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MessagePosté: 14 Fév 2024, 22:29 
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Si on prend la littérature (il semble que la discpline la plus riche au plan théorique et la plus explicite dans ses intentions en ce qui concerne le post-modernisme soit plutôt l'architecture) , est-ce que des écrivains plus vieux comme Balzac, Mallarmé ou Goethe visaient à éduquer et former ? Le post-modernisme a-t-il vraiment amené la perte de cet aspect pédagogique. Si Anselm Kiefer se rattache au post-modernisme en peinture, il l'aurait au contraire renforcé - de même en littérature la posture à la fois didactique et sceptique de Paul Valéry préfigure pas mal le post-modernisme...
Et dans le cinéma, Mabuse, Fantasia ou les frères Lumières ?
Le procès idéologique que tu tentes de faire scie sa propre branche....

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.


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MessagePosté: 14 Fév 2024, 22:45 
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C'est pas moi qui a amené le sujet de la scolarité et de l'éducation, ça vient de bnmtmp à la base. Ca a fait écho chez un peu tout le monde, on appartient tous à une génération où l'holocauste était un sujet très présent à l'école, où il y avait énormément de documentaires à la télé facilement accessibles, plus d'anciens résistants ou déportés encore vivants pour venir dans les écoles etc. Le sujet vivait, quoi. Maintenant, il vit moins, voire même dans certains cas extrêmes se meurt.

Une oeuvre postmoderne, au sens où je l'entends dans mon message précédent, c'est une oeuvre qui érige les références et l'auto-référence à un stade avancé techniquement, c'est une oeuvre "sur elle-même" plutôt que sur un sujet autre. La Liste de Schindler ou Au revoir les enfants, c'est direct, c'est du récit, c'est narratif, ce sont des drames qui traitent d'un sujet dramatique. De ce que j'en lis ici, La zone d'intérêt a dépassé cette étape, et peut aussi être qualifié de film "sur son dispositif", le rapport au sujet est moins direct. Il y a une dimension purement technique, un dispositif flagrant qui s'immisce entre le spectateur et le sujet. Ca rajoute une dimension en plus, formelle, à comprendre pour accéder à la clef de l'oeuvre.

Je dis simplement que dans un contexte de déconnexion bien entamée entre un sujet historique et une certaine enfance, on peut très facilement imaginer qu'il ne s'agit pas du choix le plus évident pour sensibiliser à la question. J'ai peut-être tort. Et je n'ai pas non plus soutenu qu'un film sur l'holocauste devait forcément être éducatif, ou pensé pour parler aux enfants.

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MessagePosté: 15 Fév 2024, 00:19 
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Lohmann a écrit:
Quel est l'apport de Glazer à la représentation de la Shoah, qu'a-t-on appris de nouveau dans ce film que l'on ne savait déjà ?
Je ne l'ai pas vu comme un film sur la Shoah comme processus de destruction des juifs: si on veut voir quelque chose à ce sujet, il vaut mieux voir le Lanzmann, comme tu le disais plus haut. Je l’ai vu comme un film sur les formes de la vie quotidienne, sur sa structuration par le travail, d’où ce caractère abstrait que certains lui reprochent. Le propos du film est de rendre visibles ces formes et ces structures qui ont rendu possible la Shoah.

Le sujet du film, il me semble, c'est l'économie, au sens étymologique et au sens courant : 1/"oikos-nomos : administration du foyer ; art de gérer sagement une maison"; 2/"ensemble de ce qui constitue la production, la répartition et la consommation des richesses et de l'activité que les hommes déploient à cet effet". C’est vraiment une histoire matérielle du foyer des Höss, une mise à plat de la manière dont s’enrichit leur ménage. Le film décompose minutieusement tout le processus économique qui fait de cette maison l’idéal de la maison bourgeoise, toujours parfaitement tenue. Au premier plan, la maison et son organisation, le travail quotidien, les tâches domestiques et leur répartition, les aménagements qui en augmentent la valeur. A l’arrière-plan, le système macroéconomique dans lequel ce ménage prospère, et d’où il tire son argent, ses biens, son pouvoir : ici, il est bien visible, il se trouve juste derrière le mur du jardin, là d’où viennent les manteaux de fourrure, les devises, les cris et les coups de feu.

