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MessagePosté: 22 Mai 2013, 19:32 
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Ayant vu tous les films de NWR, je savais qu'il ne fallait pas s'attendre à un Drive bis, et en effet, c'est finalement plus proche d'un mélange improbable entre son Fear X (dont il retrouve le chef op, Larry Smith) et son Valhalla Rising, à savoir une sorte de plongée onirique dans un Bangkok tout en néons, Enfer dans lequel s'est exilé son protagoniste (Ryan Gosling, moins à sa place ici que dans le précédent, je dirai) en attendant que la Faucheuse, sous les traits d'un flic thaïlandais, vienne le chercher.

Malheureusement, si le film fait état d'une certaine ambiance déroutante (au début, on se laisse volontiers prendre au trip cauchemardesque) et n'est évidemment pas dépourvu de quelques fulgurances (globalement toutes les scènes avec Vithaya Pansringarm), quelques passages où le surréalisme laisse la place au vulgaire m'ont fait décrocher (le dîner avec la mère).

Par la suite, le film tombe un peu dans la succession de scènes de mises à mort (seul Dieu pardonne, tous les autres condamnent, ok), laissant en friche sa thématique œdipienne, pourtant ce qu'il y a de plus intéressant dans le film. Je n'irai donc pas jusqu'à dire que ça brasse du vide de manière poseuse mais on est un peu dans l'exemple-type du "style over substance", pour reprendre une expression de critique US.

L'épure fonctionnait davantage sur le précédent, là je retrouve les carences de ses deux films sus-mentionnés.

3/6

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MessagePosté: 22 Mai 2013, 20:00 
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Ok je viens de voir les notes dans le tableau, je sens que ça va être la SOLITUDE ce film.

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MessagePosté: 22 Mai 2013, 20:04 
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MessagePosté: 22 Mai 2013, 20:31 
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Juste trouvé ça banal et prévisible de bout en bout, autant dans les symboliques que les ambiances et poses... utiliser Gosling en loque à contrario du film précédent apparaît même comme assez caricatural en fin de compte, ça suinte ses intentions en permanence. Même si c'est trop sous influence, Valhalla Rising m'avait bien plus emballé. Je trouve ça un peu embarrassant la mention de Jodo comme ça, franco, avant même le crédit de Refn...


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MessagePosté: 22 Mai 2013, 20:51 
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Mr Chow a écrit:
utiliser Gosling en loque à contrario du film précédent apparaît même comme assez caricatural en fin de compte

Ca desservira le film en tout cas, parce que ça invite forcément les comparaisons à Drive.

Citation:
Je trouve ça un peu embarrassant la mention de Jodo comme ça, franco, avant même le crédit de Refn...

Oui, c'est toujours con ce genre de dédicaces frontales...

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MessagePosté: 23 Mai 2013, 09:29 
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Oui d'autant que pour le coup je trouve le film très éloigné du cinéma de Jodorowsky, ce n'est absolument pas la même appproche de la violence, elle y est même antinomique. Après il reste quelque chose du point de vue du rapport parent/enfant qui rappelle un peu Santa Sangre (où il y a aussi une histoire de
bras coupés
mais c'est franchement léger).

Bon sinon déjà je trouve le film absolument passionnant d'un point de vue purement de production et de choix de carrière de Refn. Le mec sort de Drive et alors qu'on parle de lui à la barre de différents blockbusters il décide finalement de retourner totalement la courbe que prenait sa carrière pour revenir vers un cinéma ultra radical sans aucun compromis. C'est étonnant la manière dont Only God Forgives est à peu près l'antithèse complet de Drive. Là où le second est un film cool par excellence fonctionnant par blocs de séquences avec chacune son idée de mise en scène, sa chanson, son potentiel plus ou moins culte, le premier prend un chemin opposé. Le film n'est qu'un énorme bloc continu, qu'il ne se segmente pas ou très peu et que dès lors qu'une séquence s'organise de manière indépendante Refn y coupe très rapidement court. A ce titre j'adore la scène
de la baston à mains nues
qui est n'est qu'une promesse de cinéma totalement deçue. On a presque l'impression par moments que Refn veut faire chier les spectateurs qui avaient adorés Drive en leur donnant l'inverse de ce qu'ils attendent. C'est d'ailleurs exactement la même chose avec le personnage de Ryan Gosling. D'un héros badass et mystérieux il en fait un lâche mutique et faible, écrasé par l'ennemi et traumatisé par une mère diabolique.

Enfin, en allant plus loin, ou pourrait même voir dans le film un rejet pur et simple de la suprématie d'Hollywood. Car même si ce n'est certainement pas un film à thèse Only God Forgives nous dépeint un groupe d'occidental qui a cru pouvoir agir en toute impunité en Thaïlande en se pensant plus fort que la population locale, en se croyant intouchable. Et Refn nous montre avec un plaisir tout pervers à quel point ils ont tort. Il y a donc pour moi une certaine idée de détruire purement et simplement cette idée d'une culture dominante et colonisatrice qui ferait fi de la richesse et de la puissance des cultures locales. Il y a vraiment une idée de sabordage volontaire du cinéma américain, de son cinéma américain comme s'il en était lui même dégoûté. Et rien que pour ça le film est passionnant.

