Castorp a écrit:
D'accord avec tout ce que tu dis, mais je veux vraiment revenir là-dessus, parce que c'est pour ça que je suis si dur avec les écolos anticapitalistes :
pour moi, une des grosses faiblesses de l'écologie, c'est justement ce "Yaka", "Faukon", qui anime les cercles intellectuels écolos, mais qui dans les faits, revient à demander aux classes populaires de faire des sacrifices, sans jamais leur montrer que les élites aussi sont prêts à des efforts. Les Gilets Jaunes, par exemple, ont bien vu qu'on voulait taxer le diesel mais qu'on ne touchait pas au kérosène des avions, les classes populaires voient bien vu que nos climatologues parlaient de frugalité en se baladant aux quatre coins de la planète pour assister à des conférences, et les agriculteurs se rendent bien compte que les écolos leur demandent de renoncer aux pesticides pendant qu'ils continuent de se goinfrer de quinoa argentin (c'est caricatural, mais tu vois l'idée), etc.
C'est évidement le gros écueil (et sans doute le premier)... Cf. ce qu'on entendait sur Nicolas Hulot quand il a commencé à pointer son nez en politique (le mec à niquer 2 000 milliards de tonnes de kérozène pour filmer la beauté de la nature et le besoin de la préserver et fait fortune avec des shampoing à emballage plastique).
Y'a bien Delphine Batho qui avec François Ruffin avaient porté un projet de loi visant à mettre un quota carbone sur les déplacements en avions (bon c'est pas l'alpha et l'omega de la question écologie mais c'est peut-être le plus symbolique et le plus facile à se défaire finalement)... Ca excluait les déplacements professionnels et pour raisons familiales, mais quand on voit l'écho et la réception que ça a eu, y'a quand même un souci (sans doute de classe, pour te rejoindre).
Et pour continuer là-dessus, certains défendent justement des services publics forts, donc pour "protéger" les classes populaires, amortir la décroissance: logement, transports, santé, éducation... A partir du moment où les besoins de survie sont à peu près garantis (et source de travail) pour tous, on peut plus facilement tenir des discours de sortie du mode productiviste (je la fais courte). Parce qu'on en revient au capitalisme: le monde économique tel qu'il est construit, doit viser la croissance infinie. Et c'est une impasse.
Castorp a écrit:
Ce qui colle à la peau du mouvement écolo, c'est une immense étiquette d'hypocrisie. Si on s'en débarrasse pas par l'exemple, et je dis ça encore plus pour les élus du mouvement, qui sont pour la plupart des notables bourgeois qui vivent en centre-ville (Eric Piolle, par exemple, sérieux, il vit sur quelle planète ?), il ne peut y avoir aucun avenir populaire pour l'écologie.
Ca pose aussi plus largement le problème de la représentativité de la classe politique. Parce que la Convention citoyenne pour le Climat, elle a proposé des mesures radicales.