Forum de FilmDeCulte

je l'avais vu à l'époque, avec une damienchazellophobie absolument exacerbée et un inintéret vif pour les questions spatiales.

je l'ai revu en ayant fait la paix avec damien qui dans l'état actuel de l'industrie, bon voilà quoi, et surtout dans une petite rétro spatiale, lancée par l'étoffe des héros qui m'a vraiment emporté le cerveau, j'ai lu plein de trucs, et je regarde from the earth to the moon. et avant l'épisode sur appolo 11, je me suis dit que ce serait intéressant de revoir ça, du coup.

et la comparaison était hyper intéressante - à quel point c'est hyper contemporain.

déjà, formellement. on est passé de l'academisme à une mise en scène beaucoup plus sensorielle, qui colle aux personnages et à leurs sensations. on te racontait une histoire - à l'extérieur de toi, pariant sur ta curiosité-, ici on veut te la faire vivre - en jouant sur l'empathie. ça donne des scènes fortes, les plus percutantes étant bien sûres les entraînements, les missions... il y a un malheureux plan sur une fusée qui décolle pour ne pas se faire insulter mais sinon on reste à 100% avec eux à l'intérieur et c'est assez génial, effectivement ils ne voient quasiment rien, des sensations intenses et délirantes avec un point de vue très limité. il a théorisé ça en disant qu'il montrait ainsi ce qu'on n'avait pas vu avant, et en zappant ce que l'on connaissait déjà. c'est une idée tout à fait intéressante et qui donne des trucs puissants. c'est vrai aussi pour des scènes familiales filmées comme malick pour ressentir la joie et l'insouciance de jeux en famille, plutôt que juste le montrer.

mais qui correspond aussi à ce culte de l'individu. dans l'étoffe des héros, c'était toute une équipe. il y avait des personnalités, des conflits, de la compétition, l'aspect assez random de quel individu allait connaître la gloire ou nom - mais la notion de groupe était fondamentale. dans from the earth to the moon, ça va encore plus loin. c'est vraiment quelque chose sur une aventure profondément collective. un pays, son argent, ses politiques en compétition avec une autre "civilisation" : vraiment l'âme et les sous d'un pays réunis autour d'une cause existentielle. et ensuite, toute la série est construite est bâtie sur les milliers d'hommes nécessaires à tout cela, tout le talent, tout le savoir pour une cause commune. un épisode est tout entier dédié à l'équipe qui construit une fusée, un autre sur les 250 personnes, chacun avec une tâche précise, utiles pour réussir un test.
ici, on est dans les années 2020, on ne fait plus des films sur les aventures collectives mais des biopics sur les individus. l'individualisme a donc tout emporté, tout le monde est le personnage principal de son propre film. c'est spectaculaire à quel point rien ni personne n'existe à part lui dans le film : tous les autres personnages sont à peine écrits, uniquement utiles pour leurs apparitions dans son champ de vision. je déteste ça d'une manière générale, mais l'impression constante qu'il n'est pas très intéressant, qu'il projette (et qu'on est censés faire de même) beaucoup de choses sur lui est assez pénible aussi.
mais je l'ai surtout pris comme un profond contre-sens par rapport au sens de toute cette aventure lunaire - et à ce qui m'intéresse. alors, certes, ça peut être intéressant de s'attacher des individus dans une aventure collective où les individus importent peu (relativement interchangeables, on sait qu'il va y avoir des morts...) et en même temps sont indispensables (ce n'est possible qu'à condition que des individus incroyablement brillants donnent tout leur talent au service de la cause commune) mais vraiment this is not it, il n'est juste pas assez intéressant, l'angle choisi m'a paru grandement artificiel et surtout... en vrai, c'est déjà ce que faisait l'étoffe des héros.

mais sans ce culte occidental des années 2000 de l'individu qui nous détruit tous.

(pénible de l'avoir revu à la télévision alors qu'il passe sans arrêt au cinéma. et très jaloux des gens qui l'ont vu en imax - la lune ça devait être vraiment dingo. pénible qu'imax ne fasse pas des petits festivals parfois en période creuse pour rediffuser des trucs comme ça).

Chose qu'ils font régulièrement au BFI IMAX.

D'ailleurs, ils ont annoncé la ressortie de Tron Legacy aux States avant le nouveau, j'espère que la France suivra.

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DREAAAAAMS ARE MY REALITYYYYY

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Netflix les gars, Netflix.

Ces derniers temps, ils l'ont fait. Pour Seven par exemple.

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Mais Seven c'est respecté. Tron Legacy.... On est deux à aimer

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Netflix les gars, Netflix.

Franchement, avec la sortie du nouveau, c'est loin d'être impossible. Ce sera peut-être réduit à une séance unique mais c'est déjà ça. J'espère qu'il y aura la 3D.

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C'est en ça qu'APOLLO 11, sorti quelques mois plus tard (et vu en IMAX pour le coup), était un excellent companion piece complémentaire.

Récit individuel clairement (rien que le titre...) mais récit qui n'héroïse pas au sens qui ne rend pas inévitable et "mérité" que ce soit lui et personne d'autre qui soit le premier. Encore plus que dans THE RIGHT STUFF il y a une part de loterie et d'arbitraire, avec cette litanie de morts successives mais pas que, que la scène dans les chiottes tente d'illustrer, avec ce côté "Bon a priori ça sera toi le premier, on part là-dessus ?".
Après le scénario donne clairement un "but" intérieur à cette mission (en l'espèce "Aller le plus loin possible pour qu'on me laisse enfin seul quelques minutes pour faire mon deuil") mais ce qui est beau c'est aussi que le premier homme au final c'est juste un gars hautement imparfait (d'ailleurs je crois que le film ajoute des défauts à Armstrong justement pour lui donner de la texture), il est certes first mais il est avant tout man, et que Buzz est pas mieux dans son genre, et qu'on aurait aussi bien pu faire un film sur Buzz qui aurait lui aussi rempli son vide intérieur en faisant le mac sur la Lune, ou bien Jason Clarke s'il avait vécu, ou n'importe quel autre des gars. D'ailleurs c'est aussi pour moi la beauté de ce long plan à la fin où la visière l'anonymise totalement.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste