Ca commence avec cette scène d’introduction totalement ahurissante. Nolan part dans des proportions titanesques et créé le hold-up le plus impressionnant que j’ai pu voir. La puissance et la précision de Bane explosent dans cette séquence aérienne. Quand tu vois un avion se faire démanteler en plein vol avant de s’écraser, c’est là que tu te dis qu’encore une fois tout est possible dans le cinéma de Nolan. Ce foutoir parfaitement organisé, où on comprend rapidement comment fonctionne l’équipe de Bane (des mercenaires prêts à mourir pour une cause plus grande qu’eux). Comme le dit Selina Kyle « A storm is coming », Gotham va encore une fois prendre très cher et la démesure ne semble pas être un problème, bien au contraire.
On enchaine sur le « Harvey Dent Day » où Gordon a de plus en plus de mal à vivre dans le mensonge fabriqué 8 ans auparavant. C’est le calme avant la fameuse tempête, Gotham est apparemment devenue une ville sans crime organisé. Bruce Wayne est inactif et déprimé, Batman est absent, Gordon perd son mariage et le respect qu’il a gagné. C’est un des premiers choix audacieux de Nolan, car hormis le prologue, il refuse de commencer sur les chapeaux de roues pour ce dernier chapitre. On aurait pu s’attendre à une avalanche d’évènements mais la première demi-heure se fait très intimiste. Alfred n’en peut plus de voir Bruce devenir cet être qui se refuse à vivre et qui cherche paradoxalement une raison pour réendosser son costume. Selina Kyle va être le déclencheur de tout ceci, elle devient dans cette première partie l’un des moteurs des apparitions de Batman. Tout comme le personnage de Joseph Gordon-Levitt (Blake) qui à ma grande surprise est un des meilleurs personnages du film. Son premier dialogue avec Bruce Wayne m’a profondément touché et rappelle, s’il en est besoin, pourquoi on aime Batman.
Néanmoins ça ne veut pas dire qu’il ne se passe rien dans ce début que j’ai trouvé parfaitement rythmé. Les péripéties de Selina Kyle, qui ne sont jamais très loin de l’ascension de Bane, sont on ne peut plus efficaces. J’ai d’ailleurs adoré l’interprétation d’Anne Hathaway jonglant entre malice, violence et vulnérabilité. Sa scène d’action dans le restaurant est juste géniale et Nolan repart dans ce qu’il sait faire de mieux : Commencer avec un concept simple (Selina Kyle donnant des informations à un tiers) pour partir totalement en live et ouvrir le canevas (fusillade dans le restaurant, poursuite dans les égouts qui déboule sur la rencontre Gordon/Bane). Dès lors le film n’a fait que de me surprendre dans l’enchaînement de ses évènements. Batman revient dans une de mes séquences préférées de la trilogie. Il commence en tant que chasseur en poursuivant Bane et ses sbires pour se faire chasser par la bande à Foley. Séquence à la thématique sublime, Batman tentant en vain d’aider des forces qui le rejettent. Et où on voit bien que ses gadgets forment l’arbre qui cache la forêt de sa faiblesse. Comme en témoigne cet instrument sur sa jambe qui lui permet de lâcher sa canne. Batman ne perdure que via les nouveaux jouets que lui propose Fox et il refuse de se l’admettre. J’étais en larme quand Alfred ne sachant plus comment le raisonner décide de lui dire la vérité sur Rachel. J’étais en colère contre lui, même si je comprenais son acte. Car « The Dark Knight Rises » c’est tout simplement le film où j’ai jamais autant aimé Bruce Wayne. Je suis touché par tout ce qui lui arrive. J’aime ce personnage putain, qui ne cherche pas de reconnaissance mais une raison de se battre, de se sacrifier car pensant n’avoir plus rien à perdre.
Ce qui m’amène directement à son antagoniste : BANE !
Je l’ai personnellement trouvé parfait, il représente une énorme menace. Et s’il a un point commun avec le Joker, c’est qu’il ne peut être raisonné. Mais Bane a un but, ce n’est pas un chien fou. C’est un terroriste révolutionnaire au service d’une cause celle de « La Ligue des Ombres ». Il va droit au but, ne peut-être stoppé. Ses actes sont calculés et tout comme Batman il connaît la notion de sacrifice. Mais pour moi, il y a autre chose de différent avec ce méchant. Car dans « The Dark Knight », il pouvait y avoir une sorte de plaisir pervers à voir le Joker triompher. Ici, ce n’est nullement le cas. Je HAIS Bane, je n’ai aucun désir de le voir gagner. Je le méprise, je veux le voir souffrir. J’ai envie que Batman revienne et lui explose son masque.
