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MessagePosté: 05 Déc 2009, 11:33 
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J'ai pas dit que le regard du cinéaste ne comptait pas, c'est juste que je ne pose pas l'amour du cinéaste pour ses personnages (et qu'est-ce que ça veut dire, là encore? Tu me dis "Filmer à hauteur d'homme", c'est encore autre chose, et j'aurais tendance à te rejoindre là dessus) comme un critère absolu.

La grande force d'Hadewijch est justement pour moi de filmer à la fois à la hauteur de son héroïne et de l'inclure dans une perspective qui la dépasse sans la ridiculiser (cf ce que j'ai dit sur la dernière scène, mais on peut aussi parler des scènes dans la salle de bain puis avec son chien, ou encore lorsqu'elle marche parmi les tours de la cité).


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MessagePosté: 05 Déc 2009, 13:28 
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Je pense que Dumont s'est au contraire attaché à son héroïne, et peut-être plus qu'il ne l'aurait cru, ou alors que quelque chose de réellement gracieux s'exprime au dépend d'un certain dispositif rigide... Tout ce qui tourne autour de l'ouvrier ou de l'escapade au Liban est extrèmement lourd et artificiel dans la construction, mais dés qu'il se contente de filmer son héroïne seule, déambulant entre extase et incompréhension il y a quelque chose de vraiment beau. L'actrice y est sans doute pour beaucoup.


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MessagePosté: 05 Déc 2009, 19:20 
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alexandra a écrit:
_ZaZaZa_ a écrit:
Je suis sincèrement déçue.

Moi je me marre, zazaza, mais , comme pour TBA, tu pourrais pas préciser tes , heu, disons, tes reproches?


Quand je lis tout ce que vous avez écrit sur le film, ça donne pas très envie...
Vous avez vu le film d'une manière "scolaire" j'ai l'impression. Vous parlez de photographie, de superbe mise en scène, de Dumont qui aime son actrice ou pas...
Moi je ne me pose pas ce genre de question et j'ai pris le film comme il venait et j'ai pas vu tous ses merveilleux détails techniques qui vous font pleurer.

J'ai trouvé l'actrice insupportable déja et eu envie de lui acheté un soutif tout le long du film.
Ensuite, si elle était sortie de son délire ou si on était entrer dedans et que l'histoire se situerai là, bah ça serait mieux passé. Là on sait qu'elle est amoureuse de Dieu, on se doute que c'est dû au manque d'amour et d'intérêt/à cause de sa famille conne bourgeoise mais on entre jamais dans son "problème". On voit juste une fille complétement paumée qui se ballade sur un scooter qu'un méchant arabe délinquant et pauvre de banlieu a volé.
Puis après, sa rencontre avec les faux islamistes jihadistes fondamentalistes intégristes salafistes est conne et ne sert à rien. Cette rencontre aurait pu être intéressante encore une fois, si grâce à elle, la fille se serait rendu compte qu'elle perd son temps ou si elle en était sortie encore plus convaincue ou encore si elle avait changé de religion mais non...Le méchant barbu l'emmene au Liban, ce qui change RIEN dans le délire de la fille, il n'est ni pire ni meilleur, c'est juste inutile puis l'histoire du métro est tout aussi conne.
En gros je n'ai pas vu d'évolution, ce qui fait que je me ennuyée.


J'ai pas l'intention de débattre, je vous préviens tout de suite.


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MessagePosté: 05 Déc 2009, 22:35 
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_ZaZaZa_ a écrit:
J'ai pas l'intention de débattre, je vous préviens tout de suite.


T'inquiètes, ton texte ne donne pas envie de débattre :wink:


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MessagePosté: 09 Déc 2009, 00:00 
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Baptiste a écrit:
La grande force d'Hadewijch est justement pour moi de filmer à la fois à la hauteur de son héroïne et de l'inclure dans une perspective qui la dépasse sans la ridiculiser (cf ce que j'ai dit sur la dernière scène, mais on peut aussi parler des scènes dans la salle de bain puis avec son chien, ou encore lorsqu'elle marche parmi les tours de la cité).


A quoi sert-elle, la scène de la salle de bain ? Moi elle m'a presque foutu mal à l'aise par son inutilité absolue, et, au-delà de ça, cette scène matérialise physiquement le peep-show que constitue le film : on t'aguiche avec les (très) jolies images d'une histoire dans laquelle tu aimerais rentrer, mais jamais on ne te permet de le faire.


