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MessagePosté: 18 Juil 2017, 18:46 
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J'ai beau être un vendu à Nolan, j'ai moi-même avoué craindre qu'il me perde en s'attaquant à un genre qui me touche peu et à une époque par trop visitée au cinéma. Toutefois, il m'était impossible, au-delà de mon affection pour le cinéaste, de ne pas être curieux de voir à quoi ressemblerait sa première incursion dans la réalité historique.

Le cinéma de Christopher Nolan a toujours eu les pieds ancrés dans le réel, c'est même le parti-pris de ses adaptations de Batman, et on lui aura reproché cette approche terre-à-terre pour Inception, pourtant situé dans l'univers des rêves, mais il ne s'est jamais attaqué à des faits réels. Vu comme le rapport à la mise en scène et à l'auto-fictionnalisation a gouverné ses précédents films et motivé ses protagonistes par le passé, il était intrigant de voir quel tournant allait marquer dans la carrière du bonhomme.

En réalité, la nouvelle ère de la filmographie de l'auteur semble débuter avec Interstellar. En effet, avec Inception, en même temps que son personnage, Nolan se défaisait de son obsession liée à la culpabilité et à la nécessité d'inventer une illusion pour survivre, ce que la conclusion de sa trilogie Dark Knight confirmait, Bruce Wayne rejetant son alter ego pour évoluer. Nolan aussi se devait d'exorciser sa peur pour aller de l'avant et selon le réalisateur, son plus grand cauchemar est d'être soldat dans une guerre. À l'instar de Bruce Wayne, il exorcise sa peur en l'incarnant. Il fait Dunkerque. Mais Dunkerque n'est pas vraiment un film de guerre, du moins pas un film de guerre comme les autres. Le metteur en scène en parle comme d'un survival. En plus d'être un genre, cette notion semble également être, depuis Interstellar, la nouvelle thématique préoccupant l'auteur. Plus précisément, ce qui l'obsède, c'est l'idée d'endurer, d'attendre dans les limbes pour connaître son sort aux mains de l'inéluctable force de monde : le temps. Quelle est la seule manière de contrôler le temps? Un film. Et c'est exactement ce que fait Nolan pour rendre état de l'incroyable réalité des soldats impliqués dans l'évacuation de Dunkerque, en plongeant le spectateur dans la subjectivité de plusieurs points de vue, compactés en un temps présent recréé de toutes pièces et un film à la fois épique et intime, élémental jusque dans l'épure scénaristique mais sans jamais ne perdre l'humain.

Vraisemblablement, cela fait plusieurs films que le spectre de Dunkerque hante Nolan. Dès les premières secondes d'Inception déjà, les vagues rejetait le héros sur une plage indéfinie qui allait par la suite être définie on ne peut plus clairement comme les limbes, strate de rêve ultime, "le subconscient à l'état pur" indiquait même une réplique. Lorsque Tommy (probablement ce que Dunkerque a de plus proche d'un personnage principal) arrive sur la plage, ce qu'il voit tient quasiment du cauchemar mortifère et surréaliste. Du sable et des soldats à perte de vue. Et cette eau qui aura tôt fait de le recracher là à chaque tentative d'évasion. Une mer synonyme de mort, où l'on se jette pour atteindre le foyer, qui est là, "juste en face", mais dont la marée ramène les cadavres. La marée n'est autre que la funeste alliance de la mer et du temps et être échoué sur la plage de Dunkerque, c'est un peu comme se retrouver coincé sur la planète couverte d'eau d'Interstellar, avec ses tsunamis incessants, inéluctables, comme le temps, avec pour seul désir le retour au foyer, déjà l'objectif de Cobb dans Inception. Au même titre que les habitants de Gotham coupés du monde par Bane dans The Dark Knight Rises, les soldats sont en plein purgatoire. Avec Dunkerque, Nolan fait un film de guerre statique. "Vous savez, ces rêves où vous vous imaginez courir pour fuir un danger mais vous n’arrivez plus à bouger, vous ne pouvez pas fuir. C’est ce que j’ai retrouvé dans tous les comptes-rendus que j’ai lus sur Dunkerque. L’idée de mettre en relation cette frustration et le dénouement de l’opération, tout cela créait une puissance symbolique qui pouvait faire un film." Chez Nolan, le rêve, ou plutôt le cauchemar, n'est jamais très loin. Et l'idée de l'endurance, qui donnait son nom au vaisseau d'Interstellar, non plus. C'était également le précepte intimé à Wayne par Alfred dans The Dark Knight. "Endurez" et vous survivrez.

