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MessagePosté: 05 Fév 2023, 13:18 
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Robot in Disguise
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Je ne savais rien hormis que c'était un film soi-disant fantastique, il avait même gagné le Grand Prix au PIFFF, mais que son affiche masquait le moindre aspect genre.

Toute la première moitié du film fut donc une expérience de dédoublement de corps: d'un côté je voyais devant moi cet océan de têtes de vieilles inactives venues voir le nouveau "Dans les forêt de Sibérie" sans savoir que du fantastique les attendait ; et de l'autre j'imaginais les nerds du PIFFF se faire hara-kiri devant les trois premiers quarts d'heure, simple chronique d'un mec qui se réinvente à la montagne.

Cette première partie est d'ailleurs pas mal car très "ligne claire". Salvador, avec son air de gentil et ses personnages aux noms white bread (Vincent, Pierre...), est un protagoniste simple et attachant qu'il auto-met en scène avec limpidité et humilité. C'est réaliste et ancré, avec de bons acteurs secondaires. En tout cas lorsque le premier plan drone arrive au bout de 50 minutes, il a du coup une sacré force car on change de registre.

Et c'est d'ailleurs juste après, à la minute 52, que le film finit par basculer,
dévoilant un fantastique inattendu, et sacrément mignon ! Quels jolis effets, tellement poétiques. Le glissement progressif vers le Fantastic Four est prenant et culmine avec des visions authentiquement trippantes.
Il faudrait d'ailleurs faire un mémoire sur Salvador, ce "untermensch" unassuming au possible qui utilise ses films pour assouvir ses fantasmes de toute-puissance :lol:

Je me laisse donc porter et bercer mais au final le tout m'échappe un peu. Loin de moi de vouloir du elevated genre où le fantastique serait forcément une métaphore de la démence ou de la crise climatique, mais quand même, j'aurais aimé avoir une accroche un peu plus forte au sens de tout ça. En tout cas même si ça me glisse un peu entre les doigts ça reste bien et meilleur que VINCENT N'A PAS D'ECAILLES.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 06 Fév 2023, 15:22 
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Qui-Gon Jinn a écrit:
Je ne savais rien

C'est soit ça soit tu avais déjà lu le scénario.

Qui-Gon Jinn a écrit:
Cette première partie est d'ailleurs pas mal car très "ligne claire". Salvador, avec son air de gentil et ses personnages aux noms white bread (Vincent, Pierre...), est un protagoniste simple et attachant qu'il auto-met en scène avec limpidité et humilité. C'est réaliste et ancré, avec de bons acteurs secondaires. En tout cas lorsque le premier plan drone arrive au bout de 50 minutes, il a du coup une sacré force car on change de registre.

C'est surtout bien quand le film ne se sent pas obligé de retourner au forceps dans un canevas plus classique... qui de mon point de vue non seulement n'apporte rien au film, pis lui fait perdre une bonne partie de son originalité. Passe encore pour le flanc Louise Bourgoin, avec Salvador il y a une certaine harmonie dans leur jeu, ça ne heurte pas trop l'ensemble, même si je m'en serais objectivement bien passé. Mais l'interlude familiale dans le resto de l'Aiguille du midi c'est définitivement non (avec son inévitable coup de gueule et ses frictions dont le film nous avait jusqu'alors sauvegardé). C'est vraiment dommage parce que le film est par ailleurs pétri de qualité, Salvador film la montagne comme rarement (j'ai trouvé cela bien plus fascinant que Le Sommet des dieux), et après avoir enchainé pendant le week-end les produits ultra-calibrés, ça fait un bien fou de voir un film s'autoriser une autre respiration, d'avancer sur un rythme bien moins balisé et qui soit dans le même temps aussi communicatif (comme on dit je m'y suis cru). Idem pour toute la partie plus fantastique, sans en dévoiler la teneur c'est amené avec beaucoup d'intelligence et de délicatesse avant la bascule vers une séquence quasi expérimentale, c'est à la fois très poétique et visuellement très saisissant. Maintenant ne me reste plus qu'à découvrir le précédent Vincent n'a pas d'écailles.

Ah si, ironie de la programmation c'est assez cocasse que d'avoir programmé la sortie conjointe de celui-ci et Aftersun la même semaine, aka la semaine de la dépression masculine. Salle comble le samedi après-midi pour le Wells dans la salle 1 du MK2 Beaubourg, quelques têtes éparses pour le Salvador le dimanche soir dans une petite salle du 5 Caumartin. Dommage parce que je préfère assez nettement le Salvador, dont le mutisme du personnage principal n'est contrebalancé par rien, surtout pas par les pseudo-souvenirs de sa fille qui l’imagine cracher dans le miroir avec de quitter sa chambre.


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MessagePosté: 06 Fév 2023, 15:57 
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Qui-Gon Jinn a écrit:
En tout cas lorsque le premier plan drone arrive au bout de 50 minutes, il a du coup une sacré force car on change de registre.

Effectivement c'est particulièrement marquant, il y a beaucoup de plans fixes avant si bien qu'on a l'impression que c'est le premier en mouvement, c'est une vraie rupture et une vraie bouffée.

Lohmann a écrit:
C'est soit ça soit tu avais déjà lu le scénario.

LOL, tellement.

SPOILERS

Mitigé sur le film car j'aime la première moitié réaliste, sobre et minimale, mais pas la seconde fantastique in fine. Le regard de Salvador vers la montagne pendant sa démo, lui qui "répond à l'appel" en descendant in extremis du train de retour, c'est suffisant et on se dit que le film porte bien son titre. Il y a une vraie satisfaction à voir ce film tourné en décors naturels qui nous lave les yeux de tout le MCU qui dégouline, et Salvador est plutôt beau gosse, avec une prestance à la Billy Budd (c'est bien moi qui écris et non pas Liam à ma place). L'immersion dans le glacier m'a fait me demander qui avait osé faire ça depuis le Hulk d'Ang Lee donc j'apprécie l'audace, mais ensuite on demande pour moi l'impossible au spectateur, car si on doit accepter l'argument fantastique, on ne peut pas croire que le personnage de Louise Bourgoin l'accepte immédiatement aussi (elle ne dit pas un mot, ravie que son mec se soit transformé en halogène IKEA). Quant à la fin, elle est beaucoup trop ouverte et donne raison à l'inconnu qui m'a dit "bof-bof" en sortant.

Le mec a tout dit.


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MessagePosté: 06 Fév 2023, 16:05 
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Déjà-vu a écrit:
Quant à la fin, elle est beaucoup trop ouverte et donne raison à l'inconnu qui m'a dit "bof-bof" en sortant.

Pas tant ouverte non ?

Le mec va pas se suicider je veux dire, il a eu sa re-naissance dans la montagne, il a un bras qui fait liseuse et lui permet d'économiser sur sa facture d'électricité, dieu seul sait d'ailleurs jusqu'où Louise Bourgoin en a profité, tout roule en somme.


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MessagePosté: 06 Fév 2023, 16:19 
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Lohmann a écrit:
Pas tant ouverte non ?

Bah concrètement, on se demande ce que le fantastique lui apporte et a changé (être en symbiose avec la nature ok), et ce que ça implique aux yeux du monde est sans conséquence (il s'agit quand même de la découverte d'entités extra-terrestres et/ou antédiluviennes). Il se contente de partir en randonnée (ok bis), rien n'est résolu.

Citation:
Le mec va pas se suicider je veux dire, il a eu sa re-naissance dans la montagne, il a un bras qui fait liseuse et lui permet d'économiser sur sa facture d'électricité, dieu seul sait d'ailleurs jusqu'où Louise Bourgoin en a profité, tout roule en somme.

T'as tout dit aussi mais c'est beaucoup trop naïf ou pas assez poétique, au choix.