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MessagePosté: 09 Déc 2009, 20:17 
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_ZaZaZa_ a écrit:

J'ai trouvé l'actrice insupportable déja et eu envie de lui acheté un soutif tout le long du film.
Ensuite, si elle était sortie de son délire ou si on était entrer dedans et que l'histoire se situerai là, bah ça serait mieux passé. Là on sait qu'elle est amoureuse de Dieu, on se doute que c'est dû au manque d'amour et d'intérêt/à cause de sa famille conne bourgeoise mais on entre jamais dans son "problème". On voit juste une fille complétement paumée qui se ballade sur un scooter qu'un méchant arabe délinquant et pauvre de banlieu a volé.
Puis après, sa rencontre avec les faux islamistes jihadistes fondamentalistes intégristes salafistes est conne et ne sert à rien. Cette rencontre aurait pu être intéressante encore une fois, si grâce à elle, la fille se serait rendu compte qu'elle perd son temps ou si elle en était sortie encore plus convaincue ou encore si elle avait changé de religion mais non...Le méchant barbu l'emmene au Liban, ce qui change RIEN dans le délire de la fille, il n'est ni pire ni meilleur, c'est juste inutile puis l'histoire du métro est tout aussi conne.
En gros je n'ai pas vu d'évolution, ce qui fait que je me ennuyée.


J'ai pas l'intention de débattre, je vous préviens tout de suite.
Ta 1ère remarque: j'ai vu ça aussi et ça m'a plutôt fait marrer, vu qu'on était en principe dans la métaphysique ou presque...
Il y a des trous dans l'histoire, c'est sûr qu'on est sur sa faim de ce côté là. A nous d'imaginer.. La rencontre avec les islamistes est un prétexte pour aborder la question du terrorisme, là le personnage ... on ne peut pâs y croire complètement ( qu'est ce qu'une catho paumée irait faire là dedans, on se demande! ) mais du coup ça montre que "l'amour absolu" peut amener à des trucs aberrants, c'est surtout ça le message je pense.
boultan a écrit:

A quoi sert-elle, la scène de la salle de bain ? Moi elle m'a presque foutu mal à l'aise par son inutilité absolue, et, au-delà de ça, cette scène matérialise physiquement le peep-show que constitue le film : on t'aguiche avec les (très) jolies images d'une histoire dans laquelle tu aimerais rentrer, mais jamais on ne te permet de le faire.
Et c'est ce qu'on peut appeler la "lâcheté" du réalisateur, comme tu disais; c'est un fait , il ne veut pas s'engager, mais il reste au bord.
C'est aussi l'occasion de belles photos , presque des peintures.

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MessagePosté: 11 Déc 2009, 21:16 
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boultan a écrit:
Baptiste a écrit:
La grande force d'Hadewijch est justement pour moi de filmer à la fois à la hauteur de son héroïne et de l'inclure dans une perspective qui la dépasse sans la ridiculiser (cf ce que j'ai dit sur la dernière scène, mais on peut aussi parler des scènes dans la salle de bain puis avec son chien, ou encore lorsqu'elle marche parmi les tours de la cité).


A quoi sert-elle, la scène de la salle de bain ? Moi elle m'a presque foutu mal à l'aise par son inutilité absolue, et, au-delà de ça, cette scène matérialise physiquement le peep-show que constitue le film : on t'aguiche avec les (très) jolies images d'une histoire dans laquelle tu aimerais rentrer, mais jamais on ne te permet de le faire.


Tu veux rentrer dans quelle histoire exactement? Celle de l'esprit de la jeune fille? Impossible. C'est ce que montre Dumont: il y a un chaos intérieur que le cinéma est impropre à montrer. On le devine, mais il reste insaisissable. Dumont, lucide sur les limites de son pouvoir, déplace le centre de gravité du sujet. Qu'est-ce que peut faire le cinéma? Eh bien, nous donner à voir non pas le chaos spirituel lui-même mais le rapport de ce chaos au monde, c'est-à-dire les manifestations concrètes de ce chaos face aux circonstances extérieures. D'où peut-être les frustrations, l'impression que Dumont ne dit rien, ne va pas assez loin, ou pire "n'aime pas son personnage".
Dans le genre, la scène de la salle de bain est assez subtile, notamment parce qu'elle ne dure que quelques secondes, mais pour le coup je la rangerai dans la catégorie des scènes à la fonction très claire: Céline devant son mirroir, entoure son corps nu d'une serviette pour ne pas voir son propre corps, qu'elle ne connaît de toute façon que trop bien à travers la douleur qu'elle ressent chaque jour. Elle sort de la salle de bain et dit à son chien "que Jésus te bénisse", après quoi elle l'enlace et le prend avec elle dans son lit. Elle est en fait saisie d'une envie de contact charnel avec ce corps qu'elle a béni. Elle réalise d'une façon détournée et insatisfaisante ce après quoi elle court pendant tout le film, à savoir sentir le corps de Dieu.


