Forum de FilmDeCulte

Mais que c'est nul, et bien au-delà de tout ce que je pouvais imaginer... tellement nul que j'ai rigoureusement rien à en dire. Quelque soit le bout par lequel on le prenne, ça sonne non pas faux mais creux, éculé, prétentieux, vaseux pour ne pas dire par moments crapoteux.

Ce Dumont reste vraiment le cinéaste français le plus surestimé de l'époque actuelle, et ça va pas s'améliorer depuis que Godard a fait l'éloge d'un photogramme d'un de ses films dans les Cahiers récemment (Dumont se croit d'ailleurs obligé de nous surligner de façon didactique dans son film la différence entre un plan de plongée dégueulasse sur un regard caméra car réalisé par la TV, et ses propres plans de plongée sur un regard caméra censément cinématographiquement géniaux et plongeant dans l'âââââme du personnage).

En écoutant l'émission de Bégaudeau qui est consacrée au film on comprend mieux que ce dernier est bien parce que précisément il se détourne des réfugiés (entre autres, mais aussi des clochards, etc.) pour se recentrer sur les affres sentimentaux et la passionnante rédemption mystique du personnage de France (c'est bien ce qui sépare radicalement le cynisme de Dumond de l'humanisme chrétien de gauche d'un Rossellini qui est pourtant convoqué dans l'émission : le salut de la bourgeoise s'opère avec les prolétaires Bégaudeau doit relire son Rancière et/ou revoir le film de l'Italien, et non sur leur dos ou avec un seul individu qui n'est autre que la femme d'un tueur et qui se situe donc au degré -1 du politique). C'est-à-dire qu'il pratique grosso-modo la même opération d'escamotage que les reportages TV, mais il le fait avec une manière et une élégance toute dumontiène ! A un moment donné Bégaudeau regrette également que la critique des médias de Dumont ne pousse pas assez loin, et puis après il admet que la scène d'ouverture est plutôt sympa avec Macron, et puis on réalise que la plupart des films du réalisateur sont produits par Arte, c'est-à-dire par le service public. Au royaume des aveugles le borgne est roi...

Ca me rappelle Stephane Guillon, c'était sans doute ce que je trouvais le plus antipathique chez lui


Sinon le réalisme de la description du monde des médias, bien sûr que ce n'est pas réaliste, la présentatrice star du journal qui fait aussi des reportage de guerre , ca n'exsite pas, c'est fait uniquement pour porter le propos du Dumont.

Ca n'est évidement pas un hasard que cette histoire prenne place dans le monde médiatique (même si comme le dit Lohmann, France pourrait être instagrameuse par exemple), Dumont ayant comme obsession la captation du réel (ou plutôt son impossibilité). Ici, France manipule le réel a plusieurs niveaux, de ses reportages à son image publique, ce qui la prive complètement de sincérité y compris dans ce qu'elle ressent.

Assez d'accord avec Lohmann aussi sur le fait qu'il y a toujours, j'ai l'impression, chez Dumont des épaisseurs multiples derrière un premier aspect assez brut et premier degré.

Ici, France, dans l'incapacité d'évoluer (France demeure, got it?) malgré le réel qui la percute, prend conscience qu'elle aussi est un monstre froid. La réplique quand elle accepte de reprendre son amant menteur et manipulateur parait au premier degré destiné au tueur d'enfants dont elle vient d'interroger la compagne, mais en filigrane c'est bien d'elle qu'elle parle.

Apres c'est souvent la limite avec Dumont j'ai l'impression, il y a une vraie vision, une complexité derrière le premier rempart brut, mais c'est pas toujours aussi fin que ca voudrait l'être (en gros je vois pas toujours le vertige derrière le second niveau de lecture, et certaines scènes restent assez triviales -tout ce qui touche aux reportages sur le terrain et à la démonstration des artifices du montage, truc assez scolaire quand même), c'est un peu en équilibre et suivant le jour ou la scène je peux trouver ca beau ou complètement tartignole. Par exemple la dernière scène : la meuf filme des horreurs a l'étranger avec un certain cynisme mais est incapable de faire face, de comprendre la violence en bas de chez elle... ? Et donc c'est une parabole avec la France, le pays? Bon voilà, c'est pas hyper profond et novateur. Bien sur il n'y a pas que ca dans son cinéma, je trouve que c'est un cinéma qui nous remue, qui questionne, qui est une mine d'interprétations, mais qui comporte aussi son lot de facilités, et à naviguer entre le 1er degré et les couches de textes sous-jacents l'équilibre est pas toujours en faveur du film.

Du coup je navigue entre le 3 et le 5 et ca sera 4/6 (mais j'avoue je pense beaucoup au fil depuis que je l'ai vu).