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MessagePosté: 06 Fév 2023, 16:33 
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Séance à Cannes en total apesanteur j'ai adoré le rythme du film, ce personnage mutique mais sympathique, cette rencontre et ce fantastique soudain (que je n'attendais pas) où Salvador propose un merveilleux littéral, sans conséquence ou presque, juste une symbiose magique entre le corps et la terre qui servira, plus tard, à sceller la relation sexuelle entre les deux personnages.

Vraiment un film qui m'a cueilli comme on dit, je n'en savais rien en entrant dans la salle et je me suis totalement identifié au personnage, à ce désir soudain et irrationnel de tout quitter pour une relation plus directe au monde et tout ce que ça implique derrière. Vraiment beaucoup beaucoup aimé. Et ça m'a fait totalement réévalué son premier film qu'à postériori j'aime beaucoup aussi. Cette même humilité, ce même fantastique "naturel", cette même attention au territoire filmé et ce même romantisme presque naïf mais si beau.

5/6

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MessagePosté: 07 Fév 2023, 14:33 
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Marrant de voir quasiment ses dernières vacances sur grand écran.

Pas aussi enthousiaste que d'autres, j'ai passé un bon moment pour une certaine identification et la relative audace.

SPOILERS

D'abord séduit par cette ligne claire, elle a fini par me laisser un peu sur ma faim. Assez efficace pour rentrer dans cette histoire très simplement, avec le mec qui s'échappe de la trajectoire programmée comme suggéré par sa démo technique et sans autre forme d'explication, va répondre à l'appel de la montagne. Et puis ce côté platement réaliste mais doux, le mec va juste s'équiper chez Qechua, il ne se lance pas inconsciemment dans l'alpinisme avec un évident désir de mort, mais y va méthodiquement et prudemment, prend conseil, etc.
Sauf, qu'à la longue et dans les scènes d'interaction lunaires avec sa famille ou la Bourgoin, ça finit par manquer un peu de vie et on s'y croit de moins en moins. Pour le coup, gros cliché de la patronne au grand coeur qui se prend d'affection pour le clodo qui a atterri à côté de chez elle. Avec ça et le côté assez petit de son aventure, il se contente de squatter au pied de l'Aiguille du Midi, je me suis pris à regretter qu'on n'ait pas eu droit à un peu de comédie, on ne le voit pas par exemple galérer, faire des erreurs, se frotter à l'ambiance concours de bite des alpinistes, l'impression qu'il fait toujours beau et qu'il reste présentable et frais comme un gardon après des semaines de bivouac.

Alors, bien sûr cette plongée dans le fantastique envoie le film dans quelque chose d'autre, qui sans m'avoir subjugué, a le mérite de l'originalité et de prêter le flanc à l'interprétation.
Faut-il y voir une simple métaphore de la dépression? Le mec qui se fond dans la montagne comme on se perd en soi-même et l'appel de la Belle viendra l'en sortir? Comment lier ça à réchauffement climatique? Genre, il faut l'embrasser, ça fait maintenant partie de nous?

4/6, j'ai quand même pas mal regardé ma montre et j'ai préféré le Sommet de Dieux.


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MessagePosté: 07 Fév 2023, 14:44 
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Déjà-vu a écrit:
Lohmann a écrit:
Pas tant ouverte non ?

Bah concrètement, on se demande ce que le fantastique lui apporte et a changé (être en symbiose avec la nature ok), et ce que ça implique aux yeux du monde est sans conséquence (il s'agit quand même de la découverte d'entités extra-terrestres et/ou antédiluviennes). Il se contente de partir en randonnée (ok bis), rien n'est résolu.

Il part pas en randonnée, il redescend de la montagne et quitte son ermitage.
Ca ne dit pas si il va rentrer à Paris ou refaire sa vie à Chamonix avec Louise Bourgoin par contre.


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MessagePosté: 07 Fév 2023, 15:02 
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Oui très beau dernier plan d'ailleurs totalement à l'image du film. Il monte et il redescend, tout simplement.