Dans Dunkerque, l'ennemi est invisible. Littéralement. Il est réduit à des coups de feu, des bombes, une torpille ou au mieux des avions. En ce sens, Dunkerque, c'est Duel. L'ennemi n'est même pas nommé, ni par les personnages ni par les cartons au début du film. Nolan disait que dans Interstellar, l'antagoniste était le temps et c'est encore plus vrai pour Dunkerque. Dès les premières minutes, l'action est dominée par des comptes à rebours. Des soldats qui courent et qui tombent un par un. Un plan fixe avec un soldat au premier plan et des explosions de plus en plus proche. Arrive ensuite le compte à rebours du carburant qui s'amenuise puis le compte à rebours jusqu'à la prochaine marée haute. Cependant, le compte à rebours le plus décisif du film est celui de sa structure. Nolan a toujours été fasciné par les mises en abyme : le protagoniste de son court métrage Doodlebug qui court après un insecte qu'il finit par écraser mais qui n'est autre qu'une version de lui-même, l'affiche de Memento, le journal dans le journal de Le Prestige, les rêves dans les rêves d'Inception, le Tesseract d'Interstellar... Et donc la narration de Dunkerque, allant du macro au micro, alternant trois trois unités de lieu mais surtout de temps - la plage où les soldats ont attendu une semaine, la mer que les bateaux civils mettaient une journée à traverser et le ciel dans lequel les avions n’avaient qu’une heure de carburant - que Nolan compulse en un seul et même présent constant par la manipulation de la chronologie.

La relativité temporelle était déjà explorée par le biais de la science-fiction dans Inception et Interstellar, faisant se dérouler des strates d'action simultanément mais à des niveaux de rêves ou de la galaxie différents, de manière à diégétiser les allers-retours temporels de ses précédents films (Memento, Le Prestige) où l'alternance était liée à la mémoire. Ici, l'alternance unifie en une expérience unique la triple expérience du combat, en embrassant sa nature élémentaire (eau, terre, air). Et c’est donc ainsi que Nolan se réapproprie le réel, en créant une unité de temps là où il n’en existe pas. De plus, en ce qui concernait la narration de Memento ou les flashbacks du Prestige, tout était toujours clairement expliqué, délimité. Il en allait de même pour la relativité du temps dans Inception et Interstellar. Ici, le rapport entre les temporalités est à peine expliqué par des cartons cryptiques au début du film. Il n’y a quasiment aucun indice. Nolan ne prend pas le spectateur par la main. Quand on voit un même événement revenir au long du récit, Nolan ne remontre même pas les mêmes plans. Il montre toujours un point de vue différent. Ce n'est pas juste parce qu'il fait confiance à l'intelligence du spectateur pour fabriquer le puzzle tout seul mais surtout parce qu'il veut plonger le spectateur dans le moment présent. Si le pire cauchemar de Nolan est la guerre, c’est parce que sa peur ultime a toujours été le chaos. C’est pourquoi ses personnages sont sans cesse en quête de contrôle. L’élément incontrôlable par excellence, c’est le temps. Au travers de ses films, Nolan a toujours manipulé le temps pour mieux symboliser par expressionnisme la subjectivité de ses personnages (la narration à rebours de Memento ne nous permettait pas de savoir ce qu'il venait de se passer, comme pour Leonard Shelby). En refusant à Dunkerque l'ordre le plus élémentaire, l'ordre chronologique, Nolan recrée ce chaos, étourdissant pour le spectateur, et ce n'est que lorsque les temporalités convergent enfin, au gré de ce compte à rebours général qu’est la semaine de Tommy, que la catharsis est permise.