Le montage, dans l’enchaînement des séquences, reste au ras des jours de la semaine et de l’agenda des Höss : le dimanche et le lundi, les loisirs et le travail ; les réunions professionnelles, les promotions, les mutations – le montage se plie au rythme de cette organisation rationnelle du temps imposé par le travail et la production.
A l’intérieur d’une séquence, il opère toujours par des raccords dans l’axe ou des raccords-mouvements. C’est un univers gouverné par les choses, les gestes. La scène la plus frappante à ce titre, c’est celle où Höss ferme les fenêtres et éteint les lampes de la maison : toutes les images sont raccordées sur son mouvement et restituent intégralement tous ses gestes et tous ses déplacements d’une pièce à l’autre. Ce verrouillage au montage est d’autant plus suffocant (à la "Jeanne Dielman") qu’il correspond justement ici à un geste de fermeture. Le film est très découpé mais les plans ne sont jamais reliés par un raccord-regard : jamais un raccord n’introduit une distance entre des êtres qui regardent et des choses qui sont regardées ; aucun regard ne vient jamais fendre de l’intérieur cette compacité aveugle de choses et de gestes, où les personnages s’affairent sans rien voir. Ça correspond à une volonté de la part de Glazer de bloquer toute identification aux personnages, mais ça illustre aussi ce que disait Baptiste citant Glazer, sur cet affairement qui ne pense pas, qui ne voit pas.
Dans cet affairement, le film s’emploie tout particulièrement à rendre visible le travail du personnel : qui prépare les repas, lave le linge, entretient, le jardin, sert le verre de schnaps pile au bon moment quand Höss accueille les officiers – tout ce travail invisible qui permet aux Höss de s’élever au-dessus de leur condition d’origine (la grand-mère était femme de ménage) et de se consacrer aux tâches plus nobles de la supervision de l’intendance et de l’éducation des enfants.

Si la scène finale est si glaçante, c'est parce qu'elle rend brutalement visible ce que cette analyse du quotidien des Höss suggérait déjà, à savoir que les structures économiques qui ont rendu possible la Shoah et permis aux Höss de s’enrichir sont toujours les mêmes aujourd’hui. En quelques plans, le film fait voir ce qu’il y a de commun entre l’économie du Musée et celle de la maison des Höss (que les Höss pensaient déjà comme un musée, avec son livre d’or et ses visites guidées) : division du travail, rationalisation, logistique… sans parler des schémas de pensée qui n’ont pas changé (obsession pour la propreté, répartition genrée des tâches). Pour l’entretien et le fonctionnement du musée, on rationalise, on optimise ; il faut des panonceaux pour gérer les flux ; des employées pour qui balayer une chambre à gaz sera un travail. Et je crois que le film est parfaitement conscient de participer lui aussi au même processus : s’il faut nettoyer les vitrines, ce n’est pas seulement pour les visiteurs, c’est aussi pour que Glazer puisse filmer les piles de chaussures placées derrière ; le film, comme le Musée, s’inscrit aussi dans cette économie du tourisme et de la culture autour d’Auschwitz. C’est pour ça que le film ne se contente pas de raccorder au regard-caméra de Höss des images d'archives de la destruction des juifs, mais des images contemporaines où les tas de chaussures des morts continuent d’être pris dans les mêmes processus de l’économie et du travail.

