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MessagePosté: 09 Déc 2019, 21:15 
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Trop de grand angle dans la bande-annonce, c'est devenu tomhooperesque.

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MessagePosté: 09 Déc 2019, 21:17 
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Castorp a écrit:
Déjà-vu a écrit:
Abyssin a écrit:
si il fallait rapprocher le film d'un autre ça serait le morceau central de Tree of Life

Abyssin tu m’excites.


Tu aimes les soupirs amplifiés avec le caméra qui tourbillonne dans des feuilles d'arbres ?
Plus que ses conneries film pour la Géode ou délire mystique neuneu sur la plage.
Mais sinon oui on est dans un style qui rappelle le segment central de Tree of Life.


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MessagePosté: 09 Déc 2019, 21:18 
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Film Freak a écrit:
Trop de grand angle dans la bande-annonce, c'est devenu tomhooperesque.

Ça fait peur oui.


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MessagePosté: 09 Déc 2019, 21:18 
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Sir Flashball
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Abyssin a écrit:
délire mystique neuneu sur la plage.


The Tree of Life, c'est déjà un délire mystique neuneu dans des jardins "suburbains".

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
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MessagePosté: 09 Déc 2019, 21:22 
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Surement, j'ai préféré oublier cette dernière partie.

Grands angles, gros plans sur les corps, vous allez en bouffer là.


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MessagePosté: 09 Déc 2019, 21:23 
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Sir Flashball
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Tout le film est comme ça.

t'as des vagues qui roulent aussi, avec des personnages qui soupirent quand elles roulent.

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MessagePosté: 09 Déc 2019, 22:10 
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Antichrist
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Il faut que je fuis ce topic.

Sinon c'est 5/6, j'ai trouvé le film trop, comment dire, répétitif - la première heure est fabuleuse et j'ai hâte de le revoir.


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MessagePosté: 09 Déc 2019, 23:20 
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Je sais pas si je dirais "répétitif", j'aurais plutôt utilisé le mot "monocorde" mais sans que ce soit forcément négatif. Dans le sens où Malick brode autour de la même thématique tout le long et ça reste très focalisé "idées et thèmes initiales" sans dévier d'un iota en apportant de la variété, du renouveau, etc... Après je préfère ce film tout le long uniforme qu'un Tree of Life avec 2 parties branlantes totalement hors sujet.


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MessagePosté: 09 Déc 2019, 23:20 
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Je sais pas si je dirais "répétitif", j'aurais plutôt utilisé le mot "monocorde" mais sans que ce soit forcément négatif. Dans le sens où Malick brode autour de la même thématique tout le long et ça reste très focalisé "idées et thèmes initiales" sans dévier d'un iota en apportant de la variété, du renouveau, etc... Après je préfère ce film tout le long uniforme qu'un Tree of Life avec 2 parties branlantes totalement hors sujet.


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MessagePosté: 16 Déc 2019, 10:45 
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Qui-Gon Jinn a écrit:
Les meilleurs Malick sont à mes yeux ses films d'époque. Comme si son talent n'était jamais plus grand que lorsqu'il se déployait dans un cadre précis, avec des contraintes (de décors, de costumes, etc.). Lorsqu'il n'a pas ça, il tournoie sur des balcons d'Austin ad nauseam et c'est plus possible.

Ce retour à un cinéma narratif, ancré par une histoire vraie et des contraintes de prod, fait donc plaisir. Il y a un fil, une histoire. Comme toujours, dès les premières images c'est à tomber par terre. La "formule" malickienne, on commence à la connaître ; elle accouche pourtant d'images sublimes (le décor autrichien aide beaucoup) et d'instants de pure grâce. Ceci étant dit, le systématisme est là et parfois, tel Olga Kurylenko dans TO THE WONDER, ça tourne un peu en rond, au point de paraître un peu chiqué. Il y a des trucs qu'il pouvait se permettre jadis que notre "palais" de spectateur a déjà trop goûté. Et les partis-pris esthétiques, notamment le fameux grand angle, gâchent des moments sublimes en transformant August Diehl en conehead.

L'histoire (vraie) du film est forte et troublante, mais elle se déploie sur deux heures et cinquantes trop longues minutes. Ca reste suffisamment hypnotique pour pas qu'on se fasse trop chier, mais la longueur n'était pas nécessaire. Etrangement, le ratio "puissance du film sur le papier"/"mon émotion" n'est pas bon... Théoriquement j'aurais dû pleurer et je suis globalement resté à distance, malgré mon admiration de l'objet, qui reste unique et donc louable.


Pour une fois QGJ a tout dit :D .