Dans Dunkerque, les personnages ne sont pas définis par leur passé mais par leur présent. On est plus dans la mémoire, comme pour les précédents films de Nolan, on est dans l'immédiat. On n'est plus dans le passé qui hante le présent. Le souvenir, c'est le film entier. La mémoire est dans l'éclatement chronologique et de points de vue, comme une peinture impressionniste de l’évacuation, composée de plusieurs micro-séquences. Pas de trauma, pas d’arc, rien de didactique, rien qui ne pourrait valoir à Dunkerque d’être bêtement qualifié de « film de scénario » comme le furent certains des précédents films du cinéaste. Les personnages n’ont même pas un simple totem comme les affectionne Nolan (les objets volés dans Following, les affaires de feu sa femme dans Memento, le stéthoscope dans Batman Begins, la pièce dans The Dark Knight, le totem d'Inception, la montre d'Interstellar, tous ces objets qui déclenchent le souvenir). Dépouillé et quasi-muet, dépolitisé et humanisé, Dunkerque est une expérience sensorielle. Nolan l’a pitché à Warner Bros en affirmant qu’il s’agirait de "réalité virtuelle sans casque". Un argument de vente qui trouve tout son sens lorsque le film est vu comme il se doit : en IMAX.

L'IMAX ne permet pas au spectateur de tourner la tête pour avoir une vision à 360° mais s'étire tout de même non seulement sur les côtés comme un format Scope mais également en hauteur. Il couvre la périphérie de la vision humaine. En plus d'épouser cette focalisation interne, le format 1.43 est également parfait pour rendre état de la verticalité du soldat isolé dans le cadre. Rectangle presque carré, dès lors qu'il se renverse, il nous fait perdre nos repères, qu'il s'agisse de la ligne d'horizon qui fait basculer ciel et mer ou d'un navire en train de couler. Immersif et vertigineux, il permet également de garder l'immensité de la mer ou de la plage dans le même cadre que l'immensité du ciel, autant de vastes étendues inéchappables, autant de limbes, tout en rendant les gros plans claustrophobiques, habitant tout l'espace du cadre avec buste de l'acteur, enfermé dans son cockpit. Parmi les rares séquences passant au format Scope, certaines accentuent également cette enfermement en imposant, sur un écran IMAX, des barres noires. Intense de bout en bout, dans l'action comme dans le suspense, Dunkerque est également étouffant.

En retrouvant une fois de plus le directeur de la photographie Hoyte von Hoytema, Nolan se défait définitivement de la chaleur que ses collaborations avec Wally Pfister pouvaient présenter. En signant son film le plus court depuis son premier, Nolan se fait plus brut et vériste que jamais, sans images de synthèse superflues ni mouvements de caméra impossibles lors des dogfights, que Nolan décrit comme "non pas des poursuites en voiture mais des parties d'échecs". Ce que l'on ressent durant ces scènes, c'est la difficulté de la stratégie et l'humain au coeur de l'action. Même lorsque Nolan nous montre la plage vue d'en haut, ce n'est pas une plongée divine mais le point de vue des pilotes. Nombre de personnages nolaniens "meurent en héros ou se voient devenir le bourreau". Ici, il n'y a ni héros, ni bourreau. Que des survivants. L'émotion dans Dunkerque est sèche mais réside dans l'humanité qui se dégage du film et d'images aussi belles que celle d'un avion survolant la plage qu'il a protégé, la dilatation du temps opérée par Nolan faisant durer ce moment élégiaque. Après le pessimisme de ses débuts (de Following à The Dark Knight) et son optimisme récent (Inception, The Dark Knight Rises), Dunkerque se termine sur la même note douce-amère qu'Interstellar, avec un dernier plan lourd de sens, mais n'oublie pas que "la nuit est la plus sombre avant l'aube".