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MessagePosté: 11 Déc 2009, 23:18 
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Les couleurs ont leur importance aussi.
Salle de bain blanche, sans fioritures, hygiénique et froide.(On ne la voit que très rapidement) Elle signifie à elle seule le refus du corps et de la séduction: pas de maquillage, pas de regards devant la glace, pas de complaisance, Céline en sort aussitôt.
Le chien est le seul corps vivant qu'elle tolère: douceur, chaleur du pelage , gestes de tendresse; peu avant, on l'avait vue insister pour qu'il boive dans le bol qu'elle lui offrait, (scène dans la cuisine), alors qu"elle même n'avait pas touché à son bol de café, dans le réfectoire du couvent, au moment du petit dejeuner, contrairement à la novice voilée qui était auprès d'elle.(cf le "je fais abstinence, ma mère" dit à la supérieure qui la réprimandait)
Tout ce passage montre qu'elle veut en rester au stade d'une sensualité enfantine (le chien fait un peu aussi office de nounours), qu'elle ne veut pas grandir, et qu'elle se condamne elle même à la solitude dont elle souffre.

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MessagePosté: 12 Déc 2009, 10:20 
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Baptiste a écrit:
boultan a écrit:
Baptiste a écrit:
La grande force d'Hadewijch est justement pour moi de filmer à la fois à la hauteur de son héroïne et de l'inclure dans une perspective qui la dépasse sans la ridiculiser (cf ce que j'ai dit sur la dernière scène, mais on peut aussi parler des scènes dans la salle de bain puis avec son chien, ou encore lorsqu'elle marche parmi les tours de la cité).


A quoi sert-elle, la scène de la salle de bain ? Moi elle m'a presque foutu mal à l'aise par son inutilité absolue, et, au-delà de ça, cette scène matérialise physiquement le peep-show que constitue le film : on t'aguiche avec les (très) jolies images d'une histoire dans laquelle tu aimerais rentrer, mais jamais on ne te permet de le faire.


Tu veux rentrer dans quelle histoire exactement? Celle de l'esprit de la jeune fille? Impossible. C'est ce que montre Dumont: il y a un chaos intérieur que le cinéma est impropre à montrer. On le devine, mais il reste insaisissable. Dumont, lucide sur les limites de son pouvoir, déplace le centre de gravité du sujet. Qu'est-ce que peut faire le cinéma? Eh bien, nous donner à voir non pas le chaos spirituel lui-même mais le rapport de ce chaos au monde, c'est-à-dire les manifestations concrètes de ce chaos face aux circonstances extérieures. D'où peut-être les frustrations, l'impression que Dumont ne dit rien, ne va pas assez loin, ou pire "n'aime pas son personnage".


Ah non, précisément, ce n'est pas ce que montre Dumont, c'est ce que toi tu interprètes d'une vingtaine de plans fixes d'un visage de jeune fille hagard, il y a une grosse différence. On peut chacun se faire son film à partir de ce que Dumont propose et certains trouveront cette liberté formidable, il n'en reste que lui ne prend pas de risque, n'a pas de regard, pas de discours, et que d'autres cinéastes talentueux pourraient bien faire d'autres "films" à base de longs plans séquences esthétisants et de clichés éculés que ça n'en feraient pas de bons films pour autant.

Baptiste a écrit:
Dans le genre, la scène de la salle de bain est assez subtile, notamment parce qu'elle ne dure que quelques secondes, mais pour le coup je la rangerai dans la catégorie des scènes à la fonction très claire: Céline devant son mirroir, entoure son corps nu d'une serviette pour ne pas voir son propre corps, qu'elle ne connaît de toute façon que trop bien à travers la douleur qu'elle ressent chaque jour. Elle sort de la salle de bain et dit à son chien "que Jésus te bénisse", après quoi elle l'enlace et le prend avec elle dans son lit. Elle est en fait saisie d'une envie de contact charnel avec ce corps qu'elle a béni. Elle réalise d'une façon détournée et insatisfaisante ce après quoi elle court pendant tout le film, à savoir sentir le corps de Dieu.


