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MessagePosté: 16 Sep 2010, 11:10 
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Tom a écrit:
La photo plate dont tu parles est un bon exemple de là où se situe, pour moi, la qualité ambiguë du film, qui effectivement fait un pari d'épure (scénaristique, formelle, on pourrait même dire "émotionnelle") flirtant inévitablement avec la possibilité d'un film qui serait juste plat. Je trouve néanmoins que, derrière l'équilibre décontrasté et tranquille de la photo de Champetier, il y a un énorme travail qui tend à lui donner et du poids, et le naturel qui rendra ce travail invisible - comme le film semble chercher à éviter les plans pouvant capter l'attention du spectateur par eux-même (c'est très visible dans la scène de l'hélicoptère). Je veux juste préciser que ce vide que tu désigne, me semble pas être une pauvreté mais un parti-pris du film qui joue pour beaucoup, selon moi, pour la puissance qu'il dégage au final.


L'épure ne me gêne pas mais elle implique, pour que ça marche (je veux pas faire mon dogmatique mais j'ai l'impression que c'est le cas) un sacré travail de précision, de concision, de refus de toute complaisance (le versant Bresson) ou alors un jeu sur la dilatation et le flottement au bord du gouffre (des films comme Béla Tarr, GVS, Gallo, toute ces mouvance...). Dans ce film, le parti-pris "d'épure" me semble de la note d'intention, car il ne choisit pas son camp (faut-il en choisir un?) : ça se veut concis et fragmenté mais chaque scène est trop dilatée pour que l'ensemble tienne, les cadres se veulent précis et composés, mais pas trop, il faut que ça flotte, qu'on n'impose pas trop au spectateur ce qu'il doit voir... Ce balancement m'a gêné, je sentais trop le film de la "maturité", celui où on refuse les partis pris formels trop forts, où la mise en scène doit être discrète, en retrait, pour laisser vivre ce qui passe devant la caméra... Et d'un autre côté on te balance des scènes comme la Cène, comme l'hélico, avec ces plans hyper symboliques (la chapelle contre l'hélico, le travelling avant sur les moines qui se serrent les coudes) qui viennent contrebalancer tout le travail de pauvreté que le film essaie d'installer (tu dis que ce n'est pas de la "pauvreté", je crois que si, que c'était même la volonté de Beauvois et Champetier, dans le sens monastique, faire oeuvre de pauvreté...)
Je trouve que le film manque grave de rigueur, et le lac des cygnes c'est symptomatique pour moi : ils ont dû prendre une journée pour tourner ça, sans autre idée de mise en scène que "faisons du gros plan". Mais c'est du GP fixe, puis du TGP yeux, puis du pano, puis du travelling, bref le mec s'est couvert de toute part, et ce genre de scène, fabriquée au montage (avec cette musique en plus!), ça ne peut qu'être grossier.


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MessagePosté: 16 Sep 2010, 20:11 
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Gerry a écrit:
je crois que si, que c'était même la volonté de Beauvois et Champetier, dans le sens monastique, faire oeuvre de pauvreté...)

Je vais pas redescendre au cyber pour répondre (là je peux pas envoyer plus de 6 lignes), donc je t'exposerai ma vision des choses plus tard, mais je pense que c'est effectivement par ce bout-là qu'il faut prendre le film : pour résumer, "épure" est peut-être pas le bon mot, dans le sens où c'est souvent couplé à une stylisation formelle, à une poétique de l'épure. Ici ça semble plutôt obsédé par la recherche d'une essence, de simplicité (d'où 'accumulation de scènes simples, presque iconiques : la petite discussion sur l'amour, le don des godasses...), et je trouve que c'est de là qu'il tire sa force. Je vais tenter d'expliquer ça mieux, et plus longuement, très bientôt.


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MessagePosté: 16 Sep 2010, 21:20 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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Tom a écrit:
Je vais pas redescendre au cyber pour répondre (là je peux pas envoyer plus de 6 lignes)

Tain mais t'es sur quoi là? T'es resté au Minitel ou quoi?

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


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MessagePosté: 16 Sep 2010, 21:40 
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C'est le hotspot wififree, en attendant une vraie connexion stable (et connaissant Free, j'en ai encore pour trois mois...). C'est lent et chiant, vu que ca coupe des choses complètement arbitraires (l'envoi de message longs sur les forums phpbb, la plupart des sites administratifs, yahoo mail aussi, entre autres).


