Paprika a écrit:
Je trouve pas fatigante cette panique morale. Déjà car on voit bien le recul de droits pour interrompre une grossesse ou l'accès à la contraception dans certains pays comme les USA ou la Pologne. Et la montée de l'ED dans le monde qui étrangement s'inquiète de la démographie des peuples westerns, avec sa marotte du GR.
Et le jour où les hommes (assignés comme tels à la naissance) seront en capacité d'accueillir au sein de leurs entrailles leurs progéniture en devenir et de manquer de crever pour donner la vie, leurs paroles sur la question de la natalité vaudra celles des femmes (assignées comme telles à la naissance).
D'ici là, merci les gars, on vous les brisera bien menues quand il s'agit l'air de rien de nous inviter à considérer la grossesse comme un enjeu sociétal alors que la grossesse ne vous concerne pas directement. Donner plus de moyens pour soutenir des couples désireux de devenir parents, ok, donner des aides financières une fois l'enfant né, bien sûr. Mais encourager la natalité pour relancer l'économie et donc viser en 1er lieu le corps des femmes : aller sucer les orteils de vos ancêtres. #moncorps-monchoix
Qu'il y ait une réaction féministe aux politiques natalistes se développant un peu partout, c'est plutôt sain, vu qu'effectivement je n'apprécierais pas en tant que mec on vienne faire de mon corps un enjeu à injonctions (mec occidental millenial: on en reparlera quand il faudra retourner aux fronts).Mais si la réaction passionnée se comprend, faut éviter d'en faire un conflit homme/femme, ça se révélera contre-productif. D'autant plus en se plaçant dans un discours auto-proclamé progressiste devenu caricatural (ce que Müller démontre bien par l'absurde).
Essentialiser l'enfantement comme une souffrance (en plus de s'inscrire dans une vision judéo-chrétienne, ce qui est somme toute assez classique chez une certaine gauche qui a un vrai problème avec ça), c'est assez irrespectueux pour les nombreuses femmes qui apprécient particulièrement l'état de grossesse et/ou vivent l'accouchement comme une épreuve leur révélant une force insoupçonnée qui peut aussi être un précédent psychologique utile pour des difficultés à venir.
Ça c'est pour la morale. Parce qu'à côté de ça, difficile de faire plus matérialiste que le discours actuel sur la natalité. Ok, ya les bénis Oui-Oui d'un peu partout (enfin surtout les monothéistes, Japon et Chine - l'Inde étant encore en transition - ont un rapport beaucoup plus pragmatique sur la question, pas forcément plus confortable pour les femmes d'ailleurs).
Je trouve justement qu'on est beaucoup plus sur une conscientisation d'un choix de dénatalité comme soutenu par Castorp que l'inverse, étant plus en mode réactionnaire de base (ce qui n'empêche pas des effets pervers comme contre le droit à l'avortement, mais qui trouve aussi du carburant dans des discours délirants sur l'allongement du délai de l'avortement et une constitutionnalisation de ce droit).
La Hongrie et le Japon ont eu recours à des politiques volontaristes ,je crois que le gain de natalité est marginal. Mais sur le plan individuel, j'imagine que ça ne fait de mal à personne, au contraire, ça aide les femmes qui voudraient vraiment plus d'enfants mais ne peuvent pas se le permettre (le jour où la gauche recherchera à aider les femmes sur cette question, elle pourra se revendiquer socialiste).
Donc il ne faut pas s'alarmer plus que raison sur la question. Surtout avec un discours tenu par Macron avec encore ses éléments de langage délirants (prenons au mot le mec et interdisos les perturbateurs endocriniens qui jouent sur l'infertilité)..
A titre perso, le renouvellement étant à 2,1, j'augmenterais le niveau d'alloc pour les 2 premiers enfants et je les supprimerais au-delà de 3. Mais on est dans un tel niveau idéologique à la fois judéo-chrétien et IIIe répu qu'on ne touchera à rien jusqu'à ce que ça se casse bien la gueule.
Mais ce que j'attends de voir, sans aucune impatience, c'est le niveau de mortalité infantile. Vraiment curseur à mes yeux de l'état de délitement d'une société. Un des signes avant-coureur de la chute de l'URSS. La Grèce a énormément souffert au plus fort de la crise, le RU a des signes inquiétants quand ça semble carrément être une tendance de fond aux US.
Parce que plus que l'injonction à l'enfantement aux femmes, la plus grande violence envers elles me semble être de laisser crever leurs gamins après grossesse et accouchement. Ça leur fera une belle vulve de leur avoir promis plus d'allocs.
On commence à en voir les signes avant-coureur en Seine-Saint-Denis.