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MessagePosté: 26 Oct 2018, 10:46 
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Le cinéma de Damien Chazelle devient austère quand il n'est pas axé sur la musique. C'est difficile de battre le rythme de FIRST MAN sur le coup, mais son effet se fait sentir des heures après la projection. Comme pour Whiplash, il s'agit d'une expérience très physique dans la peau d'un personnage obsessivement accroché à une carrière éprouvante. Sauf qu'ici, la compulsion n'est pas la même. Whiplash montrait un étudiant en musique prêt à tout pour atteindre le sommet et la gloire, défié par un professeur un peu pervers, First Man, à travers Neil Armstrong et son voyage sur la lune, n'est pas un film sur la réussite, mais plutôt le récit d'une fuite vers l'avant, celle d'un homme souffrant, instrumentalisé et sacrifié pour l'orgueil d'un pays.

La mise en scène de Damien Chazelle, toujours aussi virtuose, que ce soit à l'avant d'un drum ou dans un module lunaire, s'intéresse toujours à l'infime détail, celui qui pourrait faire s'effondrer le château de carte. Toujours hyper tendues, ces scènes du détail héroïsent des gestes presque impossibles à réaliser pour le commun des mortels. Scènes dont l'issue est souvent une récompense: celle du travail bien mené. Satisfaisante, musicale et inondée d'applaudissement dans Whiplash (c'est la récompense du camé qui a son fix et qui en cherchera d'autres). Alors que dans FIRST MAN, la récompense est plus feutrée, au niveau de l'intime, comme à l'issue d'un voyage initiatique. Le film trouve sa finalité dans une sorte d'apaisement, comme si Whiplash trouvait sa réponse.

Très émouvant de découvrir que Chazelle continue d'embellir une filmographie en parfaite cohérence.

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MessagePosté: 26 Oct 2018, 12:33 
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Mouais ne lisez pas si vous ne l'avez pas vu et foncez voir le film sur le plus grand écran possible

Difficile d'écrire encore quelque chose de correct après les avis bien cernés de Freak, Liam et Art Core car ils ont "tout dit". Je partage donc totalement leur avis tout en étant à FOND.
J'approuve de A à Z le "projet" de ce film. Le Premier biopic sur Armstrong? Une quête intime qui unifie dans un même geste un exploit surhumain et une douleur inhumaine, aussi spectaculaire que déchirante. Vouloir répondre à la question "Pourquoi est-ce que cet homme-là est allé sur la Lune?", c'est une idée brillante. J'adore quand un "biopic" se distingue par un angle inattendu et différent. Et comme le dit Liam, être à la fois dans la rugosité de l'exploit technologique ET dans l'exploration cathartique d'un coeur meurtri, il fallait oser. Il fallait le faire, surtout, et Chazelle l'a réussi de brillante manière, aidé par de grands talents autour de lui. Le script est pratiquement parfait, la photo est idéale (ce grain sixties, cette lumière entre Interstellar et The Right Stuff), la musique somptueuse (Hurwitz est un mélodiste hors pair, ses thèmes sont mémorables, son orchestration variée... et cette valse en clin d'oeil à Strauss/2001...quel régal), le montage brillant, le travail sur le son DE FOU... Et ce casting absolument parfait. Gosling est sans surprise impeccable dans un rôle taillé pour lui. Je découvre avec bonheur Claire Foy qui magnifie un rôle pas facile (mais très bien écrit). Mais c'est aussi et surtout la mise en scène de Chazelle, d'une maturité exemplaire. Le film fourmille de plans géniaux, d'idées géniales, quasi toutes portées par le point de vue adopté et assumé jusqu'au bout (First Man: à la Première Personne), qui se justifie à 100% dans le projet du film.
Le film distille régulièrement des moments super forts, à commencer par le traumatisme initial (qui n'est pas sans rappeler celui de Up). Plein de moments de grosse grosse tension physique.
Puis vient l'épisode sur la lune. Disons-le tout net, c'est ce que j'ai vu de plus puissant au cinéma cette année. Dans un silence de mort, j'ai éclaté en sanglots de gros bébé (et toute la rangée m'a entendu :oops: ). L'émotion, présente dès le début mais retenue en sourdine pendant 2h, elle t'explose à la gueule en 2 min. Ca m'a achevé. Puis vient cette fin, superbe elle aussi (j'ai toujours eu un faible pour les fins "regards muets et lourds de sens").
Bref, un tout, tout, tout grand film, j'ai juste adoré de bout en bout.
Faut dire aussi que les conditions étaient idéales: l'IMAX pour ce film c'est juste le bonheur. Déjà, l'écran est immense, l'image est SPLENDIDE, le son est DINGUE. Puis quand ça s'ouvre au format IMAX (réservé - idée géniale encore une fois - à l'épisode lunaire: ça s'ouvre quand la porte du LEM est ouverte et ça revient à l'écran normal quand ils quittent la lune), c'est l'apothéose. LA PUISSANCE. Les putain de larmes qui coulent à flot: l'émotion du film + le plaisir pur de cinéma.
Merci aussi au public, pas trop nombreux (80) et hyper discipliné (silencieux).