Ce n’est pas un film de la mémoire, un tombeau comme "Shoah". C’est un film analytique, réflexif, qui rend visible le processus de production des choses – et l’aliénation qui le dissimule. Et sa portée critique (qui ne me semble pas si inoffensive que tu l’affirmes) consiste à dire que la Shoah n’a été possible que parce qu’il existait déjà des structures qui sont toujours celles du monde dans lequel nous vivons et travaillons.

Lohmann a écrit:
Et que l'on ne vienne pas me dire que l'on comprend quoi que ce soit à l'holocauste, à l'administration des camps de la mort (une scène sur le choix de la meilleure architecture des fours et une seconde d'état major sur l'organisation globale ne suffisent pas)
Il ne s’agit pas de comprendre comment la Shoah a été organisée mais de voir que cette réunion pourrait organiser tout autre chose, parce que la réalité de la destruction des juifs est totalement escamotée derrière les abstractions du langage bureaucratique et des logiques purement comptables (on parle de pièces, de traitement spécial, de quotas à atteindre, de gestion des flux). Cette scène (comme celle sur le four) n’a pas pour but principal de documenter l’histoire des camps mais de dégager l’armature de concepts que ces discussions ont en commun avec des réunions professionnelles d’aujourd’hui où il s’agit d’organiser, planifier, optimiser la production de quelque chose.


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MessagePosté: 17 Fév 2024, 12:02 
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Titilleur
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Merci pour ton analyse précise et pertinente, latique.
Comment intègres-tu les images façon caméra thermographique infrarouge? En te lisant, ça m’a fait penser qu’on utilisait aujourd’hui ce type d’imagerie notamment pour les défaillances électriques, perte de chaleur et désordre domestique en tous genres…


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MessagePosté: 17 Fév 2024, 15:39 
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MessagePosté: 18 Fév 2024, 02:13 
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Merci!
Fenrir a écrit:
Comment intègres-tu les images façon caméra thermographique infrarouge? En te lisant, ça m’a fait penser qu’on utilisait aujourd’hui ce type d’imagerie notamment pour les défaillances électriques, perte de chaleur et désordre domestique en tous genres…
Je ne me suis pas posé la question. J'ai juste lu les explications de Glazer sur son refus d'utiliser des lumières artificielles.


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MessagePosté: 20 Fév 2024, 17:00 
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Sans être aussi radical que Lohman, je suis plutôt de son côté car le film ne m’a pas convaincu.

J'ai eu l’impression que Glazer n’a pas su transcender son sujet. Les nazis, notamment les haut-gradés, menaient une vie familiale douce et « normale » alors que l’ignominie du siècle se déroulait sous leurs yeux et leurs oreilles (et qu’ils en étaient eux même les auteurs). Une fois ce postulat posé, qu’en fait Glazer ? Pas grand-chose, si ce n’est l’illustrer assez platement (les longs plans fixes sur la vie de famille et les sons hors-champ). Effectivement, la dernière partie donne au film une autre direction, mais j’ai trouvé ça assez déséquilibré au final.

Il est vrai que je suis allé à Auschwitz et que les guides ont raconté l’histoire de Hoss. Par ailleurs, j’ai lu Les Bienveillantes qui décrit parfaitement cette bureaucratie nazie, qui programme la construction de fours crématoires comme les fonctionnaires de la Ville de Paris envisage la construction d’un gymnase.

Est-ce dû à ça ? Je ne sais pas, toujours est-il que je me suis un peu ennuyé.


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MessagePosté: 21 Fév 2024, 10:48 
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Puisque je délaisse, hélas, l'exercice critique depuis des années je me sens incapable de pondre un beau texte comme le font les meilleures plumes par ici (Art Core, FF, Lohmann, Latique) mais je me dois de m'exprimer sur ce qui restera sans doute comme le plus grand film de l'année à mes yeux.

Je l'ai vu à Cannes dans une salle rikiki du Marché - je m'étais mis au premier rang, du coup - sans savoir ce que j'allais voir, les seules infos que j'avais c'était "Jonathan Glazer" et "Auschwitz" (assez pour m'exciter cela dit), et donc sans avoir la moindre idée du fameux "dispositif".