Idem : on est dans l'interprétation pure là, on peut dire qu'elle se taperait bien son chien ou qu'elle est complètement frigide ou que c'est une jeune fille pas trop à l'aise avec son corps comme les autres, au choix. C'est peut-être le thème le plus intéressant du film, le trouble charnel de la passion religieuse chez une jeune fille en fleur, mais il est traité comme le reste, en aguicheur : on tourne autour, on lève parfois un tout petit coin et hop, fini, circulez et démerdez-vous. A vouloir trop bien filmer son héroïne je trouve que Dumont est passé à côté de son film. Après, chacun a sa définition de ce qu'est un film, mais pour moi ça reste ce qu'un auteur entend communiquer à une audience avec du son et des images qui bougent. Or ici il manque une voix, il manque des couilles, on est dans la sensation brute, ça confine donc à la pornographie.


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MessagePosté: 12 Déc 2009, 10:59 
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boultan a écrit:
Baptiste a écrit:
boultan a écrit:
A quoi sert-elle, la scène de la salle de bain ? Moi elle m'a presque foutu mal à l'aise par son inutilité absolue, et, au-delà de ça, cette scène matérialise physiquement le peep-show que constitue le film : on t'aguiche avec les (très) jolies images d'une histoire dans laquelle tu aimerais rentrer, mais jamais on ne te permet de le faire.


Tu veux rentrer dans quelle histoire exactement? Celle de l'esprit de la jeune fille? Impossible. C'est ce que montre Dumont: il y a un chaos intérieur que le cinéma est impropre à montrer. On le devine, mais il reste insaisissable. Dumont, lucide sur les limites de son pouvoir, déplace le centre de gravité du sujet. Qu'est-ce que peut faire le cinéma? Eh bien, nous donner à voir non pas le chaos spirituel lui-même mais le rapport de ce chaos au monde, c'est-à-dire les manifestations concrètes de ce chaos face aux circonstances extérieures. D'où peut-être les frustrations, l'impression que Dumont ne dit rien, ne va pas assez loin, ou pire "n'aime pas son personnage".


Ah non, précisément, ce n'est pas ce que montre Dumont, c'est ce que toi tu interprètes d'une vingtaine de plans fixes d'un visage de jeune fille hagard, il y a une grosse différence. On peut chacun se faire son film à partir de ce que Dumont propose et certains trouveront cette liberté formidable, il n'en reste que lui ne prend pas de risque, n'a pas de regard, pas de discours, et que d'autres cinéastes talentueux pourraient bien faire d'autres "films" à base de longs plans séquences esthétisants et de clichés éculés que ça n'en feraient pas de bons films pour autant.


Mais non, je n'interprète pas une vingtaine de plans fixes, j'inteprète la totalité du film qui ne se résume pas du tout, mais alors pas du tout, à ces plans fixes. Ceux-ci interviennent dans un réseau d'images et il faut être de mauvaise foi pour les isoler et dire du coup qu'ils n'ont pas de sens. Ils ont du sens si tu les rattaches à tout ce qui se passe autour, les discours sur Céline, ses rencontres et ses actes. Il ne se passe tout de même pas rien dans le film.

Citation:
Idem : on est dans l'interprétation pure là, on peut dire qu'elle se taperait bien son chien ou qu'elle est complètement frigide ou que c'est une jeune fille pas trop à l'aise avec son corps comme les autres, au choix. C'est peut-être le thème le plus intéressant du film, le trouble charnel de la passion religieuse chez une jeune fille en fleur, mais il est traité comme le reste, en aguicheur : on tourne autour, on lève parfois un tout petit coin et hop, fini, circulez et démerdez-vous. A vouloir trop bien filmer son héroïne je trouve que Dumont est passé à côté de son film. Après, chacun a sa définition de ce qu'est un film, mais pour moi ça reste ce qu'un auteur entend communiquer à une audience avec du son et des images qui bougent. Or ici il manque une voix, il manque des couilles, on est dans la sensation brute, ça confine donc à la pornographie.


