Forum de FilmDeCulte

Jeune recrue de la police, Megan Turner abat un voyou en plein flagrant délit de hold-up. Ne pouvant prouver qu'elle était en état de légitime défense, la jeune femme se voit suspendue de ses fonctions.

SPOILERS

Je ne savais rien du film avant de le voir et je m'attendais à du pur polar. En réalité, le film glisse vers un autre genre dont l'âge d'or était émergent à l'époque, celui de la relation vénéneuse en mode LES NUITS AVEC MON ENNEMI, SLIVER et toutes les eszterhaseries - voir même avec une petite ombre annonciatrice du film de serial killer qui dominera Hollywood quelques années plus tard.

Une fois accepté le saut de foi de cette double coïncidence qui lance le film, j'ai été surpris par les retournements du scénario dans la première partie. Lorsque les premières balles marquées du nom de l'héroïne commencent à être retrouvées, je pensais qu'on irait vers un bon vieux film d'accusation à tort, mais pas du tout: les autres flics globalement la croient et ça c'est cool.

Bon, qu'une nana prise dans une enquête aussi trouble et perverse ait le temps de cerveau disponible pour s'amouracher de Ron Silver je n'y crois juste pas, mais au moins le méchant révèle son vrai visage juste à temps, au moment où on commence à se dire "Non mais meuf, tu connais trois personnes dans cette ville et tu te doutes pas que c'est lui qui a fait le coup ?". D'ailleurs Jamie Lee Curtis est épatante dans le film.

La deuxième partie, avec sa litanie de climax contrariés, repose un peu trop sur les "Je te braque et tu bouges pas", ça devient méga-répétitif. Et l'abus de gros plans masque mal une maîtrise de la géographie encore toute relative. Franchement le bon qualitatif qu'elle effectuera avec POINT BREAK est juste énorme. Globalement dans cette partie je trouve que le film se délite, la performance over the top de Ron Silver prend trop de place et ça manque de tenue.

Par contre esthétiquement c'est assez sympa, je veux dire regardez-moi ces choix de lumière:

Concernant le rule of law dans ce film, on va pas trop s'attarder dessus: tu peux flinguer un suspect (a priori) non armé en étant juste rétrogradée pervenche pendant deux semaines, par contre Dieu te gardes si tu oses accuser Ron Silver de harcèlement sans preuve.

Bon et sinon c'est festival de têtes connues, Tom Sizemore, Kevin Dunn, Richard Jenkins, Clancy Brown, ils sont tous là, c'est que du kif.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Mec qui attend pas la rétro.

Viens voir Point Break au Normandie avec moi le 11 juin.

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Pour voir les films avec un son de sac plastique ? Pas question.Ah il repasse ? Malheureusement pas là...

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Tooshay.

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Ah mais j'avais pas capté que le co-scénariste Eric Red avait signé THE HITCHER. C'est pour ça que son nom me disait quelque chose...

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Bob bof. Visuellement c'est pas mal. il y a de bonnes séquences. Le méchant est pas mal. Mais c'est assez mal mené, plutôt mal rythmé, assez prévisible. Je ne sais dire si le film était novateur à l'époque mais on a l'impression d'avoir vu cela mille fois depuis.

Pas convaincu non plus par Jamie Lee Curtis que je trouve pas très bonne.

Je croyais l'avoir vu (à moitié) et je lui avais mis la moyenne en mode "je me souviens pas du film donc ça doit être mid" mais en fait, il n'en était rien. Non seulement je ne l'avais pas vu mais en plus c'est bien!

On peut pas faire plus explicite que ce titre métallique et ce générique en gros plans sur un flingue pour annoncer le programme d'emblée, il est une nouvelle fois question de fascination pour (un symbole de) la violence et il est intéressant de voir Bigelow explorer cette fois son obsession dans un contexte plus politique en adoptant pour la première fois un protagoniste féminin et en faisant d'elle un flic qui plus est! Une nouvelle plongée dans un monde d'hommes toxique mais en prenant carrément le point de vue d'une femme - Jamie Lee Curtis, la plus sexe des androgynes - qui choisit d'y pénétrer.

Dès le départ, il y a un parfait d'ACAB qui flotte dans l'air, les proches et les personnes que rencontrent l'héroïne réagissant avec dégoût ou méfiance à l'idée qu'elle soit flic, plusieurs personnes lui demandent pourquoi elle a choisi de faire ça et si elle répond en mode pince-sans-rire que c'est parce qu'elle a "envie de tuer des gens" ou "envie de plaquer des têtes contre le mur", tu sens que la blague cache une certaine vérité, sans doute due à la violence de son père, héritée donc mais également le genre de mecs contre qui elle voudrait lutter. D'ailleurs, lorsque son partenaire lui pose la même question, vers la fin du film, elle répond "him" en parlant de l'homme qu'ils traquent mais ce pourrait tout aussi bien être un "him" général genre "(violent) men".

D'ailleurs, si j'adore le pitch (du flingue récupéré par un témoin qui devient obsédé par celle qu'il a vu abattre un criminel), il est sans doute dommage d'avoir fait de l'antagoniste joué par Ron Silver un schizophrène là où il aurait été intéressant de le voir vriller par la simple puissance dont il se sent affublé depuis qu'il a le flingue. C'est le sujet, au final, cette arme que l'on acquiert, que l'on nous retire, que l'on perd et qu'on veut à tout prix récupérer, pour l'un comme pour l'autre. Le postulat dans le postulat, qui voit les deux personnages nouer une relation sentimentale, avec sa vibe de thriller érotique typiquement d'époque, est bonnard également et j'ai été surpris de la tournure des événements, de voir quand c'est compris, de voir que le récit n'allait initialement pas là où je l'attendais...mais le dernier tiers déçoit un peu, répétant sans cesse la même scène de confrontation surprise suivie d'une échappée facile du méchant, jusqu'à l'inévitable duel de western final.

Esthétiquement, Bigelow prend de plus en plus de galon, infusant la tension nécessaire à plusieurs scènes, et la sublime photo (d'Amir Mokri!) surstylise sans vergogne le film, avec des putain de douches de lumières et autres affèteries quasi-surréalistes (la scène dans le taxi sous la pluie). De The Loveless à Strange Days, la carrière de Bigelow est vraiment une incroyable pente ascendante.
Comme je le disais suite à ma redécouverte de Point Break, je suis tenté de redonner une chance à The Weight of Water et K-19, trouvés moyen à leur sortie. Mais c'est Démineurs et surtout Zero Dark Thirty que j'espère réévaluer (fuck Detroit).

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Voilà, et au final je trouve que le film rate cet aspect pour partir sur le côté éritico polar (alors que le générique est énorme), c'est dommage, alors qu'il y a un vrai truc à creuser sur la fascination des armes. Plutôt déçu donc....