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MessagePosté: 07 Fév 2023, 15:19 
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oeil-de-lynx a écrit:
Il part pas en randonnée, il redescend de la montagne et quitte son ermitage.
Ca ne dit pas si il va rentrer à Paris ou refaire sa vie à Chamonix avec Louise Bourgoin par contre.

J'ai pris ça comme étant son nouveau quotidien.


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MessagePosté: 07 Fév 2023, 15:27 
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Déjà-vu a écrit:
oeil-de-lynx a écrit:
Il part pas en randonnée, il redescend de la montagne et quitte son ermitage.
Ca ne dit pas si il va rentrer à Paris ou refaire sa vie à Chamonix avec Louise Bourgoin par contre.

J'ai pris ça comme étant son nouveau quotidien.

On voit bien qu'il descend du glacier, quitte la neige, retrouve la verdure peu à peu, puis la forêt, rejoint un chemin tracé et finalement retrouve des habitations, à l'opposé de toutes ses expéditions précédentes où il n'avait pas quitté la neige depuis des semaines, sauf une fois en cas de force majeure contre sa volonté.
Bref, il retrouve la civilisation.


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MessagePosté: 18 Fév 2023, 22:00 
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Beaucoup aimé la deuxième partie personnellement. Le fantastique est peut-être le genre le plus difficile qui soit, il faut une subtile bascule du réalisme au merveilleux, un dérèglement ou du moins un décalage du monde.

Après une première partie nécessaire et bien menée, mais qui m'a un peu déprimée, avec son personnage mutique et pas forcément très sympathique, qui change de vie de manière artificielle, brutale, la deuxième partie est superbe.

L'atmosphère sonore, les effets spéciaux, la bascule vers le personnage cosmique, ça m'a un peu rappelé, attention... 2001, eh oui, c'est bien sûr moins ambitieux dans le trip mais tout de même, formellement il se passe quelque chose qui m'a fait voyager en dehors du temps et de l'espace.

Mon interprétation du film:
le personnage a évidemment des tendances dépressives et suicidaires mais trouve sa vraie nature dans la montagne. Chargé de cette nouvelle énergie, il est en situation d'accepter l'amour qui se présentait à lui. Le fantastique, cette lumière magique qui désormais fait partie de lui, c'est la force vitale qui l'anime enfin, et qu'il transmet à Louise Bourgoin à travers le baiser et une nuit d'amour. On assiste tout simplement là une métaphore de la naissance d'un amour. Ensuite il retourne à la civilisation, on comprend qu'il restera dans cette frontière entre la ville et la haute montagne.

Le dernier plan est limpide: il descend vers les lumières des lampadaires de la ville, qui contrastent par leur fixité avec la lumière mobile qui émane de sa main. L'être porte enfin sa propre lumière et il peut jouir des lumières d'autrui et de son environnement.


Pour revenir sur le registre fantastique, c'est assez fascinant comme il perturbe les spectateurs. Dans ma salle, à côté de moi trois jeunes gloussaient sans arrêt dans la 2e partie (aidés ça et là par quelques dialogues un peu béta il est vrai, mais j'aime le côté naïf du film), ils ne savaient tout simplement pas trop comment recevoir la proposition du film.


Dernière édition par Baptiste le 18 Fév 2023, 22:02, édité 1 fois.

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MessagePosté: 18 Fév 2023, 22:02 
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Baptiste a écrit:
Dans ma salle, à côté trois jeunes gloussaient sans arrêt dans la 2e partie
Vu où ?

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MessagePosté: 18 Fév 2023, 22:02 
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Non Pathé Convention. Et quand je dis jeunes, ils avaient quand même 25 ans je pense.


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MessagePosté: 18 Fév 2023, 23:16 
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Baptiste a écrit:
Mon interprétation du film:

Attends mais lui il est chaud dès le début hein, c’est Bourgoin qui le bat froid.


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