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MessagePosté: 18 Sep 2010, 10:05 
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So... Je vais essayer de pas être trop brouillon.

Citation:
ça se veut concis et fragmenté mais chaque scène est trop dilatée pour que l'ensemble tienne, les cadres se veulent précis et composés, mais pas trop, il faut que ça flotte, qu'on n'impose pas trop au spectateur ce qu'il doit voir

Je pense en fait que le but est surtout de ne pas tirer une sorte de beauté glacée (à la Kubrick, par exemple) du travail d'épure : que l'épure ne se donne pas en spectacle, mais qu'elle soit seulement un moyen de retourner l'attention et le regard vers les personnages, sans qu'on ait à prendre conscience du système installé autour pour que ça marche. Le mot était peut-être pas bien choisi : c'est moins l'épure que la simplicité qui est recherchée. On a dit que le film est humaniste, on pourrait dire plus simplement qu'il est "chrétien" (d'une humanisme chrétien si on veut) tant il en épouse les concepts et la pensée. Et cela a, je crois, des répercussions formelles. Je m'explique...

C'est sa particularité, ce film a pour sujet et objet central une idée (l'existence d'une transcendance, d'un amour universel, apellons-la comme on voudra). Idée à laquelle ces hommes ont fait don de leur vie... La foi en cette idée est testée par les évènements : était-ce une posture, des paroles en l'air ? A l'arrivée du danger, une logique factuelle, raisonnable, semble devoir surplanter l'idée : en gros, "la théorie c'est bien joli, mais là vous allez mourir, réveillez-vous". Or le retournement du film, est de faire passer cette logique pour parasite, et de réactiver la force première de ce pourquoi ces hommes sont là : nous croyons à cette idée, nous pensons que c'est tout bêtement la vérité, et y rester fidèle est plus logique, fait plus de sens, que le petit déchainement des évènements qui nous entourent.

(d'ailleurs, c'est un des trucs qui me gêne dans les scènes de discussions chez l'habitant, tout le trip "l'oiseau et la branche" : les raisons de rester n'ont pas à être matérielles ou factuelles, tout le film se penchant sur un processus purement mental, de pure foi).



Si j'insiste sur ce point là, c'est que la forme du film me semble être un découlement logique de cette ré-affirmation spirituelle que vivent les personnages : cela me semble faire fausse route que de chercher, dans le film, quelque chose qui viendrait embellir (rendre plus original/inspiré/complexe, ou au contraire élégamment conceptuel) chacune des scènes, comme pour leur donner un surplus de substance. La démarche du film est autre : c'est très logique par exemple, dans le chemin que se trace le film, que les scènes chantées soient filmées d'assez loin, dans une image décontrastée et terne qui ne mythologise pas, qui filme le processus de manière presque "réglementaire", sans jamais fantasmer le sentiment religieux, sans jamais utiliser la possibilité d'une emphase. Le film, formellement, se met au niveau de la religion catholique qu'il accompagne : le sentiment spirituel ne va pas se ressentir par la preuve, par l'effet (un gros plan stylé, un jeu de lumière expressionniste, un échange dialogué virtuose... qui feraient grosso-modo office de veau d'or), mais par la foi (l'invisible), la capacité que chacun va avoir à poser face au monde un regard qui le remplisse de sens. Il en va de même pour le film : ce vide factuel prépare un terrain prêt à être rempli par la puissance envahissante de l'idée (de pourquoi rester), laissant la place à l'épanouissement de ce qui n'est pas concret.

Pour que le pitch et le choix tel qu'il nous apparaît iniatialement (soit une décision butée et "fait divers" de rester au monastère pour des raisons très théoriques) devienne une sorte d'évidence (englobante, intime, totale), il faut que le film sème et travaille sa simplicité patiemment, calmement, sans verser ni dans l'épure glacée picturale, ni dans le spectaculaire.