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MessagePosté: 18 Juil 2017, 19:26 
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Film Freak a écrit:
Vraisemblablement, cela fait plusieurs films que le spectre de Dunkerque hante Nolan. Dès les premières secondes d'Inception déjà, les vagues rejetait le héros sur une plage indéfinie qui allait par la suite être définie on ne peut plus clairement comme les limbes, strate de rêve ultime, "le subconscient à l'état pur" indiquait même une réplique.

Bien vu !

Citation:
Un plan fixe avec un soldat au premier plan et des explosions de plus en plus proche.

Plan que je trouve naze d'ailleurs, tant il est prévisible dès le début. On ne voit plus que la pyrotechnie et la recherche du wow effect, ce qui dessert la situation.


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MessagePosté: 18 Juil 2017, 20:29 
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Déjà-vu a écrit:
Film Freak a écrit:
Vraisemblablement, cela fait plusieurs films que le spectre de Dunkerque hante Nolan. Dès les premières secondes d'Inception déjà, les vagues rejetait le héros sur une plage indéfinie qui allait par la suite être définie on ne peut plus clairement comme les limbes, strate de rêve ultime, "le subconscient à l'état pur" indiquait même une réplique.

Bien vu !

Citation:
Un plan fixe avec un soldat au premier plan et des explosions de plus en plus proche.

Plan que je trouve naze d'ailleurs, tant il est prévisible dès le début.

Prévisible en quoi et dès le début de quoi?
On sait qu'il va pas mourir, oui, vu qu'on est dans les 5 premières minutes du film.


Citation:
On ne voit plus que la pyrotechnie et la recherche du wow effect, ce qui dessert la situation.

Au contraire, moi je trouve cette focalisation très humaine. On reste avec Tommy, les explosions sont en arrière-plan mais s'approchent, foutent la pression...

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MessagePosté: 19 Juil 2017, 19:41 
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Le film a de grandes qualités d'écriture et de photographie, entre autres (le traitement sonore est impressionnant), mais j'ai quand même pas mal de réserves.
Je trouve que les trois unités d'action (et de temps, mais rapidement ça devient un peu confus et on a l'impression que le film ne dure qu'une journée pour tous les protagonistes) dispersent la portée émotionnelle en ne permettant pas suffisamment de créer des personnages. Je comprends l'ambition de ne pas faire un énième film de guerre-vue-à-travers-un-simple-gars-normal-qui-en-réchappe-à-la-fin, mais je trouve que le pari perd un peu le spectateur, émotionnellement. Le parti-pris de ne pas faire figurer le reste du conflit, et notamment la menace allemande, si elle peut se justifier aussi pour créer un vase clos, prive le récit d'un sens de l'urgence que la séquence d'ouverture ne compense pas vraiment. L'effet de masse n'existe pas non plus à l'écran : on parle du sauvetage de plus de 300000 gusses pilonnés par des centaines d'avions allemands, à l'écran on n'a jamais l'impression qu'il s'agit de plus de quelques milliers d'évacués tout au plus, ce qui rend l'histoire plus anonyme. Enfin, y'a un vrai souci d'héroïsation à tout prix (les moments les plus embarrassants se situant généralement avec Brannagh à l'écran). Tout semble assez édulcoré,
les français sont bloqués mais à la fin le courageux capitaine reste pour les sauver, le "méchant" ne l'est que par maladresse et traumatisme et on lui pardonne illico, et l'attitude des deux-trois retors de la compagnie de grenadiers n'est pas beaucoup plus questionnée que cela ; in fine les rafiots des merveilleux citoyens anglais tellement flegmatiques viennent sauver tout le monde sous moults violons alors qu'en réalité leur rôle n'a été que symbolique et leur importance historique relève de la même propagande que celle des taxis de la Marne
. Enfin, l'ensemble manque cruellement de surprises :
on insiste lourdement sur les nageurs mazoutés juste avant qu'ils se fassent cramer dans l'eau, on insiste lourdement sur la jauge de l'avion juste avant qu'elle ne pète, on insiste lourdement sur les issues de secours du navire qui servira de cercueil à de nombreux soldats lorsqu'il coulera, etc.


