Forum de FilmDeCulte

Mais concrètement, à part Fight Club et Panic Room et leur caméra numérique, c'était tape-à-l'oeil, Fincher, avant?

Faut revoir Seven hein, c'est un film avec presque que des plans fixes et longs.

_________________

Grand film, Fincher n'arrête pas de se bonifier avec le temps.

J'aime particulièrement cette sensation, quand un film t'emporte presque malgré toi et révèle un dessein largement supérieur à ce qu'il est supposé montrer. Dès le début, j'ai été destabilisé, voire déçu par l'artificialité qui se dégage du film. Et puis peu à peu, sur la durée (moi qui n'aime pas trop les films longs vu que je vais souvent à la séance de 21.00/22.00, là, ça ne m'a pas gêné, au contraire), j'ai compris que c'était un parti prix et que Fincher visait autre chose.

Quoi exactement ? La critique acide de la société américaine évidemment, mais aussi quelque chose de plus profond (et de plus complexe), qui touche à la psyché des protagonistes et donc, d'une certaine façon, à celle du pays. Et tout ça sans aucune "démonstrativité" ostentatoire (désolé pour le néologisme), notamment du scénario, mais avec la force de la mise en scène (d'ailleurs, Film Freak fait référence à Eyes Wide Shut , je trouve ça très bien vu et j'avais ressenti quelque chose de similaire à l'époque).

Fincher comparé à Kubrick, kilucru ?

Justement, l'exemple c'est Fight Club, je crois, le vrai film qui divise dans sa filmo.

C'est vrai (The Game est encore plus calme d'ailleurs), ce n'est peut-être pas tant que ça affaire de caméra en fait... Il y a dans Seven et Alien3 un côté un peu baroque je trouve, bariolé, "fantasque" effectivement pour reprendre le terme de MoviesCloseUp. Un peu comme s'il était davantage dans une logique d'illustration savante et récréative de son scénar, avec enjeux conscients, affichés, et joliment peints, avec pitch décodable et message déduisible pour qui s'amusera à refaire le puzzle... Non seulement ses névroses actuelles me semblent plus secrètes, moins évidentes, mais il me semble aussi qu'il les explore à présent par son cinéma-même, dans le sens où c'est la forme de ses films qui est devenue indécodable (incompréhensible), c'est là-même que réside à présent le mystère. Ça me semble, sans pouvoir bien l'expliquer, par exemple assez parlant en comparant The Game, où le regard clinique n'est qu'un bel habit carré appliqué sur tout le film à égalité, et Millenium (dont je suis pourtant pas ultra-fan) où la question de la frigidité et de la solitude de la civilisation contemporaine devient objet de fascination.

En gros (et pour peut-être aussi remettre en perspective et en question mon reçu de la filmo, car j'ai l'impression d'en parler mal, là), je le sens plus mûr depuis le moment où je ne comprends plus aussi précisément ce qu'il travaille chez moi à la vision.

Exactement, c'est celui qui montre un chemin qu'heureusement Fincher n'a pas pris (pour au contraire tendre vers moins de facilité et de tape à l'oeil et plus de densité)

Tape à l’œil d'accord. Par contre, facile n'est pas la caractère que j'emploierais le plus pour Fight Club.

Facile au sens de manque de rigueur (et non au sens premier, genre n'importe qui pouvait le faire)

Je ne trouve pas du tout qu'il manque de rigueur, non plus. Justement c'est l'aspect totalement maitrisé et parfosi énooooorrmmmme du truc qui me sortent du film.

J'ai un souvenir émoussé maintenant (plus revu depuis la sortie en salles), mais pour moi c'était certes maitrisé techniquement mais facile dans l'absence de point de vue (toute proportion gardée, un peu comme du Besson).

N'importe quoi. Revois le avant de sortir des énormités pareilles.

_________________
CroqAnimement votre

Vraiment émoussé alors

ok, ok, je vais le revoir

Toujours est il qu'après ce film, je le croyais perdu, et depuis Zodiac, je suis content de le retrouver.


edit : sinon j'aime bien les membres qui, d'une manière générale, ne te calculent pas, mais qui, dès qu'ils le peuvent, s'empressent d'être désagréables

Si quelqu'un veut le voir (ou le revoir), j'irai le voir à l'UGC Cite Les Halles mercredi 22, à la première séance de l'après-midi.

_________________
Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Arrête, on va pleurer.

_________________

Fight Club et Fincher en général, je trouve la mise en scène plus ludique que tape-à-l'oeil.
Les choix d'image ou montage un peu outranciers ont quasi tous une interaction avec le spectateur, on n'est jamais dans de la simple exhubérance.