Mickey Willis a écrit:
Je ne sais pas si c'est un biais de perception quelconque de ma part (de trentenaire parisien sans doute) mais de ce que je vois c'est surtout un moyen de faire la fête hyper répandu, qui n'a pas grand chose à voir avec un besoin primordial de faire face à une vie trop difficile. A l'inverse, ça peut devenir une source de mal-être dans certains cas.
Faire face à une vie difficile n'est pas un besoin primordial, c'est une nécessité. Ce qui peut être vécu comme un besoin primordial c'est justement de vouloir, par tous les moyens, se soustraire le plus souvent possible à ces difficultés. La vie est difficile, pleine d'obstacles tantôt extérieurs (aléas budgétaires, mauvaises rencontres (ou séparations), accidents etc.), mais surtout intérieurs : incertitudes, angoisses, craintes, regrets, rapport à la honte et la culpabilité etc. Une consommation régulière de produits, que ce soit dans un contexte festif ou d'isolement social, est systématiquement lié chez ces consommateurs à une très mauvaise gestion des émotions et des angoisses notamment, et à une inadaptation immature face aux difficultés parfois les plus élémentaires que nous rencontrons tous au moins par vagues.
C'est d'ailleurs pour ça qu'il y a autant de rechutes après les soins, pas tant parce que "le produit est plus fort", mais parce que les consommateurs ont des traits de personnalité et des fonctionnements émotionnels qui sont propices à ressentir le besoin de fuir le réel et ses responsabilités par la consommation (s'intoxiquer c'est la définition même de renoncer à ses responsabilités, c'est recréer articifiellement son état d'enfant). En plus d'arrêter de consommer, ils doivent faire un travail sur eux-même qu'ils n'ont bien souvent pas envie d'entreprendre tant il est considérable. C'est le travail d'une vie entière, bien plus difficile que l'abstinence en elle-même qui est "simplement" un renoncement.
Les exemples que tu décris ne sont donc ni plus ni moins que de l'automédication. D'ailleurs l'addiction aux médicaments, comme les benzos par exemple, est aussi un grand classique fort répandu qui nécessite à terme un sevrage sous contrôle médical. Donc t'inquiète pas que ce que tu peux voir part d'un profond mal-être, que les consommations vont systématiquement aggraver.