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MessagePosté: 19 Juil 2017, 23:36 
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Le film est bon et agréable à suivre mais ne m'a pas franchement convaincu pour autant.
Le montage alterné et ces trois temporalités transforme l'épisode historique en un catalogue d'images sur comment mourir à la guerre. Il est à l'origine de trois des soucis majeurs du film.
D'une, comme l'a dit boultan, il brise régulièrement l'élan du film, en rendant l'issue de certaines scènes prévisible.

Ensuite, il casse le second moteur de tension potentiel du film, celui qui n'est plus lié au sort des soldats qu'on voit à l'écran, mais celui qui est lié au sort de l'armée anglaise et de ses alliés. L'épisode de l'évacuation de la poche de Dunkerque est là au début, dans le carton d'introduction, elle est aussi là dans les premières minutes du film lorsqu'on voit les français défendre le petit périmètre où les anglais attendent des bâteaux, mais ensuite elle ne devient plus qu'un concept, un prétexte où filmer des centaines tout au plus d'anglais qui survivent ou qui meurent. Si cette opération est considérée comme un des plus importantes de la deuxième guerre mondiale, ce n'est pas parce qu'elle a été un tir aux pigeons orchestré par les allemands sur les anglais, mais parce qu'elle a permis aux alliés de ne pas sombrer et de garder une trace d'espoir. Nolan en est conscient puisqu'il finit son film
en replaçant l'opération dans son contexte, en citant le célèbre discours de Churchill.
Sauf que c'est trop tard, le film est à ce moment-là déjà devenu un survival avec toutes les thématiques que vous voulez mais sans vrai fond historique. On ne parle plus de survie d'une nation, d'un régime politique, d'une civilisation, mais de survie d'hommes comme vous et moi.

Enfin, il empêche de ressentir l'attente interminable vécue par les soldats coincés à Dunkerque. L'absence de respirations fait qu'on a l'impression que tout ne dure qu'une journée (et encore, une journée bien courte, presque une succession de moments ! que se passe-t-il entre ?). Cela atténue naturellement la force du survival. Là encore, quand on connait un peu l'histoire, on a du mal à trouver extraordinaire une attente qui semble ne durer qu'un seul jour sur une plage.

Je note aussi une contradiction gênante entre l'envie d'hyperréalisme et de concessions fréquentes à la fiction la plus vulgaire.
La mort du gamin sur le bateau de Mark Rylance, la scène avec le français dans la cale, etc.
. C'est mal écrit et plombant.

Bref, je suis assez surpris qu'un réalisateur comme Nolan, qui je crois le savoir aime beaucoup l'histoire, face un film aussi peu nourri par l'histoire, aussi superficiel, aussi creux. Pour moi qui voit la deuxième guerre mondiale, et la guerre de manière générale, autrement que comme des individus qui souffrent et se tuent sans raison, ça me gène vraiment.


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MessagePosté: 20 Juil 2017, 00:07 
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Marlo a écrit:
Sauf que c'est trop tard, le film est à ce moment-là déjà devenu un survival avec toutes les thématiques que vous voulez mais sans vrai fond historique. On ne parle plus de survie d'une nation, d'un régime politique, d'une civilisation, mais de survie d'hommes comme vous et moi.

Ce procès est destiné à devenir le plus récurrent mais non moins à côté de la plaque sur le film. Ou comment reprocher à un artiste de ne pas avoir raconté l'histoire qu'on aurait voulu qu'il raconte.

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MessagePosté: 20 Juil 2017, 00:17 
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Film Freak a écrit:
Marlo a écrit:
Sauf que c'est trop tard, le film est à ce moment-là déjà devenu un survival avec toutes les thématiques que vous voulez mais sans vrai fond historique. On ne parle plus de survie d'une nation, d'un régime politique, d'une civilisation, mais de survie d'hommes comme vous et moi.

Ce procès est destiné à devenir le plus récurrent mais non moins à côté de la plaque sur le film. Ou comment reprocher à un artiste de ne pas avoir raconté l'histoire qu'on aurait voulu qu'il raconte.


