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MessagePosté: 28 Jan 2014, 23:05 
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Antichrist
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Ha on en parlera mieux de visu, mais je trouve justement que cette pudeur dans le jugement "moral" de Miyazaki est extraordinairement fort.


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MessagePosté: 28 Jan 2014, 23:05 
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Antichrist
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Mais je salue l'effort d'y être allé.


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MessagePosté: 28 Jan 2014, 23:09 
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C'est aussi parce que son héros est lui-même un taiseux, au tempérament plus stoïque que tragique, que les effusions et l'épique n'arrivent jamais. J'avoue avoir parfois eu le même sentiment que Freak, mais j'aime le résultat du film, c'est ce qui fait sa singularité, ce léger décalage.


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MessagePosté: 28 Jan 2014, 23:48 
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Ce que j'ai trouvé admirable justement c'est la fascination du personnage envers ce rêve maccabre, qu'il idéalise à tel point qu'il va lui consacrer sa vie au détriment de sa relation amoureuse et de sa patrie, et devant lequel il refuse d'y voir l'atrocité lié à son accomplissement. En ce sens, ça semble légitime de placer l'histoire d'amour et les histoires de guerre en arrière plan, c'est ce que j'ai adoré justement.

Horikoshi est tellement obnibulé par son rêve qu'il ne voit que ça, ou plutot: il préfère de pas voir le reste. Il refuse de voir que ses engins vont causer la mort de milliers de personnes, que sa propre femme est en train de mourrir à ses côtés alors qu'elle pourrait être en train de suivre des soins qui lui permetteraient de peut etre guérir de sa maladie. Lorsque la guerre est évoquée il demande négligemment et d'un air innofensif quels sont les pays qui sont en guerre (soit il fait mine de ne pas le savoir, soit il ne s'y est jamais interessé, ce qui revient à peu près au même), mais cette réalité rejaillit dans ses rêves par des petites allusions, comme des images survenant de son inconscient auquel il préfère tourner la tête.

Bref c'est ça que j'ai trouvé formidable, ce personnage qui n'est motivé dans tout ce qu'il entreprend que par un rêve d'enfant, et qui ferme les yeux sur toutes les atrocités qui l'entoure et pour lesquels il est en partie responsable, et Miyasaki aborde ce sujet avec une subtilité merveilleuse et nous présentant ce personnage sur un plateau d'argent, nous le montrant aimant, loyal, poétique, dévoué alors que sous un second niveau de lecture il est dans le même temps absolument morbide. La scène où il fume en tenant la main de sa femme j'ai trouvé ça glaçant.

Après y'a pleins d'autres choses super, le personnage de la soeur, Castorp, le vent transformé en terrible bête fantastique et ravageuse.

Sur le peu que j'ai vu de lui, je crois que c'est celui qui m'a le plus bouleversé, pour moi c'est vraiment un grand film, à la fois superbe et ténébreux.

6/6


EDIT: Bravo Art Core d'être revenu à la raison :D


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MessagePosté: 28 Jan 2014, 23:55 
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Oui j'ai monté d'un point car le film reste malgré tout et la première partie est exemplaire.

Mais d'un autre côté je le trouve totalement antipathique le personnage, ça m'a vraiment bloqué.
La scène où le mec
fume une clope tranquille à côté de sa femme en train de mourir du tuberculose
ça me dérange beaucoup. Surtout que Miyazaki semble être en permanence de son côté.

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MessagePosté: 29 Jan 2014, 00:00 
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Art Core a écrit:
Oui j'ai monté d'un point car le film reste malgré tout et la première partie est exemplaire.

Mais d'un autre côté je le trouve totalement antipathique le personnage, ça m'a vraiment bloqué.
La scène où le mec
fume une clope tranquille à côté de sa femme en train de mourir du tuberculose
ça me dérange beaucoup.

Pariel. Enfin ça m'a pas dérangé mais je ne m'identifie pas (déjà que j'avais du mal).

Citation:
Surtout que Miyazaki semble être en permanence de son côté.

Non, il ne juge pas (et puis le mec est puni, même si c'est pas vraiment appuyé).

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MessagePosté: 29 Jan 2014, 00:02 
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Art Core a écrit:
fume une clope tranquille à côté de sa femme en train de mourir du tuberculose
.