Ca ne me choque pas du tout, ainsi, que le film accumule des scènes au bord de la naïveté : la petite discussion toute simple sur l'amour, les baskets données à la villageoise, Wilson qui se pose au bord du lac... L'aspect élémentaire de ces séquences n'est pas une faille, une maladresse ou une paresse : ces scènes n'ont pas pour visée de faire passer des messages, mais au contraire de nous transmettre cette impression d'essence et de simplicité qui s'en dégagent (la simplicité n'y est pas un moyen, elle est le but).

A quoi sert-elle ? La vision, incroyablement idéalisée (et c'est aussi ça, le côté western, pas que les paysages fordiens), d'une communauté d'avant les conflits de religion, dans une sorte d'osmose quotidienne aux rouages sommaires, répond au vide du monastère ne donnant qu'à voir ce qui reste parmi les décors vacants : les hommes et leur idee. A une visite de Noël et aux croates près, le plus fort du récit n'est majoritairement construit que sur des choses qui "n'existent pas" matériellement : les doutes d'un moine, la fatigue inquiétante d'un docteur, la décision qui se répand au sein du groupe, etc. Ainsi, la majorité de ce qui fait le film se passe dans l'invisible (on en revient à la foi chrétienne). Il y a ainsi une vraie logique à se concentrer sur l'essentiel (le dilemne mental), et d'envoyer valdinguer tout ce qui peut parer, orner, remplir de péripéties, rendre élégant, tragique (ou même belle !) la décision de ces moines. Pour qu'on rentre vraiment dans les arcanes mentales de la décision prise, pour qu'on puisse entrer en symbiose avec la conception que ces hommes se font à ce moment là de leur place dans le monde et de leur spiritualité, il faut couper tout ce qui fait écran entre nous et leur pensée, y compris le lyrisme.


Film humaniste, donc : il ne reste que les hommes, face à un décor d'ailleurs souvent abstait (minéral, désertique, immense : on a souvent cette impression des "hommes seuls face au monde"), sentiment qui redirige immédiatement le regard vers leur humanité. Je conçois qu'on puisse reprocher, à Beauvois comme à Champetier, de ne pas avoir assez souligné cette essence (au hasard, de ne pas avoir alterné mathématiquement scènes de contemplation silencieuses de la nature et scènes de débats autour de la table, par exemple) ; de ne pas avoir en somme poétisé le fonctionnement du film, de ne pas l'avoir rendu visible. Mais là encore j'ai le sentiment que ce serait justement aller contre l'effet réel sur le spectateur, contre ce retour constant et automatique à l'humain que permet la discrétion des opérations (et du travail réel) de la mise en scène. C'est pour ça que je dis (je me répète, hum) que ça me semble moins "épuré" que fondamentalement "simple", car notre regard est dirigé vers eux avant d'être attiré par le vide qu'on a fait autour pour permettre cette lisibilité. Que le climax du film se résume à la possibilité enfin offerte au spectateur de scruter une série de visages comme autant de trésors ou de paysages (car la vraie émotion de la scène, elle vient de là !) en dit long, pour moi, sur la puissance humaniste que ce film est parvenu à puiser de ce travail cinématographique patient.

Que l'idée de mise en scène utilisée alors et que la scène semblent trop simples ou faciles, comme tu le dis, ne me gêne pas. Ca va pour moi dans le sens de ce que le film a recherché. Oeuvre de pauvreté si tu veux, de maturité plus certainement (je vois très bien ce que tu veux dire par là, même si à mon sens il y réussit !), en tout cas tentative d'un retour à certaine essentialité du cinéma, en se coupant des détours inutiles.




PS :
Pour revenir au travail de Champetier, dont il est peut-être plus facile de parler (c'est concret), je te prendrais l'exemple de la prière au matin du jeune moine barbu, dont j'ai mis une photo, de plateau malheureusement, en page 1 :
Image
. On a deux éléments : les rayons de soleil pur qui traversent le vitraux, et le naturel recherché de la photographie. Et bien je trouve qu'il y a un travail, un vrai, pour sortir ce rayon de soleil pur de son symbolisme mastodonte, de son lyrisme, du côté envahissant qu'il pourrait avoir sur la scène (qui nous demande, une énième fois, de nous concentrer sur le moine lui-même) - et ça va au-delà de gérer la surexposition sur la robe blanche... Je suis pas fan, habituellement, du travail des chef-op français et de leur lumière naturaliste, mais même si elle a l'air profondément détestable :mrgreen: , je suis toujours épaté par le boulot de Champetier, son tavail s'avérant toujours aussi mesuré et discret qu'intelligent. Sa façon de toujours faire passer l'équilibre de l'image, sa fonction dans la scène, avant une flamboyance qui viendrait mettre en avant ses talents de chef-op, est quelque chose que je trouve admirable.


