noisette 7 a écrit:
Je vais pas faire dans le politiquement correct, là, parce que -et je parlerai uniquement du 1er :
The Bourne identity (je préfère
La mémoire dans la peau) puisque c'est le seul que j'ai vu- ça a été ma plus grande déception et que j'étais sortie de la salle avec des envies précises de meurtre sur le réalisateur et le producteur.
Je m'explique : Bien que personne ne l'ait dit sur ce topic, certains doivent savoir qu'il y a une trilogie-livres, auteur Robert Ludlum, à l'origine. Peut-être même que certains les ont lus. En ce qui me concerne, je les ai découverts x années auparavant et, à la lecture du 1er, à chaque page tournée, j'imaginais le film génial que ça pourrait être. A l'annonce de la sortie du 1er film, je me précipite, grillant d'impatience et de plaisir anticipé, et là, dans le style "s'écraser en beauté", je me suis ratatinée jusqu'aux racines des pissenlits
Mis à part le titre, le nom du héros et les vagues cinq premières minutes du film, tout le reste n'avait rien à voir avec le livre. L'argument selon lequel l'adaptation d'un livre à l'écran laisse obligatoirement de côté des pans plus ou moins importants du récit n'est pas valable dans ce cas puisque le film ne fait aucune référence au livre. C'est une opération de dépeçage en règle doublée d'une malhonnêteté intellectuelle affligeante puisqu'il ne s'est agi ni plus ni moins d'acheter les droits d'une oeuvre pour la porter à l'écran et, à l'arrivée, de pondre un film qui n'a même pas une virgule en commun avec ladite oeuvre. A ce stade, c'est de l'escroquerie pure et simple. Les scénaristes, pourtant, ne manquent pas pour inventer toutes les histoires que l'on veut.
Tu peux vomir le réalisateur ou le producteur, si tu y tiens, mais c'est après Tony Gilroy le scénariste que tu dois en vouloir. Premier point.
Ensuite, ce n'est pas la première adaptation du roman. Un téléfilm de 1988 avec Richard Chamberlain est beaucoup plus proche du matériau d'origine (1980), mais le film est en carton. Tu sais sans doute qu'une bonne adaptation se distingue davantage par ses trahisons vis à vis de l'oeuvre originale, que par sa fidélité. Le téléfilm de 88 est ce qu'il est, fidèle mais raté. Il a un autre mérite cela dit, celui de suivre une piste que Gilroy n'a pas souhaité continuer. Second point.
Tu dis ensuite que le résultat façon Liman est d'une malhonnêteté intellectuelle etc., mais c'est avant tout une question de droits. Si Gilroy n'avait pas reconnu être parti du roman de Ludlum pour construire le premier volet, tu aurais sans doute crié au plagiat, malgré toutes les dissemblances que tu regrettes aujourd'hui. C'est donc que dans son infidélité, il y a suffisamment de points communs avec les romans de Ludlum pour obliger le producteur à acheter les droits. La trilogie cinéma n'a été imaginée qu'à partir du 2nd volet, tout comme la possibilité d'en faire une possible franchise à la James Bond / Ethan Hunt, car à la base ce n'était qu'un one shot. Tu as raison, le film et le roman sont très différents l'un de l'autre, que ce soit intrigue ou personnages... pourtant ils se ressemblent plus qu'un peu. Donc l'achat des droits est logique, et dès lors que tu achètes les droits, tu deviens légitime pour te servir de l'aura de la réussite de Ludlum... Troisième point.
Donc, tu peux regretter que le film ne soit pas plus fidèle au roman, mais tu peux difficilement parler d'escroquerie. L'escroquerie aurait justement été pour Gilroy de ne pas déclarer son point de départ...
Enfin, je ne pense pas que Gilroy adapte Ludlum pour être certain de vendre son script, en partant ensuite en sucette dans l'adaptation. Gilroy n'en était pas à son coup d'essai, il n'était pas débutant. C'est un bon scénariste, et il n'aurait jamais foiré une adaptation à ce point, si ça en avait été le but... Tu vois bien que ce n'est pas ça ici, sinon tu aurais un produit beaucoup plus fidèle, et probablement plus impersonnel.
Ici il est clair que Gilroy est parti de Ludlum pour écrire son fantasme de film d'action / espionnage, et qu'il ne s'en est pas suffisamment éloigné pour au final le baptiser autrement (ajoute aussi l'intérêt financier du producteur, ne serait-ce que pour rentabiliser le budjet, et le risque de procès). Lorsque Jean Van Hamme s'inspire de Ludlum pour sa bande-dessinée à succès
XIII (1984), il prend un énorme risque de procès pour plagiat, car même si sa série s'éloigne sur le long terme des romans de Ludlum, son point de départ est un vrai pillage en règle : la blessure et l'amnésie, la nature du héros, la quête de l'identité, le personnage se retourne contre ses commanditaires et remonte la filière, un coffret dans une banque à disposition avec argent et papiers en quantité etc.
Citation:
La mémoire dans la peau aurait pu être un film extra-ordinaire comme l'est le livre. Il y a là-dedans, un suspense, une psychologie, une accroche que n'importe quels scénariste et réalisateur dignes de ce nom auraient pu faire ressortir sans problème. Au lieu de cela, on a eu quoi ? Un énième film d'action, peut-être un peu plus nerveux, mais qui ne se démarque pas de ses autres petits copains (Die Hard, Mission impossible, Kill Bill, Taken, etc ....) même s'il a explosé le box-office. Le personnage de Marie est consternant, à la limite du comique. Quant à Matt Damon, pour moi, il n'est absolument pas crédible dans le rôle, on dirait un gamin échappé de l'école maternelle qui joue à James Bond
C'est dommage que ça t'ait gâché à ce point le film, parce que tu n'es pas prête de revoir une adaptation de Ludlum avant une vingtaine d'année, et en priant pour que ce soit fidèle aux romans et réalisée par un brillant metteur en scène, et tu n'es pas prête de retrouver des films d'action du niveau des Bourne (grand maximum : un tous les ans).