Bah cette scène c'est la preuve que c'est pas si simple justement. Miyazaki joue à fond sur l'ambivalence de son personnage, c'est en ça que le film est extrêmement subtil.


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MessagePosté: 29 Jan 2014, 00:09 
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Film Freak a écrit:
Non, il ne juge pas (et puis le mec est puni, même si c'est pas vraiment appuyé).


Oui il ne juge pas vraiment mais on sait que ce personnage c'est un peu lui et surtout il y a ce personnage féminin qui est totalement sous-traité, qui est même carrément écarté du film, qui finit par n'être qu'un accessoire. Miyazaki ne montre pas assez sa douleur à elle c'est ça qui me pose problème. Et s'il est puni le mec finit par
aller prendre le thé avec son idole de l'aviation [c'est un rêve mais bon]).
Bref je trouve que malgré toute la douleur que ça transporte, le film reste très froid notamment à cause de ce personnage principal peu aimable.

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MessagePosté: 29 Jan 2014, 00:10 
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Ah mais je suis d'accord dans le fond...

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MessagePosté: 29 Jan 2014, 00:12 
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Oui mais je pense que Miyazaki croit en la dimension héroïque de son héros, je ne pense pas qu'il veut en faire la critique, même subtilement. Et je ne pense pas qu'il s'abstienne de tout jugement non plus. Un élément-clé qui passe l'air de rien pendant le film, et qui revêt un double-sens selon le regard que l'on y porte en tant que spectateur: le moment où le personnage rétorque à son boss qu'il ne renvoie pas sa femme en soins parce que tous deux veulent profiter l'un de l'autre le plus possible. Soit on se dit qu'il ne fait pas assez confiance en la volonté de sa femme à se battre contre la maladie, et qu'il brade ses chances de profiter d'elle après une éventuelle guérison; soit on comprend (alors qu'on ne nous le dit à aucun moment depuis que la femme évoque la nécessité d'aller aux soins la première fois - suprême subtilité) qu'ils se sont finalement rendus compte qu'il fallait avoir la sagesse de reconnaître que la maladie l'emporterait et que de là, la meilleure solution était de profiter des derniers jours ensemble. Je pencherais pour la seconde proposition, d'autant qu'on ne nous montre pas le héros regretter un seul instant le départ aux soins de sa femme la deuxième fois, départ précipité et à son insu. Ca veut bien dire qu'il y avait entre eux un pacte tacite ou implicite.


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MessagePosté: 29 Jan 2014, 00:19 
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Miyazaki condamne (enfin le terme est très fort, c'est pas aussi direct je le reconnais) ce choix et son comportement avec le personnage de sa soeur notamment, mais aussi la femme de son patron qui reproche à Horikoshi de retenir sa femme loin de l'hôpital. Je trouve qu'Horikoshi est montré comme quelqu'un d'obtu, inconscient, voire égoïste à ce moment, même si encore une fois c'est toujours très ambivalent. En tout cas c'est intéressant de voir que ça puisse être perçu et interprété de plusieurs façons.


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MessagePosté: 29 Jan 2014, 00:21 
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Ah oui j'oubliais un truc mi-amusant mi-ça-me-sort-du-film : les bruits de moteur faits à la bouche.

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MessagePosté: 29 Jan 2014, 00:25 
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N'oublions pas non plus le titre, et la maxime qui est répétée plusieurs fois durant la première moitié du film. Le héros prend la maxime au pied de la lettre: malgré tous ses déboires, il choisit de se consacrer à sa passion, car il ne veut pas simplement survivre, mais vivre (réplique que je pique au passage à 12 years a slave 8)). C'est une sorte de pari qu'il fait, celui de ne pas faire ce qu'il lui semble être nager à contre-courant (soigner sa femme, sauver le Japon), et plutôt de construire quelque chose au niveau individuel. Je me demande si ce n'est pas la leçon profonde et ô combien contre-intuitive du film, celle de dire: n'essayons pas de jouer les héros, construisons notre vie sur ce que l'on sait faire de mieux, le schéma plus global, lui, est déterminé et inchangeable.