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MessagePosté: 18 Sep 2010, 13:46 
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MessagePosté: 18 Sep 2010, 15:03 
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Citation:
Il y a quand même eu des périodes, dans l'histoire de l'art, où l'art catholique ne faisait pas dans l'épure et la simplicité, mais dans la pompe et l'outrance. Le baroque de la Contre-Réforme par exemple.

Oh je le prenais pas dans le sens d'un film se mettant dans le prolongement de l'histoire de l'art religieux, mais simplement d'une forme qui essayait, dans une approche parallèle à la pensée chrétienne (et non à l'art qu'elle a engendré), de ne pas utiliser autre chose que ce qui est "là", de ne pas faire appel à des artifices, pour rendre compte de ce qui advient au sein de ce monastère.

Citation:
L'invisible n'y a aucune place : c'est ni Dreyer ni Rossellini, il y a zéro miracle dans ce film.

Je vois ce que tu veux dire, et on est effectivement pas pris dans une sorte de mysticisme, tout reste concret. Je mettais en avant le terme "invisible" pour simplement dire que le sujet central, ce autour de quoi tourne tout le film, est une idée, et que c'est assez singulier pour que ca touche la forme du film, pour qu'il n'ait pas envie d'en tirer des "preuves" éclatantes. Et je pense que le film parvient vraiment, tout en restant dans le concret (le lac des cygnes justement, le profane), à nous faire partager profondément la conception du monde les poussant à rester (que ca ne reste pas, en somme une idée étrange et lointaine).


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MessagePosté: 19 Sep 2010, 14:12 
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MessagePosté: 19 Sep 2010, 15:15 
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Je continue à traverser sans l'année sans découvrir de très grands films.
Et pourtant, j'y croyais pour celui-ci. Mais non, il y a trop de petites choses énervantes qui m'ont sorti du film à plusieurs moments. Dans l'ensemble, c'est sincèrement plutôt bon. Bien écrit, humble et modeste, soigné, très digne. Les acteurs sont tous excellents, Lambert Wilson et Michael Londsale en tête : je n'ai rien à redire là-dessus.
C'est lors de petits instants que le film se gâte. Parfois, Beauvois cède un peu et va, au milieu d'une série de beaux plans fixes, insérer un petit moment lyrique : je pense à la scène de l'hélicoptère ou du lac des cygnes. La première est une belle idée et est assez forte visuellement, mais casse la sagesse que le film avait réussi à gagner. A partir de là, il devient un film "comme les autres". Quand à la scène du lac des cygnes, j'avoue que j'ai été ému, comme tout le monde, mais je pense que c'est surtout dû à la musique, qui dure, qui dure, pour le plaisir de tous ceux qui apprécient l'œuvre de Tchaïkovski. Parce que sinon, à l'écran, on voit une série de plans fixes ou de petits travellings bizarrement montés. Le tout donne une impression de remplissage, où à un "montage" comme on dit dans "South Park", façon de dire "maintenant ça va changer". Il y dans ces deux scènes un peu trop symboliques une volonté d'instaurer un certain suspense qui m'a embêté. Je trouve que le film manque cruellement de sagesse. Beauvois n'a manifestement, formellement parlant, pas su quel camp choisir.
C'est un bon film donc, "un bon moment", mais j'aurais du mal à parler de grand film.
4,5/6


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MessagePosté: 19 Sep 2010, 15:42 
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latique a écrit:
Le problème, c’est pourquoi Beauvois préfère filmer des moines plutôt que des militants de gauche par exemple ?

Parce qu'il y a une dimension plus apaisée, eux-même parlent "d'amour". Effectivement, c'est un risque que le film prend (être réac) et que j'aime bien : se dire que, face au monde moderne, une figure de moine intègre est finalement plus résistante que bien d'autres (à commencer par celle des "résistants" armés qu'on croise). Que la pensée chrétienne, en somme, fait survivre un humanisme (j'y tiens, je trouve vraiment que le film parle de ça) qui est devenu une anomalie. Comme tu dis, ce n'est pas reçu de manière scabreuse dans le sens où, encore une fois, on concentre le regard sur les hommes eux-même (notamment parce qu'ils se posent la question de la raison de leur habit de moine).