J'ai exactement le même ressenti. De nombreux moments de grâces mais l'ensemble est gâchée par l'espèce de programmatisme du système Malick. Ici c'est marrant parce qu'on sent qu'il revient au cinéma narratif, riche de son travail sur ses films plus expérimentaux et du coup c'est une espèce de mélange des deux. Notamment ce montage hésitant, qui semble parfois vraiment bordélique (il y a vraiment des plans tu te demandes ce qu'ils foutent là), cette impression de film sans scène, juste un fil continu de vie mais aussi totalement flottant avec des personnages qui sont plantés au milieu du décor en train de réfléchir (?), comme le faisait Bale dans Knights of cup. Du coup en effet tout paraît hyper répétitif, en permanence flottant, sans sentiment de vie quotidienne mais plus d'une espèce d'errance poétique permanente, comme ce moment (très long) où il attend de recevoir ou non sa lettre d'engagement. D'ailleurs géographiquement je comprenais rien, leur maison était isolée dans la montagne puis tu les voyais dans un village, puis sur des chemins plats etc... Impression que les lieux de tournage ne sont pas "cohérents" et ça crée une impossibilité de se dessiner un quotidien pour les persos, tu comprends jamais ce qu'ils foutent là à ce moment là. Puis le film est quand même trop naïf, ça m'a gêné, ils sont beaucoup trop heureux dès le début, c'est presque instagrammesque la vie du paysan autrichien en pleine montagne en 1939, montrée comme un jeu estival permanent et un bonheur de chaque instant. C'est une vision purement romantique qui me gêne pas mal et on sent que Malick ne veut pas montrer la dureté de cette vie là (ce moment assez comique où tout est enneigé et ça dure deux plans pour repartir sur l'été...). Il la montrera dans la seconde partie cette dureté une fois que l'homme est parti mais voilà cette vision m'a gênée. Pareil pour en effet cet abus de grand angle limite insupportable sur trois heures. J'étais en face de l'écran et j'avais sans cesse l'impression d'être assis tout devant sur le côté tellement les visages me semblaient déformés. Dernier reproche évident, l'aspect religieux qui me dérange, la dernière partie ça parle de dieu en permanence et moi personnellement ça me fait chier parce que j'ai l'impression que ça annihile l'intériorité des personnages qui se décharge sur une présence supérieure. Même si oui la vision de Malick est plus panthéiste que catholique (et encore).

Après c'est vraiment dommage parce qu'il y a plein de moments géniaux, souvent très brefs mais où soudain ça t'accroche d'un coup (là une scène avec un peintre dans une église, là le camarade rencontrée à l'entrainement puis en prison et puis des plans sublimes bien aidés par le décor alpin terrassant de beauté. Le score de James Newton Howard est souvent magnifique aussi, j'ai hâte de l'écouter. Mais exactement comme QGJ, c'est vraiment le film qui devrait bouleverser mais qui m'a laissé relativement froid. Quelques moments m'ont ému (la crise de rage de la femme vers la fin qui m'a semblé presque le plus beau moment du film) mais globalement j'ai trouvé ça froid (comme ce build up hyper long sur l’exécution finale).

Il y a malgré tout quelque chose de fort dans la thèse du film c'est cette façon qu'ont les personnages à renvoyer à l'inutilité du choix du perso qui ne changera pas le cours des choses et qui ne lui offrira aucun réconfort dans le fait que son choix sera connu et qu'il pourrait en inspirer d'autres alors que pour le personnage l'enjeu n'est pas du tout là. L'enjeu il est profondément intime et personnel, il est au plus profond de sa conscience et c'est ce qui est très beau. Cependant le personnage est trop mutique pour que ça émeuve, finalement c'est un personnage qu'on ne connaîtra pas vraiment et c'est dommage.

Bref c'est pas le film de la réconciliation même si je regrette pas de l'avoir vu. Et je crains beaucoup beaucoup son film sur Jésus que je peux quasiment déjà projeter dans ma tête sans même l'avoir vu tellement le cinéma de Malick est aujourd'hui parfaitement rodé et sans surprise aucune.

3/6

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CroqAnimement votre


Dernière édition par Art Core le 16 Déc 2019, 11:00, édité 2 fois.

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MessagePosté: 16 Déc 2019, 10:52 
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Art Core a écrit:
Pareil pour en effet cet abus de grand angle limite insupportable sur trois heures. J'étais en face de l'écran et j'avais sans cesse l'impression d'être assis tout devant sur le côté tellement les visages me semblaient déformés.

Vu au premier rang, comme un vrai.

Citation:
Après c'est vraiment dommage parce qu'il y a plein de moments géniaux, souvent très brefs mais où soudain ça t'accroche d'un coup (là une scène avec un peintre dans une église[...]

A propos du peintre, la réplique
"Un jour je peindrai le véritable Christ."

