Forum de FilmDeCulte

Scène que je trouve extraordinaire et que je fais systématiquement étudier quand on parle de De Palma en classe (je diffuse plusieurs De Palma dans l'année et on étudie des extraits pour débusquer les thématiques et inspirations dans la réalisation, je trouve que c'est un réalisateur facile à étudier dans le sens où ses obsessions sont très visuelles et visibles).

J'adore comment l'espionnage chic bascule dans l'horreur pure avec cette ville au smog fantasmé et cette nuit filmée à merveille. Et j'adore la revoir en sachant pour Phelps, c'est super fort qu'un film à trahison tienne aussi bien les revisionnages par la puissance seule de la réalisation et la mise en place.

_________________

Ouais je sais tu pépom mon mémoire.

Aha, non! Je pépon surtout le bouquin sur De Palma que j'avais pas rendu à la BU de Censier.

_________________

Lagier ou Legrand ?

Oui, vu comme ça, on peut le lier à la filmo de DP en effet ! C'est plus par rapport au matériau originel que ça m'interroge. La page wiki du film est plutôt instructive sur ce fait, dans la mesure où l'on apprend que Peter Graves a refusé de reprendre le rôle de Phelps justement pas ravi du sort que lui réserve De Palma. Si perso l'idée de faire de lui un traître m'apparaît pas inintéressante, je trouve dommage ce revirement à mon sens pas suffisamment développé en amont. Après il semble que DP soit un troglodyte, qui du fond de sa grotte a pu passer totalement à côté de la série. Donc ça explique la liberté qu'il se permet je pense.

La scène du bubble-gum avec Kittridge et Hunt est sublime, j'en ai pas fait mention, tout comme j'ai pas parlé de la scène d'intro (géniale et pour le coup j'ai plus saisi les ponts avec le reste de sa filmo). Par contre, après lecture des messages du topic, je ne trouve pas du tout la révélation finale surprenante, je m'y attendais, surtout à cause de l'intro justement et du personnage de Claire. Après c'est justement un reproche que je fais à Snake Eyes puisque j'avais spotté vite qui était le bad guy. C'est certainement volontaire, j'ai pas un grand talent de détective, mais de fait je ne trouve pas le temps venu de la révélation si fort.

Legrand. Et j'en ai un de Gandini aussi (c'est ce dernier qui vient de Censier)

_________________

J'ai été biberonné à la version 80's gamin, et je me souviens avoir ressenti la même gêne au cinéma à l'époque dans le traitement du personnage. Après c'est de l'inversion et de la perversion (dans le bon sens du terme) classiques : prendre un personnage très paternel parmi les plus reconnaissables de l'histoire de la TV, droit dans ses bottes, dévoué, efficace et professionnel et ce à des moments très différents de la guerre froide (incarné par le même acteur pendant plus de 20 ans)... Pour en faire une vieille salope aigrie, cupide, immorale et jalouse, sans doute impuissante aussi (la dernière confrontation en triangle avec Claire dans le train, c'est un sommet de non-dits psychosexuels). C'était une charge énorme dans le champ de la culture populaire de l'époque. Je n'ose même pas imaginer la puissance incroyable que ça aurait dégagé si Peter Graves avait accepté le rôle, cimentant ainsi la continuité de l'univers. Avec l'avènement de l'IA, je serai pas contre un fan montage qui gommerait Jon Voight au profit de Graves. Voight dont je ne suis pas fan et qui porte ce genre de vices sur sa figure de manière un peu trop flagrante et qui finit vraiment en vieille peau hystérique sur la fin. Curieux de voir si Phelps sera référencé avant la clôture de la saga.

_________________
Looks like meat's back on the menu, boys!

Je reviens là-dessus car ça me paraît un tantinet exagéré. La première série a été diffusée entre 1966 et 1973, la deuxième n'a tenu qu'un peu plus d'un an de fin 1988 à début 1990. Le premier film sort trente ans après la première saison, et six ans après la dernière. En 1996 on est donc plus près du bide de la série que de son succès. Si De Palma a pris un malin plaisir à faire de Phelps le traître, Cruise pouvait aussi asseoir tranquillement son autorité (c'était sa première production). On dit qu'il était surtout intéressé par une chose au-delà du titre : le thème de Lalo Schifrin.

Graves a tout de même crié au scandale à l'époque.

_________________

Ouais mais c'est la statue du commandeur, évidemment que le type qui n'a que ça dans sa vie s'offusque, je parle du public.

Justement, le public en 1996 a eu plus de 20 ans pour identifier Phelps en tant que personnage bien trempé (et bien campé par un acteur bien connu aux US). La suite de la série a peut-être bidé, ça n'empêche pas les reruns et même la diffusion française. Le choix de faire de faire de Phelps un traître particulièrement petit et désagréable (alors qu'à motivations me semble t-il analogues, le personnage de Gary Sinise me semble plus fleshed out) n'est pas du tout passé inaperçu auprès du public.

_________________
Looks like meat's back on the menu, boys!

Je me souviens de la réaction de mon parrain quand il avait vu le film à l'époque et qui m'avait dit que c'était super bien sauf pour Phelps qui n'aurait jamais fait ça. Je l'avais compris sans le comprendre parce qu'aucun attachement à la série et vu probablement un épisode et demi à l'époque. Mais ouais, je saurais quantifier le truc, mais ça a fait tiquer plus qu'on pourrait l'imaginer maintenant.

_________________

Désormais plus vieux que Voight dans le premier volet (et cela depuis quelques années déjà).

Jon Voight que je crois toujours mort d'ailleurs.

Faut dire que l'animal a bien géré son coup.

_________________
Liam Engle: réalisateur et scénariste