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MessagePosté: 19 Sep 2010, 15:45 
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On parle encore de la forme du film : on a un film de résistance qui utilise le calme (pour résumer grossièrement) comme bouclier. Comme un western où l'on suivrait le siège d'un camp qui arriverait à résister sans porter le moindre coup... C'est en ça, je pense que la figure du militant de gauche me semble inconcevable ici : ce qu'opposent ces moines au monde, c'est une attitude, une sorte de posture morale (une façon de vivre) à laquelle ils ont tant foi qu'ils ont tout abandonné pour. La principale attaque de l'extérieur, ce n'est pas les intrusions, mais le fait que ca les fasse douter de leur choix... Bref, du coup, pour toute ces raisons, l'utilisation du moine me semble heureuse - faudrait développer plus, là j'ai pas la place, désolé :?


Dernière édition par Tom le 19 Sep 2010, 15:50, édité 1 fois.

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MessagePosté: 19 Sep 2010, 15:47 
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Marlo a écrit:
C'est lors de petits instants que le film se gâte. Parfois, Beauvois cède un peu et va, au milieu d'une série de beaux plans fixes, insérer un petit moment lyrique : je pense à la scène de l'hélicoptère ou du lac des cygnes. La première est une belle idée et est assez forte visuellement, mais casse la sagesse que le film avait réussi à gagner. A partir de là, il devient un film "comme les autres".

Je suis très d'accord avec ça. J'aime les scènes, mais elle menacent grave l'équilibre du film quand même. D'ailleurs on sent les efforts pour que celle de l'hélico reste le plus sobre possible (le fait que l'autre soit à la fin lui donne aussi une légitimité), mais c'est limite.


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MessagePosté: 19 Sep 2010, 19:31 
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C'est bien.

Mais je ne peux m'empêcher d'avoir quelques regrets. Beauvois renonce au côté plastique et à une image léchée en optant pour une photo plate et des couleurs ternes. Il se fond dans le décor, sans toutefois se montrer invisible (la caméra à la place du Christ, de l'autel, la fin... mais aussi la caméra épaule qui dès son apparition trahit ce qui s'annonce...). Le film est terne, et finalement, peu de choses viennent le distinguer d'un téléfilm... la construction en alternances des chants et du drame qui se profile, l'étirement du temps et de certains temps morts... voilà : le rythme lent et le scénario relevé d'une dose de didactisme. La séquence du Chant des Cygnes force l'émotion mais j'aime assez ; j'espérais ressentir plus de choses comme ça, être plus impliqué. Au fond, je pense que c'est une erreur d'avoir opté pour une lenteur monastique et un style dépouillé. En quelques sortes, c'est une erreur de se caler sur le rythme des moines, d'autant que sa caméra n'est pas très participative, et se borne bien souvent à filmer aux entournures, en courte focale, de face et en plan fixe. Un choix de l'épure totale donc, et en quelques sortes un abandon de la mise en scène. Je pense que le style n'est pas l'ennemi de l'émotion ni de la vérité. Je ne dis pas non plus qu'il n'y a qu'une seule façon de faire (le style Mann pour The Insider ou le style Audiard pour Un Prophète), mais le film manque incontestablement, pour moi, d'un point de vue fort. Je trouve Beauvois absent, je trouve qu'il s'est trop mis en retrait. Passé cette déception, je trouve le sujet fort et incontournable, et les scènes de conseil à table très réussies, plus quelques fulgurances (très rares) ça et là. Dommage.

3/6

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I think we're gonna need a helmet.


Dernière édition par Z le 20 Sep 2010, 00:14, édité 1 fois.

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MessagePosté: 19 Sep 2010, 19:43 
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Un peu comme Z. C'est pas loin d'être une déception cosmique pour moi !


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MessagePosté: 19 Sep 2010, 22:02 
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Dernière édition par latique le 22 Déc 2010, 12:54, édité 1 fois.

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