Ma séance la plus mémorable de l'année.

Allez hop 6/6 du coeur.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


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MessagePosté: 26 Oct 2018, 16:31 
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Ca fait plaisir vos avis là :). Putain j'aurais tellement aimé le voir en IMAX...

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MessagePosté: 26 Oct 2018, 17:52 
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Prévu pour le 17 novembre pour moi en principe :)

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MessagePosté: 26 Oct 2018, 19:06 
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Moi je m’en remets pas depuis hier soir. Il y a deux ou trois trucs qui boitent un peu, mais le film est envoûtant.

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)


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MessagePosté: 02 Nov 2018, 15:27 
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Assez impressionnant en effet. C'est un film qui sort tout droit, de par son ambition formelle, sa radicalité et son souffle narratif, d'une autre époque... voire de nulle part, comme La La Land qui derrière ses références ne ressemblait pas non plus à quelque chose de connu, ou comme, allez, un film de Kubrick. Parmi tous les films qui se déroulent dans l'espace que j'ai pu voir, c'est certainement celui qui se rapproche le plus de 2001.
C'est l'oeuvre d'un réalisateur introverti, obsédé par son film, qui a coupé toute communication avec son époque (qu'il semble mépriser au plus haut point) et qui se permet donc des choses radicales comme s'il ne faisait un film que pour lui-même. Le choix d'utiliser au minimum les effets spéciaux numériques, ou de ressortir la shaky-cam du placard pour la pousser dans ses retranchements et produire des images qui touchent à l'abstraction, alors que la tendance actuelle est plutôt de s'en éloigner et d'exploiter le numérique pour créer des plans à la fluidité inégalable a quelque chose d'insensé, peut-être plus encore que le choix de réaliser une comédie musicale premier degré en 2016.
A plein de moments, je me suis dit que si tel pari formel n'avait pas été réussi, ça n'aurait pas du tout fonctionné et pire encore ça aurait été pénible et ça m'aurait fait sortir du film. Et c'est pour ça que j'assume la comparaison avec 2001, qui lui aussi est rempli de choix qui auraient pu se révéler désastreux mais qui en se révélant payants ont amené le film dans une autre dimension, solitaire et géniale, où aucun autre film ne peut aller.


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MessagePosté: 09 Nov 2018, 12:31 
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Cladthom a écrit:
Pour moi la fin va même plus loin que ça, Gosling est filmé comme un fantôme qui erre chez les vivants. Il a rejoint le monde des morts sur la Lune, il n'est jamais vraiment revenu. Outre l'incommunicabilité à la fin, c'est comme le voir dans l'au-delà, il a disparu auprès de sa femme et du monde. C'est ça moi qui m'a bouleversé dans les derniers plans.
Film totalement puissant.


Ca m'a même fait penser à cet épisode de X-Files où un astronaute est hanté par une sorte de fantôme lors d'une sortie dans l'espace et doit retourner là-haut pour s'en libérer.
(Oui, des fois on ne contrôle pas ses associations d'idées)
Pour le reste tout est dit, grand grand film, environnement sonore dingue, casting impeccable - acteurs volontairement froids, de toute façon Chazelle ne sait pas très bien créer de l'émotion via ses acteurs (mais c'est loin d'être le seul, cf Nolan and co) - mais sait parfaitement le faire via son cinéma (mise en scène, montage, bande-son). C'est quand même fou qu'une des performances les plus touchantes de l'année soit celle d'une tenue de cosmonaute à visière miroir.


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MessagePosté: 13 Nov 2018, 17:22 
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Vu la semaine dernière à Montréal, en IMAX tant qu'à faire.