Si le survival était réussi (et j'ai expliqué en quoi il ne l'est pas pour moi), je n'aurais pas dit ça.
Ensuite, à ta place je ne serais pas aussi certain : la fin du film, ainsi que tout ce qui touche au personnage de Mark Rylance, qui n'est pas un personnage de survival, mais l'incarnation du peuple anglais, laissent planer beaucoup d'ambiguités sur les véritables intentions de Nolan, sur ce qu'il a réellement voulu raconter. Ces deux éléments font sortir le film du simple survival pour le ranger parmi les films qui assument une représentation historique, et à ce titre on est en droit de le critiquer sur cette représentation-là aussi.


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MessagePosté: 20 Juil 2017, 00:20 
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Je ne comprends pas en quoi le film est superficiel. Parce qu'il n'a pas le traditionnel filtre Wikipédia qui permet de remettre l'histoire en perspective ? Ça fait pas "film de guerre vu et raconté par des gens qui vivent en 2017", et c'est là la grande force du film...

J'avais justement très peur que Nolan se sente obligé de passer par tous les poncifs habituels, politiques etc, mais évidemment il n'en est rien. On évite ainsi le traditionnel carton de fin expliquant à quel point l'opération Dynamo a changé le cours de l'histoire. Pardonnez-moi l'expression, mais on en a soupé de ce genre de trucs.

Pour le reste, le film m'a happé dès la première scène... Niveau spectacle, la timeline aérienne est bluffante. Je serais encore plus à fond si la séance n'avait pas été gâchée par un problème de clim dans la salle (400 personnes en hyperventilation qui suent à grosses gouttes, ça aide pas).

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MessagePosté: 20 Juil 2017, 00:23 
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Marlo a écrit:
Ensuite, à ta place je ne serais pas aussi certain : la fin du film, ainsi que tout ce qui touche au personnage de Mark Rylance, qui n'est pas un personnage de survival, mais l'incarnation du peuple anglais, laissent planer beaucoup d'ambiguités sur les véritables intentions de Nolan, sur ce qu'il a réellement voulu raconter. Ces deux éléments font sortir le film du simple survival pour le ranger parmi les films qui assument une représentation historique, et à ce titre on est en droit de le critiquer sur cette représentation-là aussi.

Non parce qu'aucune oeuvre d'art, même à vocation d'être une représentation historique, n'a le devoir d'être exhaustif.

L'ambigüité de la fin, je l'évoque moi-même dans mon texte donc elle ne m'a pas échappé et je trouve le dernier plan, suite à ces dernières "répliques", d'autant plus fort que tout ce qui a précédé était constamment situé au temps présent, un présent fabriqué annihilant la fameuse semaine d'attente et plaçant l'expérience de chacun au même niveau pour justement rendre état du "Dunkirk spirit" auquel Nolan souhaite rendre hommage à travers le film. Si le film a une vocation de représentation historique, c'est sur cet aspect-là de l'événement : l'enfer vécu en live par des soldats qui n'avaient que faire de questionnements politiques parce qu'ils sont trop occupés à courir/nager/se cacher pour sauver leur peau et la façon dont chacun, des soldats aux civils, s'est uni pour rendre "le miracle de Dunkerque" possible.

Voir les français, voir les allemands ou voir Churchill n'a pas lieu d'être dans la focalisation choisie par Nolan et le propos qu'il veut exprimer.

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MessagePosté: 20 Juil 2017, 00:26 
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Seul petit reproche : les français passent encore pour des types désagréables, alors qu'ils sont tous morts pour protéger les rosbeefs qui fuyaient lâchement. Pas un merci, rien. Rentrez sur votre île de merde et restez-y. #Analyse

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MessagePosté: 20 Juil 2017, 00:28 
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Massinfect a écrit:
Seul petit reproche : les français passent encore pour des types désagréables, alors qu'ils sont tous morts pour protéger les rosbeefs qui fuyaient lâchement. Pas un merci, rien. Rentrez sur votre île de merde et restez-y. #Analyse

Ça c'est l'autre reproche un peu bidon. Surtout que les anglais en prennent pour leur grade aussi. #expressionmilitaire #cohérence #écriturenolanienne

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Film Freak a écrit:
Voir les français, voir les allemands ou voir Churchill n'a pas lieu d'être dans la focalisation choisie par Nolan et le propos qu'il veut exprimer.