Le truc, c'est qu'il aurait été justement très vain de nous en montrer plus sur son trouble charnel: le spectateur a compris ce dont on parle, des raisons sont invoquées, etc. Il se montre bel et bien, mais subtilement, comme je le disais pour la scène de la salle de bain. Pour moi le film est très clair, il coule de source, et contrairement à ce que tu as ressenti, montre plein de choses, mais peut-être pas ce que tu attendais qu'il montre.
Quand tu dis "on est dans l'interprétation pure là, on peut dire qu'elle se taperait bien son chien ou qu'elle est complètement frigide ou que c'est une jeune fille pas trop à l'aise avec son corps comme les autres, au choix", je vois pas où mon interprétation est hasardeuse, car elle recouvre les trois idées que tu évoques: oui elle est mal dans sa peau, en manque d'amour comme plein d'ados, dans son cas elle s'est rabattu sur sa foi mais comme tout être humain a des désirs physiques, elle fait un transfert de ces désirs dans sa foi, ce qui débouche sur une tendance à vouloir voir son Dieu matérialisé dans un être qu'elle peut étreindre. C'est quand même pas si fantaisiste de voir ça dans cette scène-là...


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MessagePosté: 12 Déc 2009, 11:09 
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Baptiste a écrit:
Tu veux rentrer dans quelle histoire exactement? Celle de l'esprit de la jeune fille? Impossible. C'est ce que montre Dumont: il y a un chaos intérieur que le cinéma est impropre à montrer. On le devine, mais il reste insaisissable. Dumont, lucide sur les limites de son pouvoir, déplace le centre de gravité du sujet. Qu'est-ce que peut faire le cinéma? Eh bien, nous donner à voir non pas le chaos spirituel lui-même mais le rapport de ce chaos au monde, c'est-à-dire les manifestations concrètes de ce chaos face aux circonstances extérieures.


Ca c'est une belle note d'intention philosophique, encore faudrait parler de comment ça s'incarne, car là sincèrement c'est très maigre. La preuve en est de cette séquence du repas avec les parents, séquence totalement grotesque de niaiserie. Ce repas est aberrant, Dumont le sait surement, on dirait un choix scénaristique d'un gamin de douze ans, pourtant il a plus que ça... Elle invite son ami chez ses parents sans se douter du malaise que ça va produire, elle est loin d'être consciente des malaises dans les différences de classes sociales, la mère s'en va choquer etc... C'est très caricatural, rien de bien sensible. Donc, il n'y a que deux possibilités, soit Dumont a douze ans, soit il essaye de nous raccorder par ce choix à la niaiserie d'un personnage hors du monde... Ce personnage n'a rien d'insaisissable, Dumont la présente juste comme bête et absente, du haut de son trône de grand homme de savoir.

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MessagePosté: 12 Déc 2009, 11:15 
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Rapidement: Céline est bien consciente de ce qu'elle fait, elle est faussement naïve à ce moment là, elle veut juste prouver une fois de plus que ses parents sont des trous du cul. Et j'ajouterais qu'elle s'intéresse vraiment à ce jeune et qu'elle veut lui montrer le monde d'où elle vient.

Deuxièmement, le souffle parodique d'Hadewijch, qui apparemment t'a beaucoup géné est bien là, je ne le nie pas, simplement qu'il n'est pas une fin en soi, juste un moyen pour mieux éclairer la nature du fanatisme religieux qui en lui-même est une parodie de religiosité.


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MessagePosté: 12 Déc 2009, 15:13 
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Baptiste a écrit:
elle est faussement naïve à ce moment là, elle veut juste prouver une fois de plus que ses parents sont des trous du cul.
.
Elle veut aussi un témoin extérieur à sa propre vie, quelqu'un qui voit l'écart entre elle et ses parents. Ce n'est pas tant le monde d'où elle vient qu"elle veut montrer, que l'écart entre ce monde et ses aspirations à elle.
Elle 'y arrive que partiellement, puisque le "copain"(en est ce un vraiment?) ne condamne rien, qu'il trouve que c'est beau chez elle, et qu'il est même choqué par la façon dont elle parle de son "paternel" (quand elle dit de lui "il est con", ou quelque chose comme ça, plus tard).
La séquence du repas a quelque chose d'invraissemblable, sûr, pourtant elle fait comprendre certains côtés déjà "jusqu'au-boutistes" de Céline.
Baptiste a écrit:
juste un moyen pour mieux éclairer la nature du fanatisme religieux qui en lui-même est une parodie de religiosité.
C'est en tout cas de cette façon là que Dumont conçoit son film.

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MessagePosté: 12 Déc 2009, 21:21 
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Je veux bien retirer peep-show mais je laisse trompe-l'oeil et je paie une Suze à TBA


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C'est pas bon la Suze :x


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