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MessagePosté: 16 Déc 2019, 11:03 
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Oui il annonce déjà son prochain film :D

Sinon autre truc que j'ai aimé même si c'est pas assez appuyé c'est l'idée de cette maison de femmes dans la deuxième partie, ces femmes qui se battent pour survivre, ces générations qui se croisent
la brève demande de pardon de la mère, c'est très émouvant
il y a là quelque chose de très beau. C'est d'ailleurs pas innocent que la citation finale soit de George Eliot, romancière au nom d'homme.

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MessagePosté: 16 Déc 2019, 11:18 
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Par contre truc que j'ai détesté (et c'est un tweet de DV qui m'y fait penser) c'est la langue. Ca parle 100% anglais mais avec des acteurs germanophones et l'allemand n'est là qu'en bruit de fond de temps en temps. J'ai pas compris l'intérêt.

Sinon j'aurais coupé toutes les scènes avec les "guests" (Ganz, Schoenaerts, Nyqvist).

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CroqAnimement votre


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MessagePosté: 21 Déc 2019, 17:25 
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Art Core a écrit:
Par contre truc que j'ai détesté (et c'est un tweet de DV qui m'y fait penser) c'est la langue. Ca parle 100% anglais mais avec des acteurs germanophones et l'allemand n'est là qu'en bruit de fond de temps en temps. J'ai pas compris l'intérêt.

J'avais déjà fait la remarque pour Silence de Scorsese, où les japonais parlaient japonais et les portugais anglais. On m'a expliqué que c'était une convention hollywoodienne, ok. Par contre là je vois mal comment l'argument de cette convention pourrait intervenir. Tout se passe en Allemagne et en Autriche, il est vrai que l'allemand des autrichiens est difficilement compréhensible des allemands, il n'empêche qu'arriver à faire alterner les langues anglaises et allemandes est pour le moins ridicule. Je vois bien où veut en venir Malick, renforcer l'opposition entre Franz et le régime nazi auquel il ne veut absolument rien concéder, mais la conclusion que l'on en tire c'est langue allemande = nazi (au passage jamais sous-titrée, quasi tout le temps aboyée, donc une vraie langue de haine utiliser par des barbares. J'ai noté qu'à un court moment du film, juste après que la sentence soit prononcée, les échanges épistolaires entre Franz et sa femme bascule de l'anglais à l'allemand, j'imagine que cela soit signifier un moment de doute qui l'habite où il considérait la possibilité de signer ce fameux bout de papier), anglais = gentil. Je serais curieux d'avoir le regard d'un allemand sur le film.

Pour le reste, Malick fait du Malick, et sur 3 heures c'est extrêmement long et pénible. J'ai du avoir envie de sortir 10 fois de la salle, je ne compte plus le nombre de fois où j'ai regardé ma montre. Son cinéma est devenu sa propre caricature, totalement enfermé dans ses schémas, tristement stérile. C'est bien simple, j'ai eu l'impression d'avoir passé 3 heures face à un mur, me rappelant cette scène inoubliable de mon enfance où ma mère m'avait laissé un temps interminable devant mon assiette de foie de veau que je refusais obstinément d'ingurgiter, sans exprimer une parole. Franz Jägerstätter, pour une raison qui ne sera jamais véritablement explicitée, a pareillement décidée qu'il ne prêterait pas allégeance au régime nazi. Grand bien lui fasse, mais malgré les efforts répétés de certains (sa femme, sa mère, le maire, son avocat...), on n'aura jamais droit à la scène où il exprimerait enfin le fond de sa pensée. Comme s'il n'était tout simplement pas capable de le faire, voir même de véritablement y réfléchir. Et 3 heures sur un simple d'esprit c'est pas vraiment intéressant.


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MessagePosté: 09 Jan 2020, 20:08 
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Il y a quand même beaucoup d'injustices dans ce topic.
Lohman a écrit:
on n'aura jamais droit à la scène où il exprimerait enfin le fond de sa pensée. Comme s'il n'était tout simplement pas capable de le faire, voir même de véritablement y réfléchir. Et 3 heures sur un simple d'esprit c'est pas vraiment intéressant.

Mais qui pourrait expliquer son geste, si on y réfléchit?

Ce n'est pas un militant, ni un intellectuel. Il ne veut rien prouver, il ne prétend rien; il n’a pas de but défini, de combat à mener, de cause à défendre. Il ne demandait rien qu'à vivre sa vie dans sa montagne. On vient le chercher et on lui demande de signer un papier selon lequel il est d'accord avec tout: Hitler, le nazisme, la guerre, tout. Toute son action se limite à une simple décision: il ne signera pas le papier, un point c’est tout. Qu'est-ce qu'il y aurait à discuter? Il n'y a justement pas à discuter. Il dit seulement: "Je ne signerai pas": quand il a dit ça, il n’a pas besoin d’en dire plus.