Le film en lui-même n'est pas sympathique, loin s'en faut. Les 15/20 premières minutes m'ont fait très peur, il ne s'y passe rien ou presque. Tout n'est que plans fixes sur des décors sur esthétisés dans une lumière rouge sang épurée à l'extrême. Heureusement par la suite, se met en place le jeu du film, ce récit minimaliste de vengeance sans fin, vieux comme le monde mais qui traité de manière aussi simple et direct par Refn devient un incroyable ballet de violence aussi sale qu'élégant. Un véritable cauchemar à la violence qui monte de plus en plus haut. Il y a ce sentiment de folie qui parcourt le film, avec ses décors indistincts qui semblent être contenus dans des labyrinthes mentaux uniquement composés de couloirs et de pièces perdues, le tout baigné d'une lumière rouge qui inonde l'écran jusqu'à la nausée.

Je regrette un peu que la rapport à la femme et plus précisement à la mère ne soit plus creusé dans le personnage de Gosling.
J'aime beaucoup comment se répondent les deux moments où sa main se dirigent vers l'utérus. D'abord avec Maï dans une chorégraphie érotique et ensuite avec sa mère avec cette césarienne inversée.
Deux moments très beaux.

Ce que j'aime beaucoup chez Refn, c'est le sentiment que le mec travaille dans des cadres de séries B (sujet de genre ultra minimaliste, durée standard d'1h30) avec une volonté de mener chaque plan au bout de son projet esthétique. J'ai beaucoup pensé à Kubrick devant le film que ce soit sur certains plans d'intérieurs ultra symétriques qui évoquent tantôt Shining, tantôt 2001 (d'ailleurs Refn a fait appel à Larry Smith chef op d'Eyes Wide Shut). Gaspar Noé est remercié au générique et c'est vrai que c'est un peu ce qu'on pourrait attendre de lui, de mettre son talent de cinéma indéniable dans des sujets en apparence triviaux mais qui lui laissent toute la latitude de composer, de creuser et au final d'exploser les frontières que le squelette du scénario lui impose.

Il y a certaines choses qui me dérangent un peu quand même comme ce décalage humoristique qui ne va pas au film et qui gâche presque pour moi certains passages
dont la fin et ce raccord très beau cinématographiquement au moment où Ryan Gosling se fait couper les bras (rêve ou réalité d'ailleurs ?) avec le karaoké et l'apparition brutale du générique mais pour moi ça annihile toute émotion. Cela dédramatise tout le film et le fait presque passer pour une blague.
J'ai eu un peu de mal avec ce ton là. Ca m'a perdu en fait et j'aurais surtout aimé être plus emporté et ému par le truc (autrement qu'esthétiquement).

Gros, gros travail sur le son une fois de plus avec une BO de Cliff Martinez au poil.

4.5/6 mais à voir comment il vieillit il pourrait bien monter à 5

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CroqAnimement votre


Dernière édition par Art Core le 23 Mai 2013, 10:05, édité 1 fois.

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MessagePosté: 23 Mai 2013, 10:03 
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belle analyse


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MessagePosté: 23 Mai 2013, 13:20 
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Merci :)!

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CroqAnimement votre


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MessagePosté: 26 Mai 2013, 01:44 
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Même avis. Un Drive mais en plus arty, j'aime bien comme il construit son film en pur trip sensoriel. Je pense que ceux qui l'ont découvert avec Drive vont être déçus par le côté radical mais pour ma part c'est du pur bonheur. Superbe proposition de cinéma.


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MessagePosté: 26 Mai 2013, 01:46 
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Film Freak a écrit:

Citation:
Je trouve ça un peu embarrassant la mention de Jodo comme ça, franco, avant même le crédit de Refn...

Oui, c'est toujours con ce genre de dédicaces frontales...


Interdit et totalement inutile.


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MessagePosté: 26 Mai 2013, 08:39 
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Je suis pas un super fana de Drive (4/6), j'aime beaucoup la trilogie Pusher (5/6), et je suis à 3/6 sur les autres films de Refn... mais là je suis resté à côté de ce non-film, aussi intéressant qu'il est écrit.

J'aime le titre, la photographie et la gueule de Vithaya... basta.

Ennui profond.

2/6

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I think we're gonna need a helmet.


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MessagePosté: 28 Mai 2013, 19:09 
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Tetsuo a écrit:
Non, les moins frivoles vont rétablir l'équilibre.

C'est effectivement en train de se rééquilibrer violent là.

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MessagePosté: 28 Mai 2013, 20:12 
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Antichrist
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Les faux.


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MessagePosté: 03 Juin 2013, 14:12 
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Inscription: 07 Oct 2005, 10:23
Messages: 8088
:lol:

"Only God Forgives" : Ségolène Royal et Aurélie Filippetti s'écharpent autour de Ryan Gosling

http://www.lepoint.fr/cinema/only-god-f ... 782_35.php


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MessagePosté: 19 Juin 2013, 16:31 
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Je me dis aussi que le bon côté d'un film "vide" qui arrange bien le réalisateur, c'est que tout le monde peut le remplir à sa façon en y projetant ce qu'il souhaite voir. J'aime quand les "trips" ont un sens, voire une multitude de sens comme chez Lynch vu qu'il a été évoqué, et surtout quand ce sens est transmis au spectateur par l'auteur. Du coup j'ai pas trop envie de tenter d'autres films de Refn si la plupart d'entre eux ressemblent à celui-ci. Peut-être la trilogie Pusher quand même.

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