Comment décrire le bonheur que procure la vision d'un film pareil? Un film qui soit une telle claque mais genre à TOUS les niveaux quoi. Honnêtement, je trouve que tout est génial et sidérant, à commencer par cette mise en scène d'une intelligence et d'une pertinence permanente. C'est quand même rare des films où le fameux "the medium is the message" s'incarne à ce point, où la pure mise en scène constitue le fondement même du "message" du film, sans que ça ne paraisse fake, artificiel ou lourdingue. Rares aussi sont les films où la bande son a autant d'importance. Ce n'est pas nouveau bien sûr, mais c'est fait avec une telle maîtrise... Bordel, quel plaisir de voir un cinéaste vraiment faire du cinéma, penser le cinéma, bosser sa matière quoi, créer, expérimenter (sans tomber dans le délire de l'esbroufe vide de sens et sans intérêt - coucou Yorgos)...

Environ une fois par décennie nous arrive un film qui revisite les couloirs obscurs de la Shoah, de sa mémoire et de sa représentation. Tout comme l'inoubliable Son of Saul il y a neuf ans, The Zone of Interest sonde l'horreur innomable de la Shoah en évitant de la montrer frontalement. Bien qu'ils soient chacun de l'autre côté du mur (l'un est dedans, l'autre est dehors), les deux films font la même chose, ils laissent l'horreur hors-champ, hors cadre, à l'arrière-plan, dans les détails, et bien sûr dans la bande son, tétanisante, omniprésente. Et tandis que Nemes nous racontait ce qui pouvait bien rester de notre humanité au coeur de l'enfer (que faire de mes dernières heures sur Terre? que faire de l'humanité qui me reste ?), Glazer nous renvoie à notre propre déshumanisation. Et c'est là que le film est d'une actualité terrible (et un instant classic qui restera dans l'Histoire du cinéma): en montrant la banalité du quotidien de la famille Höss, The Zone of Interest nous dit qu'on s'habitue à tout, même à l'horreur qui est au bout du jardin, nous met face à notre indifférence face aux incendies qui brûlent notre planète, face aux guerres qui brûlent nos voisins. Et le film montre parfaitement que la Shoah, l'un des plus grand génocides de notre histoire contemporaine, elle a été mise en oeuvre par de simples hommes, des ingénieurs, des bureaucrates, des employés, des gens normaux en somme, de simples hommes aveuglés et vidés de toute morale. Un film de temps en temps nous fait cette petite piqure de rappel, eh bien c'est important.

Un mot encore sur cette double fin, incroyable...
La première:
La nausée de Höss. Ou quand le corps dit ce que l'esprit a occulté. On a beau être droit dans ses bottes, on ne cessera pas d'habiter ce corps qui parfois se manifeste et se révolte, exprime le refoulé. Un moment qui évoque bien sûr la fin de The Act of Killing (j'y ai immédiatement pensé lors de la vision).

Et la deuxième:
Les femmes de ménage au Musée d'Auschwitz. Idée de génie. Un flash-forward qui nous renvoie tout ça en pleine gueule, qui nous rappelle cette "habitude à l'horreur" (visiter ce musée, que je le fus il y a 19 ans, c'est une mega claque) et qui nous rappelle cet indispensable devoir de mémoire et la fragilité de celle-ci: ce qui reste, ce sont de simples objets derrière une vitre.


Bref, il y a tant à en dire, de ce film, mais je ne vais pas la faire plus longue.

Pour moi c'est un vrai chef-d'oeuvre de cinéma, un film important, et un film qui restera.

J'ai trop hâte de le revoir, dans une mega grande salle cette fois.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


Dernière édition par Arnotte le 22 Fév 2024, 00:47, édité 2 fois.