(Je crois que c'est dans "Le Chagrin et la pitié" que j'ai entendu ce témoignage: le cinéaste demande à un paysan pourquoi il est entré dans la Résistance et le paysan dit simplement: "un Allemand est entré chez nous, il a mangé un steak devant moi. Voilà." - je cite de très lointaine mémoire. C'est tout, il s'arrête là, il ne fait pas une dissertation sur ce qui est bien ou mal.)

Et puis pourquoi est-ce de Jägerstätter qu’on attend une explication? Est-ce que ce ne sont pas plutôt les brutes de qui on devrait attendre une justification, à qui on devrait demander des comptes? Drôle de renversement des choses, si on y pense.

Ce n’est pas un film qui porte sur les convictions, les certitudes, au nom desquelles le personnage a agi. Le personnage dit seulement "Non", comme dans "Antigone", et le film porte tout entier sur le mystère de ce "Non". En faire un simple d'esprit parce qu'il dit seulement "Non", c'est vraiment injuste. Pour agir, on n’a pas besoin de savoir faire une thèse en trois parties sur ci ou ça: on a seulement besoin de savoir ce qu’on veut ou ce qu’on ne veut pas. Quant à savoir pourquoi on veut ceci plutôt que cela, qui peut vraiment l’expliquer? Entre les raisons et la décision, il y a un saut, dont aucune raison ne peut pleinement rendre compte. Jägerstatter ne sait pas vraiment sans doute pourquoi il ne signe pas: il sait seulement qu’il ne peut pas signer, c’est au-dessus de ses forces.

Tout ce que je veux dire, c’est qu’on ne peut pas sérieusement reprocher au film de ne pas expliquer les raisons du choix du personnage parce que c’est justement le sujet du film à mon avis: le caractère au fond inexplicable de son action – qui ne l’a pourtant pas empêché de se produire.

Art Core a écrit:
Dernier reproche évident, l'aspect religieux qui me dérange, la dernière partie ça parle de dieu en permanence et moi personnellement ça me fait chier parce que j'ai l'impression que ça annihile l'intériorité des personnages qui se décharge sur une présence supérieure.

Oui, mais Dieu peut être le nom de plusieurs choses. Ca parle de Dieu, mais à titre d’hypothèse: c’est l’hypothèse qui soutient sa décision, sur laquelle au final elle se fonde. Il ne peut pas expliquer les raisons de son geste, mais il a besoin de croire en quelque chose qui le justifie, qui le rend possible, au-delà de toute justification rationnelle. C’est Dieu qui rend sa décision possible pour lui – mais on peut dire, réciproquement: Dieu, dans le film, n’est rien d’autre que la libre décision du personnage, qu’on ne peut pas vraiment expliquer. Pourquoi il ne signe pas, pourquoi il ne peut pas, et pourquoi à partir de là il est prêt à aller jusqu’au bout, jusqu’à la mort, c’est un mystère, que le personnage nomme Dieu, mais qu’on peut aussi appeler liberté, il me semble.

J’ai aimé, dans le film, qu’en dépit de ce discours religieux, Malick nous épargne le calvaire du personnage et tout le pathos doloriste qu’on pouvait craindre: les coups, la torture subie en prison, tout est simplement suggéré, à peine aperçu; à aucun moment le personnage ne se prend pour un Christ. Aucune héroïsation de la souffrance, aucun amour de la douleur; ce n’est pas du tout dans la souffrance que le personnage puise la force de résister. On est loin de la "Passion" de Gibson – ou pire, du biopic d’Angelina Jolie, "Invincible", dont je garde un souvenir vraiment pénible, le genre de truc qu’on regrette d’avoir vu. Je suis curieux de voir son "Jésus" pour cette raison.

Tout le dernier acte, par sa dureté, est quand même surprenant (en plus d'être vraiment remuant).
Ce sinistre alignement de hangars, ce bourreau en redingote sorti d’une photo d’August Sander, cette salle noire avec cette guillotine sans grandeur, ces trois fenêtres opaques, tant d’images fortes.
Ca ne ressemble pas à grand-chose de ce qu'on a pu voir dans ses précédents films.


C’est un film précieux, plein de grandeur et de fragilité, comme tant de Malick. Il ne gagne pas à être vu dans le flux des sorties ou d’un festival, dans le brouhaha des commentaires du moment et de tout le monde. Il demande un peu de retrait, comme s’il fallait le garder un peu pour soi et pour un autre moment, comme le secret de cette vie cachée, autour duquel il tourne.


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