Je suis d'accord mais justement je reproche à Nolan de naviguer maladroitement tout au long entre deux types de films, entre le survival épuré et le film historique classique, entre la petite histoire et la grande. Ca flingue à la fois le survival et l'évocation de l'opération Dynamo (je parle d'évocation car il va de soi contrairement à ce qu'insinue Massinfect que je n'attendais pas une reconstitution wikipédesque du film et que je ne reproche pas ça au film). Le film fait trop de concessions et manque vraiment de radicalité, sauf dans son début, excellent.

Sinon la représentation des français est bien, rien à redire là dessus.


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MessagePosté: 20 Juil 2017, 00:34 
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Citation:
Ça c'est l'autre reproche un peu bidon. Surtout que les anglais en prennent pour leur grade aussi. #expressionmilitaire #cohérence #écriturenolanienne

T'es pas un vrai français de toutes façons.

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MessagePosté: 20 Juil 2017, 06:39 
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Marlo a écrit:
Sinon la représentation des français est bien, rien à redire là dessus.


C'est vraiment un détail dans le film, mais concrètement, les français ici, c'est :
- l'absence, déjà, dans une ville désertée (exode un peu exagéré ici, concrètement il restait toujours des civils). Premier contact, par une fenêtre ouverte : des bouteilles et un cendrier plein, chapeau les clichés
- les derniers défenseurs qui te tirent dessus sans discernement, manquent de te tuer, puis te laissent passer en râlant avec des regards plein de sous-entendus ; on a l'impression de quatre gusses planqués dans des sacs de sable, pas de défenseurs héroïques qui retiendront pendant des jours des unités d'élite allemandes pour permettre l'évacuation générale, souvent à un contre dix
- un type isolé, supposément déserteur, qui dépouille un cadavre pour se faire passer pour un anglais, qui évidemment ne parle pas un mot d'anglais en bon français qu'il est, qui ne pense qu'à resquiller pour embarquer, et qui crève au fond d'une soute comme la Fraaaaance est morte en 40
- des soldats qui essaient de se faire embarquer sur des bateaux anglais, bloquent tout le monde, râlent, sont au bord de faire le coup de poing

Ouais, c'est pas très engageant quand même.

BTT : Tom Hardy est quand même le meilleur acteur muet du monde.


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MessagePosté: 20 Juil 2017, 08:18 
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Film Freak a écrit:
Non parce qu'aucune oeuvre d'art, même à vocation d'être une représentation historique, n'a le devoir d'être exhaustif..


Oula tu t'avances sur un terrain particulièrement glissant là. Dans ce cas, c'était surement moins casse-gueule d'anonymiser également le fait. Parce que si tu dis je vais filmer l'opération Dynamo (ou la bataille de Koursk ou Stalingrad ou le débarquement) il faut chercher à retranscrire les faits le plus précisément possible pour éviter les réécritures de l'histoire qui peuvent devenir puantes (cf les prisonniers abattus dans SPR par exemple, les pillages des cadavres ou l'alcoolisme dans band of brothers).
Effectivement il faut éviter les simplifications du genre les anglais se sont barrés pendant qu'on empêchait les allemands de prendre Dunkerque (ce qui est faux : les unités anglaises tenaient tout le nord et le centre du dispositif pendant une grande partie de l'opération), mais je pense qu'il y a une responsabilité forte ou un devoir du réalisateur de ne pas transformer les faits à sa convenance.

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- Nazi violent 1961-2013?
"my... "double anale", c'est ce que je crois?" Chlochette
"J'ai toujours aimé la culture nain" Sponge
Marlo a écrit:
J'adore Hollande.


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