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Arnotte a écrit:
Pour moi c'est un vrai chef-d'oeuvre de cinéma, un film important, et un film qui restera.


Pour moi aussi, après deux semaines à le digérer (suite à une sortie de salle sans trop savoir quoi en penser). La fin me hante.

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)


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Robot in Disguise
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Arnotte a écrit:
Comment décrire le bonheur que procure la vision d'un film pareil?
:lol:

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 21 Fév 2024, 20:50 
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Ouais j'ai failli réagir.

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MessagePosté: 21 Fév 2024, 21:01 
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Antichrist
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Superbe texte Arnotte, je m'y retrouve totalement.


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MessagePosté: 22 Fév 2024, 00:44 
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Film Freak a écrit:
Ouais j'ai failli réagir.

:lol: Vous savez bien de quel bonheur je parle.

Karloff a écrit:
Superbe texte Arnotte, je m'y retrouve totalement.

Toi et moi on se comprend.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


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MessagePosté: 22 Fév 2024, 00:50 
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Arnotte a écrit:
Film Freak a écrit:
Ouais j'ai failli réagir.

:lol: Vous savez bien de quel bonheur je parle.

Oui.


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MessagePosté: 22 Fév 2024, 01:57 
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Citation:
Si la scène finale est si glaçante, c'est parce qu'elle rend brutalement visible ce que cette analyse du quotidien des Höss suggérait déjà, à savoir que les structures économiques qui ont rendu possible la Shoah et permis aux Höss de s’enrichir sont toujours les mêmes aujourd’hui. En quelques plans, le film fait voir ce qu’il y a de commun entre l’économie du Musée et celle de la maison des Höss (que les Höss pensaient déjà comme un musée, avec son livre d’or et ses visites guidées) : division du travail, rationalisation, logistique… sans parler des schémas de pensée qui n’ont pas changé (obsession pour la propreté, répartition genrée des tâches). Pour l’entretien et le fonctionnement du musée, on rationalise, on optimise ; il faut des panonceaux pour gérer les flux ; des employées pour qui balayer une chambre à gaz sera un travail. Et je crois que le film est parfaitement conscient de participer lui aussi au même processus : s’il faut nettoyer les vitrines, ce n’est pas seulement pour les visiteurs, c’est aussi pour que Glazer puisse filmer les piles de chaussures placées derrière ; le film, comme le Musée, s’inscrit aussi dans cette économie du tourisme et de la culture autour d’Auschwitz. C’est pour ça que le film ne se contente pas de raccorder au regard-caméra de Höss des images d'archives de la destruction des juifs, mais des images contemporaines où les tas de chaussures des morts continuent d’être pris dans les mêmes processus de l’économie et du travail.


Oui, d'ailleurs en quoi l'"économie du film" (entendons sa mise en scène par Glazer, dont il est souvent question ici et ailleurs) se distinguerait-elle de celle que tu décris pour rendre compte du fond du film ? Nous avons aussi affaire à une mise en scène, à une forme, dont la rationalisation semble poussée à l'extrême.

Bon, au début j'ai trouvé ça très bien, je me suis dit que ça disait effectivement quelque chose d'une certaine lâcheté contemporaine (y compris du cinéma) face aux horreurs du présent (certes peu comparables aux chambres à gaz des nazis, en prenant justement pour centre l'horreur dans tout ce qu'elle a d'exceptionnel cela ne permet-il pas justement d'évacuer trop facilement les autres horreurs ?), que Glazer construisait qqch véritablement en marge des représentations cinématographiques "traditionnelles", et puis petit à petit j'ai plutôt décroché de cette idée-là car le film ne construit jamais de jonction entre le passé et le présent (à part sur la muséification d'Auschwitz effectivement) et il m'a dès lors paru nettement moins intéressant. Dans le même ordre d'idée, je me demande si le fait que la rédaction d'un média tel que CNews (cad d'extrême droite) semble avoir adoré ce film ne pose pas un problème...


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