Forum de FilmDeCulte

Inutile de dire que je faisais partie des vendus au film: le talent de Fincher pour les récits troubles et complexes, le scénario de Sorkin, le fait d'adapter l'histoire récente...

J'étais surtout impatient de voir le mariage entre l'écriture verbeuse de Sorkin, qui fuse tous azimuts, et la mise en scène verrouillée de Fincher. La rencontre est intéressante: marrant de voir comment Fincher se départ complètement du walk and talk si souvent associé à Sorkin et assume le statisme dans la vaste majorité des discussions dans le film. Il s'efface derrière le texte, comme toujours sorkinien à fond, et ici particulièrement adapté aux personnages: des têtes, des iconoclastes, des petits génies odieux...

On pourrait reprocher justement à Fincher de peut-être s'effacer un peu trop derrière son sujet. J'avais lu dans une critique un mec qui s'extasiait sur un truc de mise en scène hallucinant dans le film. Je ne l'ai pas trouvé... Enfin si, je crois savoir ce qu'il veut dire: , mais ce n'est pas le feu d'artifice de mise en scène "voyante" auquel certains s'attendront.
Comme je disais, Fincher ne fait rien pour essayer de dissimuler le côté bavard du film. Pas de cache-misère. Il assume à 200% et j'ai bien aimé ce parti-pris.

Jesse Eisenberg est vraiment parfait dans le rôle de Zuckerberg. Son regard éteint, ses deux billes noires qui lui servent d'yeux, combiné avec ses petites saillies, sa personnalité un coup joueuse, un coup ironique, le lendemain complètement renfermé... C'est la plus grande réussite du film, je pense: dresser un vrai portrait de personnage décalé, attendrissant et énervant...

Le coeur moral du film est lui tenu par Andrew Garfield, vraiment très bon dans le rôle du futur ex-meilleur ami de Zuckerberg, Eduardo Saverin. C'est lui qui fournit les principaux (et rares) moments de vraie émotion dans ce film plutôt dur et cassant. Il sera génial en Spider-Man.

Il y a quelque chose par contre que j'ai trouvé un peu en dessous de mes espérances: la narration à la CITIZEN KANE/RASHOMON dont on parlait en section News est finalement peu exploitée, à mon sens. Pourtant, le dossier de presse regorge d'intentions à ce sujet, mais j'ai rarement eu l'impression d'assister au récit de "plusieurs réalités contradictoires" comme annoncé. Au contraire, le film semble coller à un parti-pris - un parti-pris tout en nuances de gris, c'est sûr - et dévoile à mes yeux UNE réalité. Disont qu'en sortant du film, il n'y a pas beaucoup de discussion à avoir sur qui ment et qui dit vrai...

Bon voilà. Dans l'ensemble ça me fait un peu comme pour ZODIAC: une admiration, un respect, et surtout le besoin de revoir le film pour mieux l'appréhender tel qu'il est. C'est un film plutôt dur, même s'il ne manque pas d'humour, loin s'en faut. C'est surtout un film qui ne livre pas ses émotions facilement (comme ZODIAC justement), mais qui pour ça, je pense, vieillira bien.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

OK. C'est parti pour le 6/6.

Tu as beau te définir comme vendu, tu nous livre un avis assez frileux et pas très encourageant pour les spectateurs indécis comme moi.

Wowowow, je relativise et j'essaie d'être le plus franc possible, parce que je sais que certains pourraient rester extérieur au truc.

Mais c'est super bien filmé, sobre, très bien dialogué, riche, intéressant... Y a pas à dire: c'est un très bon film.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Non mais justement, je trouve dommage que tu prenne des pincettes et qu'on ne ressente pas ton impression de "très bon film" en lisant ta critique ! J'aurais préféré une critique de vendu

Ah non moi j'apprécie la démarche. Il a aimé, le film est bon, ok c'est entendu. C'est un Fincher, hein... et c'est du coup plus intéressant qu'il évoque ses quelques réticences. C'est un meilleur indicateur de ce que sera le film.

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I think we're gonna need a helmet.

Alien 3 aussi !

Après, je dis pas, j'aime le clip de "Bad Girl".

Donc c'est plus Zodiac que Fight Club.

Parce qu'à la lecture du livre, je lui trouve un côté "narrateur", mode "l'autodestruction, c'est la solution", Zuckerberg est un peu décrit comme un fouteur de merde et tout.

Mais c'est probablement plus zodiac dans le ton du fait de Sorkin.

Bon, ton avis me plait aussi, ça permet de pas trop monter la sauce. Réponse dimanche.

Ca, sans avoir lu le livre, ça m'a paru vraiment "évident"... C'est en tout cas l'idée que je me suis toujours faite du film (de son ton).

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Attends vendredi.

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Oui oui... Par le côté "procedural", mecs qui se font bouffer, scènes d'émotion plutôt en retenue... Mais il y a de l'humour.



Oui, le côté fouteur de merde reste gentil... On voit que c'est plus de "l'appel au secours" qu'une vraie démarche anar.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Genre on a un doute...

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Netflix les gars, Netflix.

5,5/6 de pisseux.

Entre Fincher et Sorkin et les échos dithyrambiques, je serai très surpris que ce soit pas 6/6.

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"bien supérieur au poussif Benjamin Button"...

Liam, tu pues.