C'était très bien, mais j'suis pas à 6/6. Film un peu froid, un peu hermétique. Là où Nolan peut faire la même chose sans me déranger, ici j'ai eu un peu plus de mal. Pourtant le cast est excellent (même Claire Foy, que j'aime pas sans trop savoir l'expliquer), la photo granuleuse magnifique, et les scènes de manœuvres spatiales hyper stressantes, j'sais pas, je cherche encore le propos du film. La solitude, le deuil, l'isolement, le dépassement de soi ? Y'a de tout ça, mais je trouve que ça manque d'un truc.

Enfin, je pinaille mais je mets 4.5/6 quand même.

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MessagePosté: 13 Nov 2018, 17:26 
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sponge a écrit:
je cherche encore le propos du film

T'es sérieux là?? Je ne vois pas ce qu'il y a à "chercher", tout est limpide et tout est à l'écran...

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MessagePosté: 13 Nov 2018, 17:34 
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C'est pas la bonne formulation. Disons que ça m'a pas vraiment touché, je cherche ce que les gens ont pu y trouver de fort quoi.

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MessagePosté: 13 Nov 2018, 17:52 
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Mais t'as lu les autres avis ou bien...??

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MessagePosté: 13 Nov 2018, 17:58 
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Oui. Encore une fois, j'ai vu les thèmes abordés, j'ai juste trouvé ça un peu trop hermétique.
C'était dans un sens voulu pour coller au perso d'Armstrong, mais ça m'a laissé un peu en dehors du film.

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MessagePosté: 13 Nov 2018, 18:00 
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Et ça me fait chier parce que je pensais que je kifferai le film, le sujet était fait pour moi. La première scène j'étais à fond, mais après j'ai eu un peu de mal. Et pourtant j'ai adoré les scènes spatiales, la minutie de la reconstitution, la précision lors des dialogues techniques. Mais voilà, j'étais pas à fond.

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MessagePosté: 14 Nov 2018, 10:32 
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Robot in Disguise
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Revu hier. J'avais les larmes aux yeux quasiment à chaque scène. Mes doutes sur Foy se sont estompées. Elle continue à ne pas me parler en tant qu'actrice (en ça, je rejoint l'Eponge-Yoda) mais le personnage m'a plus touché. Il y a plein de trucs que j'avais zappé la première fois et qui m'ont sauté aux yeux ici, et d'autres trucs que j'ai encore plus kiffé:

- la qualité des scènes en famille. Tous les trucs sur les enfants. Les moments gratuits du style un des petits qui déplore que sa chambre soit en bordel, ou la scène gratos où un des garçons vient donner un coup dans le dos de sa mère puis s'enfuit se cacher.

- le moment au début où Neil chante à Karen "I see the moon and the moon sees me through the leaves of the old oak tree" qui fera écho au plan plus tard où la Lune "regarde" Neil à travers l'arbre.

- la scène du décollage avec son machinery porn absolument jouissif. Je pourrai regarder ce genre de truc pendant des heures. Le plan où l'écran devient entièrement blanc pendant quelques secondes, ébloui par la puissance des propulseurs.

- et puis cette foultitude de détails géniaux, marrants ou émouvants: le mec qui corrige la place de la Lune sur le tableau noir de Kyle Chandler ; les gros plans sublimes des visages d'Armstrong/Aldrin/Collins qui découvrent la fusée puis qui découvrent la Lune ; pendant Gemini 8, ce plan "volé" de Jason Clarke dans la salle de contrôle qui semble perdu dans ses pensées, introspectif, puis se reprend...

Et puis bien sûr tous les trucs géniaux de la première vision, notamment les plans de trajet vers la Lune, le reveal lunaire pendant l'alunissage (avec le changement dans la zik à ce moment-là), et bien sûr cet incroyable moment d'aspiration du son lors de l'ouverture du LEM. J'ai des frissons rien que d'y repenser.

En fait tu te rend compte à quel point t'adores un film quand t'es dans une sorte d'effet boule de neige pendant la séance, où t'es dans un tel état de kif que tu te met à aimer le moindre truc, même anodin. Sensation trop rare.

J'ai hâte que mon fils soit en âge de pouvoir le mater (et l'apprécier).

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 14 Nov 2018, 10:51 
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Tu donnes envie de courir le revoir avant qu'il soit plus en salles.
Par contre je trouve que c'est quand même pas un film hyper kid friendly, tu vas devoir attendre qu'il ait 16 ans pour que ton fils le kiffe :mrgreen:.

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