C’est d’ailleurs ça qui rend ce premier combat si terrible. Dès que la grille enferme Batman dans cette cage géante. On sait pertinemment qu’il n’a ABSOLUMENT aucune chance contre Bane. La musique tonitruante de Zimmer se fait absente comme pour sonner la sentence contre l’attitude qu’a eu Bruce Wayne. C’est embarrassant de voir Batman se faire malmener de la sorte. Nolan refuse l’épique pour cette séquence froide et brutale.
Et c’est là que le film se fait le plus surprenant, en gardant captif Bruce Wayne dans la prison de Bane. Ce qui occupe un tiers du métrage. Avec cette idée sadique de Bane qui est de tenir son ennemi au courant de la descente aux enfers de Gotham. C’est à ce moment là que Nolan décide d’abattre les mensonges du précédent opus. La vérité est un des thèmes principaux de « The Dark Knight Rises ». J’avais des frissons de haine lorsque Bane cite le discours de Gordon et s’en sert pour mettre Gotham plus bas que terre. Surtout que cela intervient après une série d’explosions enfermant la ville comme l’est son justicier. D’un autre côté c’est Blake qui monte en grade et envoie du lourd avec cette séquence d’une classe absolue où il se précipite pour récupérer Gordon à l’hôpital.
On a souvent taxé Nolan de privilégier le réalisme. Et je ne suis pas vraiment d’accord. Certes il aime et ancre ses histoires dans des univers crédibles. Mais il n’a aucun problème à partir dans des fulgurances invraisemblables. Il y a un amour du cinéma trop grand pour se « cantonner » au réalisme. On peut citer l’attaque des chauves souris dans « Batman Begins » et le look de Two-Face dans « The Dark Knight ». Ici il enferme TOUTES les forces de police sous terre pendant 3 mois. Il capture Bruce Wayne dans un lieu à la géographie inconnue. Ou encore l’apparition ectoplasmique de Ra’s Al Ghul. Gotham devient une anarchie faussement contrôlée et le Scarecrow en est le juge (ce qui m’a bien fait marrer lors de ses 2 scènes). Bruce Wayne est témoin de tout ça et retrouve cette rage et cette force qui constituaient ce qu’était Batman. J’admire le fait que Nolan décide que son héros ne saute pas une ni 2 mais 3 fois ! Ce qui rend son échappée tellement dantesque et symbolique à mon sens. Pareil la séquence du saut final entre directement dans les anales des meilleures scènes de la franchise.
Et on arrive dans ce climax de près d’une heure, épique à souhait et où je verse ma larme à chaque moment de bravoure de Batman. Nolan décide enfin de le sublimer, je pense à ce plan ou il attend Bane sur les marches lors de l’affrontement final. Jamais ce super-héros n’a été autant mis en valeur. Il est redevenu puissant, et le voir détériorer le masque de Bane est jouissif. J’adore ce plan large ou juste après Bane désemparé, rue de coups Batman et le pilier. La largeur du plan rend cette fois-ci la force de Bane absurde et vaine. Pour moi c’était l’apothéose quand Batman lui retourne sa punchline. Puis cette poursuite finale, c’est juste la folie.
J’ai de nouveau pleuré lors du « sacrifice » de Batman, qui m’a fait penser à celui de « Superman Returns ». C’est d’ailleurs ce qui m’avait gêné lors de ma première vision, le fait qu’il y survive. Mais la seconde fois j’ai été plus qu’ému par ce montage final. Montrant un Bruce Wayne enfin serein et heureux. Annonçant la relève avec Blake. Ce qui m’a d’ailleurs beaucoup surpris car je me souviens avoir lu dans plusieurs interviews de Nolan à l’époque de « Batman Begins » qu’il n’aimait pas le personnage de Robin.
Quelques défauts mineurs :
- Une Juno Temple insupportable.
- Si Nolan est généralement roi des montages parallèles, je trouve qu’il foire la temporalité sur la poursuite finale.
- Marion Cotillard qui s’en sort pas mal en Miranda Tate est nettement moins convaincante en Talia.
- Le film n’à pas toujours le temps de ses ambitions dans cette dernière partie (je fais référence au combat des forces de l’ordre contre les mercenaires qui est vite éclipsé).
Sinon magnifique plan final, Nolan sait toujours parfaitement comment conclure ses films.