J'ai loupé un segment important de cette suite de films, rattrapé tardivement. Celui que j'apprécie le moins je pense. Malgré d'immenses réserves que j'exprimerai en long et en large ci-dessous, je comprends l'engouement qu'il a suscité à sa sortie. Égoïstement, ça me va : le réalisateur a pu produire les deux longs suivants grâce au succès de celui-ci.
J'adore l'entrée en matière, ce parcours en plan séquence dans les sous-sol de l'hôpital jusqu'à la lumineuse lingerie des blouses en blanc. Pas splendide techniquement parlant mais ça pose bien le sujet et le décor du film : immersion dans les tréfonds de l'Hôpital. Et graphiquement, introduction au parti pris du cinéaste et ces plans à rallonge. Pour mieux coller au docu-fiction j'imagine (enfin c'est aussi ce qui ressort du making-of, que j' ai vu pour une fois).
Puis arrivent les secondes avant l'écran titre, je grimace. Le jeu des acteur.ice.s en général, la laideur graphique du titre et cette transition... C'est pas pour clasher, sincèrement, j'ai trouvé ça à la limite de la pastiche de sitcom style PBLV, je me demande si c'est pas volontairement appuyé d'ailleurs tellement je trouve ça d'un kitch ostentatoire. Heureusement ça patine un peu encore puis ça s'améliore.
Bon, le César de Lacoste est abusé je trouve. Je l'aime bien, dans Première Année par exemple je le trouve assez bien dirigé. Ici il est égal à ses personnages chez Sattouf la plupart du temps, en dilétente. Ça colle dans Les Beaux Gosses ou même Jacky au royaume des Femmes, les deux personnages étant des bouffons en puissance. Là je ne croyais pas beaucoup à sa filiation avec le perso de Gamblin ou à sa relation avec Moati ni son revirement vis à vis de Kateb. Encore moins à ses coups d'éclats en public. Les moments les plus saisissants, c'est quand il se fait intérieur, seul face à ses états d'âmes (genre les scènes dans la salle de nuit ou celles mettant en exergue l'impact à posteriori sur sa psychée de la mauvaise prise en charge du patient SDF), avec une certaine retenue qui tempère sa fougue un peu trop juvénile.
Reda Kateb lui domine le game sur ce tournage. C'est devenu assez vite le plus grand intérêt du film - aussi du making-of. Même si je déplore la trajectoire finale de son personnage et son côté archétypal également. Le maghrébin bosseur qui se sacrifie pour sa famille au bled, seul médecin montré comme respectueux de la déontologie professionnelle, ok, ça met en lumière une certaine réalité du système hospitalier. Un peu facile ceci dit : il est le seul à n'avoir aucune casserole aux fesses et aucune réplique péjorative (est-ce francais ?). Une victime un peu trop parfaite pour illustrer la réalité d'un racisme d'État et le corporatisme de certains pontes de la médecine. Mais malgré ces faiblesses d'écriture, Réda Kateb transcende chacun des plans où il apparaît et chaque replique sonne juste. J'ai vite souhaité qu'il devienne plus central dans cette histoire, et alléluia, il en fut ainsi. Je le connais surtout d'Un Prophète, bien envie de creuser plus sa filmo. Super intéressant son interview dans le making-of en passant, où il explique comment il s'approprie le rôle.
La dramaturgie et l'intrigue principale jouissent d'une mise en place plutôt heureuse dans les deux premiers tiers, c'est un peu long mais ça prend une tournure alléchante une fois qu'on est vraiment sur la piste du thriller/drame. Mais la suite de péripéties dans le tiers final ainsi séquencée et captée font retomber le soufflé.
Pure, la fin, ce champs/contre-champs assez proche de celui de 500 days of Summer "je viens de rencontrer une gow de co;pet'', j'en reviens à ma critique sur PBLV : je n'adhère vraiment pas.
Hippocrate se veut à l'image de la filmo du réalisateur un film hybride, mêlant le docu-fiction, le thriller, le drame social et plus. Si d'apres moi le mélange des genres dans ce film n'atteint pas la maturité des deux suivants, il porte en lui certaines obsessions de son auteur. Et transmet généreusement son amour du sujet reel de son premier film : l'Hôpital. Je bloque à 3,5/6.
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