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MessagePosté: 29 Jan 2014, 00:45 
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Baptiste a écrit:
Oui mais je pense que Miyazaki croit en la dimension héroïque de son héros, je ne pense pas qu'il veut en faire la critique, même subtilement. Et je ne pense pas qu'il s'abstienne de tout jugement non plus. Un élément-clé qui passe l'air de rien pendant le film, et qui revêt un double-sens selon le regard que l'on y porte en tant que spectateur: le moment où le personnage rétorque à son boss qu'il ne renvoie pas sa femme en soins parce que tous deux veulent profiter l'un de l'autre le plus possible. Soit on se dit qu'il ne fait pas assez confiance en la volonté de sa femme à se battre contre la maladie, et qu'il brade ses chances de profiter d'elle après une éventuelle guérison; soit on comprend (alors qu'on ne nous le dit à aucun moment depuis que la femme évoque la nécessité d'aller aux soins la première fois - suprême subtilité) qu'ils se sont finalement rendus compte qu'il fallait avoir la sagesse de reconnaître que la maladie l'emporterait et que de là, la meilleure solution était de profiter des derniers jours ensemble. Je pencherais pour la seconde proposition, d'autant qu'on ne nous montre pas le héros regretter un seul instant le départ aux soins de sa femme la deuxième fois, départ précipité et à son insu. Ca veut bien dire qu'il y avait entre eux un pacte tacite ou implicite.


Hum, Nahoko décide de revenir à Tokyo et de quitter le sanatorium parce qu'elle se rend compte que Jirô est tellement absorbé par son travail qu'il ne viendra pas la voir (la scène où elle reçoit la lettre, fait suite à sa fuite soudaine du sanatorium). Je pense qu'elle sait que le temps joue contre elle et contre son couple qu'elle espère un jour formé avec lui. Jirô lui demande alors de rester vivre à Tokyo, ça peut paraître égoïste certes mais n'est-ce pas également ce qui la rend heureuse, ce qu'il la rend vivante ? "Le vent se lève, il faut tenter de vivre". A la fin, Nahoko décide de repartir au sanatorium pour finir sa vie en haut de la montagne, elle se sait condamnée, mais ne veut pas que Jirô assiste à ce titre spectacle. Ce n'est pas un pacte tacite mais bien sa décision qui fait d'elle, une figure du don de soi absolu, on sent que Miyazaki admire son personnage et sa dévotion malgré la maladie. A ce moment là Jirô détourne le regard d'un avion en vol pour la seule et unique fois dans le film, lorsqu'une bourrasque le remplit d'un frisson indicible. Il plonge alors ses yeux dans le lointain comme tétanisé et comprend que le sort de sa femme est scellé, comme si le temps était suspendu (pas de musique, les bruits étouffés), un temps de mort. C'est surement l'une des scènes les plus forte et bouleversante d'un film de Miyazaki, avant les déchirants adieux finaux, où Jirô prend enfin conscience les yeux grand ouvert que son rêve était promit à l'apocalypse, et que chaque songe porte en son sein autant la lumière que sa chute infernale. C'est une prise de conscience lucide, un aveu je pense également de Miyazaki sur son art et sa carrière, que le cinéaste fait sien comme Jirô, comme une plaie qui ne cicatrisera jamais... mais il faut tenter de vivre malgré la culpabilité personnelle, nationale et affective.


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MessagePosté: 02 Fév 2014, 01:16 
Paradoxalement, le premier film de Myazaki que je vois (je n'en avais encore jamais vu) sera sans doute son dernier, et qui semble en rupture avec sa manière habituelle.

J'ai vraiment trouvé "le Vent se Lève" très intéressant. Le sujet "visible", une biographie à la fois documentée et onirique (avec des vrais flashes psychédélique) de la vie d'un ingénieur de la firme Mitsubishi (d'ailleurs productrice du film, ce qui n'est pas innocent*) qui a fait la transition entre l'âge des pionniers de l'aviation et celui de la modernité technologique, qui a permis le le nationalisme et le fascisme, m'intéressait déjà beaucoup et j'ai apprécie l'angle du film, qui oscille entre la fascination pour la beauté des avions, et la représentation d'une culpabilité pour la guerre d'agression du Japon, effectuée au moyen de ces mêmes avions.
De manière juste, le film ne représente pas cette culpabilité politique comme un discours évident et manifeste, mais au contraire comme quelque chose de sous-jacent, qui est véhiculé par des lapsus, des confessions confuses entre amis et des visions, et est finalement encore plus inaccessible, souterraine et détournée que les rêves et les hallucinations de l'ingénieur (d'ailleurs vraisemblablement psychotique, Myazaki est assez fin en montrant cela). sur ces questions, le dessin animé permet de représenter et rendre palpable une vérité historique et morale qu'un film aurait plus de mal à cerner (il verserait dans l'illustration, alors que le dession animé représente au contraire le contexte politique et international comme une sorte de vision).

