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MessagePosté: 29 Sep 2014, 13:01 
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Antichrist
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A l’occasion de son cinquième anniversaire de mariage, Nick Dunne signale la disparition de sa femme, Amy. Sous la pression de la police et l’affolement des médias, l’image du couple modèle commence à s’effriter. Très vite, les mensonges de Nick et son étrange comportement amènent tout le monde à se poser la même question : a-t-il tué sa femme ?

Oh le nouveau Fincher. Bon, je vais éviter de mettre des spoilers, le mieux est de rien savoir du film et de l'intrigue même si le film ne repose pas sur un quelconque suspense (ou alors il est très mal foutu ce suspense).























Vous êtes encore là ? Ok, donc Fincher règle ses comptes à l'Amérique, son obsession du mariage et de la réussite (du Destin), sa télévision, sa célébrité facile, son goût pour le fait-divers spectacle. Je trouve le film intéressant, certains personnages aussi énormes que les seins d'Emily - l'Avocat, la flic... - mais ça manque d'émotion, j'ai l'impression de voir un film mis en scène par un ET savant qui regarde les humains de haut, en disséquant leur cerveau (c'est la première phrase).

Bref, 4/6. Pas mon Fincher préféré, mais ce n'est pas un Fincher mineur.


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MessagePosté: 29 Sep 2014, 18:02 
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Antichrist
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C'est intéressant ça. La narration m'a curieusement fait penser à Bird People.


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MessagePosté: 08 Oct 2014, 20:44 
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Antichrist
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AMAZING DAVID

Le marketing est peut-être ce qui va tuer le cinéma. Depuis des semaines et des mois, le nouveau film de David Fincher est décrit comme le thriller définitif, une œuvre au suspense insoutenable qui va détrôner les meilleurs Hitchcock au panthéon du genre. Il faut dire que l'ami Fincher a déjà une étiquette accolée à son nom. Se7en, Millenium et surtout Zodiac l'ont installé comme le nouveau maître d'une discipline où son art clinique de la mise en scène fait merveille, et dans laquelle sa misanthropie peut s'accomplir à la perfection. Le thriller est le genre du psychopathe, de l'asocial, et cette figure traverse toute la filmographie de l'auteur d'L’Étrange histoire de Benjamin Button. Dans Social Network, peut-être son chef d’œuvre, David Fincher nous démontrait que le monstre du web 2.0 - Mark Zuckerberg - était devenu le maître du monde, tout en restant profondément solitaire. Il gardait en lui la rancune du rejet originel. Le nouveau réseau social qu'il codait avec ses amis nerd s'apparentait à une gigantesque toile d'araignée où s'empêtraient les individus. Son cerveau tout puissant pouvait observer nos agissements à sa guise, comme un enfant regarde une fourmilière. Avec Gone Girl, il pousse encore le curseur plus loin, démontrant par A+B que le mariage et la société contemporaine nous poussent à devenir des psychopathes. Que les esprits brillants sont condamnés à la monstruosité et l'abaissement, à force de vouloir suivre la norme d'une société devenue folle du spectacle de la représentation.

DESTIN LE JEU DE LA VIE

Il faut donc oublier le thriller sur-vendu, qui manque de crédibilité dans les agissements des différents protagonistes, pour savourer l'éclatante démonstration de Gone Girl. Les premières phrases tiennent de la note d'intention. Et si l'on ouvrait le cerveau d'une femme, ou plutôt de l'autre moitié du couple, quels secrets découvririons-nous ? Amy est un magnifique personnage, la "grande sœur" du héros de Social Network, qui, comme lui, a fait Harvard, et qui se retrouve confrontée à la crise du couple, elle qui rêvait d'être à la hauteur du personnage de fiction créé par ses parents - idée géniale assez peu exploitée au final. Le film a été taxé de misogynie par quelques plumes acerbes, alors que l'on a rarement vu un mâle aussi malmené dans sa représentation. Nick joue au jeu de société - Destin - en buvant des coups avec sa sœur jumelle dans le bar payé par sa riche épouse, passe son temps libre à jouer à Call of Duty quand il ne couche pas avec la première étudiante à forte poitrine qui passe par là. Bref, un champion de la lose, au chômage technique, totalement passif et ahuri, au moins le pense-t-on.

ELVIS DANS LE MISSOURI

Faux-thriller maquillé en perverse comédie de remariage, Gone Girl est aussi le portrait acerbe de la société américaine et de sa justice médiatique. L'affaire DSK et l'avocat-star de Nafissatou Diallo Kenneth Thompson ne sont jamais loin quand David Fincher nous montre que la justice de son pays n'est plus une affaire de culpabilité mais avant tout un concours de popularité. Il faut jouer avec les médias les plus complaisants, accepter de devenir les héros d'une télé-réalité judiciaire immorale et sordide. C'est brillant, excellemment joué, mis en scène avec un réjouissant sens du grotesque que ne renierait pas Brian de Palma, avec toujours un petit temps d'avance sur le spectateur quant aux rebondissements nombreux de l'intrigue. Ce petit jeu de massacre manque néanmoins d'émotion, comme si le film avait été imaginé par un extraterrestre qui ausculterait notre cerveau au scalpel, sans éprouver une quelconque empathie pour notre espèce et notre époque. David Fincher n'a jamais été aussi proche du monstre asocial qu'il met en scène dans Social Network, lui le génie du septième art, au cinéma de plus en plus cérébral et théorique.


