Forum de FilmDeCulte

Bruno Dumont n'est pas un cinéaste que j'adore, mais pour un article sur la vague des films "spirituels", j'ai rattrapé ce dernier...

Formellement c'est à tomber. J'ai immédiatement fait le rapprochement avec La Religieuse et bingo il s'agit d'un même chef opérateur, Yves Cape.

Ensuite, j'ai beaucoup plus de mal avec le développement. J'ai lu vos avis et j'avoue être surpris que vous ne trouviez pas ça complètement... improbable et du coup symboliquement hyper chargé.

Ceci dit, peut-être grâce à l'actrice, il y a un vrai "mystère" qui se dégage du film, quelque chose de très fort.

4/6

Tout à fait, mais je crois que du début à la fin, cette improbabilité et ce symbolisme investissent chaque lieu et chaque situation donc je ne me suis personnellement pas senti floué par le développement.

J'ai revu le film il y a un an et je l'ai trouvé toujours aussi sublime, c'est peut-être un futur classique.

le mec de la fin du film, héros de hors satan est mort...

Damn ! On sait comment ?

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CroqAnimement votre

Oh merde! Ca devrait pas mal affecter Dumont, vu l'importance de cet acteur pour lui.

Il est intéressant ce topic, ça fait plaisir !

J'y allais en mode totale confiance (à cause de vous, salauds), et du coup je suis assez déçu : Dumont reste un cinéaste que je respecte (pour sa rigueur, la force de sa mise en scène, l’ambition de son projet), mais dont je peine somme toute à trouver un film réellement réussi.

Ce film-là a certes pour lui de s’interdire tout recours terroriste à une sorte de dialectique où le spectateur vit toute scène calme comme un élastique tendu tout prêt à lui péter à la gueule en attente de la prochaine gifle crue (de violence, de sexe). Il y a ici quelque chose de plus humble qui aide à avoir envie de suivre ce personnage (certes magnifiquement incarné mais aussi passablement tarte).

Et j'ai fini par me rendre compte avec honte, au cours du film, que ce genre de scènes en venait presque à me manquer. Dénué de sa politique de la scène-choc, le cinéma de Dumont laisse aussi entrevoir d’autres de ses défauts : une trop grande confiance dans sa veine néoréaliste (pourtant puissante : la plupart des gros plans sont tétanisants), qui lui fait enchaîner les semi-scène marmonnées où l’enjeu peine à poindre. Ou encore un certain train-train programmatique, particulièrement roupillant sur tout le passage de conversion à la lutte armée.

Alors il reste certes un cinéma si brut qu'il rend fascinantes des situations qui ne sembleraient que théoriques ou anodines ailleurs (une jeune fille accepte de s’asseoir avec trois types au bar : que va-t-il se passer). On peut aussi admirer tout le bel épilogue, même si quelque part le recours à la musique me semble presque un aveu d’échec ou une hypocrisie, comme si Dumont utilisait les armes de l’ennemi sans trop y croire lui-même.

Je retiens surtout ces visages, la violence de la pâle lumière d’hiver qui fait traverser le film à fleur de peau (le plus beau travail d’Yves Capes), et puis le plaisir de voir un tel sujet traité par un cinéma aussi exigeant. Mais je crois que j’aurais préféré rester à l'essentiel, avec les tourments de cette petite héroïne dans son couvent, ou avec le trouble qu'est la rencontre avec cet ado, de simplement rester sur cette question de l'incarnation de cette amour fiévreux (tout ce que résume très bien Chargone dans son premier message), plutôt que de se faire embarquer par toute la démonstration terroriste très artificielle, qui écrase de sa banalité les enjeux dont elle est supposée être la parfaite illustration : grands moyens dont Dumont, au final, n’avait sans doute pas besoin.

Quel cinéaste quand même. Même si au final je suis plutôt dans la team des déçus.
Toute la première partie m'a réconcilié avec le cinéma de Dumont, tant la singularité de la mise en scène (un mélange de précision et de fuite des effets, comme le dit Z) et la beauté à tomber de la photo emportent tout et qu'on se laisse porter sans savoir où cela va nous mener.

D'autant que:

Qui commençait à bien me saouler...

En fait je crois que c'est Zad qui a tout dit:


Il y a tellement de choses dans cette première partie, c'est fou. Je retiendrai par exemple longtemps la scène du concert ou celle du cours de théologie sur l'islam dans l'arrière salle d'un kebab.

Mais après je décroche complètement...


Le topic est très intéressant et les échanges mettent bien en avant les interprétations possibles, et les choix de Dumont. Sans refaire la discussion je fais partie de ceux qui ne sont pas convaincus.
Et je me demande s'il n'y aurait pas un travail à faire pour explorer les liens thématiques avec son précédents, Flandres qui traite de la guerre en Afghanistan / Irak, et celui-ci qui aborde, malgré tout, les attentats.

Et après la chute de la classe ouvrière blanche dans La vie de Jésus, le mec est une sorte de simili-Houellebecq dans ses sujets civilisationnels, même si le traitement est évidemment complètement différent.

Oui le lien avec Houellebecq me semble pas déconnant. Comme lui il est visionnaire sur le sujet des attentats et du radicalisme religieux.

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