Derrière ce sujet visible, le sujet profond du film est en fait une fresque sur le Japon de 1918 à 1941. tout y passe: l'intégration dans la mondialisation économique vers la première guerre mondiale, le tremblement de terre de 1923 (passage superbe), le nationalisme et l'alliance avec les fascismes européens, puis enfin Pearl Harbour et 1945, qui sont montré concaténes dans une ellipse cauchemardesque, courte mais marquante.

C'est très intellectuel (peut-être un peu trop): le titre est emprunté à Paul Valéry, c'est sans doute parmi les films jamais tournés, celui où son nom est prononcé le plus de fois, et le personnage est bien une sorte de M. Teste finalement.
Le milieu du film est carrément consacré pendant 45 minutes à une dérive où Myazaki imagine ce que penserat Hans Carstop, le personnages de "la Montagne Magique" de Thomas Mann s il avait vécu 20 ans plus tard, pendant la montée du fascisme (Hans Carstorp est un personnage du film). Myazaki s'en sort plutôt bien, utilise le médium du dessin animé pour convertir un discours culturel en vision sensible, en paysage. On n'est pas si loin d'un film comme "le Conformiste" de Bertulocci, mais c'est en même temps complètement différent.


Politiquement, c'est discutable mais hyper-intéressant, même si les accusations de complaisance envers le nationalisme japonais sont injustes et moralisatrices, comme sont ridicules les commentaires choqués par la scène de la cigarette, alors que c'est justement cette scène qui marque le moment où Myazaki va s'aloigner dans le film de son personnage, cesser d'en faire un double pour le juger....c'est en fait très beau.

Myazakiaà je crois tendance à tomber dans une doxa (qui se retrouve aussi en Europe) faisant du fascisme italien un recours et une anti-thèse du nazisme. Cela apparaît via via la figure de Caproni, qui apapraît en rêve comme le surmoi de l'ingénieur, qui le guide de l'enfance à l'âge adulte, et réapparait après le voyage en Allemagne dans la firme Junker pour tracer le bilan moral de ce que l'ingénieur a vu : "Veux-tu un monde avec pyramide, ou sans pyramide: moi j''ai chosi un monde avec des pramides, même si je n'oublie pas qu'elle sont issues de la souffrance".
De même Myazaki n'élude pas la question de l'alliance (qu'il représente comme objective mais lointaine) entre le Japon et l'Allemagne hitlérienne qui est exactement redoublée par la question de l'articulation entre le fascisme et le progré technologie: les deux ordres de relations ont la même configuration. Mais singulièrement il la déplace: la critique du nazisme est uniquement axée sur celle du racisme entre alliés, ce qui est un prisme singulier. Et la figure de l'ingénieur, dans ce débat est justifée moralement, le personnage trouvé en même temps un maître technique et moral: le chef de l'usine Junker, ingénrieur génial mais invisible montre par des signes qu'il perçoit le racisme latent derrière l'idée que les Japonais cherchent à copier techniquement l'Europe: il est moralement plus haut que sa création industrielle, limite l'ensemble de sa praxis politique à cette création.
D.H. Lawrence est il me semble assez proche de Myazaki intellectuellement et politiquement. On trouve chez ces deux artistes le même type d'oscillations, sur le féminisme (chez Lawrence où il y aller et un retour entre des passages superbes, où la subjectivité des personnages féminin est souverainement lucide et combative; puis d'autres qui théorise une vision cosmologique complètement phallocenriques) ou sur la lutte des classes (Lawrence -fils de mineur lui-même- est très incisif sur l'hypocrisie d'un patronat paternaliste, qui se berce de ses propres vélléités philantropiques pour cacher des rapports de force nus, mais d'un autre côté la souffrance de la classe ouvrière est montrée comme la conversion d'un déterminisme social en déterminisle biologique et l'effet d'une damnation quasi-biblique, le prolongement transcendant et inexpiable de la bêtise humaine). Dans ce Myazaki, il y a aussi un même type d'oscillation entre compassion et distance hautaine, comme dans la scène de la prise d'assaut de la banque, et surtout dans celle du gâteau que le personnage de l'ingénieur n'arrivé pas à donner à des enfants en guenille: il leur reproche en fait de ne pas mendier, comme pourraient le faire Gerald Crinch ou Rupert Birkin dans "Femmes Amoureuses".
Mais les recours politiques sont opposés. Chez Lawrence, il y a l'idée qu'une table rase radicale de la modernité, du matérialisme, et une rupture avec l'Angleterre pour une expérience de déracinement cosmopolite sont des échappatoires. Chez Myazaki au contraire de la table rase, il ya l'idéalisation d'une sorte de point d'équilibre utopique, sirué après le moment où la colectivité acquiert sa maturité technologiqiue, devient une puissance pouvant se faire respecter, non de ses citoyens, mais des autres puissances (l'altérité existe, mais ne connote que les rapports entre groupes), et avant celui où cette puissance acquise se converti en fascisme. Ce moment-charnière semble pour Myazaki le seul moment où un discours moral puisse prendre place, ainsi que le seul où le jugement politique de la collectivité est possible. Seul ce qui est achevé tout en n'étant pas été confrotné à sa propre chute, à sa propre discussion, peut faire l'objet d'un jugemennt et d'une critique politique. La fiction est alors moins la mise en scène d'un imaginaire (qui est là, foisonnant, mais immédiat), qu'une mise en scène expliquant les limites et la délimitation exacte de ce moment charnière, l'enfermant sur lui-même.