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MessagePosté: 08 Oct 2014, 20:59 
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J'en sors, film de l'année en ce qui me concerne, j'y reviendrais plus tard car il me motive à écrire celui la.

Mais en l'état 6/6 cash!


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MessagePosté: 08 Oct 2014, 22:32 
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J'ai beaucoup aimé pour ma part mais bizarrement à la fin j'ai ressenti comme une déception. Toujours cette impression (c'était la même chose avec Millenium) que Fincher mérite mieux, qu'il a les capacités pour faire des films plus importants comme l'étaient Fight Club ou The Social Network. Ici je vois ce qui a pu l'attirer (un script malin et suffisamment original) mais j'ai du mal à voir quel est son véritable apport sur le sujet. Non pas que sa mise en scène soit sans intérêt mais qu'il semble aujourd'hui se contenter d'une mise en image très académique bien loin des expérimentations visuelles du début de sa carrière. Ceci étant dit, le film est magnifiquement réalisé, très précis, très économe et sans fioritures. Et puis Gone Girl est un thriller fascinant, plutôt malin dans ce qu'il raconte, construit de manière très originale avec des twists en plein milieu, changeant régulièrement de registre entre comédie et thriller, n'hésitant pas à jouer la carte du grotesque et du cynisme. C'est vraiment plaisant.
Et il y a tout ce que le film raconte en filigrane sur l'espèce de cliché américain du parfait petit couple middle class et de toutes les névroses qu'il véhicule.

Je trouve en fait l'ensemble presque trop didactique dans ce qu'il cherche à démontrer (la presse d'aujourd'hui, le fait divers érigé en spectacle...) et parfois même un peu réducteur et facile
la conférence de presse trop grotesque, immédiatement après l'interview quand la soeur d'Affleck lui dit soudainement que tout le monde l'adore sur les réseaux sociaux, j'y crois pas une seconde.

J'ai pas été bluffé par Affleck que je trouve ok sans plus. Toujours l'impression d'un mec sans intérêt, sans charisme, au visage totalement lisse (son rôle veut ça en même temps). Pareil j'ai trouvé Neil Patrick Harris assez nul refaisant finalement la partition de Barney Stinson de manière un peu grossière. Rosamund Pike par contre m'a bluffé.
Je trouve le film trop long aussi, il semble se fatiguer de ses multiples climax et son épilogue m'a semblé raté aussi bien narrativement
je ne crois absolument pas à l'excuse du bébé pour rester avec elle
que cinématographiquement
mollesse générale des quelques derniers plans anti spectaculaires. Zéro émotion.


Après une fois de plus c'est souvent brilllant, la BO de Reznor est excellente, la photo de Cronenweth souvent magnifique surtout dans son obscurité bleutée mais je crois que ce que le film raconte me laisse un peu indifférent. Cependant je reconnais qu'il est très riche, très dense jouant sans cesse sur différents tableaux comme la gestion de cet humour en deux temps entre quelque chose d'évident (quasiment des gags) et un humour très cynique et pervers, presque malaisant qui serpente en dessous. Un film étonnant, à revoir peut-être (même si j'en ai pas vraiment l'envie) qui semble être composé de plusieurs couches bien distinctes mais en même temps inidentifiables.

4.5/6

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MessagePosté: 09 Oct 2014, 05:06 
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Spoilers légers

Gros plaisir pendant la séance, un peu dissipé au générique. La faute à une fin effectivement pas très convaincante, mais pas seulement.

Le film est extrêmement maîtrisé, la virtuosité de Fincher qui n'a plus besoin de s'afficher mais est une force tranquille de tous les instants, atteint un point d'équilibre grisant, ce qui en retour fait gagner cette virtuosité en puissance lors des brefs instants démonstratifs mais en l'occurence nécessaires (épatante scène de meurtre éclair). Le scénario, très brillant dans sa manière de conjuguer limpidité et complexité, est un terrain d'autant plus fertile pour Fincher que sa construction fractionnée, en moults revirements, permet une plus grande amplitude dans les ambiances et les thématiques que ce que le seul genre polar autorise - et donne du coup un film beaucoup plus riche que Millenium, et comparable à Zodiac.

