberg confronte réellement pour la première fois son approche "merveilleuse" et une approche plus "réaliste". Avec ce simili-Oliver Twist, Spielberg signe son premier "grand classique" dans le sens cliché du terme. 6/6
The Color Purple (1985)
Trop souvent lisse, voire par moments grossiers, décousu et maladroit dans sa structure, le film ne me transporte jamais. Reste quelques moments forts. 3/6
Indiana Jones and the Temple of Doom (1984)
Le préféré de beaucoup. Je peux imagienr pourquoi. Perso, c'est celui que j'aime le moins. Niveau entertainment, ça assure (même un peu trop) mais y a presque que ça et du coup, l'oeuvre est quelque peu désincarnée. Et puis Willie me bourre grave. Après, je chipote parce que j'adore quand même le film. 5,5/6
E.T. the Extra-Terrestrial (1982)
Personnel et calibré : le grand talent de Spielberg. Il parle de ce qui lui tient à coeur et en même temps il parle à tout le monde. M'étendre davantage ne servirait à rien. Si vous voulez en savoir plus, je vous redirige vers le texte dans le Dossier Spielberg sur FDC (adresse en bas) 6/6
Raiders of the Lost Ark (1981)
Spielberg : "J'aimerai faire un James Bond."
Lucas : "Nan j'ai mieux."
Et c'est ainsi qu'ils réinventèrent le film d'aventures. Le début du mythe quoi...Indiana Jones, c'est tout ce qu'on aime adorer dans l'image d'Epinal, dans le cliché, dans le classique, dans la bonne vieille série B, hissé au statut d'oeuvre (voire chef-d'oeuvre) légitime. 6/6
1941 (1979)
Overplotté, lourdingue, pas toujours drôle, 1941 laisse échapper une certaine hystérie qui n'est pas désagréable mais nuit également au film à mon goût. 4/6
Close Encounters of the Third Kind (1977)
Le premier film vraiment spielbergien, tant dans la thématique que l'esthétique. On découvrait alors Spielberg pour de vrai, cet homme qui saurait être le tampon entre le spectateur et l'univers du merveilleux. Le cinéma de ce genre est Divin et Spielberg en est son prophète. 6/6
Jaws (1975)
Un peu daté mais encore bien tendu comme il faut. Spielberg (bien aidé de sa monteuse Verna Fields et de son compositeur John Williams) exploite ses malheurs pour mieux signer un thriller avec 4 personnages énormes (Brody, le Mr. Tout-le-monde ; Hooper, le grand enfant passionné ; Quint, le vieux chasseur ; et Bruce, la force de la nature). 5/6
The Sugarland Express (1974)
Je dois avouer pas vraiment m'en souvenir et pourtant je l'ai vu y a genre 5-6 ans seulement. Pas marqué par ce film très daté à l'histoire peu entraînante. Au-delà de ça, je ne suarai trop quoi dire...je crois que je vais devoir le revoir. 3/6
Non je ne mets pas Duel.
Le meilleur dossier du monde :
http://www.filmdeculte.com/dossier/spielberg/