-Quant au trait, je l'ai trouvé très beau pour les paysages, les avions, les machines, les ville. Ce que j'ai compris en voyant le film, c'est que l'europanéisation des traits physiques des personnages du manga n'est ici pas un moyen de trouver une forme graphique consensuelle et exportable internationalement (soit une logique où le spectateur est apppelé à se reconnnaîte dans le contexte du film), mais au contraire l'expression d'une logique de séparation. C'est frappant dans la scène du tramblement de terre: dans le train, les personnages centraux sont dessinés de manières européennes, mais le reste des passagers, les autres réfugiés, sont représentés avec des traits physiques asiatiques. Ce qui fait croire à une logique de reconnaissance dans les autres dessins animés, c'est peut-être qu'il ne mettent pas en scène le peuple.

-C'est vrai qu'il y a peut-êttre quelque chose d'assez froid, une sorte de psychédélisme didactique, dans certains mangas animé. Dans "le vent se Lève" ce qui est dessiné, habité et parle, ce sont des grandes idées, des complexes politiques collectifs et leur développement. Ses personnages ce sont la nation, la modernité, la technique la culture allemande, la culture italienne, l'Europe, la littérature, la disparition du formalisme symboliste dans l'idée politique, le Japon des années 1930 dont Myazaki parvient très bien à faire comprendre qu'il était à la fois impérialites et complexés par des préjugés racistes. Mais ce ne sont pas dls humains. Cette froideur, de manière un peu différente, m'avait frappé dans Jin-Roh: la réprésentation de la ville, du régime politique dans une histoire parallèle où le fascisme aurait survécu à la défaite, étaient fascinantes, mais je n'arivait pas à croire aux personnages qui étaient des pures idées, et encore moins incarnés que le contexte qui les situait. Je n'éprouvais absolument rien quand le personnage de la jeune fille martyrisée se révélait être une agent double dont la mort était programmée dès le début, mais la souffrances des silhouette d'une foule normale, à la fois complètement achevée et furitive, était le signe d'une souffrance difficile à oublier.



* je ne sais pas dans quelle mesure cela correspond à la vérité historique ou pas, mais dans le dessin-animé de Myazaki, les cadres de l'usine Mitsubishi sont présentés de manière plutôt flatteuse comme ayant eu des vélléités de résistance contre le régime de Hiro-Hito, au point d'avoir des tracasseries avec la police politique. Dans le film, plus on monte dans la hiérachie de l'entreprise, plus le personnel de la firme travaille et développe ses projets d'armement sous contrainte policière. Le peuple est montré comme le ressort du fascisme, mais l'autorité au sein des rapports de production comme ce qui essaye vainement de s'en exonérer.

4.5/6


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