Mais comme d'habitude chez Fincher, l'horreur généralisée, la perversité de tout un chacun, ce monde repeint en noir (littéralement: cf la photo), après m'avoir écoeuré m'ont laissé sceptique parce qu'ils sont donnés comme les éléments naturels d'une métaphysique à ne pas détailler mais à dérouler jusqu'à plus soif. La psychopathie, l'idiotie ou la méchanceté ordinaire des gens est une donnée, aussi essentielle que l'atome, et non pas la résultante de mécaniques (malgré la brève évocation de la crise, mais qui est prise comme facteur aggravant plutôt que comme réelle cause). Et les revirements faits pour ostensiblement nuancer la culpabilité des uns et des autres (le mari et la femme sont tous deux coupables du délitement de leur couple) imposent surtout l'idée d'une duplicité permanente ne laissant aucune place au sentiment, et d'une succession de caractérisations grossières (la femme est victime, puis bourreau; inversement pour le mari).

Etroites sont les respirations où la sensibilité de l'être humain, qu'on croyait disparue, affleure sur la pellicule: quand la "gone girl" et sa diabolique intelligence sont pris à défaut par le couple de prolos; et quand elle regarde la confession télévisée de son mari. Ces deux fois, on surprend sur le visage si minutieusement animé de l'actrice (quelle performance d'ensemble!) plus que simplement la manipulation, le machiavélisme, mais enfin la fragilité, le doute et l'espoir.


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MessagePosté: 09 Oct 2014, 08:31 
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Mais elle est géniale cette fin, ce renoncement, c'est pervers et malsain, meilleure fin possible pour moi.


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MessagePosté: 09 Oct 2014, 09:10 
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Assez d'accord avec la critique de Baptiste sur l'aspect presque trop verrouillé du film.

Et la fin chez moi passe moyennement. Je comprends une fois de plus l'idée qui semble parfaitement logique mais que ce soit sa justification ou sa mise en scène, je n'accroche pas trop, plus simplement j'ai du mal à y croire.

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MessagePosté: 09 Oct 2014, 09:12 
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Oui, le saut de foi est trop important, je trouve l'aspect farce politico-médiatique trop poussée, dans le troisième acte.


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MessagePosté: 09 Oct 2014, 10:50 
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Tiens un truc qui m'a dérangé :
la voix off au moment du premier twist où Amy explique son plan. Typique voix-off qui paraphrase les images sans apporter quoi que ce soit.

Et une fois de plus pour moi ça va dans le sens d'un film trop didactique dans ses intentions.

EDIT : et je tombe par hasard sur ce texte qui parle justement de ce passage, c'est très intéressant : http://www.slate.com/blogs/browbeat/2014/09/29/gone_girl_movie_cool_girl_speech_is_in_it_but_there_are_no_men_seen_during.html

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MessagePosté: 09 Oct 2014, 10:58 
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Autre article très complet sur le concept de la "cool girl" et comment le film n'a pas entièrement réussi à l'intégrer : http://www.buzzfeed.com/annehelenpetersen/gone-girl-no-cool-girl#20ymdln

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MessagePosté: 09 Oct 2014, 11:32 
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J'ai juste lu le premier mais de loin ça a l'air d'être survendu ce concept de Cool Girl non? Déjà dans le film ça ne m'apparaissait pas comme le plus intéressant, mais là le lire dans le texte confirme que c'est un peu tarte à la crème. L'idée d'une domination masculine toujours présente mais plus insidieuse est bien vue, mais son énoncé est plutôt plat je trouve.

Sur la mise en images: Fincher maîtrise trop ses plans pour oublier de mettre des hommes. Peut-être se place-t-il ainsi à l'extérieur du point de vue de son héroïne pour montrer que celle-ci hait les femmes en général, et non pas juste les Cool girls. Car les femmes montrées ont l'air de prendre du bon temps de manière indépendante. Un contrepoint à sa propre situation, qui croit s'être émancipée mais n'est qu'une boule de haine. D'ailleurs à ce moment-là son visage trahit davantage de la tristesse que de la satisfaction de voir les incarnations de sa théorie.

Sinon petit truc dont je ne suis pas sûr:
Amy prévoit de se suicider puis change d'avis? Ca montre quand même que malgré son machiavélisme, son plan reste au service d'un geste de désespoir. Qui sera ensuite annulé par le regain d'amour pour son mari. Je regrette que ce changement de plan ne se matérialise que par des post-its enlevés, ça montre assez la froideur de Fincher pour ces sentiments.


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MessagePosté: 09 Oct 2014, 11:50 
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oui, elle prévoit de se suicider. D'ailleurs pourquoi se donne-t-elle un coup de marteau, au juste ?


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MessagePosté: 09 Oct 2014, 11:51 
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Je réponds à Art Core
la voix off au moment du premier twist où Amy explique son plan. Typique voix-off qui paraphrase les images sans apporter quoi que ce soit.

c'est pour ça que je trouve que ça se rapproche de la narration de Bird People. Un personnage, puis un autre personnage que l'on raconte d'abord en voix-off


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MessagePosté: 09 Oct 2014, 11:55 
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Karloff a écrit:
oui, elle prévoit de se suicider. D'ailleurs pourquoi se donne-t-elle un coup de marteau, au juste ?


C'est pour que quand son corps est retrouvé, un indice supplémentaire pointe vers la maltraitance domestique. Je crois.


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